L’agence VU’, une structure dédiée à la photographie d’auteur
Présentation générale et historique de la structure
Une agence historiquement liée à la presse
VU’ est une agence de photographes qui a été fondée en 1986 à Paris, par Christian Caujolle et Zina Rouabah en 1986 au sein du quotidien Libération. Alors journaliste au service culturel et chroniquant l’actualité des expositions et des livres de photographie, Christian Caujolle s’est vu confier la politique photographique, éditoriale et visuelle du journal. Libération opéra dès 1981 un renouvellement de fond du contenu et de la mise en forme de l’information au jour le jour qui permit de consacrer une place nouvelle à la photographie. En introduisant des typologies d’images jusqu’alors absentes des médias et par la publication quotidienne de cinquante photographies, il valorisait une grande diversité d’écriture. L’objectif était de faire du journal un « espace de rencontre de documents d’actualité fournis par les agences, de recherches de créateurs contemporains et d’une production propre » réalisée à la demande de l’équipe par des photographes dont elle appréciait le regard. Les images ainsi réunies visaient à « étonner, émouvoir ou séduire le lecteur ».
VU’ s’inscrit dans le prolongement de cette aventure journalistique, politique et esthétique. Son modèle s’est construit au fur et à mesure, à tâtons. Un groupe informel de collaborateurs réguliers s’est constitué autour de projets rédactionnels basés sur la photographie. S’ils étaient mal payés au début, leur travail était toutefois bien publié et valorisé à une époque où la photo de presse restait encore peu estimée. En créant une agence qui permette de revendre enFrance et à l’étranger le travail de ses photographes, l’idée était de dégager suffisamment de fonds pour doter le quotidien – et ses projets de développement, dont un supplément hebdomadaire – d’un outil de production performant.
Libération étant à l’époque déjà très pauvre, c’est grâce à un prêt de Marcel Lefranc et de Pierre Bergé que l’agence VU’ a pu être créée. Son nom est une référence à l’hebdomadaire français d’information éponyme des années 1928 à 1940 dirigé par Lucien Vogel et qui a révolutionné le concept d’illustration en accordant à la photographie une place centrale. De grands noms de la photographie tels qu’André Kertesz, Germaine Krull, Laure Albin-Guillot, Martin Munkacsi, Man Ray ou Robert Capa ont contribué à l’illustration du magazine, faisant de lui une référence dans l’histoire du médium. En reprenant son nom, l’agence VU revendique une certaine filiation avec le titre et entend rester fidèle à ses exigences.
Une histoire traversée de crises et d’ajustements…
A ses tout débuts, VU’ comptait une équipe de quatre personnes qui s’occupaient de démarcher les titres de presse et de préparer les enveloppes de diapositives qu’il fallait apporter le soir même aux contrôleur des Wagons-Lits de la gare de Lyon en partance pour Milan à destination de l’agence italienne Grazia Neri (qui fut la première à les soutenir et à les distribuer à l’étranger). Les photographes étaient pour la plupart ceux qui collaboraient pour Libération, soit une douzaine de membres fondateurs, ayant tous des regards singuliers et des projets personnels. Une bonne émulsion a accompagné la création de l’agence, mais très rapidement, les commandes de la presse ont diminué, faute de budget et peut-être aussi par manque d’habitude comme le déplore Christian Caujolle. Face à une économie en crise, qui se complexifie, VU’ comprend qu’elle ne doit pas dépendre du seul secteur de l’information. Elle doit diversifier ses champs d’action, travailler avec les entreprises, développer les projets culturels en se tournant du côté des institutions. Malgré ces efforts d’ouverture, l’agence subit d’importantes pertes. Dès 1989, Christian Caujolle estime alors qu’il faut distribuer, en plus des archives des photographes fondateurs, les travaux d’autres auteurs. C’est ainsi que l’agence a intégré de nouveaux photographes, renforçant la diversité des points de vue qu’elle défend. Néanmoins, cet élargissement a aussi donné aussi lieu à certains conflits, des querelles liées à l’argent ou à des points de vue esthétiques divergents. En 1996, face à une nouvelle crise financière, Libération cède la majorité du capitale de l’agence au groupe Abvent, (spécialisé dans les logiciels d’imagerie dédiés aux marchés de l’architecture et du design) dirigé par Xavier Soule. VU’ emménage alors dans le quartier du Marais dans un lieu qui permet en même temps d’accueillir une galerie. Créée en 1998 sous la direction de Gilou Le Gruiec, la galerie VU’ devient un autre terrain d’expérimentation et un lieu de diffusion de la photographie à Paris, qui rassemble aussi bien des amateurs passionnés que des collectionneurs, des photographes ou des curieux. Ce nouveau partenariat leur a permis de développer une force commerciale que Libération ne pouvait financer et de s’adapter à l’arrivée de la technologie numérique.
