Contexte socio-économique
La zone d’Ankarimbelo est dépourvue d’infrastructures sanitaires entraînant un taux élevé de mortalité infantile. En effet, le Centre de Santé de Base II (CSB II) le plus proche se situe à Mahabo (Chef-lieu de la Commune Rurale de la zone). Toutefois, il y a des matrones qui s’occupent des femmes enceintes. La moitié des paysans recourt à un guérisseur traditionnel appelé localement « Ombiasy ». Ankarimbelo est dotée d’une école primaire publique. Les garçons et les filles ont tous accès à l’éducation. Cependant, les filles n’arrivent pas à finir l’école primaire car dès leur jeune âge, elles aident leur mère dans les tâches ménagères et la vannerie ou bien, elles se marient précocement. Des événements ou pratiques/habitudes entre autres le mariage ou « fafy », la circoncision ou « fora zaza » et les funéraires ou « dobo » sont d’une grande importance tant au niveau des systèmes de production qu’aux ménages. En effet, lors du « dobo », toutes activités cessent pendant une semaine et la famille du défunt doit sacrifier un bœuf quitte à s’endetter pour les plus démunis ; mais c’est une occasion de manger de la viande pour la communauté. La population est constituée par le groupe ethnique « Zaratonda » dans la branche « Anteisaka » (Cf. Annexe 10). Même s’il y a une hiérarchie administrative, la hiérarchie sociale (Cf. Annexe 11) conduite par l’« Ampanjaka » tient un rôle très crucial. Toute décision au niveau du village doit avoir son aval. Ainsi, par rapport à la hiérarchie administrative c’est le président Fokontany qui a le dernier mot, mais si l’Ampanjaka interfère, rien n’est établi. En d’autres mots, l’« Ampanjaka » a plus de pouvoir.
Aliments de cueillette, pêche et sous-produits
Les aliments provenant de la cueillette et de la pêche sont composés de:
– feuilles entre autres Bidens spinosa ou sornet (anamadinika), Solanum indicum ou brède morelle sauvage (anamelo), Stenochlaena tenuifolia ou fougère comestible (breko), Asystasia gangetica ou feuilles (anamalemy) ;
– fruits de Typhonodorum lyndleanum ou banane aquatique (viha), Strychnos spinosa ou vontac (votaky), Psidium goyajava ou goyave (angavo) ;
– autres organes végétaux: Cœur de Ravenala madagscariensis ou ravenala (kadado), tubercule de Tacca sp ou tacca (tavolo) ;
– produits aquatiques à savoir les écrevisses, les crabes, les anguilles et les poissons de mer.
Les feuilles sous-produits de la production de manioc et patate douce sont également consommées par les ménages
Sur horticulture et systèmes de production
Les résultats montrent que plus de 2/3 des exploitants agricoles pratiquent les culturesmaraichères. Selon Randriamasinoro (2002), le maraichage est une activité héritée des parents qui servent aux besoins quotidiens du ménage. Pourtant, les 1/3 des exploitations agricoles sont encore réticentes face à la pratique de ces cultures. En effet, ceci est relié aux intrants agricoles tels les semences et engrais (Karoka, 1994; Manguin et Rakotoariny, 2012 ; Bellande, 2013). D’une manière générale, les semences des autres cultures (riz, manioc, etc.) sont autoproduites (Guegan et al., 2009); tandis que pour le maraichage, ils devront les acheter avant chaque culture. Le problème d’engrais aussi se pose du fait qu’il faut chercher des poudrettes de parcs et de la fiente de volailles. Face aux activités extra-agricoles, les exploitations pensent gagner plus avec la vannerie qu’avec les cultures maraichères. La vannerie est un travail facile à faire et qui valorise bien les heures creuses des femmes. De plus, les produits de la vannerie s’écoulent facilement sur le marché. D’ailleurs, les activités extra-agricoles constituent une source nonnégligeable de revenu pour les ménages ruraux comme l’affirme Randrianarison (2004). Les outils posent également problème. Les exploitants n’ont pas les moyens d’acheter des soubiques ou des brouettes pour le transport des poudrettes de parcs ou de fientes de volailles ou d’arrosoir pour mener à bien leurs cultures (Rasoandalaina, 2012). D’après les résultats obtenus, les légumes feuilles et les légumes fruits sont les plus cultivés par les paysans en termes de nombre de pratiquants et de superficie. Ceci est en fait évoqué par Randrimasinoro (2002), lors de son étude sur le diagnostic des cultures maraichères à Madagascar. D’ailleurs, Karoka (1994) affirme que l’adoption des types de cultures maraichères de l’exploitation dépend de la disponibilité en trésorerie et du cycle des cultures. D’une part, les légumes feuilles n’ont pas besoin de terminer leur cycle. Elles s’arrêtent au stade végétatif (Moustier et al., 2004). Aussi, le cycle de production est relativement court (Manguin et Rakotoariny, 2012). D’autre part, les conditions agro-écologiques favorisent les plantations de légumes fruits. En outre, les légumes racines et à bulbes sont difficilement accessibles par les paysans selon Rakotoarisoa (1991). De surcroît, ces légumes bulbes et racines nécessitent beaucoup d’entretien du fait qu’ils ont un long cycle de développement, associé aussi aux fortes humidités prolongées du sol entraînant le développement de diverses maladies et ennemis. En considérant les résultats relatifs aux types de légumes les plus cultivés, l’angivy et aubergine sont les plus appréciés par les paysans de la zone. Leur culture ne nécessite pas de transplantation et d’entretien minutieux, donc cela va diminuer le temps de travail. En plus leur cycle