La vulnérabilité des filles
Les violences basées sur le genre accentuent la vulnérabilité des jeunes filles à l’école. Il est donc important de renforcer et d’assurer le suivi des actions des partenaires au développement comme la SCOFI, la CNEPSCOFI, du Cadre de Coordination des Interventions sur l’Education des Filles (CCIEF), du PAEF (Projet d’appui à l’éducation des filles). Les filles issues des familles pauvres sont plus vulnérables face aux risques de grossesse précoce. Selon l’EDS (2010-2011) dans les ménages pauvres, près de 4 femmes sur 10 (38%) ont débuté leur maternité contre moins de 7% chez les femmes les plus pauvres. Les politiques éducatives en Afrique ignorent la façon dont l’école est perçue au niveau locale et se focalise sur l’offre. Les études coûtent chères et divulguent la vulnérabilité des filles en les poussant à la tentation. Dans la région de Kolda et à Fatick se passe une prostitution clandestine chez les filles avec la complicité d’adultes. Certaines filles de Fatick et Bambeye travaillent à Dakar pendant les vacances pour subvenir à leurs besoins liés aux études. Dans beaucoup de localités enquêtées les chauffeurs de motocyclette Jakarta sont cités parmi les auteurs de grossesses.
Le phénomène des mariages précoces
39, 1% des cas de grossesses concernent des filles mariées. Les mariages précoces touchent toutes les localités sénégalaises. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de 30% de jeunes filles se marient avant l’âge de 18 ans et près de 14% avant l’âge de 15 ans (OMS, 2010). Selon les parents le recours aux mariages précoces est un choix culturel car dans certaines traditions une fille doit se marier tôt pour avoir une progéniture nombreuse et pour éviter les grossesses hors mariage.
La faible prévalence contraceptive
La prévalence contraceptive est de 12% au Sénégal et elle influence la fécondité des adolescentes. Cette faible prévalence contraceptive est liée à la vulnérabilité des filles-épouses. 90% des filles mères n’avaient pas auparavant utilisé de méthode contraceptive. Cela s’expliquerait par le fait que les jeunes ne sont pas suffisamment informés pour utiliser les services de santé de la reproduction. Il y a en effet l’absence de Centres ADO (Centre pour les adolescents) et une inadéquation des horaires pour les jeunes. Il y a également une certaine résistance de l’école face à l’usage de la contraception. Selon le coordonnateur de l’IME de Kolda : « L’utilisation des méthodes contraceptives est un couteau à double tranchant, d’une part elle protège et d’autre part elle pousse au vagabondage sexuel des élèves ». Pourtant l’approche basée sur « l’abstinence jusqu’au mariage » est jugée insuffisante pour retarder les relations sexuelles. Pour les adolescents qui désirent utiliser les méthodes contraceptives il existe des barrières culturelles, médicales et économiques. Il y a aussi l’insuffisance des structures sanitaires, l’inadéquation et l’insuffisance de la qualité des services (FAYE, 2005). Pour ce qui est de la prise en charge des grossesses précoces, les institutions sanitaires peinent à assister encore correctement les filles enceintes, sauf à Dakar qui est e seul centre de soin. Au niveau de l’école il n’existe pas un cadre de prise en charge des grossesses précoces. Les filles cachent leurs grossesses et ce sont les professeurs d’éducation physique qui arrivent à les démasquer. Lorsqu’un cas s’avère l’administration demande la suspension des cours jusqu’à l’accouchement. Certains établissements réfèrent les élèves concernés à l’IME. Cette dernière demande également la suspension des cours après une confirmation par le personnel de santé, de la grossesse. Par contre certains chefs d’établissement permettent aux filles enceintes de continuer tous les cours sauf celui d’EPS. Toutes les grossesses ne sont pas découvertes par l’école. Certaines filles manquent les cours et c’est à ce moment que le chef d’établissement mène son enquête auprès des parents. Il existe également des structures qui sensibilisent les élèves comme les CAVE (Cellule d’Alerte et de Veille) et les bureaux genre.
Les conséquences des grossesses précoces
Perte d’estime de soi, abandon scolaire, rejet par la famille, destruction des projets de vie et maintien du cercle de la pauvreté, avortements non médicalisés, décès, problèmes sanitaires, redoublement, échec scolaire, renforcement de la vulnérabilité des filles, dépressions, suicides. Les grossesses précoces sont à l’origine de 1073 cas d’abandon scolaire entre 2011 et 2014, 599 redoublements et 105 reprises d’étude.
Recommandations
Favoriser la connexion entre les actions de prévention du milieu scolaire et celles du niveau communautaire.
Initier des campagnes zéro grossesse à l’école.
Mener des campagnes de sensibilisation chez les élèves pour qu’ils connaissent les services en santé reproductive disponibles dans les structures sanitaires.
Faire participer le centre de santé dans les activités scolaires.
Améliorer la communication avec les enfants au sein de la famille en mettant l’accent sur l’éducation sexuelle.
Eviter la stigmatisation et accompagner les filles mères dans les études.
En somme ce rapport nous a permis d’avoir des statistiques sur les grossesses d’adolescentes scolarisées et de définir l’ampleur de ce phénomène à l’échelle nationale. Cependant il n’a pas insisté sur les représentations sociales des grossesses et de la sexualité en général. Il y a par ailleurs d’autres auteurs qui se sont intéressés aux facteurs explicatifs des grossesses précoces. En définitive, 4 facteurs ont été cités par le rapport Sénégal : étude sur les grossesses précoces en milieu scolaire :
« – Les facteurs liés à la vulnérabilité des jeunes filles
– la faible prise en charge de l’éducation sexuelle au sein des familles et à l’école, et la pression des pairs
– Le phénomène des mariages précoces
– La faible prévalence contraceptive »
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. Cadre Théorique
1. Revue de littérature
2. Problématique
3. Objectifs de recherche
4. Hypothèses
5. Cadre théorique de référence
Opérationnalisation des concepts
Analyse conceptuelle
DEUXIEME PARTIE
II. Cadre méthodologique
1. Cadre d’étude
2. Méthode d’analyse
3. Echantillonnage
TROISIEME PARTIE
III. Cadre analytique
a) Facteurs explicatifs de la grossesse précoce
b) Définitions de la grossesse précoce
c) Représentations sociales de la grossesse au niveau scolaire
d) Représentations sociales de la grossesse précoce à Sokone
e) Définition de la sexualité
f) Critiques
CONCLUSION
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