REPRESENTATION GRAPHIQUE DE LA MEDECINE PAR LES MEDECINS

REPRESENTATION GRAPHIQUE DE LA MEDECINE PAR LES MEDECINS

DISCUSSION

Chaque individu prêtant l’oeil à une affiche, un tableau ou une page de journal, réalise spontanément un travail analytique. Tout objet peut être esthétiquement perçu, mais à « regarder » et non plus simplement « voir », les images prennent un aspect diffèrent. Savoir voir c’est pour ainsi dire la définition de la séméiologie. [3] L’image ne peut se cantonner à une description, aussi complète soit-elle. L’image ne peut être simplement une transposition du réel, elle est aussi un réel intrinsèque à l’auteur d’où la nécessité et l’intérêt d’une approche pragmatique via une grille d’analyse en 3 étapes favorisant une certaine objectivité. Souvent, sous prétexte qu’il s’agit d’images, c’est-à-dire d’un domaine attirant, fascinant, sur lequel chacun à un avis spontané, l’attention se relâche. Cependant jamais une explication d’image ne peut rendre compte de tout ce qu’elle contient; l’interprétation est potentiellement infinie. «Aucune analyse ne sera jamais complète, dans la mesure où seul équivalent de l’image est l’image elle-même ». [4] En choisissant cette méthodologie et en obtenant ces résultats, nous nous apercevons à quel point un trait, aussi rudimentaire soit-il, en dit long sur l’individu qui le trace. La grille d’analyse aide au cheminement de la réflexion et permet de tirer la substantifique moelle de chaque représentation de façon intuitive. En fonction des éléments forts relevés via la grille d’analyse, quel bilan général en déduisons-nous?

Biais, Forces et Faiblesses : En raison de son type de méthodologie et de résultats graphiques, ce travail présente de nombreux biais : -Tout d’abord, il existe un biais de sélection évident puisque les médecins sélectionnés pour répondre au questionnaire étaient pour la plupart des médecins connus de près ou de loin, au cours de mon cursus. Ce biais était consenti dans le but d’obtenir un maximum de retours. En effet les réponses attendues sous forme de représentations graphiques pourraient 82 facilement être source d’anxiété pour la plupart d’entre nous, de peur d’être jugé ou simplement mal interprété, et de ce fait limiter la proportion de réponses aux questionnaires. Pour autant, l’échantillon analysé est assez représentatif de la population médicale. -Un biais d’analyse puisque la grille utilisée, aussi avérée soit-elle, comporte après toute la partie d’observation objective, une analyse subjective sous forme de conclusion qui ne peut finalement être évitée… Dans le but de limiter ce biais nous avons décidé de compléter l’analyse des résultats avec l’avis du Pr Garré ; mais aussi pragmatique que soit l’analyse, aucune explication d’image ne peut rendre compte de tout ce que contient un document. -De même, le fait d’interpréter et de commenter la représentation au sein même des résultats est inhabituel mais il s’agissait d’une partie essentielle de la grille d’analyse et la faisabilité de ce travail en dépendait.

Résultats et Interprétations 

La période de réception des oeuvres par courrier était volontairement courte afin de favoriser les réponses spontanées, rapides et limiter les représentations trop réfléchies, trop idéalisées. Les questionnaires anonymes permettaient de limiter l’anxiété des praticiens à l’idée de faire un travail graphique et d’en être jugé. Les résultats sont surprenants et la profondeur de l’analyse potentiellement infinie. Chaque représentation peut être interprétée avec plusieurs niveaux de lecture et présente un intérêt seul mais également en association avec les autres oeuvres. Nous n’obtenons ni la précision des chiffres ni l’objectivité des mots mais gagnons en profondeur. Finalement, chaque oeuvre en dit long sur la façon qu’a le médecin de travailler ou d’appréhender son activité quotidienne ainsi que le sens qu’il y attribue. A bien y regarder, il existe autant de pratiques médicales qu’il y a de médecins. Tout comme les patients, les médecins apparaissent également comme des individualités variées et contrastées. Aucun médecin n’a la même vision du patient, de son activité ni même de son propre état…Toutes spécialités confondues, les auteurs apparaissent tantôt positifs, tantôt négatifs, parfois heureux ou fatigués, dépassés, épuisés, fiers, forts, curieux, avec de l’humour etc…La personnalité de chacun à l’instant de la production de l’oeuvre semble apparaitre. 83 Cependant parmi toutes ces individualités, certaines idées ou sensations reviennent plusieurs fois et une tonalité générale ressort entre spécialité d’organe et médecine générale :

-Dans les deux cas, la notion de plaisir et la fierté d’être médecin ressortent, la dimension de jeu et l’aspect ludique de la profession ou de la vie transparait. La pression intrinsèque du travail est représentée. Transparait aussi le sentiment d’avoir une position sociale forte. Le sentiment de liberté fait parfois défaut ou bien semble présent mais est toujours recherché et semble influencer l’humeur du praticien lors de sa représentation… L’analyse globale des oeuvres pointe également quelques disparités notables entre médecins généralistes et autres spécialistes :

-Chez les médecins généralistes, les représentations sont souvent simples et moins colorées. La notion de quantité de travail, de fatigue et de sollicitations multiples reviennent régulièrement dans l’analyse. La sensation d’être au centre d’une entreprise scientifique complexe et d’être le lien entre le patient et la science semble être prépondérante. Une certaine tendresse vis-à-vis du travail et des patients se dégage, la relation est largement représentée et semble être le socle de la spécialité, qui apparait également comme étant particulièrement sensitive.

