Histoire des séries télé
Du premier âge d’or à la série moderne
Aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre des mots comme spoiler ou plot twist au fil d’une conversation, et bien que le phénomène séries semble être récent, il s’agit en réalité d’un programme apparu très tôt dans les grilles de télévision.
Il demeure cependant évident, que le genre a connu bien des changements depuis son apparition sur le petit écran. Qu’il s’agisse de mutations de production, de diffusion ou encore de consommation, les séries n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de renouvellement. Il est alors judicieux de faire un retour en arrière et d’explorer l’histoire des séries télévisées. Comme énoncé plus tôt, il s’agit d’une analyse occidentalo-centrée.
L’après-guerre ou le premier âge d’or
C’est à la fin de la Seconde Guerre mondiale que la télévision s’installe et se développe avant de vite devenir un média de masse, d’abord aux États-Unis puis en Europe occidentale. En effet, en 1945 on estimait à dix milles le nombre de foyers équipés d’un poste de télévision aux États-Unis, 5 ans plus tard on en comptait six millions.
Cette prise de terrain considérable de la télévision au sein des ménages américains explique pourquoi ce pays est considéré comme étant à l’origine de la création de la majorité des programmes, et donc des séries.
Les networks se comptaient sur les doigts d’une main, NBC, ABC, CBS et DuMont et organisaient leur diffusion sur le modèle du média phare de l’époque, la radio.
Premièrement utilisée pour retranscrire des émissions radiophoniques préexistantes, il faudra attendre la fin des années quarante pour que la télévision devienne un média d’expérimentation et d’innovation. C’est au cours de cette période que de nombreux programmes test voient le jour. Les producteurs s’affranchissent peu à peu des codes de la radio mais aussi du théâtre et créaient leurs propres règles.
C’est cette période de création sans limite que l’on appelle aujourd’hui le premier âge d’or. À cette époque apparaissent alors les premières normes de la série. Des genres tels que la sitcom, s’imposent et influencent les mécanismes de narration et de production des séries jusqu’à nos jours.
Apparue en 1951 la célèbre sitcom I love Lucy en est le parfait exemple. Cette série pionnière a mis au point des techniques et procédés encore utilisés des décennies après sa création. C’est à cette série que l’on doit, entre autres, les enregistrements face à un public permettant d’enregistrer et d’inclure au montage les réactions de l’auditoire. Mais aussi, des mécanismes de tournage offrant trois angles de vue différents à une même scène permettant ainsi de varier les plans lors du montage. Véritable phénomène, I love Lucy a initié l’engouement du public pour les séries de comédie.
Face à elle, l’anthologie dramatique et le soap opéra se positionnent et donnent naissance à des oeuvres et des interprètes encore admirés, tels que la fameuse série Alfred Hitchcock présente et les géniaux Marlon Brando et James Dean, entre autres.
On peut considérer que l’ensemble des codes mis en place au cours de cette décennie ont perduré jusqu’à la fin des années quatre-vingt et l’avènement de ce que certains appellent, le second âge d’or.
Les années 80 et la quality television, un second âge d’or ?
C’est le professeur et écrivain Robert J. Thompson qui qualifiera cette décennie comme le “théâtre d’un second âge d’or” pour les séries télé. En effet, après avoir suivi le boom de la télévision à la fin des années soixante et après s’être adapté à l’affrontement des progressistes et des conservateurs dans les années soixante-dix, les séries connaissent un renouveau marquant initié par l’arrivée d’innovations techniques.
Dans un premier temps le câble se démocratise, on le retrouve dans un foyer sur cinq en 1980, puis dans un foyer sur deux cinq ans plus tard et dans presque 90% d’entre eux à la fin de la décennie.
L’arrivée de la télécommande donnant naissance au zapping ainsi que les foyers se munissant de magnétoscope transforme les téléspectateurs en un public désormais exigeant et accoutumé des normes télévisuelles. La possibilité de passer d’un programme à un autre en un clic et celle d’enregistrer des émissions, films ou séries sur son magnétoscope libèrent peu à peu le spectateur de la grille de télévision.
