Repérage des Difficultés Langagières à 2 ans  » (RDL2)

Le langage est une fonction indispensable pour l’être humain. Son acquisition repose sur des compétences innées qui vont se développer en présence d’expériences langagières stimulantes. Selon Chomsky, son développement est « rapide, sans effort et achevé en grande partie à cinq ans » (Chomsky, 1965). Néanmoins, divers facteurs peuvent influencer le développement du langage de l’enfant et ainsi affecter le développement social et scolaire dans son ensemble.

Entre 0 et 4 ans, l’enfant connaît une phase de développement importante, notamment au niveau langagier, durant laquelle il dispose de capacités d’acquisition maximale. Il est donc indispensable que durant cette fenêtre développementale, les enfants disposent d’un environnement comportant des stimulations adaptées pour favoriser l’émergence du langage. La prévention tient alors tout son rôle en favorisant la précocité du repérage et de la prise en charge des jeunes enfants. Les dispositifs de Toute Petite Section de Maternelle ont pour objectif de faciliter l’intégration scolaire des enfants issus de populations à risque. Il est donc pertinent que les enseignantes de ces classes puissent disposer d’outils de repérage de difficultés langagières pour favoriser l’émergence du langage par l’adaptation des contextes d’acquisition ou encore l’orientation à un professionnel de santé. L’acte de prévention des troubles relevant de l’intervention orthophonique, nous avons souhaité proposer un matériel adapté à la pratique des enseignants permettant d’observer le développement d’enfants âgés de 2 à 3 ans et ainsi repérer précocement les difficultés pouvant avoir un impact sur le développement. Pour cela, nous nous sommes basés sur le DPL3, outil de dépistage validé et recommandé pour concevoir notre grille.

LE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE

Les origines du langage 

Les théories

D’après le dictionnaire d’orthophonie, le langage est « un système de signes propres à favoriser la communication entre les êtres » (Brin, Courrier, Lederlé, & Masy, 2011). Dans une perspective interactionniste, nous estimons que cette faculté relève à la fois d’une « capacité innée à acquérir le langage » (Chomsky, 1965) et d’une « nécessité d’apprentissage et d’expérience » pour se développer (Skinner, 1957). En effet, le langage repose sur des bases neurologiques indispensables à son développement. Le cerveau rend possible l’appropriation et l’expression du langage par l’individu, phénomène spécifique à l’être humain. Il contrôle notamment les organes de la phonation permettant l’expression d’un langage articulé, de par leur « double fonctionnalité » (Dobrovolsky & O’Grady, 1997). Mais pour qu’il se développe tout au long de la vie, il nécessite des expériences vécues par l’individu. Il requiert donc que l’être en développement bénéficie d’un environnement riche en stimulations langagières dès son plus jeune âge. La maturation cérébrale et l’environnement sont donc fortement liés dans cette construction.

Les connaissances actuelles

Les chercheurs ont établi qu’il existait une période plus propice à l’acquisition appelée « période critique » ou « sensible » durant laquelle le langage se développe de façon plus évidente et efficace pour les enfants en présence de stimulations appropriées. Cette période ne fait pas l’objet d’un consensus déterminant précisément sa durée mais elle se situerait entre la naissance et 10 ans (Bortfeld & Whitehurst, 2000). On sait également que « l’enfant acquiert l’essentiel du système de sa langue » durant les quatre premières années de vie (Bassano, 2007). Cette période de la fenêtre développementale sera donc pertinente à cibler lors d’un acte de prévention.

L’acquisition du langage

On distingue deux périodes dans l’acquisition du langage chez l’enfant : le stade prélinguistique entre 0 à 12 mois et le stade linguistique à partir de 1 an.

