Répartition géographique du paludisme
Le paludisme dans le monde
Les estimations de la population mondiale exposée au risque d’accès palustre dans les pays et territoires d’endémies sont très variables du fait de la modification de l’environnement et d’une mobilité très accrue de la population. On estime que 2,3 milliards de personnes, soit 41% de la population mondiale, vivent dans les zones à risque palustre (WHO, 2005). Les exigences bio écologiques du cycle expliquent en grande partie la répartition géographique du paludisme. Celle-ci est très fortement liée aux données climatiques, pédologiques, de relief qui conditionnent la vie et le développement de ses vecteurs. Le paludisme est une maladie cosmopolite qui prédomine très largement dans les régions chaudes et humides. En zone tropicale et intertropicale, le paludisme sévit sur le mode dit endémique avec parfois des poussées épidémiques liées surtout à la pluviosité abondante. P. falciparum est l’espèce dominante dans cette zone. En zone tropicale et tempérée la maladie est surtout à P. vivax et reste saisonnière .
Paludisme au Sénégal
Au Sénégal, le paludisme est la première cause de mortalité et de morbidité, elle représente environ 35% des motifs de consultation (MS, 2001). La transmission du paludisme s’effectue principalement pendant la saison des pluies et au début de la saison sèche. C’est la seule période de l’année où la densité des espèces vectorielles est importante. La transmission est donc fondamentalement saisonnière. Trois des quatre espèces plasmodiales responsables du paludisme sont présentes au Sénégal. Il s’agit de P. falciparum, P. malariae et P. ovale (Vercruysse et al., 1983; Konaté et al., 1994 ; Trape et al., 1998 ; Faye et al., 1998, 2002). La première espèce est présente dans 80% des infestations des vecteurs et de l’homme ; les deux autres sont très rarement ou souvent rencontrées en association avec P. falciparum et représentent 1 à 15% et 1 à 5% des sujets infectés (Faye et al., 1993 ; Trape et al., 1994 ; Faye et al.,1995). Plusieurs espèces d’anophèles sont impliquées dans la transmission du paludisme au Sénégal. Trois des six espèces vectorielles que comptent le complexe Anopheles gambiae sl (A. arabiensis, A. melas et A. gambiae ss) sont impliquées dans la transmission (Fontenille et al., 1993 ; Konaté et al., 1994). A. funestus (Hamon et al., 1996) et récemment A nilii (Dia et al., 2003) sont aussi impliquées dans la transmission du paludisme au Sénégal.
Du point de vue épidémiologique, le paludisme est caractérisé par la grande hétérogénéité des niveaux d’endémicité et des modalités de transmission. Le paludisme est hypo endémique à méso endémique dans les zones des Niayes, le Delta du Fleuve Sénégal et dans la moyenne vallée. Il est méso endémique à hyper endémique en zone de mangrove et hyper endémique hors de la mangrove en Basse Casamance. Dans la région du Boundou et à Dielmo, le paludisme est hyper endémique à holoendémique. La prise en compte de l’endémicité palustre et des paramètres impliqués dans la transmission permet de distinguer deux principaux faciès épidémiologiques : le faciès tropical et le faciès sahélien. Ce dernier est au centre et au nord du pays, avec une intensité de transmission faible ou même très faible, un caractère instable qui s’accentue et des épisodes épidémiques au cours des années de forte pluviométrie.
Lutte contre le paludisme
Elle concerne la lutte anti-vectorielle (utilisation des insecticides), la chimioprophylaxie (le Traitement Préventif Intermittent (TPI) par exemple) et la chimiothérapie (les associations), les mesures de prévention individuelle et collective, la volonté politique tant au niveau local qu’au niveau international et la recherche. En 2002, le décryptage des deux génomes a été annoncé : celui de P. falciparum et d’Anopheles gambiae (Hoffman et al., 2002 ; Hyman et al., 2002 ; Gardner et al., 2002). Pourtant, le paludisme reste la maladie la plus meurtrière dans le monde. Les personnes les plus à risque sont les voyageurs non ou peu immuns, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes surtout les primipares et les secondipares.
Paludisme chez la femme enceinte
Les premiers travaux sur les manifestations cliniques du paludisme chez la femme enceinte ont été effectués au cours d’épidémies ou de cas sporadiques (Clark, 1915; Wickramasuriya, 1935 ; Torpin, 1941). Les résultats de ces études avaient mis en évidence l’avortement ou la naissance d’un enfant mort-né et l’accès pernicieux mortel pour la mère. Ces observations alarmantes ont été tempérées par la réalisation d’enquêtes épidémiologiques systématiques en Afrique où l’endémie est intense. Ces enquêtes avaient montré un tableau assez différent, le taux de prévalence élevé d’infections plasmodiales du placenta contrastant avec un tableau clinique relativement discret chez les mères (Blackblock & Gordon, 1925 ; Garnham, 1949). Au début des années cinquante, il était admis qu’en fonction de l’endémicité, deux situations cliniques pouvaient être distinguées : morbidité et mortalité élevées de la mère et de l’enfant en cas de paludisme instable, relative bénignité en cas de paludisme stable (Covell, 1950). Ce constat plutôt rassurant concernant les régions de forte transmission palustre, attribué à une meilleure protection individuelle, était toute fois tempéré par la constatation d’une diminution du poids de naissance associée à l’infection placentaire (Bruce-Chawatt, 1952), elle-même responsable d’une morbidité et d’une mortalité accrues chez le bébé. Pour prévenir ces conséquences, Archibald évoquait dès les années 1950 la possibilité de protéger les femmes enceintes par chimioprophylaxie au Nigéria (Archibald, 1956). La plus grande sensibilité des femmes enceintes à l’infection palustre, la diminution du poids de naissance et l’anémie maternelle associées à l’infection palustre placentaire, justifient le fait que ce problème soit considéré comme une priorité de santé publique en zone de forte endémie. Le risque est particulièrement important en Afrique où moins de 5% des femmes enceintes bénéficient de mesures de prévention efficaces (Ramsay, 2003).
