Représenter l’école française

Sujet bien peu exploré en recherche que celui de la représentation de l’école au cinéma ! Cela est devenu une évidence, face au constat de la quasi-inexistence d’ouvrages qui abordent cet axe de réflexion. Pourtant le sujet est riche, séduisant, engageant et au croisement de deux sciences: l’art et l’éducation. J’ai choisi de faire ce travail de recherche suite au constat de ma propre attitude vis à vis de l’influence que le cinéma a eu sur mes représentations de l’école. Les jeunes enseignants formés dans les ESPE ont bien souvent tous entendu au moins une fois que leur mission première était de se détacher de ce qui allait être leur premier handicap : leurs représentations. Il nous est présenté comme nécessaire de se détacher de l’image que nous avons de l’enseignement de l’école, qui nous a été insufflée à travers les histoires, les films, les fantasmes et le propre enseignement que nous avons reçu à l’école au moment de notre scolarisation. Pourquoi cette nécessité ? Parce que les représentations, souvent liées à la nostalgie, ont un pouvoir d’influence parfois néfaste qui empêche et freine le progrès. Elles sont d’abord une amorce pour notre motivation à exercer telle ou telle profession, c’est parce que nous avons une image embellie par les représentations poétiques et les fantasmes nostalgiques que nous sommes poussés vers telle ou telle vocation, mais elles sont ensuite un frein qui inhibe la rénovation de la profession en question. La plupart des jeunes enseignants autour de moi et moi-même avons expérimenté à un moment donné de la formation le choc, parfois brutal, que finalement l’enseignement n’est pas « comme nous l’avions imaginé ». Dans le cinéma précisément, les représentations ont un double écho, elles déterminent, à travers ce qu’elles exercent sur l’équipe de réalisation, l’esthétisme, la trame et la mise en scène du film, elles le conditionnent réellement. Mais elles fixent également sa réception auprès du public en pénétrant leurs propres appréhensions du sujet exploité. En période de changements, comme en période stable, les arts occupent un rôle de précieux témoin. L’artiste est un être de conviction, sous l’emprise de son contexte socio culturel et historique, qui à travers son art, exprimera sans doute les pensées générales de la période dans laquelle il s’inscrit. Le cinéma, lorsqu’il n’est pas une pure fiction, ne peut échapper à la fonction de témoignage, fragmentaire et fatalement subjectif qui double une démarche documentaire. L’art témoigne des diverses orientations que la pédagogie et le système éducatif français ont adoptés, entre avancées, régressions et invariabilités, notamment en littérature, en gravure, en photographie mais également dans les œuvres cinématographiques. On parle actuellement beaucoup d’histoire à travers l’image, même l’image subjective, ce qu’est justement le cinéma, des images arrangées ou dérangées. Un art n’est pas neutre, il est le fruit d’un être de pensée. Une œuvre cinématographique témoigne de son époque, de par ses méthodes de réalisation, son scénario et les représentations qu’elle véhicule. De nombreux chefs d’œuvre de la cinématographie française ont planté leurs décors ou même leurs scénarios tout entiers dans des écoles. Au coin d’une scène est dénoncé le rapport au savoir, au détour d’un dialogue est surpris le statut de l’élève par rapport à son enseignant, et parfois des scénarios tout entier, sans l’avoir voulu mais parce que cela était véridique en termes de représentations fondées sur des faits, expliquent finalement explicitement le fonctionnement des écoles d’hier.

Mutations de l’école du XIXème à nos jours

L’école française est au centre de nombreux débats avec pour conviction principale que, de toutes les manières, c’était « mieux avant ». Si bien que l’école d’avant est devenue une pensée réconfortante, un sujet qui fait sourire, rêver, fantasmer, un sujet relevant maintenant presque du mythe nostalgique et de l’identité française, telle que chacun l’idéalise. Des élèves sur des pupitres, des enseignants en blouse, des écoles rurales aux petits effectifs, des dictées quotidiennes, des leçons de choses, une maxime écrite à la craie blanche sur un tableau noir en belles lettres cursives, les bons points, le vouvoiement, etc. Beaucoup d’éléments symboliques de cette école d’autrefois sont pour la plupart, l’image de la bonne éducation, de la bonne méthode, celle qui opérait lorsque l’identité française était complète et intègre. Et ce sont ces fantasmes que véhiculent les chefs d’œuvres dont il est question ici, c’est avec ce fantasme que jouent les réalisateurs. Les chef d’œuvres sélectionnés dans le cadre de cette recherche couvrent la période du XXème siècle. Avant même d’imaginer décomposer ces œuvres, il est une nécessité d’appréhender le point de vue socio-historique qui concerne cette période. Que s’est-il passé ? Comment l’école a évolué tout ce temps ? L’école a le même format depuis plus d’un siècle, il s’agit d’élèves face à un enseignant. Et pourtant tant de choses ont changées. J’ai choisi d’aborder les mutations de l’école au XXème siècle non pas à travers une énumération de dates ou un récit chronologique qui reprendrait chaque fait politique et social ayant eu une influence sur l’école, mais plutôt en reprenant certains symboles populaires de l’école, et en s’intéressant à leur évolution. Lorsque l’on pense « école », on pense « élèves », « maître », « tableau », « cartable », « récréation » etc. D’après moi, c’est en s’intéressant à ces symboles là, qui sont, contrairement aux mutations politiques, accessibles à tous parce qu’ils sont des clichés, que l’on pourrait observer de plus près et au plus proche de la réalité vécue les variations de l’école française.

