Requalification d’une zone humide dans un contexte de compensation écologique

Les zones humides (exceptés les plans d’eau et le réseau fluvial) dont la surface vaut pour 10,5 % des espaces naturels et semi-naturels régionaux possèdent plusieurs éléments remarquables, tels que le marais audomarois (site Ramsar), la vallée de la Scarpe-Escaut ou encore la basse vallée de la Canche. Fortement vulnérables aux pollutions et aux travaux divers (drainage, mise en place de populiculture…) , ces espaces ont fortement souffert des causes évoquées précédemment. Les mesures de protection ou de gestion utilisées, et qui se recoupent parfois, comptent pour 29 % du total (Source : ORB NPdC d’après MNHN). Des efforts sont entrepris depuis la fin du siècle dernier pour endiguer la perte de biodiversité et restaurer des corridors écologiques sur l’ensemble du territoire. 42 sites ont été placés en zone Natura 2000, principalement en zone marine (90 % de la surface totale, estimée à 395000 hectares) et 52 sites sont classés. Toutefois les mesures de protection ou de gestion ne représentent que 4 % du territoire régional mais la tendance est à la hausse. Le Conseil Régional du Nord Pas-de-Calais a identifié les zones de corridors écologiques à mettre en place, conserver ou restaurer afin de rétablir une continuité écologique entre les différents secteurs régionaux [voir illustration 1]. Parmi ces zones se trouve la vallée de la Marque.

La commune rurale de Chéreng, nichée au cœur de la vallée de la Marque, possède plusieurs terrains identifiés en zone inondable par le PPRI (Plan de Prévention des risques d’inondations). Ces terrains, qui échappent au phénomène d’étalement urbain observé sur la métropole, peuvent constituer de potentiels réservoirs de biodiversité si leur gestion est suffisamment soutenue. La zone dite du marais de l’Autour, au sud de la commune en est un exemple : les terrains placés en zonage agricole sur le PLU (Plan Local d’urbanisme), gérées en pâture ou simplement boisés abritent déjà une biodiversité variée : lièvres, bécasses, triton crêté… Pourtant, l’un des espaces centraux du marais, une peupleraie, inondée partiellement l’hiver et abritant une mare permanente est en voie de fermeture : assèchement des zones d’eau, développement abondant de réseaux de ronces… A long terme, elle pourrait perdre une partie de cette diversité retrouvée sur l’ensemble de la zone. Cela peut être également une opportunité de considérer en parallèle la Marque, située à quelques dizaines de mètres et dont la qualité de l’eau s’est dégradée au cours du siècle dernier avec les activités industrielles et agricoles en particulier. La construction prévue d’une déchetterie dans la commune voisine de Forest-sur-Marque, appelant à un processus de compensation écologique pour des terrains artificialisés, représente l’occasion de considérer les aménagements nécessaires pour redonner à cet espace sa dimension naturelle, en parallèle avec les objectifs métropolitains de trame verte et bleue.

Présentation générale 

Localisation géographique

La commune de Chéreng se situe dans le département du Nord, dans la région Nord-Pas-de-Calais. Elle se trouve à 10km de Lille au cœur d’une métropole comptant près de 85 communes.

Elle est bordée à l’ouest par la présence d’une petite rivière, la Marque qui sert de séparation entre les communes de Chéreng, Anstaing et Tressin et séparée au Sud de la commune de Gruson par l’autoroute A27. La vallée de la Marque, dans laquelle se situe la commune est un territoire à forte valeur agricole et écologique. La métropole européenne de Lille, anciennement Lille Métropole Communauté urbaine (LMCU), qui compte près de 85 communes représentant plus de 1,2 million d’habitants, a présenté dès 1992 une liste des espaces d’intérêt écologique en raison de la richesse de leur biodiversité. Au nombre de 146 ils représentaient une superficie estimée à 9570 hectares (le comptage s’effectue à l’échelle de l’arrondissement de Lille, comportant des zones hors de la métropole). Les inventaires biologiques effectués en 1992 pour l’identification des sites remarquables ont été réactualisés en 2006 sous l’impulsion de l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille Métropole, afin d’obtenir des relevés plus précis et de compléter les données précédentes. La surface a été revue à la hausse de 297 ha alors qu’il n’y a que 140 sites (fusions réalisées). Dans la métropole elle-même la surface a diminué de 44 ha par rapport à 1998, soit 4586 ha. Bien que les résultats obtenus par échantillonnage ne permettent pas de tirer de conclusions sur l’état de certaines espèces, la dégradation continue sur divers milieux, notamment les zones humides via des pollutions diverses (agriculture, industrie, rejets domestiques) et des phénomènes d’eutrophisation. La préservation des espaces existants et la valorisation de nouveaux espaces est donc un enjeu majeur de la préservation de la continuité écologique métropolitaine.

