RELATIONS ENTRE SYSTEMES DE PRODUCTION ET HABITUDES ALIMENTAIRES

Les exploitations agricoles

Moyens humains La majorité des exploitations agricoles (88,8%) est dirigée par des hommes dont la majorité n’a pas fréquenté l’école. La taille moyenne du ménage est de 4,33 ±0,14 avec un nombre d’actif moyen de 3 (cf. annexe 20). Les exploitations sont toutes de type familial, avec pour certaines quelques appoints de main d’œuvre extérieure ou appel à l’entraide pour des travaux bien précis.
Capital Les outils agricoles utilisés par les exploitations sont encore constitués par des petits outillages traditionnels dont le principal est l’ « angady lahy1 » suivi de la pelle. Aucun travail n’est attelé ni motorisé dans la zone. Ceux-ci sont liés aux pratiques culturales des exploitations qui excluent les travaux de labours dans leurs systèmes de culture. Il s’agit seulement des travaux superficiels comme l’etrepage, le sarclage sur les cultures pluviales et le piétinage sur les bas-fonds. Le capital circulant est presque inexistant. Toutefois, il y a des exploitations qui achètent des boutures de manioc et des semences de cultures maraîchères Il n’y a pas du tout d’achat d’engrais ni de produits de traitements. Les exploitations qui possèdent des bœufs ne les font pas vacciner mais font seulement tamponner les « registres bovidés ».
Systèmes de culture Les systèmes de production sont à dominance de systèmes de culture sur abattis-brûlis avec une courte durée de culture et de friche de 1 à 3 ans chacune2. Ceux-ci occupent environ 57% des superficies totales exploitées par les exploitants agricoles. La superficie moyenne par exploitation est de 0,38 ha ±0,03. La culture de manioc d’une durée de un à trois ans, associée ou non avec l’ananas et/ou l’igname sauvage, le pois cajan, suivi d’une jachère de courte durée (1an) occupant 97,74% des exploitations constitue le principal système de culture pratiqué. Néanmoins, quelques exploitants (10%) ont colonisé de nouveaux espaces qui sont soient des recrus forestiers âgés de plus de dix ans ou des forêts primaires. Les systèmes de riziculture de submersion restent relativement limités, occupant 15% environ des terroirs avec une superficie moyenne de 0,30 ha ± 0,06. Il s’agit de culture continue de riz : le riz de saison (vary vatomandry) de décembre à mai et le riz de contre-saison (vary kitra) de juillet à décembre. Le rendement reste faible et ceci est dû d’une part à la mauvaise maîtrise de l’eau et d’autre part au système d’exploitation traditionnelle dans le village. Les cultures maraîchères restent faiblement pratiquées par les exploitants agricoles. Seuls 5,6% de la population les adoptent avec une superficie moyenne par exploitation agricole très faible (environ 6,3 m2). Les légumes feuilles, à savoir la brède moutarde, le pe-tsai et le chou de chine, constituent la catégorie de légume la plus cultivée par les exploitants agricoles. Les légumes fruits se trouvent en deuxième position dont les principaux sont la tomate et l’aubergine africaine. Etant les seuls légumes racines et bulbes cultivés dans la zone, la carotte et l’oignon restent très peu ou pas du tout cultivés localement. Les exploitants agricoles cultivent également des légumineuses principalement le vouandzou et le pois cajan généralement associés avec le manioc. La faible adoption des cultures maraichères est liée au manque d’engrais dans la zone ainsi qu’à la nondisponibilité des semences sur le marché local. Les cultures fruitières sont fortement adoptées par les exploitants agricoles vu que 88,8% d’entre eux les installent au sein de leur jardin de case. Elles sont dominées par l’ananas, le jaquier et le bananier occupant plus de 70% des exploitations. Viennent ensuite le fruit à pain (45%), le litchi (32%) et le manguier (14%). La canne à sucre, le papayer, le cœur de bœuf, l’oranger, le cocotier, le gevi et le pêcher sont pratiqués à moins de 10%. La canne à sucre présente le nombre de pied moyen le plus élevé (203,8 ±278,5) malgré qu’il soit faiblement adopté. Le nombre de pied moyen sont de 46,16 ±21,07, 14,66 ±7,8 et 12,4 ±7,3 pour l’ananas, le bananier et le jaquier. Les restes sont à moins de 5 pieds en moyenne.
Ateliers d’élevage L’élevage de volaille, occupant 92,8% des exploitations agricoles, demeure l’atelier d’élevage le plus pratiqué dans la zone. L’élevage porcin surtout d’engraissement est pratiqué par 31,8% des exploitants agricoles. Seuls 6,4% des exploitants pratiquent l’élevage de canard et 4,8% l’élevage bovin. Cette dernière est en relation avec l’insécurité menée par les Dahalo3 dans la zone. Toutes les conduites d’élevage restent extensives et aucun de ces ateliers ne reçoit des mesures prophylactiques. Il s’agit d’une divagation avec des arbres ou sous une maison de pilotis comme habitation pour les volailles. Pour les porcs, les bâtiments sont constitués par des petites cases rudimentaires. Les déchets ménagers, le jaquier et le fruit à pain demeurent leurs principales alimentations. Le parc à bœuf constitue le seul bâtiment d’élevage pour les bœufs. Son alimentation est essentiellement assurée par les pâturages naturels.
Activités extra-agricoles La charbonnerie, occupant 71% des exploitants agricoles, demeure l’activité extra-agricole la plus dominante dans la zone. Celle-ci assure en moyenne 16% des revenus totaux des ménages. Elle tient une place importante dans leur système de production et se pratique presque toute l’année sauf en cas de cyclones et/ou inondations de janvier à mars. La vannerie occupe 59% des exploitants, la pêche 19%. Néanmoins, chacune assure un apport de 10% des revenus totaux.

Période de soudure

               Pour la classe 1, le jaque constitue la principale source d’énergie des individus (50% des calories totales) (cf. annexe11 classe 1). En effet cette classe dispose d’un nombre de pieds en jaque élevé par rapport à la moyenne générale (cf. annexe 10) et d’une forte consommation du fruit à raison de 1801g/Eq/jr contre une moyenne générale de 591,9g/Eq/jr (cf. annexe 19 : consommation générale en période de soudure). Avec cette consommation, 78% des besoins quotidiens normaux sont assurés. Pour la classe 2, les besoins énergétiques sont assurés essentiellement par le jaque (41%) et le manioc (40%) avec des consommations par jours respectives de 1556,58 et de 1082,19g/Eq/jr (cf. annexe11 classe 2). Pour le jaque, cette quantité est largement supérieure par rapport à la moyenne générale. Par contre, elle est inférieure pour le manioc. Ce qui fait que ces deux aliments sont fortement complémentaires pour cette classe. Les besoins caloriques de la classe 3 sont assurés généralement par le manioc (57%) avec une prise de 1775,26 g/Eq/jr ce qui est supérieure à la moyenne générale de 1321,44g/Eq/jr (cf. annexe 12). Le jaque quant à lui n’assure que 26% des calories globales pourtant la quantité consommée par prise (1162,46g/Eq/jr) est élevée par rapport à la moyenne générale et arrive à assurer 50% des besoins quotidiens normaux (cf. annexe11 classe 3 en période de soudure). Pour la classe 4, le jaque constitue la source essentielle d’énergie (57%) avec une consommation par prise de 2651,72g/Eq/jr (cf. annexe11 classe 4). Cette quantité est fortement élevée par rapport à la moyenne générale. De plus, elle présente déjà un surplus de 15% des besoins journaliers. Par ailleurs, cette forte consommation est due au nombre de pied élevé en jaquier de la classe (cf. annexe 10). La quasi-totalité des énergies de la classe 5 est procurée par le manioc à 50% et le jaque à 32%. En effet, les quantités consommées par prise du manioc (1725,23 g/Eq/jr) et du jaquier (1564,85 g/Eq/jr) sont toutes supérieures à leur moyenne générale (cf. annexe11 classe 5). Par ailleurs, la quantité consommée en manioc peut couvrir à elle seule les besoins quotidiens en énergie et dégage même un surplus de 7%. Enfin, pour la classe 6, les sources du besoin calorique se partagent entre le riz (13%), le jaque (34%) et le manioc (45%). Les consommations journalières sont respectivement de 351,38g/Eq/jr, 3000g/Eq/jr et 2766,32g/Eq/jr. Elles sont toutes supérieures à la moyenne générale. En outre, les consommations en jaque et en manioc présentent chacun des surplus d’énergies de plus de 30% des besoins quotidiens (cf. annexe11 classe 6). Bref, le manioc et le jaque constituent les principales sources d’énergie des ménages pendant la période de soudure (cf. annexe 18).