Afin de garder l’intérêt du spectateur les networks n’ont d’autres choix que de s’adapter à l’exigence de ce dernier en lui proposant des contenus attractifs et innovants.
L’arrivée de ces innovations techniques et la création de nouveaux programmes, les années 1980 font voir le jour à la quality television. Cette expression fait référence à l’exigence croissante des téléspectateurs et le renouvellement du genre sériel avec le développement de programmes forts tels que Twin Peaks ou Dallas proposant une narration plus complexe et étendue dans le temps. Cette notion de qualité s’évalue avec une prise en compte de normes esthétique, politique ou encore morale, selon Jane Feuer l’une des préconisateurs du terme. Bien que subjective et difficilement définissable, la notion de télévision de qualité demeure tout de même pertinente lorsqu’elle devient initiatrice de mouvements de téléspectateurs qui commencent peu à peu à impacter sur les productions. Par exemple, l’association “Viewers for Quality Television” créée en 1984 et dissoute en 2001, a lutté pendant 17 ans pour une télévision non soumise à la course à l’audimat.
Ces requêtes d’une télévision de qualité ont participé à l’avènement de séries d’auteurs, comme Twin Peaks cité plus haut. L’avènement de programmes réalisés par des auteurs a la réputation bien construite et au talent n’étant plus à prouver, créait un premier schisme dans le genre sériel. D’un côté la série grand public, de l’autre la série d’auteur plus “légitime”. Cette division est à l’origine des premiers questionnements sur la reconnaissance de la série comme étant une oeuvre d’art à part entière. Les nouvelles fictions qui voient le jour offrent une narration bien ficelée, des personnages construits, des mélanges de genres ainsi que des sujets poussant à la réflexion, le tout dans des univers bien plus réalistes que ce que l’on pouvait visionner auparavant. Ces programmes plus élitistes sont vite encensés par la critique et reçoivent de nombreuses récompenses comme les Golden Globes. La légitimation culturelle est en marche.
Figure de cette époque, Dallas a apporté, comme I love Lucy dans les années 50, son lot de nouveaux codes pour le genre sériel. La première nouveauté se fait dans la diffusion hebdomadaire des épisodes qui jusque-là se faisait de manière quotidienne. Ce renouvellement des modes de diffusion fait voir le jour au fameux cliffhanger dont les showrunners usent et abusent pour maintenir le spectateur en haleine et s’assurer qu’il sera posté devant son écran au prochain épisode. Ce changement pouvant paraître anodin, transforme l’activité spectatorielle et fait de la série un réel rendez-vous à ne pas manquer. Dallas apporte également un changement de paradigme dans la représentation du héros. Il est fini le temps du héros “bon” à la morale irréprochable, JR devient le symbole du “héros méchant”, comme le sémiologue Vincent Colonna aime les appeler, et est à l’origine d’une longue lignée de personnages que l’on adore détester.
À l’image de Dallas bien des créations issues de cette période de “quality television” auront impacté le genre. Entre le premier âge d’or et le second, quelques éléments pouvant conduire à une typologie du renouvellement de l’offre apparaissent. Les tournants qui ont façonné l’évolution de ce programme suivent-ils tous le même schéma ? Pour cela, intéressons-nous aux années quatre-vingt-dix que certains nomment comme étant le troisième âge d’or.