L’agence face aux révolutions techniques et numériques
Les métiers de la photographie font partie des plus directement touchés par l’arrivée du numérique. Le passage de la photographie argentique à la photographie numérique à partir des années 1990 bouleverse la conception de la photographie. Dématérialisée, l’image devient plastique et circule dans les tuyaux numériques. L’agence doit s’adapter à cette nouvelle configuration ; le travail d’archivage et d’envoi des images qui se faisait manuellement et nécessitait de la main-d’œuvre se numérise. Il faut des systèmes performants pour stocker et classer les images qui sont de plus en plus nombreuses. En effet, les nouvelles techniques facilitent la production d’images et offrent de nouvelles possibilités en termes de création. La commercialisation en est également facilitée.
En contrepartie, on assiste à l’augmentation du nombre de photographes et d’amateurs qui à l’heure du web 2.0 peuvent eux-mêmes diffuser leurs images sur internet, nourrissant un flux de plus en plus abondant et concurrentiel. La valeur de l’image change, sa commercialisation se co mplexifie à nouveau et c’est tout le marché de la photographie qui se restructure. D’un côté, des banques d’images fondées sur l’indexation des images sont créées et introduisent un marché low cost où s’échangent des photographies dites “libres de droit” à des prix défiant toute concurrence. Fotolia ou Getty proposent par exemple pour moins d’un euros et sans restriction de droit des images de fonds alimentés par des amateurs. De l’autre, les agences télégraphiques comme AFP ou Reuters se sont imposées en oligopoles en renforçant leur positionnement sur l’actualité, en développant des services d’archives qui concurrencent les agences de reportage de fond, ou en se développant sur le marché de l’illustration en passant des accords avec des agences d’illustration pour valoriser leurs fonds (l’AFP a ainsi collaboré avec Getty).
Les autres structures ont ainsi dû se positionner dans ce nouveau contexte et repenser leur modèle pour survivre. Du fait de son historique et des choix esthétiques et politiques sur lesquels elle s’est construite, VU’ a choisi d’occuper une niche de marché en se spécialisant dans la diffusion de photographie d’auteur.
La diffusion de la photographie d’auteur comme leitmotiv
Au delà d’une stratégie de marché, le choix de défendre et diffuser les regards d’auteur est le leitmotiv de VU’. Par « regards d’auteurs », elle entend un point de vue affirmé autant dans le choix des sujets que dans leur traitement. C’est un choix éthique fondé sur la conviction que la photographie permet de questionner le monde contemporain. VU’ promeut ainsi fermement la dimension culturelle de la photographie. Ce positionnement audacieux est particulièrement pertinent dans un monde saturé d’images, où paradoxalement les regards s’uniformisent.
Les départements commerciaux
Le département éditorial
Le département éditorial s’occupe de toutes les diffusions de photos dans les journaux et magazines, en France et à l’international. VU’ collabore étroitement avec l’ensemble de la presse quotidienne (Le Monde, le Figaro), et aussi bien avec la presse généraliste (VSD, l’Obs, Télérama) que la presse découverte (Géo, 6 mois…). Elle est également sollicitée par de nombreux titres étrangers comme le New-York Times, le Time Magazine, principalement américains et européens. Patrick Codomier et Sébastien Dupuy aidés de Marie-Sarah Piron, répondent à des demandes de photo d’illustration et démarchent les journaux pour leur proposer des reportages (en lien ou non avec l’actualité) effectués par les photographes de l’agence. Pour cela, l’équipe accentue parfois l’angle des sujets, ou les réajuste en fonction des magazines auxquels ils s’adressent pour qu’ils soient plus susceptibles de les intéresser. En général, cette étape se traduit par une sélection d’image spécifique et la rédaction d’un synopsis venant appuyer la série et justifier sa pertinence. L’ensemble peut être ensuite présenté sous la forme d’un portfolio (au format pdf), où l’ordre des images, la mise en page sont choisis avec soin pour renforcer la cohérence du sujet proposé.
L’équipe éditoriale s’occupe également de soumettre la candidature de certains photographes à des bourses qui pourront servir à financer leurs projets.
Leur expertise du terrain leur permet d’accompagner les photographes dans le choix et l’affinage d’un sujet répondant généralement à une thématique, mais aussi concrètement dans la planification de la production (trouver des lieux de reportage, constituer le budget, mettre en place un rétro planning).
En termes de recette, le département éditorial représente environ 50% du chiffre d’affaire global de l’agence. Malgré ce taux élevé, c’est un secteur qui a ététrès fragilisé ces derniers temps à cause du non-respect de la part des organes de presse des délais légaux de paiement qui est devenu systématique. J’ai pu le constater par moi même en faisant un récapitulatif des factures impayées sur la deuxième moitié de l’année 2016 , au total, sept titres de presse devaient près de 25 000 €. Un manifeste est paru dans Libération le 27 février 2017, pour dénoncer cet abus et faire appel aux pouvoirs publics pour intervenir. Il semblerait que cemanifeste ait eu un certain impact puisque les journaux se sont engagés à payer leurs factures rapidement. À VU, un accord a été convenu avec l’Obs qui s’est engagé à respecter un échéancier, permettant de reprendre une collaboration qui avait cessé momentanément.
Le département exposition et projets culturels
Le département culturel est celui qui occupe plus spécifiquement la fonction d’agent de photographes. La directrice de ce pôle, Patricia Morvan, suit et oriente en effet les projets de ces derniers. C’est elle qui les représente auprès des institutions culturelles ou des festivals afin de faire exposer leur travail existant ou de les faire répondre à une commande. En qualité d’intermédiaire, elle démarche les clients potentiels et répond à leurs différentes sollicitations. Cela passe par la constitution de portfolio selon les projets et/ou de l’actualité, de dossier de candidature pour des appels d’offre, des rendez-vous avec les clients, la rencontre avec des acteurs du secteur etc. Quand le département remporte une commande, Patricia se charge d’organiser les prises de vue, d’établir les budgets et feuilles de route, de contrôler les dépenses et de veiller au respect du cahier des charges.
Après la production des images, elle s’occupe en concertation avec le ou les photographes et le commanditaire, de l’editing (sélection des images). Il s’agit plus globalement d’un rôle de direction artistique qu’elle peut également assumer lors de l’organisation d’expositions en étant notamment impliquée dans les choix de scénographie. Elle assure également quand nécessaire le suivi de production des expositions, de la négociation de devis à la coordination de l’accrochage, en passant par la logistique (des transports, lieux de stockages, douanes, etc.).
Cette activité requiert d’avoir à la fois du flair, un esprit commercial, un grand sens relationnel et de l’organisation. Il faut savoir argumenter, être persuasif et « vendre » les qualités du photographe représenté. Concernant la réglementation, l’agent doit bien sûr connaître les bases du droit commercial et du droit de la propriété intellectuelle. Pour les tarifs des photographies, Patricia se réfère principalement aux barèmes indicatifs fixés en fonction du marché par l’UPP et plus occasionnellement sur ceux de l’ADAGP – qui sont un peu moins élevés. Ils lui permettent d’estimer et de négocier au mieux le prix d’une exposition, d’une utilisation d’image dans un catalogue, d’une commande. A l’instar du département éditorial, le département culturel se heurte souvent aux manques de moyens des acteurs culturels. Ces derniers réclament de plus en plus les prix les plus bas et il faut alors sans cesse négocier pour imposer un montant décent pour les deux parties . Le chiffre d’affaire du département culturel est le deuxième plus élevé après le département éditorial, il représente 22% du chiffre d’affaire global.
La galerie VU’
Créée dix ans après l’Agence, la Galerie VU’ fonctionne de façon indépendante par rapport à celle-ci bien qu’il y ait quelques interactions entre les deux. Comme toute galerie commerciale, elle est à la fois un lieu d’exposition (six expositions par an) et de ventes de tirages de collection. Elle possède aussi une librairie qui propose des approches monographiques, des dialogues d’auteurs, des approches collectives ou thématiques. Une petite équipe lui est consacrée, composée de Caroline Bénichou (galeriste), d’Allan Vetier et ponctuellement de Lorène Brouty. Les artistes représentés par la Galerie ne sont pas les mêmes que ceux de l’agence à quelques exceptions près : la « ligne éditoriale » est en effet davantage tournée vers la photographie d’art que sur le documentaire pour lequel il n’y a pas de marché (pour la vente de tirage). Le type de contrat passé avec les photographes est unique et stipule l’exclusivité de la représentation des photographes sur le territoire pour la vente de tirages. Caroline fixe ensuite avec les photographes le prix de vente de ces derniers ainsi que leur format et leur édition. Les prix doivent être exactement les mêmes que ceux fixés par les galeries étrangères si le photographe est représenté par plusieurs galeries.
En tant que galeriste, Caroline s’occupe de l’organisation des expositions, de la conception avec les auteurs au suivi de production en passant par le commissariat. Le choix des artistes exposés et/ ou représentés se fait en concertation avec le directeur d’Abvent aussi collectionneur, Xavier Soule qui a racheté l’Agence en 1996. Elle assure aussi le rôle de relai auprès des éditeurs et des Institutions en leur présentant le travail des photographes en vue de la production d’un livre, d’une exposition ou une acquisition (qui peuvent aller de paire). L’événement incontournable à cet égard est le salon Paris-Photo qui réunit tous les institutionnels et les collectionneurs étrangers. Il s’agit d’un rendez-vous clé qui nécessite un travail intense et très spécifique dans le sens où il faut présenter des photos qui accrochent le regard et se distinguent parmi le flot d’image du salon. Caroline assure également un suivi des auteurs en les conseillant sur leurs projets en cours ou à venir. Il lui arrive aussi de soumettre leur candidature à des bourses comme le font Patrick et Sébastien au département éditorial.
Enfin, la galeriste mène une action commerciale auprès des collectionneurs.
Pour cela, il faut créer un répertoire sur le long terme et bien connaître et identifier les axes de collections des clients. Rien qu’en France, la liste de collectionneurs fidèles à la Galerie VU’ s’élève à 700. Néanmoins, le marché de la vente de tirages photographiques ne se porte pas très bien depuis deux ou trois ans. Le chiffre d’affaire de la galerie a en effet chuté de près de 50% entre 2015 et 2016. La Galerie VU’ se situe dans une gamme de prix intermédiaire, c’est à dire entre les photos bon marché vendues par exemple par la chaîne YellowCorner, et des tirages anciens très chers. Ce phénomène qui s’étend au delà de la France, contraint de nombreuses galeries à ne plus avoir de lieux d’exposition, ce qui est dommageable pour la diffusion de la photographie. En effet, le rôle des galeries est important au vu du faible nombre d’institutions publiques consacrées à ce médium. Elles assurent de plus un rôle de défrichage en mettant en avant de jeunes auteurs et sont toujours une voie permettant de diffuse r une pluralité de regards. C’est peut être ainsi que l’on peut voir le lien de la galerie avec l’agence.
Elle apporte en effet une seconde voix dans la défense des regards d’auteurs. Il peut aussi arriver que Caroline présente un photographe à Patricia du département culturel et inversement, créant des passerelles entre les deux structures. La galerie peut être plus directement liée à l’agence en devenant sa vitrine à l’occasion d’une exposition collective avec les photographes de VU’, ou d’un événement croisé avec un autre département.