Les petites écoles.
L’ouverture d’écoles de garçons dans les communes a été obligatoire en 1883, bien avant l’ouverture d’écoles de filles, et cela dans les communes présentant un certain effectif de population, plutôt bas, qui a permis d’ouvrir des petites écoles rurales, où le public était conséquemment hétérogène. Logiquement, il résultait de la taille de ces écoles des classes uniques, où l’enseignant dispensait des savoirs à des enfants de tout âge dans une seule et même classe. Ce format était majoritaire en France, mais il est devenu une exception aujourd’hui. A l’heure actuelle, moins de 400 classes uniques sont encore en activité en France, souvent dans des campagnes isolées où les parents et les membres actifs des communes se battent pour leurs sauvegardes. Ces petites écoles offrent de nombreux avantages, une ambiance conviviale, une proximité avec la nature, un suivi des élèves au long terme, une liberté pédagogique plus facile. On voit le portrait de ce type d’école dans L’orange de Noël de Jean-Louis Lorenzi à l’époque et dans Être et avoir de Nicolas Philibert à l’heure actuelle.

La formation des maîtres.
Au début du XX ème siècle, les jeunes filles qui désiraient devenir indépendantes n’avaient souvent peu d’autres choix que celui de s’engager sur la route de l’école normale pour entamer une carrière d’institutrice. A l’époque, ces jeunes femmes sont issues du milieu rural majoritairement, une volonté de fuir l’agriculture ? La formation à l’école normale durait trois ans, hommes et femmes séparés avec un apprentissage pas tout à fait équivalent. Il s’agit alors de jeunes personnes instruites qui sont alors envoyées sur le poste qui leur est affecté. Les témoignages d’institutrices issues de ce milieu confirment qu’on leur exige un dévouement à toute épreuve qui diffère de leurs collègues masculins. C’est un fait historique exploité dans L’orange de Noël de Jean-Louis Lorenzi, l’instructrice, Cécile, est très mal accueillie dans le village où elle est affectée, elle subit toutes sortes de jugements injustes et affrontent un certain nombre de railleries vis à vis de sa modernité . Au cours des XIXème et XXème siècles, les écoles normales deviennent des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres puis des Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation. Le niveau d’exigence pour acquérir le statut de Professeur des Écoles est de plus en plus haut et requiert l’obtention de plus en plus de diplômes.

La direction.
En 1886, le futur président du Conseil René Goblet est ministre de l’Instruction publique. Il fait adopter une loi qui portera son nom et qui consiste à réorganiser en profondeur l’école primaire. Il donne naissance à un nouveau poste pour chaque école, celui de direction. Ainsi, dans chaque école, l’enseignant généralement le plus chevronné obtient ce nouveau statut. Il a pour mission de gérer l’administration de l’école. Aujourd’hui encore, c’est ce qui incombe aux directeurs d’école. Mais ces derniers ne sont pas les supérieurs du corps enseignant. Il veille au respect du règlement, gère les inscriptions et toutes les procédures. Parfois déchargé selon la taille de l’établissement, il reste un enseignant à part entière. A l’heure actuelle, le statut des directeurs d’école est fortement discuté. Certains politiciens souhaitent renforcer leur pouvoir de décision dans les écoles au dépit des Inspecteurs d’Académie, ils deviendraient ainsi les supérieurs hiérarchiques de leurs collègues dans les écoles et pourraient déterminer la pédagogique de mise dans l’établissement.

Les vacances et la rentrée des classes.
Lorsque l’école devient obligatoire pour chaque enfant de France, les textes n’ont pas programmé beaucoup de vacances, un mois de congé estival est prévu, et il revient aux autorités locales d’en fixer les dates en fonction des besoins agricoles de la région puisqu’il ne s’agissait pas de vacances pour la plupart des enfants, et surtout pas pour le public rural où les enfants sont administrés pendant leurs congés comme aides agricoles. Et cela sera encore plus de coutume après la Première Guerre Mondiale, alors qu’il faut relancer l’agriculture française et que la main d’œuvre masculine manque terriblement.

En 1936, avec l’apparition des congés payés, les vacances des enfants sont allongées et la rentrée des classes a alors lieu en octobre. Dans les années 1960, le calendrier scolaire devient national et fait revenir les enfants à l’école au mois de septembre. En 1961, le ministère de l’éducation trouve un accord avec le ministère du tourisme pour fixer des dates qui permettent aux français de partir en vacances. Le problème des mêmes congés pour tous émerge alors et appelle à une division du territoire en différentes zones pour disperser l’affluence des zones touristiques et des routes. Puis, sur le modèle actuel, dans les années 1980, les pédagogues négocient la durée des vacances d’été pour permettre des vacances d’automne, d’hiver et de printemps.

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Table des matières

Introduction
1.Mutations de l’école du XIXème à nos jours
Les petites écoles
La formation des maîtres
La direction
Les vacances et la rentrée des classes
La tenue d’écolier
Le bâtiment scolaire
Les sanctions
Les récréations et leurs jeux
La photographie de la classe
La laïcité
2.L’école dans le cinéma, enjeux théoriques
a)L’école à l’honneur à l’écran
b)Corpus de films sélectionnés
Les diaboliques de Henri-Georges Clouzot – 1955
La guerre des boutons de Yves Robert – 1962
Le maître d’école de Claude Berri – 1981
L’orange de Noël de Jean-Louis Lorenzi – 1996
Les choristes de Christophe Barratier – 2003
3.Problématiques croisées de ces films
a)Représentations et stéréotypes véhiculés par ces films
b)Points de rencontres
Le rapport à l’autorité
La transmission du savoir
Le travail en équipe
Et les enfants dans tout cela ?
Les locaux
4.Ouverture à d’autres arts
5.Application pédagogique
a)Séquence en classe
b)Retranscription d’échanges autour des photographies
c)Effets de la séquence sur les représentations des enfants
Conclusion
Références cinématographiques et bibliographiques
Annexes

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