Les années 90 et 2000, ou l’essor de la qualité télévisuelle
Après avoir étudié et considéré les années quatre-vingt comme deuxième âge d’or de la télévision et des programmes sériels, Thompson observe dix années plus tard l’expansion des fictions de qualité. Genre précurseur dans les années quatre-vingt, la série de qualité s’est considérablement étendue et représente à l’aube des années 2000 la majorité des programmes audiovisuels. « À l’automne 2000, il était difficile de trouver une série qui ne soit pas tombée dans la catégorie de la « télévision de qualité » telle qu’elle était définie dans les années 1980. The Practice, Ally McBeal et Boston Public ; Buffy the Vampire Slayer, Angel et The X-Files ; Once and Again, Judging Amy et Providence ; Law & Order, The West Wing et City of Angels : le style de la qualité était partout. En réalité, les fictions traditionnelles comme Walker, Texas Ranger et Nash Bridges paraissaient assez
esseulées. Les programmes contre lesquels nous définissions la télévision de qualité étaient en train de disparaître. »
Certains accordent à cette époque le nom de troisième âge d’or tandis que d’autre tel que Thompson voit tout simplement la continuité de celui des années quatrevingt. Puisant ses sources dans les mouvements passés, celui des années quatrevingt-dix assoit l’idée que la série peut être considérée comme une oeuvre d’art, et ce, grâce à l’ensemble des créations originales proposées par les chaînes du câble et les chaînes à péage telles que HBO. N’étant pas soumis aux réglementations de la FCC, l’équivalent du CSA aux États-Unis, ces chaînes en profitent pour proposer des programmes politiquement incorrects faisant évoluer les fameux “héros méchants” si appréciés par les téléspectateurs. Avec The Sopranos et The wire la chaîne HBO se compte parmi les instigateurs de ces nouvelles fictions libérées des codes des grands networks. Le phénomène des séries non consensuelles s’empare de l’ensemble des chaînes de télé, même celles soumises aux contrôles du FCC. Ces fictions ne mettront pas longtemps à parvenir en France sur des chaînes comme Canal+ ou M6. Bien que diffusées durant ce que l’on appelle les “heures creuses”, c’est-à-dire les horaires à faible audience, ces nouvelles fictions prennent petit à petit du terrain avant de conquérir pleinement la grille des programmes. Le sémiologue Vincent Colonna livre une analyse complète de ce mouvement dans son ouvrage L’art des séries : l’adieu à la morale.
Cette émancipation du genre a donné le jour à des programmes totalement libérés voire même déjantés tels que la célèbre série d’animation Les simpson . Cette satire délicieuse du mode de vie américain, a été récompensée par des dizaines de festivals prestigieux comme les Emmy Awards et fut reconnue meilleure série télévisée du 20e siècle par le Time Magazine .
Dans un autre registre, on retrouve de nombreux chefs-d’oeuvre tels que The Wire et The Sopranos cités plus haut, Six feet under, ou encore OZ . Ces séries ont toutes la particularité d’avoir été diffusées par la chaîne symbole de la série d’auteur qui a longtemps eu pour slogan “It’s not tv, it’s HBO”. La chaîne a régné en maître jusqu’en 2007, année de fin du phénomène The Sopranos, c’est alors qu’une chaîne peu connue, AMC, reprend rapidement le flambeau avec Mad men.
HBO a aujourd’hui repris de sa superbe et propose des séries que l’on considère comme étant les “meilleures de tous les temps” telle que l’inratable Game of thrones . L’adaptation de la saga romanesque de George R. R. Martin compte d’ailleurs parmi les séries les plus chères de l’histoire, avec un budget de 100 millions d’euros pour la saison à venir. En 2012, Olivier Joyard journaliste pour Les Inrockuptibles, dédie un article à la chaîne, dans lequel il écrit : “ La chaîne cryptée new-yorkaise, qui fêtera ses 40 ans le 8 novembre, a engendré une révolution culturelle. Un changement de paradigme dont les conséquences ont irradié au-delà du petit écran américain, pour secouer le monde. L’invention des séries modernes.”
Comme énoncé plus haut, la notion de quality tv devenue trop généraliste n’était plus synonyme de distinction ni même de qualité. La place est alors laissée à la série moderne qui engendrera un véritable phénomène social ; la reconnaissance de la série comme art. Nous étudierons plus exactement ce qu’est la série moderne, quelles sont ses caractéristiques, en quoi a-t-elle enclenché le processus de légitimation culturelle et quel a été l’impact d’une telle distinction sur le genre.
La série moderne
Reconnaissance et distinction
La série moderne, définition et caractéristiques
La révolution des années quatre-vingt-dix et deux mille est à l’origine de l’avènement de la série moderne. D’ores et déjà présentée plus haut, il est essentiel d’en faire une analyse plus approfondie afin de comprendre l’influence qu’elle a eue sur les séries d’aujourd’hui. La question de la série contemporaine est centrale dans ce travail de mémoire car elle nous dirige vers celle de la légitimité des séries et donc des sériephiles. Seuls des sériephiles pris au sérieux peuvent prétendre avoir une influence sur le genre.