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Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
I. GÉNÉRALITÉS
I.1 Répartition géographique du paludisme
I.1.1 Le paludisme dans le monde
I.1.2 Paludisme au Sénégal
I.2 Lutte contre le paludisme
I.3 Paludisme chez la femme enceinte
I.3.1 Problèmes immunitaires
I.3.2 Le placenta
I.3.2.1 Formation du placenta
I.3.2.2 Structure du placenta
I.3.2.3 Aspect macroscopique
I.3.2.4 Circulation sanguine dans le placenta
I.3.2.5 Fonctions placentaires
I.3.3 Cycle évolutif de P. falciparum chez la femme enceinte
I.3.4 Physiopathologie du paludisme gestationnel
I.3.4.1 Conséquences du paludisme sur la grossesse
I.3.4.2 Conséquences sur la mère
I.3.4.3 Conséquence sur le fœtus
I.3.5 Aspects épidémiologiques
I.3.6 Mécanisme biologiques
I.3.7 Immunité antipalustre acquise chez la femme enceinte
I.3.7.1 Réponses immunes à l’infection placentaire
I.3.7.2 Mécanismes d’adhésion
I.3.7.3 Anticorps anti- adhésion
I.3.7.4 Immunité Cellulaire
I.3.7.5 Rôle des cytokines dans l’infection placentaire
I.3.8 Prévention du paludisme chez la femme enceinte
II ETUDE HISTOLOGIQUE
II.1 INTRODUCTION
II.2 MATERIEL ET METHODES
II.2.1 Materiel
II.2.1.1 Zone d’étude
II.2.1.2 Matériel biologique
II.2.2 Méthodes
II.2.2.1 Méthode de collecte et de traitement des échantillons
II.2.3 Histologie des placentas
II.2.3.1 Coupes histologiques au cryostat
II.2.3.2 Coloration à l’Hématoxyline-Eosine
II.2.3.3 Coloration au May Grunwald-Giemsa
II.2.4 Analyses statistiques
II.3 RESULTATS
II.3.1 Caractéristiques de la population d’étude
II.3.2 Parasitémies sur sang veineux et placentaire
II.3.3 Histologie placentaire
II.3.4 Classification des placentas palustres
II.3.5 Age, parité, durée de la grossesse et classes d’infection
II.3.6 Classes d’infections et parasitémies
II.3.7 Stades parasitaires dans le placenta
II.3.8 Poids de naissance et classes d’infections
II.3.9 Les paramètres hématologiques
II.3.10 Taux d’hémoglobine et classes d’infection
II.4 DISCUSSION
III CARACTERISATION IMMUNOHISTOCHIMIQUE (IHC)
III.1 INTRODUCTION
III.2 MATERIELS ET METHODES
III.2.1 Matériels biologiques et anticorps
III.2.1.1 Anticorps monocloaux
III.2.1.2 Témoins des anticorps
III.2.2 Méthodes
III.2.2.1 Principe de l’IHC
III.2.2.2 Protocole Immunohistochimique
III.3 Résultats
III.4 DISCUSSION
IV ETUDE DES REPONSES HUMORALES
IV.1 INTRODUCTION
IV.2 MATERIELS ET METHODES
IV.2.1 Matériels
IV.2.1.1 Anticorps et Conjugués
IV.2.1.2 Sérum témoins systématiques
IV.2.1.3 Antigènes
IV.2.1.4 Plasma de cordon et veineux
IV.2.2 Méthodes
IV.2.3 Culture des parasites au laboratoire
IV.2.3.1 Entretien de la souche Palo Alto
IV.2.3.2 Technique ELISA (Enzyme Linked Immuno-Sorbent Assay)
IV.2.3.2.1 Dosage des anticorps totaux IgG et IgM
IV.2.3.2.2 Dosage des sous-classes d’anticorps spécifiques
IV.2.3.2.3 Contrôle et expression des résultats
IV.2.4 Analyses statistiques
IV.3 RESULTATS
IV.3.1 Réponse Anticorps spécifiques aux antigènes parasitaires
IV.3.1.1 Réponses spécifiques aux antigènes somatiques
IV.3.1.1.1 Réponses en IgG totales
IV.3.1.1.1.1 Réponses anticorps dans les différentes classes d’infection
IV.3.1.1.1.2 Réponses anticorps selon la présence ou l’absence de parasites
IV.3.1.1.1.3 Réponses anticorps selon la parité
IV.3.1.1.2 Réponses en sous-classes d’IgG contre les Ag somatiques
IV.3.1.1.2.1 Réponses en sous classes dans les classes d’infection
IV.3.1.1.2.2 Selon la présence et l’absence de parasites
IV.3.1.1.2.3 Selon la parité
IV.3.1.2 Réponses IgG contre MSP1 et MSP2
IV.3.1.2.1 Réponses IgG dans les différentes classes d’infections
IV.3.1.2.2 Selon la présence et l’absence de parasites
IV.3.1.2.3 Selon la parité
IV.3.1.3 Réponses en sous-classes d’IgG contre MSP
IV.3.1.4 Réponses IgG spécifiques contre MSP1 et MSP2
IV.3.1.5 Selon la présence et l’absence de parasites
IV.3.1.6 Selon la parité
IV.3.1.7 Réponses IgM anti MSP1 et MSP2
IV.3.2 Corrélation entre les paramètres
IV.4 DISCUSSION
CONCLUSION GÉNÉRALE