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Les déictiques temporels
Comme son nom l’indique, les déictiques temporels informent, relativement au moment de l’énonciation qui leur sert de repère unesituation de simultanéité ou d’antériorité ou de postériorité.
Les déictiques spatiaux
Ils comportent les indices d’ostension (les démonstratifs) incluant les déterminants (ce, cet, ces, cette…) et les pronoms (cela, ceci…) et les présentatifs.
Par ailleurs, l’énonciateur formule son opinion sur ce qui est dit de plusieurs manières avec « les concepts d’énonciation ».
le concept de tension :
Nous sommes en présence « d’un énoncé tendu »quand la relation entre l’énonciateur et le co-énonciateur est perceptibleet qu’elle se manifeste par les désirs et la volonté. La tension se repère à travers les auxiliaires modaux tels que : vouloir, devoir, pouvoir…On peut dire que l’énonciateur s’adresse directement à un co-énonciateur précis (vous) ce qui fait qu’un lien explicite s’établit entre les interlocuteurs à travers le discours. En général, ce concept se manifeste par le questionnement ou l’ordre de l’énonciateur envers son co-énonciateur.
le concept de distance :
« Le concept de distance » permet de voir la relation entre le locuteur et son énoncé. Cette distance peut être plus ou moins grande. Effectivement, la distance diminue ou « distance minimale » quand le locuteur s’inscrit dans son énoncé et l’assume, par contre nous sommes en présence « d’une distance maximale » quand le locuteur se détache de son énoncé.
le concept d’adhésion :
Le troisième concept que nous pouvons étudier à travers le corpus est « le concept d’adhésion ». L’adhésion de l’énonciateur à son discours se marque essentiellement par la mobilisation des modalisateurs tels que : peut-être, évidemment…
Si la manifestation de la subjectivité est liée principalement par les éléments linguistiques et appréhendés à travers eux comme BENVENISTE E. l’avance, d’autres linguistes pensent autrement, et ont pu discerner que la subjectivité peut se manifester par d’autres méthodes.
La recherche de CHARADEAU P. aboutit par exemple à la conclusion que les relations entre les éléments linguistiques se jouent au niveau de l’explicite et permettent d’accéder à l’implicite du discours
« Le problème de la communication (…) ne se situe pas tant au niveau de ce qui est dit explicitement (…) qu’au niveau, sous-jacent, du sens qui circule sous cette manifestation explicite et à laquelle cette dernière renvoie. L’e njeu de l’acte de langage (…) n’est donc pas à chercher dans sa configuration verbale mais dans le jeu qui s’établit, pour un sujet déterminé, entre cette configuration et son sens implicite, qui dépend de la relation des protagonistes entre eux et de la relation de ceux-ci aux circonstances de parole qui les réunissent. Et c’est bien parce que ce jeu de relation est ouvert, variable, que l’enjeu est multiple » (1983 :16).
LA SUBJECTIVITE IMPLICITE
Pour Catherine KERBRAT-ORECCHIONI, tout énoncé porte l’empreinte de son énonciateur ce qui implique que tout énoncé est subjectif même si quelques fois l’énonciateur ne se manifeste pas de façon apparente autrement di t, la subjectivité énonciative est exprimée de manière implicite. L’implicite est donc une composante du discours, qui consiste à amener l’auditoire à penser quelque chose sans l’affirmer d’une part, et une stratégie discursive qui permet à l’énonciateur de se cacher derrière son dit d’autre part. Alors, pour mieux appréhender les éléments susceptibles de trahir ses intentions et as présence, l’énonciateur politicien a besoin de la subjectivité implicite. L’étude des marquesde la subjectivité permet alors d’analyser les discours politiques et de discerner l’engagement affectif et le jugement de valeur des interlocuteurs.
Selon KERBRAT-ORECCHIONI C. (1980) les éléments véhiculant les marques implicites de l’énonciateur sont appelés : les subjectivèmes. Ils se présentent sous deux aspects : l’affectif et les évaluatifs.
Le discours est parsemé de subjectivèmes. Ce sont des unités lexicales qui posent le locuteur comme « la source évaluative de l’assertion » (1980 :17). Il faut noter que les subjectivèmes sont de natures différentes : les adjectifs, les adverbes et les substantifs.
Outre les subjectivèmes, l’implicite se manifeste aussi par d’autres éléments : « les modalités d’énonciation ». Ils comprennent les modalités de phrases et les modalisateurs d’énonciation. L’ensemble des subjectivèmes et lesmodalités d’énonciation sont englobés par le terme « les marqueurs d’énonciation ».
Les modalités d’énonciation
Le domaine des modalités d’énonciation correspond aux moyens par lesquels le locuteur implique ou détermine l’attitude de l’allocutaire à partir de sa propre énonciation. En d’autres termes, les modalités d’énonciation (comprenant les modalités de phrases et les modalisateurs d’énonciation) définissent la communication entre les interlocuteurs.
Les modalités des phrases
Les modalités de phrases les plus remarqués dans lecorpus sont : l’interrogation, l’intimation, et l’assertion.
L’interrogation est un engagement qui appelle une réponse de la part d’un co-énonciateur. Avec l’usage de l’interrogation, l’énonciateur veut conscientiser son auditeur.
L’auditeur n’est pas bien déterminé, il peut êtrele doyen, les citoyens malgaches, la communauté internationale, le candidat, l’opposition. Néanmoins, il demande vraiment une réponse de la part de ses co-énonciateurs : les amis et les partenaires étrangers comme les adversaires politiques.
D2 :§9 Cette même loi électorale […] tout le monde les a acceptés, pourquoi les remettre en cause aujourd’hui ?
D6 :§66 Ne sommes-nous pas saturés par l’atmosphère politique ?
D6 :§67 N’est-ce pas le vent du changement que nous avons choisi ?
L’intimation se présente sous la forme d’ordres ou d’appels donc un rapport direct entre l’énonciateur et son co énonciateur. Par l’intimation, l’énonciateur incite son interlocuteur à agir immédiatement, il donne un directif qui pour obtenir quelque chose de l’autre.
D3 :§9 Formons des partenariats et mobilisons toutes les ressources pour entreprendre des actions concrètes à grande échelle afin d’enrayer ce fléau, car c’est l’avenir même de notre pays qui est en jeu.
L’assertion dont la première caractéristique est d’engager lelocuteur sur une certitude et corrélativement d’amener l’allocutaire à y adhérer. Pour le discours politique, la présentation de vœux en particulier, un acte assert if engage le locuteur d’une part sur la véracité d’une proposition, et d’autre part unefaçon d’imposer son point de vue.
D2 : §5Votre pays a été victime du terrorisme depuis plusieurs années. Mais la communauté internationale a été sourde à tous vos appels. La France elle-même a souffert du terrorisme mais presque dans l’indifférence générale.
Dans ces phrases, l’énonciateur formule un jugement sur le silence de la communauté internationale surtout les pays de grande puissance face aux actes de terrorisme dont l’Algérie et la France ont été victime. Il condamne indirectement ces pays, comme les Etats-Unis qui n’ont réagi qu’une fois victime des actes terrorismes.
D1 :§ 5 Il a fallu que ce drame du 11 Septembre 2001 intervienne pour que le monde entier prenne conscience que ce danger nous menace tous.
Ici, le verbe « falloir » a une double explication. D’abord, l’énonciateur montre que les Etats-Unis étaient « obligés » de réagir aux actes terrorisme et ensuite, il montre sa désolation face à cette situation.
D4 :§24 A partir de maintenant les Ministres, les secrétaires généraux, les directeurs généraux et leurs équipes seront évalués selon résultatsles obtenus.
Dans son discours en 2007 (D4), RAVALOMANANA avait déjà quelques années d’expérience en tant que président. Alors, il saitdéjà que certains de ses collaborateurs directs ne pensent qu’aux privilèges obtenus de leurs postes clés. Désormais, chacun doit démontrer qu’il est une personne capable de réussir et de diriger d’une main de maître son ministère ou son département.
Les modalisateurs d’énonciation
Les modalisateurs ou tout simplement les adverbes sont des marqueurs par lesquels l’énonciateur affiche son attitude face à son énoncé, à son co-énonciateur et à la situation d’énonciation. Les adverbes relevés dans le corpus sont catégorisés suivant les notions véhiculées :
– pour soutenir une affirmation
Dans les discours politiques les adverbes pour « affirmer » une idée sont très dominants. Ils sont surtout employés par les énonciateurs-politiciens, en énumérant les accomplissements qu’ils considèrent comme des réussites économiques ou sociales.
D2 : §7 Il n’y a pratiquement plus de famine à Madagascar.
D3 : § 16Madagascar a considérablementamélioré son image à l’extérieur.
Par ailleurs, dans ces extraits, l’énonciateur- président affirme la réussite de sa campagne économique puisque les partenaires acceptent ses idées.
D4 :§5 Beaucoup de nos partenaires internationaux font égalementpartie de cette équipe. D5 :§2 Croyez que je suis particulièrement sensible au soutien et à l’accompagnement de la communauté internationale.