Lorsque l’on parle de série moderne, nous faisons référence aux fictions créées entre la fin des années quatre-vingt-dix et le commencement du nouveau millénaire.
Nées de l’essoufflement des grands networks et de l’essor de la prise en compte des différents segments composant le public, ces fictions ayant émergé il y a trente ans ont bouleversées le genre.
La série moderne recherche un public plus haut de gamme avec une offre fictionnelle de qualité supérieure à celles que l’on retrouve sur les grands networks.
C’est d’ailleurs ainsi que HBO s’est démarquée rapidement de l’ensemble des chaînes en proposant des programmes de qualité, mais surtout, s’affranchissant de tous les standards. Pendant longtemps utilisée comme vectrice de valeurs morales traditionnelles et conservatrices le seul moyen de se démarquer des autres programme et de dire adieu à la morale.
Ces programmes se distinguent en effet, de par leur qualité cinématographique, leur narration complexe, leur univers réalistes et leur appétence pour l’immoralité. Qu’il s’agisse des séries fortes de l’époque, comme celles précédemment citées, ou leurs héritières comme Breaking bad ou Weeds , ces fictions mettent majoritairement en scène des héros très éloignés du politiquement correct.
Une impression de réalisme ressort fortement de ces séries, l’écart entre la fiction et le quotidien du spectateur, jusque-là fort, disparaît peu à peu. Sur un plan technique, la série moderne abandonneles codes des trois caméras fixes et fait entrer des plans filmées en caméra portée. Les personnages, eux, ne sont plus les caricatures simplifiées du gentil ou du méchant, ils ont désormais des personnalités plus nuancées et donc plus tangibles. Plus humains, on se retrouve dans leurs faiblesses et leurs complexités.
La série moderne est également à l’origine de la diversification des représentations dans le genre sériel. On retrouve de plus en plus de familles issues de la classe moyenne, jusqu’alors très peu représentées. Ainsi que des personnages divers tout aussi important les uns que les autres. Ce que l’on appelle les ensemble show mettent en scène de nombreux personnages à importance égale, favorisant à nouveau la projection. Si l’on ajoute à cela la prise en compte de la temporalité et l’aspect de quotidienneté recherché par les showrunners le réalisme est presque parfait.
Cette illusion de réel a considérablement renforcé le lien entre la série et son audience. En bousculant les codes narratifs ainsi que les formats, la nouvelle génération d’auteurs issus de cette période a marqué plus que jamais un schisme en série classique et série moderne. Tournant à l’origine des séries les plus notoires, il était un renouveau nécessaire à la reconnaissance du genre sériel.
Légitimité culturelle
La notion de légitimité culturelle est apparue au début des années quatre vingt avec la parution du livre La distinction du sociologue Pierre Bourdieu, et a longtemps dominé notre vision de l’art. Il défend dans son ouvrage que nos goûts et pratiques culturelles sont étroitement liés à notre classe sociale et élabore ainsi une théorie des goûts et styles de vie.
Il définit un univers social composé d’une classe dominante, d’une classe moyenne et d’une classe dominée. La classe dominante cultivée décide de ce qu’est la culture, tandis que la classe moyenne s’efforce de l’acquérir et que la classe dominée en est tenue à l’écart.
Les dominants imposent alors leur vision du beau au reste de la population et aux producteurs culturels qui se doivent de proposer des créations dignes d’intérêt afin d’assurer leur succès. Selon Bourdieu les catégories sociales transparaissent à travers un attrait pour une oeuvre plus qu’une autre, cela permet de faire la distinction entre un dominant, une personne issue de la classe moyenne et un dominé – pour reprendre ces termes. Sa théorie permettrait également de maintenir à distance les personnes n’appartenant pas à notre catégorie sociale.
Des années plus tard, Bernard Lahire publie La culture des individus , ouvrage dans lequel il explore les données de Bourdieu en analysant d’autres données. La vision binaire de Pierre Bourdieu y est remise en question, complexifiée et rectifiée.