Constitution de dossier de candidature à des appels d’offre et appels à projets
Appels d’offre
Les entreprises ou les institutions ne se tournent pas toujours d’emblée vers un prestataire, elles font souvent un appel d’offre pour faire jouer la concurrence et sélectionner celui qui correspondra le mieux à ses attentes. Nous avons été amenés au cours des six derniers mois à répondre à plusieurs appels d’offre aussi bien dans le département corporate que le culturel. Patricia m’a néanmoins confiée que ce phénomène était plus récent dans son département car avant, ses clients faisaient directement appel à elle. Répondre à ces appels nécessite un travail conséquent : il faut décrypter l’appel et ses modalités, bien cerner les exigences, puis constituer un dossier de candidature. Celui-ci était composé en général d’une partie « méthodologique » qui présente l’Agence, sa façon de travailler etc, et une partie “book” avec les travaux des photographes proposés. Il faut ainsi rapidement déterminer qui sont ceux qui correspondent le plus à l’appel d’offre et les contacter pour vérifier leur disponibilité. Une fois ce choix effectué par Mathilde ou Patricia selon le département que cela concerne, je devais sélectionner et rassembler les images de chacun d’entres eux pour leur book, en essayant de cibler en fonction du profil de l’émetteur de l’appel d’offre. Après cette étape, Lorène se chargeait de mettre en page sur Indesign les photos à partir d’un gabarit spécifique. La majorité de la partie rédactionnelle du dossier de candidature était prise en charge par Caroline Pochoy, qui travaille à mi-temps à l’agence en tant que rédactrice. J’ai cependant rédigé ou synthétisé quelques biographies de photographes, à partir de celles disponibles sur le site et en introduisant brièvement les séries présentées dans le book. Nous avons aussi dû réunir leurs informations pour constituer leur CV. Cette étape était très laborieuse du fait de disparité des éléments récoltés. Certains photographes n’ont pas spécialement leur CV mis à jour, leurs informations sont plus ou moins précises, et eux mêmes ne sont pas toujours très réactifs pour répondre à nos demandes. J’ai ainsi passé beaucoup de temps pour mettre en page de façon uniforme tous les CV et cela m’a demandé une patience et une rigueur qui parfois peuvent me faire défaut. Quant à la partie administrative, élaboration de budget prévisionnel etc. elle était gérée par la responsable du département, conseillée quand nécessaire par le directeur financier Eric Larrouil. Une fois les dossiers terminés, nous procédions toutes à leur relecture. Au total, nous avons répondu à quatre appels d’offre : la fédération des PEP, Eau De Paris, le Conseil Régional d’Ile de France pour le Corporate et la BnF pour le Culturel.
Bilan : une expérience formatrice
Ces six mois de stage au sein de l’agence VU’ m’ont permis d’accumuler un peu plus d’expérience professionnelle et de développer mes savoir-faire comme mes savoirs-être, me rendant désormais plus apte à intégrer le monde professionnel. La variété des missions qui m’ont été confiées m’a amenée à être plus que jamais polyvalente et à convoquer des compétences organisationnelles, rédactionnelles, relationnelles, commerciales et administratives. J’ai aussi au cours du stage été amenée à travailler en équipe, spécialement sur les appels d’offre et les appels à projets, j’ai beaucoup apprécié ces moments portés par une dynamique de groupe. En tant qu’assistante des départements Projets culturels / expositions et Corporate, ainsi que ponctuellement du département Editorial, j’ai pu avoir un bon aperçu des différents milieux dans lesquels se commercialise la photographie et comprendre leurs enjeux. Chaque pôle étant géré par une personne en particulier, j’ai pu aussi appréhender trois manières différentes de travailler. En cela , le rôle d’assistante est intéressant, toutefois à termes il peut se révéler un peu frustrant car il ne laisse pas beaucoup de place à la prise d’initiatives et à la responsabilité.
Au bout de quelques mois, j’ai en effet ressenti l’envie de m’impliquer davantage dans l’agence, et de pouvoir contribuer à son développement mais je n’ai pas tout à fait trouvé l’espace pour m’affirmer en tant que tel. Mon avis a cependant été régulièrement sollicité pour différents projets ce qui m’a permis de me sentir toujours valorisée. De plus, à l’occasion des réunions du mardi, j’ai pu exprimer quelques remarques quand il a été question de la stratégie à adopter sur les réseaux sociaux. Familière de leurs usages et nourrie des lectures effectuées pour la partie recherche de ce mémoire, il me semblait pouvoir apporter quelque chose sur cette problématique.
Plus globalement, travailler dans une structure privée à vocation commerciale a été très enrichissant car encore inédit dans mon parcours. J’ai d’une part pu observer les stratégies, les négociations que cela implique mais aussi prendre davantage conscience que la valorisation de la photographie passe aussi par sa juste monétarisation et la recherche de financements pour sa production.
Sans financement, les photographes auteurs de l’agence ne peuvent assurer leurs projets, souvent au long cours, qui nécessitent parfois des moyens conséquents pour être pleinement réalisés. Le métier de photographe s’étant extrêmement précarisé ces dernières années, la question de leur rémunération, et des fonds à dégager pour soutenir leur créativité, apparait comme essentielle.
Nous poursuivons cette partie axée autour de mon expérience professionnelle par une réflexion sur la diffusion de la photographie à l’ère du numérique, en interrogeant notamment le rôle des médias et en prenant pour objet d’analyse le magazine Fisheye.
Contexte de la recherche : les médias et la photographie à l’ère du numérique : un parcours croisé ?
La photographie à l’ère du numérique
Une nouvelle conception de la photographie
Le secteur et la notion même de photographie ont été bouleversés par l’arrivée du numérique. La transition technique de l’argentique au numérique change fondamentalement son statut. Fruit d’un procédé numérique et non plus chimique, celle-ci n’est plus une preuve du réel, le « ça a été » théorisé par Rolland Barthes dans La Chambre Claire. L’image devenue malléable peut alors être retouchée, détournée, manipulée. S’affranchissant de sa prétendue objectivité, la photographie affirme son caractère de « médium » qui transforme. Une quantité de possibilités en termes de création d’images s’ouvre aux photographes. On croyait avoir trouvé la définition de la photographie, ou du moins cerné certaines de ses spécificités, mais le numérique a ouvert des voies inattendues et nous conduit à prolonger la réflexion. La photographie doit se réinterroger sans cesse.
C’est une dynamique extrêmement porteuse et stimulante, qui est peut être finalement une de ses caractéristiques.
Nouveaux usages : un monde d’images
L’autre phénomène qui va transformer la photographie est la démocratisation des appareils photo numériques (exponentielle avec l’essor des Smartphones qui intègrent tous la fonctionnalité d’appareil photo) qui va de pair avec le développement des blogs et des plateformes qui permettent de partager, publier ces photos. Le nombre de photographes amateurs a explosé, ouvrant la photographie au vernaculaire, au quotidien, à l’intime. Cela est d’autant plus vrai avec la photographie mobile qui dans les genres et les contenus élargit le domaine du montrable . Les images dématérialisées peuvent circuler facilement dan s les tuyaux numériques, elles inondent de fait la toile au point d’en bouleverser notre rapport à l’image. Présente partout, elle véhicule des représentations du monde et devient un élément central permettant d’appréhender ce dernier.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : EXPERIENCE PROFESSIONNELLE
1. L’AGENCE VU’, UNE STRUCTURE DÉDIÉE À LA PHOTOGRAPHIE D’AUTEUR
1.1 Présentation générale et historique de la structure
1.1.1 Une agence historiquement liée à la presse
1.1.2 Une histoire traversée de crises et d’ajustements
1.1.3 L’agence face aux révolutions techniques et numériques
1.1.4 La diffusion de la photographie d’auteur comme leitmotiv
1.2 Fonctionnement de l’agence
1.2.1 Les photographes membres, distribués ou en archives
1.2.2 Les départements commerciaux
1.2.2.1 Le département éditorial
1.2.2.2 Le département exposition et projets culturels
1.2.2.3 Le département corporate
1.2.2.4 Le département éducation
1.2.3 Les département supports
1.2.3.1 Les archives et les agents internationaux
1.2.3.2 Le département numérique et réseaux sociaux
1.2.4 La galerie VU’
2. MON RÔLE AU SEIN DE L’AGENCE VU’
2.2 Missions de stage
2.2.1 Autour de l’image
2.2.1.1 Recherches iconographiques
2.2.1.2 Editing, élaboration de book de photographes
2.2.2 Travaux d’écriture
2.2.2.1 Rédaction de synopsis de séries de photographies
2.2.2.2 Rédaction et mise en page de support de communication
2.2.2.3 Mise à jour du site web pour les expositions
2.2.3 Constitution de dossier de candidature à des appels d’offre / à projets
2.2.3.1 Appels d’offre
2.2.3.2 Bourses ou appels à projets
2.2.4 Aide logistique, suivi de production et tâches administratives
2.2.4.1 Logistique et suivi de production
2.2.4.2 Mise à jour de bases de données
2.2.4.3 Tâches administratives
2.2.5 Au quotidien de VU’
2.2.5.1 Compte rendu de réunions
2.2.5.2 Mise à jour d’e l’inventaire d’expositions
2.2.5.3 Conférence de presse & vernissages
2.3 Bilan : une expérience formatrice
PARTIE II : MÉMOIRE
1. CONTEXTE DE LA RECHERCHE : LES MÉDIAS ET LA PHOTOGRAPHIE À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE : UN PARCOURS CROISÉ ?