Présentation de la commune

La commune de Chéreng a été fondée au XIe siècle au cœur du territoire du Mélantois au sud ouest de Lille. De par sa place stratégique non loin de Lille et avec la proximité immédiate de la Marque, Chéreng s’est souvent retrouvée immiscée au cœur des conflits armés ayant secoués la région, comme ceux de Philippe Auguste contre Flamands, Anglais et Germains au XIIIème siècle (bataille de Bouvines en 1214, à moins de 3km au Sud) ou contre les Espagnols durant les règnes de Louis XIV et Louis XV.

Comptant 2976 habitants en 2013 (INSEE), la population est en moyenne plus âgée qu’à l’échelle régionale ; la tranche d’âge 15-29 ans est notamment moins représentée, à hauteur de 5,5 % du total régional (16,2 % contre 21,7 %). (sources INSEE 2007). La population décroît depuis une dizaine d’années et vieillit. Dans ce contexte la commune cherche à attirer de nouveaux actifs afin de revitaliser la commune, qui bénéficie de son emplacement à proximité immédiate du centre de la métropole (le métro se situe à moins de 10min en voiture). Atteignant une superficie de 418 hectares dont plus de 56 % en zone agricole, la maîtrise foncière est un enjeu réel pour la commune, dont l’identité rurale est forte au sein de la vallée de la Marque ; un nouveau projet d’aménagement d’habitats pavillonnaires (environ 70 logements) devrait voir le jour dans les prochaines années afin d’attirer de nouveaux actifs dans la commune. Celle-ci est composée d’habitats pavillonnaires hébergeant des familles à hauteur de 70 %. Offrir un cadre de vie attrayant à proximité de la vie urbaine est donc l’un des enjeux majeurs pour augmenter la vitalité de la commune, soumise à une importante pression foncière que l’on retrouve dans toute la métropole. Le reclassement de la peupleraie de la zone du Marais de l’Autour en un habitat de type zone humide est un moyen efficace pour susciter l’intérêt envers les espaces naturels et la biodiversité qui les caractérise. La promenade aménagée le long de la Marque, sur la rive droite, offre déjà un espace de détente original par delà les activités de loisir proposées dans la commune ; ce sentier, facilement accessible et en terrain plat, semble assez fréquenté par les habitants de la commune et des communes voisines.

Présentation du site d’étude

Le Marais de l’Autour se situe au sudouest de la commune de Chéreng, à moins de 400m du centre-ville. La zone est bordée par l’A27, au sud, la Marque à l’ouest, la partie nord étant composée d’habitats pavillonnaires, situés dans des rues calmes. La zone appartient à une ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Floristique et Faunistique) de type II, intitulée « vallée de la Marque » mais ne bénéficie pas d’un régime de protection particulier. Aujourd’hui la zone de la peupleraie représente un espace qui est majoritairement inutilisé si ce ne sont les prairies agricoles pour le pâturage (chevaux). Les terres sont parfois louées pour les activités de chasse, qui concernent une zone plus étendue vers l’est jusqu’à la commune de Baisieux. (il y a un local de la Fédération des chasseurs régionale au nord de Chéreng). Il existe néanmoins un sentier sur la rive gauche de la Marque sur la commune d’Anstaing qui est bien fréquenté par les riverains des communes à proximité voire de promeneurs habitant une zone plus éloignée de la métropole, la balade étant aménagée sur plusieurs kilomètres, en particulier en amont.

Etat des lieux

La vallée de la Marque, contexte historique et présentation du bassin versant 

D’une longueur de 31,7km, la Marque prend sa source à Mons-en-Pévèle avant de se jeter dans la Deûle (et plus précisément le canal de Roubaix) à la confluence de Marquette-lez-Lille. Coulant sur un très faible dénivelé d’environ 30m, le cours de la rivière est lent sur une largeur régulière d’environ 5m au niveau de la zone d’étude. La présence d’habitants dans la vallée est attestée à partir de l’époque romaine, le paysage étant alors représenté principalement par les marais ; la rivière servira au Moyen-Age à séparer différentes paroisses. Théâtre de nombreux conflits guerriers, dû à son emplacement stratégique, la Marque et son environnement marécageux a notamment été le théâtre de la décisive bataille de Bouvines en 1214 pour la constitution du royaume de France, impliquant les troupes de Philippe Auguste contre la coalition des Anglais, du Saint-empire romain germanique et du Comté de Flandres ou encore les conflits de Louis XIV et Louis XV avec les Espagnols qui possédaient au XVIIème siècle et durant la première moitié du XVIIIème siècle les territoires de la Flandre.