La journée du médecin généraliste apparait comme « un puzzle aux pièces interchangeables allant de la naissance à la mort en passant par la douleur, la souffrance et la joie » (n° 4). Se dégage le sentiment d’être fragmenté, dimension ludique du travail mais aussi de brutalité et parfois de lassitude. On retrouve une certaine ambivalence entre plaisir et difficulté imposée par une organisation de soin étouffante, ne laissant que peu de place à la possibilité d’une prise en charge plus globale et peut être plus souhaitable. Il apparait la difficulté des praticiens à sortir d’un statut « en creux », à trouver leur juste place dans un monde médical en mutation. Mais on observe aussi leur dynamisme et leurs efforts d’innovation, ainsi que la persistance d’un attrait pour ce mode d’exercice.

-Chez les spécialistes d’organes, les représentations semblent un peu plus travaillées et plus colorées, un peu plus réfléchies. Une atmosphère plus légère s’en dégage, l’idée de puissance et de plaisir revient beaucoup dans les oeuvres. Le bilan semble plus positif voir optimiste. Le confort et la qualité de vie sont souvent décrits, le travail est complètement associé à la vie personnelle et aux loisirs. L’aspect technique de la spécialité apparait dans près de la moitié des représentations de spécialistes, mais le patient et la maladie n’apparaissent que rarement ou bien sont réduits à un détail de l’oeuvre. La relation médecin patient n’est pour ainsi dire pas représentée, seule une oeuvre place son activité au sein de la société avec le patient au centre (n°20).

Le faible échantillonnage ne permet pas de pointer les différences potentielles entre représentations féminines ou masculines, entre jeunes praticiens et praticiens plus âgés…Il serait probablement intéressant de pouvoir également en faire une analyse. Les nouveaux médecins généralistes n’ayant connu que la médecine générale en tant que spécialité, appréhendent-ils leur pratique de façon différente ? pouvons-nous noter une différence entre homme et femme ? Finalement, ces oeuvres sont le reflet d’un instant précis, le moment qu’a choisi le médecin pour répondre au questionnaire. Mais cette relative dichotomie entre les deux grandes familles de spécialités laisse beaucoup à réfléchir et témoigne d’un certain mal-être actuel de la profession de médecin généraliste, peut-être par manque de temps ou bien par manque de considération, ce qui peut faire écho à la situation actuelle de la profession. L’un des intérêts de la médecine générale réside dans le suivi et dans cette relation toute particulière qui existe entre le patient et son médecin sur plusieurs années et sur plusieurs âges, créant un lien presque familial, du moins d’une grande proximité favorisant une charge empathique, parfois très lourde et bien souvent non considérée… Le transfert, le contre transfert que l’on peut retrouver dans les relations longues et récurrentes imposent une pression supplémentaire aux professionnels de santé. Mais ces hypothèses ne sont valables que pour l’instant « t » ou le médecin a choisi de coucher sur le papier sa représentation, sa réalité du moment, de l’instant…Il est probable que ce même travail il y a dix ans ou dans dix ans serait tout autre.

HYPOTHESES :

La médecine est une activité à la fois millénaire et toujours novatrice : en effet, de l’antiquité à l’avènement du christianisme, le médecin est passé du stade d’artisan de la santé à celui d’apprenti thaumaturge. Et c’est à l’époque contemporaine que la science et l’art semblent avoir fait un peu plus sécession, soigner devenait synonyme de réparer et désormais, les succès dépassent les échecs. La science apporte plus de rigueur, d’efficacité et de progrès cependant c’est par les avancées ou les idées de certains esprits libres qu’elle avance et se développe et c’est par l’humain qu’elle se met au niveau du patient. Le médecin généraliste fait de plus en plus figure de clinicien aux mains nues (aux côtés de quelques catégories de spécialistes libéraux, par exemple les pédiatres ou les psychiatres). La valorisation de son travail en pâtit clairement. La médecine générale devient durablement, malgré l’importance de ses effectifs, un segment en retrait de l’évolution scientifique et technologique. [5] Le médecin spécialiste, en raison de sa connaissance verticale, est peut-être moins soumis aux critiques ou en tous les cas, moins exposé puisqu’on lui demande de régler un problème qu’il connait presque entièrement, soigner une cataracte par exemple, alors que le médecin généraliste, du fait de sa connaissance horizontale, se verra imposé de soigner « le regard » et le patient aura beaucoup plus souvent et facilement recourt à lui…Le médecin sera plus facilement soumis, en raison du nombre et de l’ampleur de la tâche, à l’échec ou à la critique. De plus, ses connaissances transversales et la société actuelle font se multiplier les motifs de consultations et les demandes des patients, pas toujours légitimes, souvent administratives. Le recours au médecin traitant se doit d’être facile d’accès et presque gratuit, parfois au détriment de la qualité de pratique et de vie de ce dernier qui ne sera pas toujours capable d’assumer toutes les demandes.

Les nouvelles attentes de la société à l’égard des professionnels de santé vont-elle déboucher sur une perte d’indépendance? Comment penser le paradoxe d’une activité qui fut longtemps, sans besoin de qualificatif et qui se revendique aujourd’hui « générale » alors qu’elle cherche à assumer le statut de « spécialité » ? La médecine générale est la plus ancienne des pratiques de la médecine, dans le sens où elle a longtemps constitué implicitement l’essentiel de la médecine clinique, sans qu’il fût même besoin de la qualifier de générale. Elle est, dans le même temps, une discipline médicale émergente en quête de reconnaissance, cherchant à se doter en positif d’une identité propre. [5] Son champ d’action est potentiellement infini, ce qui constitue toute sa richesse et sa diversité. La proclamation officielle d’une spécialité médecine générale en 2004, puis le vote début 2008 de la loi créant un véritable statut universitaire pour les généralistes constituent des signes indéniables de reconnaissance.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

COMPOSITION DU JURY
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
METHODOLOGIE
RESULTATS
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *