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Le poids de la société
Des parents ressentaient une pression de la société engendrant des VEO. Ils décrivaient un jugement sur leur mode éducatif, leur choix de vie et sur le comportement de leur enfant nuisant à la bienveillance éducative. De plus, ces comparaisons et jugements laissaient penser à certains parents qu ils manquaient de légitimité dans leur rôle.
Pour certains parents, la pr vention des VEO se rapprochait d un devoir civique, devant concerner l ensemble de la population.
Le rôle du médecin
Un acteur légitime
Il semblait que la relation de confiance qui s instaure entre patient et médecin confère à ce dernier le droit d aborder ce sujet, lui donnant ainsi une place importante dans la prévention.
P9 : « quand on a confiance en notre médecin il peut tout nous dire »
Une proximité et une connaissance intime de la famille ont également été mises en avant : elles font du médecin une personne de choix pour traiter ce sujet.
P4 : « le médecin il peut plus se permettre parce que il connait la vie privée de la famille »
Certains parents ont identifié les médecins généralistes et pédiatres comme ayant plus de légitimité.
P11 : « En vrai c’est du rôle de tout le monde mais je pense que venant d’un pédiatre o d’ n m decin de famille a a [ ] le a e je me di a fai n e bi a e quand même ».
Le poids de la parole médicale
Pour les parents, le médecin semblait représenter la connaissance scientifique ce qui, selon les interviewés, donne naturellement plus de poids à son discours.
Le médecin était décrit comme un garant de la santé ayant pour unique objectif le bien-être de ses patients. Il émanerait alors moins de méfiance sur ses propos.
Les attentes des parents concernant la prévention des VEO
Le bon moment, le bon endroit
Plusieurs moments de la vie étaient étiquetés comme plus propices aux actions de prévention : avant la naissance, aux consultations obligatoires ou à chaque grande rentrée scolaire.
La découverte du rôle de parent était décrite comme un évènement majeur de la vie qui s accompagne de doutes. Selon les parents, c est à ce moment que commence à se forger les bases de la relation parents-enfants. Le manque d accompagnement à cette période a pu être perçu comme un abandon en comparaison à l accompagnement durant la grossesse.
P7 : « La grossesse on a plein de rendez-vous on parle de ci de ça de l acco chemen on a de o , on e accom agn e e o a foi mai a il a plus personne »
Les parents exprimaient l int r t d avoir des actions de pr vention r p t es au cours de la vie de l enfant.
P8 : « Il fa d ai fai e a a an d en a oi mai a i endan a ce e inon c e pas assez efficace ».
Le choix du lieu pour aborder ce sujet semblait important : ils souhaitaient un lieu neutre et chaleureux.
La bonne forme
Les parents se sont exprimés sur la façon dont ils souhaiteraient recevoir un message préventif. Plusieurs caractéristiques semblaient ressortir :
– Le partage d exp riences : par exemple des ateliers de groupe qui seraient moins propices au jugement d autrui. Ils ont formul l envie de lib rer la parole sur les VEO.
– Des exemples concrets pour tendre vers une éducation plus bienveillante.
– Des consultations dédiées : les consultations obligatoires étaient jugées bénéfiques. Des consultations dédiées à la prévention, obligatoires et intégrées aux parcours de soins de l enfant taient une des pistes envisag es.
– L intervention aupr s des enfants : donner la parole aux enfants, les écouter, leur poser la question et leur expliquer ce qui est normal et anormal.
Renforcer les compétences personnelles des parents dans leur gestion émotionnelle
Les parents semblaient penser que la prévention des VEO devaient intégrer l apprentissage de la gestion des comportements afin de limiter les r actions impulsives.
Ils formulaient l importance de prendre en charge les parents dans leur globalit . Il leur semblait nécessaire d apprendre à g rer leurs motions et à contr ler leurs
réactions en cas de conflits. En effet, ils mentalisaient l inefficacit des VEO, et les rejetaient consciemment. Cependant, pour les parents, les VEO étaient favorisées
par une perte de contr le associ e à l tat psychique du moment. Bien qu ils int graient l inutilit des VEO, ils ne trouvaient parfois pas de solution alternative.
Il semblerait que la visualisation des comportements violents sous forme de vidéos aide à prendre conscience de leur gravité.
Forces et faiblesses de l tude
Ce travail de recherche tait le premier de l investigatrice principale. La profondeur des premi res interviews a pu tre r duite par manque d exp rience. Les premiers entretiens ont t d brief s avec la directrice de ce travail afin d am liorer les stratégies de conduite d entretien et la posture d intervieweur.
Le discours envers les parents effectuant des VEO était parfois très sévère. Les parents parlaient alors d autres parents effectuant des VEO. Il est admis en recherche qualitative que lorsqu un interview parle de l autre, il parle aussi de lui. Les besoins exprimés de la part parents d avoir t mieux inform s sur les VEO renvoyaient une forme de regret laissant penser qu ils s adressaient aussi à eux-mêmes pour partie ces jugements négatifs. Nous avons tenu compte de ce phénomène dans le codage du verbatim (11).
Le recrutement a été fait sur la base du volontariat ce qui a pu être un facteur limitant d h t rog n it de l chantillonnage. En effet, il est possible que les parents ayant acceptés soient ceux qui sont le plus concernés par la parentalité.
Nous avons tent d utiliser une d marche scientifique rigoureuse grâce notamment au journal de bord que nous avons rempli au d but de l tude pour essayer de déconstruire nos a priori.
Donner une place à l enfant
Dans notre étude, les participants accordaient une importance particulière à la relation parents-enfants. Ils laissaient supposer que renforcer les liens avec son enfant, prendre le temps de se découvrir en famille, constitueraient un facteur favorisant la réduction des VEO.
Nous n avons pas trouv à ce jour d tude faisant le lien entre r duction des VEO et amélioration de la relation parents-enfants.
En revanche, la présence des parents durant les premiers mois de la vie et une relation précoce parents-enfants de qualité ont une incidence positive et durable sur la santé et le développement des enfants (12).
Il faut du temps, de la disponibilité et de la proximité physique et émotionnelle de la part des parents pour qu ils construisent avec leur bébé une relation harmonieuse.
Pour ce faire, une des pistes envisag es par les parents tait l allongement du cong parental. Une étude norvégienne montre que plus le congé paternel est long, plus la compr hension du d veloppement de l enfant par les p res augmente (13).
Cette envie d allongement du cong parental est corrobor e avec les r sultats d une étude de la DREES. En 2018, 63% des 18-24 ans et 60% des 25-34 ans souhaitent un allongement du congé paternité. Cette présence du père, plus importante dans les premiers instants de vie, conduirait à répartir la charge de travail au sein du couple, à soulager la mère, à impliquer le père dans son nouveau rôle et à poser des bases plus solides d une nouvelle famille. Dans notre tude, l incompr hension entre les parents qui ne vivent pas la même situation du fait de la reprise précoce du travail par le père était exprimée. Elle génère des tensions qui pourront par la suite se traduire par des VEO (14).
Une revue de la littérature conclut que le prolongement de la durée du congé parental payé de 6 à 12 mois est associée à une meilleure santé des nourrissons et des enfants (15).
Le bon moment, le bon endroit, la bonne forme
Dans cette étude, les parents semblaient favorables à un accompagnement parental.
Le format d ateliers de groupe afin de partager les exp riences et de ne pas se sentir personnellement jugé a été proposé.
Les ateliers de groupe autour des VEO sont associés dans la littérature à une bonne satisfaction des parents, un maintien du changement dans la parentalité positive, et une am lioration de l adaptation motionnelle et comportementale des enfants (16)(17).
Dans certains pays comme l Australie, apr s la naissance d un enfant, chaque couple intègre un groupe de dix parents dont les bébés sont nés le même mois et dans le même quartier. Les groupes sont réunis par un professionnel de santé qui oriente les interventions en fonction des besoins et avec des intervenants extérieurs tel que psychologue, p diatre (18).
Cependant, même si les ateliers de groupe semblent être un bon moyen de prévention, en France, une femme sur cinq qui attend son premier enfant ne bénéficie pas des ateliers de préparation à la naissance et à la parentalité. Pourtant, cela permettrait un ajustement du couple autour du projet parental, des réponses à leurs questions sur le d veloppement de l enfant et un d but de sensibilisation sur les VEO (19). Il serait int ressant d analyser les facteurs limitants de ces ateliers.
