Madagascar domine du côté de l’offre au niveau du marché mondial de la vanille. Il est réputé autant pour la quantité que pour la qualité de sa production. Particulièrement dans la Région SAVA, cette spéculation à très forte valeur ajoutée fait vivre plus de 70 000 familles. Les revenus tirés de la vanille ont une place prépondérante dans leur budget. L’historique des producteurs impliqués dans cette filière, notamment leurs savoirs-faire qui se transmettent depuis plusieurs générations, procure des avantages comparatifs à cette Région.
Cependant, nombreuses sont les contraintes qui affectent les processus de production de la vanille dans la Région SAVA. Comme la majorité des cultures de rente, le prix de la vanille est fixé par le marché. Ces dernières années, la dépression du prix est telle que l’activité agricole basée sur la production de vanille a fait que les producteurs n’investissent pas dans l’entretien ou l’extension des cultures. La simplification des itinéraires techniques se trouve à l’origine de la baisse du rendement et de la détérioration de la qualité de la vanille. La qualité de la vanille elle-même se détériorait. Outre les aléas climatiques comme les cyclones, les producteurs doivent faire face aux maladies qui entraînent le dépérissement des pieds de vanille. En plus, la filière est généralement mal organisée.
Contexte de la filière vanille sur le plan international
Situation de l’offre
Nous avons une offre qui est très importante avant 2015 pour deux raisons principales : le cycle de production de la vanille étant de 3 à 5 ans, car que ce soit l’Union européenne, la Banque mondiale ou le Gouvernement indien, il y a 5 à 10 ans, des plans de productions ont été lancés dans différents pays, surtout à Madagascar, sans toujours prendre en compte la demande de façon suffisante. Il en résulte une offre pléthorique. Des prix spéculativement très hauts avant l’année 2002 ont amené les paysans des différents pays à planter eux-mêmes des quantités très importantes qui se sont retrouvées sur les marchés.
Mais après la chute du prix depuis 2004 les réalités actuelles montrent qu’il y a une baisse de l’offre à cause de l’insuffisance d’investissement qui a conduit au vieillissement des vanilliers. La productivité s’est alors décrue. De plus, Madagascar qui est le premier producteur a fait face à des aléas climatiques défavorables à la vanille sans parler des maladies comme le « Bekorontsana » qui tue les lianes .
Situation de la demande
Elle se retrouve fragilisée par l’historique des prix de ces 5 dernières années. Dans une ambiance purement spéculative, les vanilles sont montées jusqu’à 500 $/kg. Peu d’affaires se sont faites à ce prix, mais suffisamment pour qu’un certain nombre d’utilisateurs finaux de vanille – industriels de l’agroalimentaire – aient cherché à quitter cette origine de produit pour passer à d’autres produits en changeant leurs formules. Nous ne savons en fait toujours pas dans quelle mesure les glaciers américains ou les fabricants de soda ont vraiment changé leurs formules et vont revenir vers la vanille. Deux éléments positifs semblent caractériser la demande depuis deux ans. Le premier est l’accroissement de la demande sur l’ensemble des marchés consommateurs traditionnels de la vanille. Petit à petit, la vanille reprend ses parts de marché. La seconde bonne nouvelle, c’est une extension géographique de la vanille, qui pourrait se développer de façon beaucoup plus importante et rapide que nous les pensions auparavant. L’Inde a démarré l’autoconsommation de vanille. Alors qu’il y a 2 ou 3 ans on ne trouvait pas une seule glace à la vanille naturelle en Inde, aujourd’hui entre 5 et 10 industriels ont développé des formules de biscuiteries et de glaces au parfum de vanille.
Selon M. Michel MANCEAU, expert international en arômes et épices, la tendance du marché mondial de la vanille naturelle est à la baisse. L’explication qui peut être donnée est multiple :
– L’augmentation incessante du prix de la vanille naturelle (qui a dépassé maintenant le pic de 500 USD le kilo) a atteint la limite du supportable pour les utilisateurs finaux de cette épice.
– Cette augmentation exceptionnelle des prix de la vanille naturelle sur le marché international a entraîné une crise de confiance auprès des utilisateurs qui estiment acquérir trop cher une vanille de qualité souvent médiocre.
– Les acheteurs se sont tournés vers d’autres produits d’approvisionnement autre que la gousse de vanille. Il s’agit de la vanille de synthèse dont la vanilline « nature identique » est issue de procédés biotechnologiques (le prix utile de substitution par la « nature identique » est donné au prix du marché d’aujourd’hui à 250 $US équivalent « gousse »).
– La réglementation (aux Etats-Unis et en Europe) dans le cas de l’appellation « arômes naturels dont vanille » autorise aujourd’hui des pourcentages non contrôlés d’arômes naturel identique autres qu’extraits de gousse. La consommation de vanille naturelle dans les glaces et les boissons a donc enregistré une chute respective de 30 et 50%.
Le marché
À l’arrivée sur le marché de la récolte 2015 de vanille de Madagascar, on constate le déroulement d’un scénario déjà trop familier. Comme prévu, la récolte est à la fois inférieure à la moyenne en termes de taille et de qualité. En fait, on s’attend à ce que la qualité soit aussi mauvaise ou possiblement pire qu’en 2013. Il existe de nombreuses raisons pour cela que nous aborderons plus loin dans le rapport. Aussi troublant que notre constatation de la qualité catastrophique prévue, c’est la trajectoire à la hausse effrénée des prix, qui est à l’origine de la préoccupation la plus immédiate. Les régions alternatives qui produisent de la vanille continuent à démontrer des signes de reprise, mais nous doutons que cela ait un impact sur le marché à court ou même à moyen terme. Nous allons aborder brièvement la situation dans ces régions avant d’élaborer celle à Madagascar.
❖ Ouganda
L’Ouganda continue d’avancer péniblement, mais nous doutons que les récoltes de 2014 produisent beaucoup plus que 60-75 tonnes. Les exportateurs et agriculteurs ougandais ont été lents à réagir à la possibilité d’obtenir des prix plus favorables et l’année dernière, il y a eu d’énormes problèmes concernant la qualité. La prochaine récolte, qui devrait être prête pour l’exportation en mars/avril, est prometteuse. Cependant, les exportateurs ougandais sont pleinement conscients de ce qui se passe à Madagascar et leurs prix ne sont pas loin derrière. Néanmoins, nous encourageons les acheteurs à considérer la vanille ougandaise chaque fois que l’occasion se présente. L’Ouganda est l’une des rares origines alternatives qui peuvent fournir les gousses de vanille Bourbon de Madagascar à haute concentration de vanilline.
❖ Indonésie
Le marché de la vanille est à la hausse en Indonésie. Il y a une grande spéculation, que la vanille pour laquelle ils ont maintenant trouvé des acheteurs provenait de récoltes qui étaient en inventaire depuis des années. Les fournisseurs indonésiens peuvent être remarquablement patients quand il est question d’obtenir ce qu’ils estiment être le meilleur prix pour leur vanille. Les quantités de vanille indonésienne importées sur le marché américain étaient presque de 150 tonnes durant les 7 premiers mois de l’année 2015. Cela porte à croire que la production se redresse rapidement, mais nous sommes tout à fait certains que cette vanille provient de récoltes d’années précédentes. Néanmoins, la production indonésienne augmentera en 2016 et consistera pour la plupart de vanille de qualité inférieure.
❖ L’Inde
L’Inde continue d’aller de l’avant avec une campagne majeure commencée, il y a déjà plusieurs années, visant à accroître la production de vanille. Bien que nous n’attendions pas d’impact majeur en 2016 en termes de volume, qui ne dépasserait probablement pas 100 tonnes, dans les années à venir, nous pourrions voir ce nombre dépasser 200 – 250 tonnes.
❖ Papouasie Nouvelle Guinée
Les exportateurs de PNG redoublent d’efforts pour apporter plus de leur vanille sur le marché international et l’impact se fait déjà sentir, en particulier au niveau du service alimentaire. Bien que PNG produise les deux qualités de vanille, Vanilla Planifolia et Vanilla Tahitensis, cette dernière est largement favorisée par le marché. Nous anticipons une augmentation significative de la production de vanille au PNG pour 2016, possiblement jusqu’à 150 tonnes.
❖ Mexique et en Polynésie Française
Il est peu probable que la production combinée de ces deux régions du monde de la vanille dépassera 25 tonnes. Il n’y a pas grand-chose à ajouter à ce que nous avions déjà indiqué dans notre rapport précédent au sujet du marché de la vanille, n ° 46 d’avril 2015.
|
Table des matières
Introduction
Méthodologie
Méthodologie adoptée
Limite de l’étude
Partie I : Le cadre général de la filière vanille
Chapitre I : Contexte de la filière vanille sur le plan International et National
Section1. Contexte de la filière vanille sur le plan international
Section 2. Contexte de la filière vanille sur le plan national
Section 3. Place de la vanille dans la région SAVA
Chapitre 2 : Concept de prix en produit de rente et concept de production durable
Section 4. Concept de prix en produit de rente
Section 5. Concept de production durable
Partie II: Etude de cas de Madagascar: « cas de la région SAVA »
Présentation du cadre de l’étude
Chapitre III : Analyse du processus de production de la vanille
Section 6. Généralités : le vanillier et les étapes de production de la vanille verte
Section 7. Détermination des coûts de production
Section 8. Détermination de la production brut
Chapitre IV : Détermination de la rentabilité qui mène vers la durabilité
Section 9. Les méthodes de calculs
Section 10. Résultats
Conclusion
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Annexes