Partage des tâches ménagères

                Le long de la journée, chaque membre de la famille possède sa part de travail dans le ménage. En général, les enfants avant et après l’école, aident leurs parents dans toutes les activités allant de la cuisine au champ jusqu’à la commercialisation des produits. Les femmes sont les premiers responsables de la cuisine et des enfants, par contre les hommes se spécialisent seulement dans la collecte de bois de chauffe et sont les plus privilégiés à la maison du fait de la difficulté de leur travail au champ ou aux autres activités hors ménagères (cf. annexe 08).

Partage des tâches agricoles et non agricoles

                 La répartition des tâches selon le genre sur les activités entreprises aussi bien au niveau du ménage que de l’exploitation est présentée sur le tableau ci-après. Les détails sur les itinéraires techniques sont référés à l’annexe 06 sur le calendrier agricole. Que ce soit une activité agricole ou non agricole, une division sexuelle des tâches s’observent. Dans les activités agricoles, les hommes sont souvent destinés à la préparation du sol, au semis, et à la plantation. Les femmes s’occupent habituellement du semis direct, du repiquage, de la transplantation au niveau des cultures maraichères et de l’arrosage. Toutefois quelques opérations comme le sarclage, la récolte et le transport des produits sont entreprises ensemble. Pour le charbon, toutes les opérations de fabrication sont effectuées par les hommes, les femmes n’interviennent que lors de la mise en sac et au moment de la vente. Par contre, elles sont les principales responsables de toutes les opérations dans la vannerie.