Notre travail de recherche laisse supposer que l ducation des parents sur le d veloppement de l enfant et sur les effets des VEO ainsi que l apport de nouveaux outils bienveillants pourraient favoriser une réduction des VEO. Des écrits confirment cette hypothèse. Ils démontrent que le soutien et l’éducation des parents peuvent réduire leurs recours aux VEO (20).
En France, les enfants bénéficient depuis 2019 de 20 examens de santé pris en charge à 100%. Ces consultations ont pour objectif principal le dépistage des déficiences (visuelles, auditives ). A l adolescence, elles ont galement un but éducatif : sexualité et prévention des addictions. Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) permettent un exercice coordonné et un parcours de soins simplifié pour le patient. Ce nouveau mode d exercice pourrait permettre de proposer au sein de ces structures des ateliers d ducation th rapeutique et d aide à la parentalit . On pourrait envisager, à l occasion des consultations obligatoires d aborder les VEO et en fonction des besoins spécifiques de chacun faire intervenir plusieurs spécialités médicales. La prévention des VEO pourrait parfaitement s int grer au projet de cr ation des MSP. Celle-ci pouvant correspondre au lieu neutre et chaleureux décrit dans notre étude.
Certains voquaient l id e d une intervention au domicile qui serait plus pertinente.
Dans la bibliographie on trouve une étude sur un programme ayant pour objectif de promouvoir la sant et le d veloppement de l enfant via des visites au domicile. Celui-ci a favoris le bon d veloppement de l enfant et r duit les comportements problématiques des enfants de 2 ans (21). En France, le dispositif PRADO créé en 2010 prévoit des visites au domicile à la sortie de la maternit . Il serait int ressant d explorer son vécu et sa perception dans la prévention des VEO.
La place du médecin
Notre étude semble décrire le médecin comme garant de la santé et ayant une place de choix pour prévenir les VEO compte tenu de sa relation privilégiée avec les patients.
Pour certains, les spécialistes autres que les p diatres n ont pas de l gitimit , pour d autres, la place d pend uniquement de la relation m decin-patient. Enfin, il était galement exprim le souhait d tre guid par quelqu un qui aurait re u une formation particulière.
Les médecins ont la responsabilité principale de traduire la recherche et les données probantes en conseils pour les parents et les enfants. Ils portent un message crédible et influent pour les patients et peuvent par extension influencer l ducation sur le développement de l’enfant. Cela peut permettre de réduire les réponses colériques et punitives aux comportements normatifs de l’enfant et fournir des ressources sur la discipline positive (22).
Apprendre à se connaitre, à gérer ses émotions
Les parents manifestaient le besoin de mieux connaitre et contrôler leurs émotions. Mary Gordon a montré dans son programme pédagogique « Rooths of empathy », créé en 1996, que la gestion des émotions permet de réduire l’agressivité, d augmenter la bienveillance, et de favoriser la résilience, le bien-être et la santé mentale positive.
Landon Pearson (ancien conseiller en droits de l enfant du ministre Canadien) a déclaré : « Au fil de ma vie, j ai appris que les capacités humaines d empathie et de respect doivent être encouragées dès la plus tendre enfance pour réduire la violence dans le monde et bâtir une véritable société civile ».
On peut donc penser que la création de projets pédagogiques destinés aux enfants permettrait à l âge adulte une meilleure gestion de son comportement et une réduction des réactions inappropriées.
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Table des matières
A. Introduction
B. Matériels et Méthodes
C. Résultats
1. Donner plus de place à l?enfant
2. Le poids de la société
3. Le rôle du médecin
a. Un acteur légitime
b. Le poids de la parole médicale
4. Les attentes des parents concernant la prévention des VEO
a. Le bon moment, le bon endroit
b. La bonne forme
5. Renforcer les compétences personnelles des parents dans leur gestion émotionnelle
D. Discussion
1. Forces et faiblesses de l??tude
2. Donner une place à l?enfant
3. Le bon moment, le bon endroit, la bonne forme
4. La place du médecin
5. Apprendre à se connaitre, à gérer ses émotions
E. Conclusion
F. Bibliographie
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