Il tente ainsi de transformer cette vision qu’il considère simpliste et caricaturale en insistant sur le fait que chaque individu possède ses pratiques et préférences culturelles et ce dans toutes classes de la société. Il fait naître l’idée que la singularité de l’individu prime sur son groupe et remet en question l’objectivité de la légitimité culturelle.
La légitimation du genre sériel, au même titre que les bandes dessinées, a été une question centrale du début du siècle. Alors qu’émergeaient de plus en plus de séries de qualité, les sociologues peinaient à se mettre d’accord sur la reconnaissance, ou non, du genre comme art.
Particulièrement réticents à explorer l’expérience télévisuelle, les sociologues français se sont très longtemps désintéressée du cas des séries. Considérée comme étant issue d’un outil aliénant, la télévision, les séries ont souvent reçu de fortes critiques provenant de la part de sociologues refusant de lui accorder le statut d’art. D’ailleurs, le sociologue français David Buxton qualifiait d’avilissantes les conditions de réception de la série par le téléspectateur .Une telle remarque fait preuve d’une vision homogénéisée de la diversité des créations composant le genre mais aussi du public, et bien que Buxton refuse de considérer la série comme art, d’autres avant lui comme Martin Winckler encense le genre. “Les créateurs de téléfictions sont des artistes, au même titre que les cinéastes, les romanciers, les peintres, les metteurs en scène de théâtre, les poètes ou les chorégraphes. Comme tous les artistes, ils veulent laisser une marque, construire une oeuvre, transmettre une vision du monde.”
Depuis l’avènement de la série moderne, nombreux sont ceux qui considèrent le genre comme une oeuvre d’art. Les conséquences de cette reconnaissance de la série nous guident vers une reconnaissance du sériephile et de sa pratique.
L’activité spectatorielle est de ce fait, de moins en moins perçue comme une perte de temps et le spectateur est peu à peu pris au sérieux.
La légitimation des séries télé est pour beaucoup un accomplissement pour le genre qui fut trop longtemps mal perçu et catégorisé comme avilissant voire même abrutissant. Il s’agit d’une étape importante dans l’évolution des séries qui font désormais partie du patrimoine culturel occidental. Cette distinction a donné un souffle de dynamisme au genre, ouvert la voie à des cinéastes en quête de renouvellement, puis a poussé les sociologues, sémiologues et autres chercheurs à s’intéresser de plus près à ce sujet.
Génération Y, analyse d’un public
Définition et caractéristiques d’un concept occidentalo-centré
Selon les sociologues, une nouvelle génération apparaît tous les vingt, vingtcinq ans. Segmentées par tranches d’âge, on estime les personnes issues d’une même génération celles nées entre deux dates définies, puis, l’on accorde des caractéristiques communes à ces même personnes. Souvent, ces dates correspondent à des jalons de l’évolution de notre société.Par exemple, les Baby boomers naissent à la fin de la Seconde Guerre mondiale, suivis par la génération X débutant au déclin de l’impérialisme colonial et prenant fin à la chute du mur de Berlin. En plus d’être synonyme d’un groupe de personnes nées entre l’intervalle de deux dates prédéfinies facilitant l’organisation des données , les générations se caractérisent par des mouvements, des modes de vie propres et parfois le partage d’un même état d’esprit.
La génération que nous étudierons dans ce travail de recherche et celle que l’on appelle génération Y, parfois prononcé “Why” signifiant pourquoi.
Avant de nous intéresser aux caractéristiques de cette génération, nous allons démontrer qu’il s’agit d’un concept occidentalo-centré ne pouvant s’appliquer à l’ensemble de la population mondiale. Il est important de faire ce point afin de comprendre pourquoi ce mémoire porte uniquement sur des séries et des téléspectateurs occidentaux.