Dans cet extrait, le président RAJOELINA affirme qu’avec la volonté commune des dirigeants et du peuple la transition s’est enfin terminée.
D6 :§73 Nous savons tous, pertinemment, qu’à la veille du terme de cette transition, nous la dirigeons ensemble, de volonté commune.
-pour monter le doute du co-énonciateur
D5 :§5 D’aucuns peuvent se poser la question de savoir où est-on exactement dans la mise en œuvre de la feuille de route ?
Le choix de la phrase interrogative montre déjà le doute du locuteur sur la situation, le modalisateur « exactement » demande seulement une confirmation et aussi une affirmation concernant la situation politique du pays.
-pour marquer la déduction d’un fait ou d’une situation
Dans les vœux présidentiels, les affectifs ne sont pas dominants néanmoins, l’énonciateur RATSIRAKA montre dans cet extrait son regret si nous nous référons au corpus.
D1 :§31Malheureusement, les péripéties de l’histoire et les vicissitudes de la politique et des événements ne m’ont pas permis de mener l’entrepris jusqu’à son terme.
En outre, les modalisateurs seulement, sagement, patiemment, notamment… montre tout à fois, les tergiversions, la patience et aus si le regret.
D4 : On la constate seulement après quelques années.
D2 : J’ai attendu sagement, patiemment
D5 : Nous avons perdu trop de temps avec les tergiversations et les surenchères politiques, mais à la fin -heureusement à la fin les politiciens ont compris.
D5 : Une relecture du code électoral est en chantier […], notamment les mesures d’apaisement.
-pour montrer le renforcement, l’intensité d’une idée
D1 : Les vœux pleins d’humanisme et d’amitié, qu’au n om du corps diplomatique et consulaire, vous venez de m’adresser m’ont profondémenttouché.
D1 : Je vous en remercie infiniment
D2 : Madagascar est un pays insulaire, travaillant ardemment et avec un certain succès dans le présent. .
D2 : Car je voudrais ardemment, au jusant de ma vie, laisser aux générations futures un pays meilleur que celui que j’ai connu.
D4 : Maintenant, la population veut participer activement à sa mise en œuvre.
D4 : Ils ont trouvé en Madagascar un partenaire qui ade fortes chances de réussir.
D6 : Cela faisait très longtemps que nous, Malgaches, aspirons à respire un air sai n, nouveau.
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Table des matières
Introduction générale
PARTIE 1 : NOTIONS THEORIQUES
Chapitre 1 : La subjectivité explicite
1.1.Les déictiques de personne
1.2. Les déictiques temporels
1.3.. Les déictiques spatiaux
Chapitre 2 : La subjectivité implicite
2.1.Les modalités d’énonciation
2.1.1. Les modalités des phrases
2.1.2. Les modalisateurs d’énonciation (adverbes)
2.2.Les subjectivèmes
Chapitre 3 :L’ethos
3.1.Ethos prédiscursif
3.2. Ethos discursif
3.3.Auditoire
PARTIE 2 :REPRESENTATION ENONCIATIVE DES VOEUX PRESIDENTIELS
Chapitre 4 : Caractéristiques du corpus
4.1.Généralité sur le corpus
4.2.Les contextes autours du corpus
4.2.1. Le contexte situationnel
4.2.2. Le contexte médiatico-politique
Chapitre 5 : Les marques personnelles des voeux présidentiels
5.1.Inscription de l’énonciateur
5.1.1. Le « JE » du chef suprême
5.1.2. Adhésion des locuteurs
5.1.2.1.NOUS Diplomate
5.1.2.2.NOUS Malgache
5.2.Présence des allocutaires
5.2.1. Destinataire ciblé
5.2.2. Destinataire composé
Chapitre 6 : Les présidents, acteurs politiques
6.1. Les artifices oratoires de Didier RATSIRAKA
6.1.1. Action et Engagement
6.1.2. Conviction et persuasion
6.1.3. Effacement énonciatif
6.1.4. Idéologie et savoirs
6.2. « Acta non verba » de RAVALOMANANA
6.2.1. Volonté politique
6.2.2. Optimisme et performance
6.2.3. Relation économico-politique
6.3. « Fairplay » de RAJOELINA
6.3.1. Entre critique et optimisme
6.3.2. Délocutivité
6.3.3. Marketing politique
Chapitre 7 : Perspective comparative
7.1.Solennité ou convivialité
7.2.Proximité des interlocuteurs
Conclusion générale
Bibliographie
Table des matières
Annexe
Table des annexes
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