La photographie à l’ère du numérique
1.1.1 Une nouvelle conception de la photographie
1.1.2 Nouveaux usages : un monde d’images
1.1.3 Qu’est-ce que la photographie dans ce monde d’images ?
1.1.4 Enjeux de la diffusion de la photographie à l’ère du numérique
1.2 Les médias et le numérique : une nouvelle configuration ?
1.2.1 Pourquoi Fisheye ?
1.2.2 La notion de média
1.2.3 Le protocole éditorial ? L’art de donner du sens
1.2.3.1 Une ligne éditoriale
1.2.3.2 Une étape de recherche, de sélection : accumulation
1.2.3.3 Les chemins de la publication : l’ajout d’un décor, effet de sens
1.2.3.4 Une stratégie de marque ?
1.2.4 Défendre et affirmer son rôle d’éditeur
2. UNE STRATÉGIE TRANSMEDIA AU SERVICE DE LA DIFFUSION DE LA PHOTOGRAPHIE OU COMMENT LE DIGITAL ET LE PAPIER PEUVENT FAIRE BON MÉNAGE
2.1 Révolution numérique ou culture de la convergence ?
2.2 Le choix d’un support papier : « les vieux médias ne meurent jamais »
2.2.1 Un objet matériel sensoriel et significatif
2.2.2 Un pilier de la diffusion de la photographie
2.2.3 Temporalité : le temps de regarder
2.2.4 Spécificités du magazine en tant que tel
2.2.4.1 Périodicité et format long
2.2.4.2 Structure du magazine : un parcours balisé
2.2.3.3 Une couverture
2.2.5 Le magazine papier : une source de bénéfice
2.3 Un site web complémentaire du magazine dans une logique transmedia
2.3.1 Un projet transmedia ? « Transmedia storytelling »
2.3.2 Spécificités du site web de Fisheye
2.3.2.1 Un contenu et un ton différents
2.3.2.2 Une plateforme multimédia immersive
2.3.2.3 Le format web : un parcours d’errance ou de quête
2.3.2.4 Double temporalité du site web
2.3.3 Coût et apport : le site web au service du magazine
3. LES RÉSEAUX SOCIAUX AU SERVICE D’UNE STRATÉGIE CROSSMÉDIA ENTRE EFFET DE RÉSONNANCE, PARTICIPATION DE L’INTERNAUTE ET ANIMATION DE COMMUNAUTÉ
3.1. Réseaux sociaux : nouveaux usages d’internet et enjeux
3.1.1 Une reconfiguration de l’espace public
3.1.2 Un intermédiaire incontournable dans l’accès à l’information
3.1.3 Où est passée l’attention des internautes/mobinautes ?
3.1.4 Infomédiation sociale et algorithmique
3.1.5 Temporalité des réseaux sociaux : l’ère de l’instant
3.2 L’emploi stratégique des réseaux sociaux par Fisheye
3.2.1 Une personne dédiée : rôle du community manager
3.2.2 Une stratégie cross-média pour faire résonner les supports
3.2.2.1 Relayer, faire résonner
3.2.2.2 Limite des réseaux sociaux : le risque de la censure
3.2.2.3 Un nouveau type d’éditeur
3.2.2.4 Relayer l’avis des lecteurs
3.2.3 Capter l’attention, susciter l’engagement par le visuel, un peu d’humour et quelques techniques d’algorithmes
3.2.3.1 Accrocher le regard, miser dans le visuel
3.2.3.2 Quelques techniques d’algorithmes et publicité
3.2.3.3 Un peu d’humour
3.2.4 La participation des internautes : entre production de contenu et animation de la communauté
3.2.4.1 Amateurs ou praticiens ?
3.2.4.2 Valoriser le travail des lecteurs
3.2.5 Sortir du virtuel : du contact en ligne à la rencontre
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
GLOSSAIRE
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