Les calories globales

                  L’énergie totale obtenue à partir de la ration journalière des ménages est majoritairement fournie par les glucides. Ceci vient de la forte consommation du jaque et/ou manioc au cours de la période de soudure et du riz et/ou du manioc durant la période d’abondance. Ce qui fait du manioc le principal aliment de base des ménages et cela est conforme avec les résultats trouvés par Rakotosalama (2005). En effet, les habitudes alimentaires sont caractérisées par des régimes hyperglucidique et que ces derniers résultent eux-mêmes de la mentalité des habitants : l’essentiel est de se remplir le ventre. Pendant la période de soudure, plus de la moitié des calories (82,3%) est apportée par le manioc et jaque. Par contre, en période d’abondance, le riz assure à lui seul plus de 62% des énergies. Ces résultats sont contraires à ceux de l’UNICEF (1994) affirmant que le riz fournit 60% des besoins en calorie pour l’ensemble du pays et que le manioc n’en assure que 20%. De plus, le riz joue un rôle d’aliment d’appoint dans la ration journalière de la population dans la Réserve Spéciale de Manombo (Rakotosalama, 2005). Les habitudes alimentaires des ménages présentent des faibles apports en protéines et en lipides à cause de la faiblesse de consommation des aliments riches en ces groupes. Selon FAO et PAM (2015), la consommation de sources de protéines animales est très minime à Madagascar. La consommation de légumineuses est rare tandis que les produits laitiers sont presque absents de leur régime alimentaire. D’ailleurs dans la région Atsimo Atsinanana : 25% des ménages enquêtés n’ont pas d’accès à des aliments riches en protéines, 63% mangent parfois et seulement 11% en consomment tous les jours. En outre, le déficit protéique est l’un des problèmes nutritionnels le plus fréquent en Afrique surtout en zone de forêt où les productions essentielles sont les tubercules et les bananes plantains (Santos et Damon, 1987). D’après Rakotosalama (2005), le problème avec ce déficit en protéine est en relation avec la faible production de riz qui est alors substitué par le manioc. Or, le manioc ne peut pas remplacer le riz du point de vue protéique. D’ailleurs, le riz ne procure que 11% des protéines en période de soudure et 64,5% en période d’abondance. Ce qui donne une moyenne de 37,75% contrairement à l’ensemble du pays, c’est le riz qui fournit 70 % des protéines de la population (UNICEF, 1994). La consommation de produits d’origine animale est aussi très faible. Les viandes de bœuf ou de porc ne sont consommées par les habitants que pendant certains événements en l’occurrence le nouvel an, la fête nationale, la circoncision et les funérailles. La viande de volaille n’est consommée qu’en présence d’invités de marque. De même, les produits de la pêche sont destinés principalement à la vente (Rakotosalama, 2005). Par ailleurs, la faible disponibilité voire l’inexistence de sources de protéines sur le marché local qui n’existe seulement que tous les mardis et samedis semble en être aussi une des causes.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
GLOSSAIRE
RESUME
ABSTRACT
FINTINA
INTRODUCTION
1 MATERIELS ET METHODES
1.1 Présentation de la zone d’étude
1.1.1 Choix de la zone d’étude
1.1.2 Situation géographique et administrative
1.1.3 Climat
1.1.3.1 Température et précipitation
1.1.3.2 Perception paysanne du climat
1.1.4 Vent et cyclones
1.1.5 Sol
1.1.6 Hydrographie
1.2 Démarche méthodologique
1.2.1 Présentation dans le village
1.2.2 Observation et description des paysages agraires
1.2.3 Pré-typologie
1.2.4 Réalisation de l’enquête : échantillonnage raisonné avec questionnaire ouvert
1.2.5 Focus group
1.2.6 Traitement et analyse des données
1.2.6.1 Construction de la typologie
1.2.6.2 Coefficient de fréquence abondance (Coeff. FA)
1.2.6.3 Taux de couverture alimentaire
1.2.6.4 Habitude alimentaire
1.2.6.5 Equivalent adulte
1.2.7 Limites de l’étude
2 RESULTATS
2.1 Système agraire
2.1.1 Les différents terroirs
2.1.2 Les exploitations agricoles
2.1.2.1 Moyens humains
2.1.2.2 Capital
2.1.2.3 Systèmes de culture
2.1.2.4 Ateliers d’élevage
2.1.2.5 Activités extra-agricoles
2.1.3 Typologie des exploitations
2.1.3.1 Catégorie 1 : Petites exploitations à famille nombreuse avec une forte diversification d’activités mais un maigre revenu
2.1.3.2 Catégorie 2 : Petites exploitations à famille peu nombreuse pratiquant fortement le charbonnage
2.1.3.3 Catégorie 3 : Exploitations agricoles pratiquant le plus l’atelier porcin
2.1.3.4 Catégorie 4 : Exploitations agricoles à famille nombreuse et pratiquant le plus la vannerie et la pêche
2.1.3.5 Catégorie 5 : Exploitations agricoles de petites tailles avec une forte adoption de l’atelier bovin et porcin, pratiquant relativement de cultures fruitières
2.1.3.6 Catégorie 6 : Exploitations agricoles de grandes tailles avec une forte adoption de culture maraîchère
2.2 Taux de couverture alimentaire
2.2.1 Evolution du plat journalier des ménages
2.2.2 Taux de couverture alimentaire en période de soudure
2.2.3 Taux de couverture alimentaire en période d’abondance
2.3 Etat nutritionnel
2.3.1 Les calories globales
2.3.1.1 Période de soudure
2.3.1.2 Période d’abondance
2.3.2 Les nutriments : minéraux et vitamines
2.3.2.1 Déficience en vitamine A pendant les deux périodes
2.3.2.2 Période de soudure : excès de calcium, fer, vitamines B1, B2, PP et C
2.3.2.3 Période d’abondance
2.4 Approche genre
2.4.1 Partage des tâches ménagères
2.4.2 Prises de décision par rapport aux activités, aux dépenses en intrants et à l’utilisation des revenus
2.4.3 Partage des tâches agricoles et non agricoles
2.4.4 Accès aux ressources, informations et innovations
3 DISCUSSION
3.1 Taux de couverture
3.2 Etat nutritionnel
3.2.1 Les calories globales
3.2.2 Les nutriments : minéraux et vitamines
3.2.2.1 Vitamine A
3.2.2.2 Fer
3.2.2.3 Calcium, vitamines B1, B2, PP et C
3.3 Approche genre
3.3.1 Prises de décision par rapport aux activités agricoles et non agricoles
3.3.2 Partage des tâches agricoles et non agricoles
3.3.3 Accès aux ressources, informations et innovations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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