En effet, chacune des générations établies par les sociologues ont pour début et fin des événements marquants de notre société occidentale. Qu’il s’agisse comme précédemment cités, de la Seconde Guerre mondiale ou d’un conflit géopolitique entre deux géants de l’Occident. L’identification des membres d’une génération à un événement historique, un mouvement social ou encore des phénomènes d’actualités , prouve l’intérêt d’apporter des frontières géographiques au concept. Une représentation collective ne peut être attribuée à une génération ne partageant pas les mêmes “temps forts”, d’autant plus lorsque l’on occulte ceux qui se sont déroulés hors de l’Occident. Ceci s’explique par le fait que pendant longtemps, et encore à ce jour, l’Occident s’est imposé comme norme de notre société. En plus de se baser sur des événements historiques marquants, les sociologues prennent également en compte les avancées techniques, technologiques et scientifiques afin d’établir la typologie d’une génération. Il est alors évident que la rapidité d’expansion de ces avancées n’est pas égale entre les pays du nord et ceux du sud. Partant du postulat que pour faire partie d’une seule et même génération ces membres doivent partager une histoire et une culture commune, il est alors aisé d’affirmer que la génération Y ne s’étend pas hors de certaines zones géographiques. Ce raisonnement nous amène à délimiter ces zones comme étant les suivantes : Amérique du nord, Europe continentale et Grande Bretagne.
Usages et préoccupations
Afin de découvrir qui est le sériephile issu de la génération Y, que nous appellerons sériephile Y, nous étudierons les nouveaux usages ainsi que les nouvelles préoccupations de la genY. Une analyse des usages nous permettra de percevoir s’il y a une corrélation entre la mutation des formats, des modes de diffusion, et l’évolution du mode de consommation des digital natives. Nous tenterons donc de comprendre, dans un premier temps, les modes de consommation des séries télé de la génération Y à l’ère du numérique. Quant à l’étude des préoccupations propres aux digital natives, elle nous permettra d’établir un lien entre le renouvellement des scénarii et sujets traités par le genre sériel, et la réalité de la vie d’un Yer.
Comme démontré précédemment, les personnes issues de la génération Y ont grandi avec la télévision et ont connu l’avènement d’internet. Si une caractéristique commune aux Yers ne peut être contestée, il s’agit bien de cette dernière. Bercés par les films, émissions et séries, nombreux sont les digital natives dont les parents possédaient une télévision . Cette découverte de l’informatique et d’internet à un âge très jeune explique la raison pour laquelle les Yers ont une maîtrise intuitive des technologies.
Black Mirror, ou le choix d’un thème fédérateur
Cette anthologie d’anticipation britannique créée par Charlie Brooker est premièrement diffusée sur Channel 4 de 2011 à 2014 puis rejoint le géant Netflix en 2016. Black Mirror met en scène la dépendance des hommes vis-à-vis des “miroirs noir”, ces écrans faisant la frontière entre l’humain et les nouvelles technologies. Cette vision effrayante de notre rapport à la technologie est encensée par la critique et fait l’objet d’une véritable passion des sériephiles. En 2017, la série figurait dans le classement des créations originales netflix les plus populaires avec 12 836 506 de moyenne journalière des demandes exprimées par les abonnés en France et 19 209 127 aux États-Unis, la plaçant respectivement à la deuxième et treizième place. La demande exprimée est une unité universelle représentant la demande absolue exprimée pour une série dans un pays donné, elle traduit l’intérêt, l’engagement et l’audimat.
Chaque épisode est indépendant et a pour univers commun un futur proche et pour thématique récurrente la manière dont les écrans façonnent notre rapport au monde.
Comme dans un cauchemar, nous sommes les témoins impuissants d’une réalité si proche de la nôtre où les technologies révèlent ce qu’il y a de pire en nous. Les similitudes avec notre société actuelle sont déstabilisantes et la frontière entre la fiction et le réel semble s’amoindrir avec le temps.
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Table des matières
Introduction
I. Les séries télé et la génération Y, deux influenceurs de notre société
Section 1 – Les séries, un genre en constante évolution
Section 2 – La génération Y, analyse d’un public grandissant
II. Renouvellement de l’offre, quand les showrunners sont à l’écoute de toute une génération
Section 1 – Méthodologie
Section 2 – Influence de la génération Y sur les nouvelles créations, études de cas
Section 3 – Tour d’horizon du paysage sériel actuel
Conclusion
Table des matières
Table des annexes
Bibliographie
Annexes
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