Stade pré-linguistique

La perception de la voix humaine est une capacité acquise in utéro par le nouveau-né sous forme de fœtus (Voegtline, Costigan, Pater, & DiPietro, 2013). Il va ensuite développer cette compétence lors de la vie extra-utérine de façon à être capable de différencier les paramètres spécifiques à sa langue maternelle : voix de sa mère, intonations (Kern, 2001). Les nouveau-nés distinguent très tôt les contrastes entre les différents phonèmes et vont progressivement affiner leur discrimination plus précisément. Le bébé commence à reconnaître des suites de sons sans leur allouer une signification au départ. A la naissance, le bébé n’a aucun contrôle sur ses organes phonatoires et produit donc des cris réflexes signes de son inconfort appelés « sons végétatifs » (Barr, 2010). A partir du 3ème mois, le bébé va commencer à différencier ses productions en fonction de ses besoins. Le contrôle de la phonation se fera progressivement grâce à ses expérimentations vocales durant les premiers mois de vie. Vers 4 mois, les pleurs vont diminuer et le nourrisson va petit à petit développer et diversifier ses vocalises en produisant diverses syllabes. Il est dès lors capable de moduler sa voix au niveau de la hauteur et de l’intensité. Ces productions plus variées vont être renforcées lors des interactions sociales avec l’entourage. Vers 7-8 mois, le bébé perd sa capacité à discriminer les contrastes dans d’autres langues, il se spécialise dans le traitement de sa langue maternelle. Il va devenir de plus en plus sensible à la structure de sa langue au niveau des règles de constitution syllabique. Cette période marque également le début de la reconnaissance de certains mots fréquents tels que « maman » ou « papa » (Bortfeld, Morgan, Golinkoff, & Rathbun, 2005). L’enfant va ensuite être capable de segmenter les énoncés verbaux qu’il perçoit. Dans le même temps, le bébé va commencer à utiliser des productions qui ressemblent davantage au langage. Il accède au babillage canonique tout d’abord dit « redupliqué », c’està-dire qu’il produit des syllabes simples répétées. Puis le babillage se diversifie, entre 9 et 12 mois, et se constitue de suite de syllabes dont les éléments varient (Boysson-Bardies, 2005). A partir de 12 mois, vont apparaître les premiers mots dans les productions de l’enfant. Ces mots comportent souvent des erreurs au niveau de la production de type simplifications, omissions ou substitutions de phonèmes qui vont peu à peu disparaître. En même temps que ce développement langagier, l’enfant va développer une communication non verbale au travers de différents moyens : regard, attention conjointe, gestes et postures (Kern, 2001; Guidetti, 2003) .

Stade linguistique

Les études montrent que la compréhension des mots précède leur production. L’enfant doit en premier lieu segmenter le flux de la parole en éléments significatifs pour pouvoir ensuite produire les mots. Cette période se caractérise par l’apparition des premiers mots, en moyenne entre 11 et 14 mois (Kern, 2001). L’enfant va alors développer son stock productif de façon assez lente. Il se constitue ainsi un lexique précoce d’environ 50 mots en 6 mois (Florin, 2016). L’enfant utilise d’abord les mots sans forcément en avoir une signification juste et précise, il peut produire des sous-extensions ou sur-extensions de sens. La compréhension des productions de l’enfant est donc souvent possible seulement avec le contexte d’énonciation. L’organisation des mots en lexique étant étroitement liée à celle de l’organisation des sons de la langue, l’articulation deviendra donc de plus en plus nette et contrôlée (Le Normand, 2004). Vers 18-20 mois, lorsque l’enfant possède son premier stock de vocabulaire actif, va alors se produire ce que l’on appelle « l’explosion lexicale ». Il va acquérir de façon très rapide de nouveaux mots en production, il pourrait ainsi apprendre quatre à dix nouveaux mots par jour durant cette période (Kern, 2001). Au début de la constitution du stock lexical, une prédominance de la catégorie nominale sur les autres catégories est observée : les noms représentent ainsi 60% du lexique précoce de l’enfant au début de l’explosion lexicale. Puis petit à petit, l’enfant va acquérir plus de verbes et d’adjectifs qui vont venir représenter 40% des mots utilisés. Il va ensuite développer les mots fonctionnels tels que les déterminants ou les prépositions. Cette répartition lexicale dans les différentes catégories permet alors à l’enfant d’acquérir la grammaire.

Le développement syntaxique

Vers 12 mois, l’enfant produit des énoncés composés d’un mot, puis vers 18 mois, il va combiner 2 mots lors de certaines productions. Vers 24 mois, l’enfant produit des phrases courtes et simples de type « télégraphique », il combine plusieurs mots en omettant les motsfonctions. A partir de 30 mois, l’enfant va commencer à intégrer des éléments grammaticaux permettant d’allonger et de complexifier ses phrases. A l’âge de 4 ans, l’enfant produit des phrases plus complexes en utilisant des structures syntaxiques de base. Vers 60 mois, l’enfant est alors capable de produire un récit cohérent et structuré.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
I. LE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE
A. Les origines du langage
1. Les théories
2. Les connaissances actuelles
B. L’acquisition du langage
1. Stade pré-linguistique
2. Stade linguistique
3. Le développement syntaxique
C. Les facteurs influençant le développement langagier
1. Le niveau socio-culturel
2. L’environnement familial
3. Le bilinguisme précoce simultané/successif
II. LA PREVENTION DES TROUBLES LANGAGIERS
A. Le dépistage orthophonique
B. Les outils de dépistage des troubles langagiers
1. Dialogoris 0/4 ans
2. IFDC : Inventaire Français du Développement Communicatif
3. DPL3 : Dépistage et Prévention du Langage à 3 ans
4. QLC 3,5 : Questionnaire Langage et Comportement à 3ans et demi
5. PER 2000 : Protocole d’Evaluation Rapide
6. ECLA : Outil d’Evaluation des Compétences Langagières
7. ERTL4 : Epreuve de Repérage des Troubles du Langage à 4 ans
8. BREV : Batterie Rapide d’Evaluation des fonctions cognitives
9. BMT-i : Batterie Modulable de Tests Informatisée
III. CHOIX DU DPL3
A. Critique du DPL3
1. Notions statistiques
2. Elaboration du DPL3
3. Etalonnage du DPL3
4. Etude longitudinale 2002-2009
B. Adaptation du DPL3
PROBLEMATIQUE
HYPOTHESES
PARTIE PRATIQUE
I. PROJET
A. Conception du projet
1. Rencontre avec les enseignantes
2. Rencontre avec les enfants de TPS de l’année scolaire 2017-2018
B. Conception de la grille
1. Recherches bibliographiques
2. Repérage des âges développementaux
3. Sélection des items
4. Présentation des items
5. Modifications et mise en page
II. METHODE
A. Population
1. La situation géographique
2. Les dispositifs de Toute Petite Section de Maternelle
3. Sélection de la population
4. Présentation des enfants
B. Outils
1. Grille adaptée RDL2
2. EVALO BB
C. Déroulement
1. Rencontre avec les parents
2. Passations de la grille RDL2
3. Retours sur la grille RDL2 et propositions
4. Passations d’EVALO BB
5. Passation du RDL2 par les enseignantes
D. Méthode de traitement des données
1. Création du tableau des scores
2. Analyses des données
RESULTATS
I. Analyse descriptive
A. Résultats à l’EVALO BB
1. Résultats globaux à l’EVALO BB
2. Résultats aux items de l’EVALO BB
B. Résultats au RDL2
1. Résultats globaux au RDL2
2. Résultats aux items du RDL2
II. Analyse comparative
A. Corrélations EVALO
B. Corrélations grille RDL2
C. Corrélations entre EVALO BB et la grille RDL2
III. Analyse statistique
A. Calcul des performances du test de repérage RDL2
1. Au seuil « fragile » du RDL2
2. Au seuil « très fragile » du RDL2
B. Courbe ROC
DISCUSSION
I. Partie théorique
A. Choix du sujet
B. Choix de la bibliographie
II. Méthodologie
A. Population étudiée
B. Utilisation des outils
III. Analyse des résultats
A. Interprétation des résultats
1. Scores totaux
2. Scores aux items de la RDL2
B. Retour sur les hypothèses opérationnelles
1. Hypothèse 1
2. Hypothèse 2
3. Hypothèse 3
IV. Apports, limites et perspectives
A. Apports
B. Limites
C. Perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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