Recrutement
Le recrutement des personnes interrogées a été réalisé grâce à la coopération de médecins généralistes installés en région PACA. Les médecins ont été choisis par tirage au sort manuel parmi les médecins installés à Marseille et dans le Vaucluse répertoriés sur le site internet des Pages Jaunes. Ce choix était motivé par la volonté de varier dans notre étude les profils de patients en termes de conditions de vie, d’accès aux soins, et de territoires géographiques. Les médecins tirés au sort ont été contactés par courrier postal contenant :
une fiche à destination du médecin pour lui expliquer le sujet de l’étude, les objectifs du travail et la méthode de recrutement (Annexe 1).
quatre « formulaires-patients » à remplir conjointement par le patient et le médecin lors de la consultation, avec les coordonnées du patient, le type de prescription différée remise, et les consignes données au patient pour l’utilisation de cette prescription. Ce formulaire était signé par le patient pour accord de participation à l’étude après que le médecin lui avait expliqué qu’il serait recontacté par téléphone au sujet de la prescription (Annexe 2). Si la prescription différée était délivrée pour un patient mineur, c’était son représentant légal qui signait le formulaire.
une enveloppe prétimbrée et préremplie pour que le médecin puisse retourner par voie postale les formulaires-patients dans un délai maximum de trois semaines, délai que nous avions jugé nécessaire pour pouvoir recruter entre 2 et 4 patients.
Relation médecin – patient
L’importance de la relation entre le médecin et le patient, notamment la relation de confiance, a été soulignée à plusieurs reprises comme une condition nécessaire pour envisager de faire une prescription différée et pour espérer que celle-ci soit utilisée correctement. La confiance du patient envers son médecin conditionne son respect des consignes.
E12 : « si c’était un autre médecin qui me l’avait fait je ne sais pas si j’aurais attendu 10 jours. Là je sais que je peux l’écouter les yeux fermés. »
E20 : « si je ne lui faisais pas confiance j’aurais peut-être eu des doutes et j’aurais peut-être voulu l’antibiotique directement. » La prescription différée peut être considérée par le patient comme une marque de la confiance que le médecin lui accorde.
E19 : « Il me fait confiance aussi, c’est pour ça qu’il m’a fait cette prescription je pense, c’est une histoire de confiance réciproque en fait […] je pense que le médecin, surtout dans les petits villages comme nous, il sait très bien à quel patient il peut faire confiance pour utiliser correctement ces prescriptions. »
La délivrance des antibiotiques
Dans le cadre des 8 prescriptions d’antibiotiques, 4 personnes ont attendu pour aller chercher l’antibiotique à la pharmacie si les symptômes persistaient, conformément aux consignes des médecins. Les 4 autres ont immédiatement acheté l’antibiotique à la pharmacie, avec le risque de se retrouver avec une boite d’antibiotique non utilisée à la maison. Parmi ces 4 personnes, une était allée chercher directement l’antibiotique à la pharmacie sur le conseil de son médecin pour ne pas être embêté pendant le week-end car la consultation avait eu lieu en fin de semaine.
E17 : « j’ai une boîte de ZITHROMAX® dans mon tiroir, donc ça c’est un peu du gaspillage »
E6 : « le médecin m’a dit d’aller le prendre [le médicament] car nous étions en fin de semaine, et si ma fille n’allait pas bien pendant le week-end ça allait être compliqué de trouver une pharmacie »
Les forces de notre étude
A notre connaissance, notre étude est la seule étude qualitative réalisée en France sur le ressenti et le comportement des patients lors d’une délivrance de prescription différée, toutes prescriptions différées confondues. Les seuls travaux disponibles concernent l’antibiothérapie différée et considèrent seulement le point de vue des médecins. La population d’étude est diversifiée en termes de bassin de population avec des patients vivant en zone urbaine (Marseille, Avignon) et en zone plus rurale. L’échantillon est suffisamment varié pour couvrir au maximum la problématique du ressenti des patients. Malgré la faible puissance de notre étude du fait d’un échantillon restreint, nous pouvons noter une bonne validité externe. En effet, le taux de satisfaction élevé (18 patients satisfaits sur 20) est en accord avec l’étude de Hoye et al. de 2011, qui retrouvait un taux de satisfaction de 90% (22). Les patients appréciaient en outre d’avoir une conduite à tenir, d’être autonomes et responsabilisés quant à leur santé. L’étude néo-zélandaise du Dr Aroll considère également la prescription différée comme un moyen de responsabiliser les patients dans la prise en considération de leur santé (24). Dans notre travail, 18 patients sur 20 ont respecté les consignes. Ce résultat est concordant avec l’étude de Henriet N. et Reyner W, dans laquelle 88% des patients avaient bien respecté le délai conseillé par le médecin (33). Dans le cadre des seules prescriptions différées d’antibiotiques, la prescription a été utilisée par 3 patients sur 8. Ce résultat, bien que basé sur un très petit échantillon, semble en accord avec les résultats de plusieurs études quantitatives anglo saxonnes (34-36), qui retrouvent un taux d’utilisation des prescriptions différées d’antibiotiques allant de 31 à 53,1%.
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Table des matières
Introduction
Matériel et méthodes
I. Recherche bibliographique
II. Recherche qualitative
III. Recrutement
IV. Choix des prescriptions différées étudiées
V. Réalisation des entretiens
VI. Analyse qualitative
1. Codage
2. Analyse thématique
3. Analyse transversale
VII. Questions réglementaires
1. CNIL
2. Comité d’éthique
3. Recherche Impliquant la Personne Humaine (RIPH)
Résultats
I. Données générales
II. Ressenti des patients
1. Efficacité
2. Économies
3. Le patient maître de sa santé
4. Le patient abandonné
5. Professionnalisme
6. Conseils de bonne pratique
III. Comportement des patients
1. Utilisation de la prescription différée
2. Compréhension et respect des consignes
3. Évolution de la symptomatologie
4. La délivrance des antibiotiques
5. Satisfaction des patients
Discussion
I. Les forces de notre étude
II. Les limites de notre étude
1. Biais de recrutement
2. Biais d’investigation
3. Biais de désirabilité
4. Biais d’interprétation
5. Biais de mémorisation
6. L’échantillon
III. Discussion des résultats
IV. Bon usage de la prescription différée
1. Choisir les patients
2. Expliquer la prise en charge
3. S’assurer de l’adhésion du patient
4. Mentionner les consignes sur l’ordonnance
5. Le rôle des pharmaciens
V. Perspectives de recherche
1. La pertinence des prescriptions différées
2. Diversifier l’utilisation de la prescription différée
Conclusion
Bibliographie
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