La tourbe a été naturellement utilisée comme combustible par les habitants pour le chauffage, tourbières qu’on ne retrouve pas aujourd’hui dans la zone et qui sont globalement très peu représentées à l’échelle régionale. Le marécage qui existait au Moyen Age (Marque vient d’un ancien terme germanique « marko » signifiant marécage) a disparu pour laisser place aux terres agricoles et urbanisées. Seules quelques zones humides éparses subsistent, plutôt dans la partie amont du cours d’eau, avec une grande réserve à l’aval (lac du Héron), à Villeneuve d’Asq.

Le lit mineur a gardé une composante assez naturelle dans la partie amont du cours d’eau. L’occupation du sol au niveau du bassin versant se distingue de même entre la partie amont, dominée par l’agriculture et la partie aval où l’urbanisation de la métropole ainsi que les aménagements divers (réseaux routiers et ferroviaires notamment) contribuent à une importante imperméabilisation du sol. Concernant les caractéristiques géologiques et pédologiques, on retrouve particulièrement des formations de craies datant du Crétacé, avec localement quelques couches argileuses (possibilité de formations marneuses). Plus récemment, durant le quaternaire, les dépôts de limons sur les plateaux et les dépôts d’alluvions dans les vallées ont contribué à limiter les possibilités d’infiltration, confortant le caractère humide historique de la zone. Le climat local est caractérisé par une influence océanique assez modérée qui aboutit à des précipitations relativement faible à l’échelle régionale (700mm/an), précipitations assez homogènes dues à l’absence de relief, excepté pour l’amont où les précipitations sont légèrement supérieures. La surveillance des eaux de la Marque s’effectue au niveau de 2 stations, au niveau de Pont à Marcq (6km en amont) et Bouvines (2,5km en amont). Les débits moyens mensuels sont plutôt faibles même si les variations mensuelles et interannuelles peuvent être assez importantes (de 0,1m^3 en septembre 2003 à près de 3,37^3 en janvier 2001). Le régime des crues est de type crues lentes, principalement en hiver (exemple de la crue vicennale de janvier 2003, avec un pic de crues à 9,8m^3) bien qu’il soit possible d’assister à des phénomènes de crues après de violents orages d’été. (sources : Banque Hydro, station de Bouvines, données prises entre janvier 1990 et décembre 2015 ; Note de présentation du Plan de Prévention des Risques Naturels inondations du Bassin de la Marque et ses affluents, septembre 2014) .

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Table des matières

Introduction
Première partie : diagnostic territorial et enjeux
I) Présentation générale
1) Localisation géographique
2) Présentation de la commune
3) Présentation du site d’étude
II) Etat des lieux
1)La vallée de la Marque, contexte historique et présentation du bassin versant
2) La vallée de la Marque, axe majeur de projet de trame verte et bleue à fort potentiel biologique
2.1) L’identification du couloir de TVB de la Marque
2.2) Les données de la ZNIEFF 2 : « vallée de la Marque » et biodiversité du site
2.2.1)Richesse faunistique
2.2.2)Richesse floristique
3) Présentation de la peupleraie et de la rive droite de la Marque
4) La déchetterie de Forest-sur-Marque : l’idée d’un processus de compensation
5) Consultation des documents d’urbanisme et de prévention
6)Pression foncière de la métropole : de la difficulté à allier développement urbain et économique avec la préservation des territoires
III) Bilan du diagnostic et enjeux
1) Conclusion de l’état des lieux
2) Les enjeux de l’aménagement du terrain d’étude
Deuxième partie : aménagements envisagés
I)Remplacement de la peupleraie par un réseau de mares avec espaces boisés/clairières
1) La transformation progressive de la peupleraie
2) Réglementation juridique
3) Estimation financière des coûts d’abattage
II) Consolidation de la ripisylve sur la la rive droite de la Marque, parcelles ZA0054 et ZA0049
Conclusion
Bibliographie
Glossaire
Table des tableaux
Annexes

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