est plus ou moins court. Par ailleurs, en termes de superficie, ce sont les brèdes moutardes et les choux de chine qui sont en première place par rapport aux angivy et aubergine. Ceci peut s’expliquer du fait de la densité des légumes fruits. Les légumes fruits en faible superficie peuvent produire beaucoup contrairement aux choux de chine et brèdes moutardes. Les études faites par Rakotoarisoa (1991-1992) ont montré que les paysans ne pouvaient pas se passer des tomates et que c’est une culture qui peut se cultiver dans toute l’île (MAEP, 2004). Pourtant, la tomate reste très peu cultivée dans la zone. De même les brèdes morelles sont cultivées par peu de paysans même si cette culture peut être cultivée un peu partout à Madagascar (Decary, 1963). Ceci peut s’expliquer par l’abondance des brèdes morelles sauvages dans la zone. Par rapport aux différentes catégories d’exploitations agricoles, les légumes feuilles dominées par les brèdes moutardes et les choux de chine sont en première place en termes de nombre d’exploitants. Cependant, seuls les exploitants de la catégorie 4 pratiquent relativement beaucoup de légumes bulbes. D’ailleurs, considérée comme catégorie la plus aisée, elle a la possibilité d’acheter les semences d’oignons qui sont chères (Thomas, 1999). De plus, c’est une culture exigeante à cycle long qui nécessite beaucoup d’entretiens et d’attention. Avec un grand nombre d’actifs, la catégorie peut suivre sa culture. Par contre, les catégories 1, 2 et 3 se limitent aux légumes feuilles et fruits du fait que les semences sont moins chères et que la culture a un cycle court. Comparé aux études faites par Randriamasinoro (2002) qui évoque que la surface cultivée en légumes est en moyenne de 48 ares par an7, la superficie de CUMA de la zone reste très faible : entre 3,6 à 11,4 m². Cette superficie est très minime par rapport à celle de la région Analamanga (1 à 15 ares). La mobilisation de main d’œuvre et la disponibilité en semences peuvent être à l’origine de cette faible superficie. En fait, c’est une activité agricole qui nécessite beaucoup de main d’œuvre (Rakotoarisoa, 1991-1992 ; Tsimisanda, 2009 ; Manguin et Rakotoariny, 2012). En plus, les bas versants ne représentent que 10% du terroir. Les cultures maraichères se présentent sous de 2 systèmes de cultures: soient en système de culture continue soient en succession avec la pépinière de riz. Comme les exploitations agricoles utilisent de l’engrais essentiellement des poudrettes de parcs ou des fientes de volailles pour le CUMA, cela aura un arrière effet sur la pépinière de riz. Pour l’occupation des parcelles, les cultures maraichères se cultivent généralement sur bas versant. Cependant, ces parcelles sont occupées par les cultures de patate douce. C’est ici le cas pour les trois catégories d’exploitation qui pratiquent cette culture. En fait, la patate douce occupe beaucoup plus de parcelles par rapport aux CUMA en bas de pente. Mais en termes de main d’œuvre, cette culture en requiert une quantité moindre. Aussi, la concurrence entre les 2 spéculations ne se pose pas. Pour les cultures fruitières, les 3/4 des exploitants agricoles cultivent les fruits. Cependant les 1/4 composés essentiellement de la catégorie 1 n’en cultivent pas faute de jardin de case. En fait, cette catégorie est composée de femmes comme centre de décision. Sur ce, elles n’ont pas le droit d’hériter le jardin de case. D’après les résultats, plusieurs types de fruits sont inventoriés dans la zone. Ceci est grâce aux potentialités agro-climatiques de la région Atsimo Atsinanana (Ralaifenomanana, 2009). En effet, son climat chaud et humide lui confère une large gamme de types de fruits. Les résultats de l’étude montrent que l’ananas, le bananier, le jaquier et le litchi sont les plus cultivés par les exploitations de la zone. Par rapport au nombre de pied moyen, ce sont les bananiers qui sont le plus nombreux du fait de leur reproduction végétative par rejet. Ensuite, l’ananas grâce à sa multiplication végétative. Puis, le jaquier, une culture qui a existé depuis très longtemps dans la zone. Malgré le fait que le Sud Est est reconnu comme l’un des producteurs de litchis (MAEP, 2004), le nombre de pieds moyen par exploitant reste faible. En fait, la technique de multiplication par le marcottage n’est pas vraiment à la portée des exploitants vu l’isolement de la zone. Le nombre de pieds moyen d’agrume dans la zone reste assez faible. Ce type de fruit nécessite une saison sèche bien marquée (MAEP, 2004 ; MADR, 2008 ; Ndo, 2011). Les résultats des enquêtes montrent que 95% des fruits sont implantés dans les jardins de case. Ceux-ci ne nécessitent comme entretien qu’une sorte de fauchage qui se pratique 1 à 2 fois par an. Cependant, le fauchage est destiné surtout aux cultures de rente telles que le caféier et le giroflier et les arbres fruitiers associés en profitent. Le transfert de fertilité vertical et l’apport de déchets ménagers assurent la fertilité de ces jardins de cases.
PROPOSITIONS ET PERSPECTIVES
Des études plus minutieuses et approfondies sur l’habitude alimentaire devraient être entreprises. Elles seraient utiles pour améliorer et compléter les bases de données concernant l’alimentation. Un suivi journalier tout au long de l’année pour chaque catégorie d’exploitation agricole serait nécessaire. L’intérêt que présente une production maraichère est tout d’abord nutritif étant donné que les légumes contiennent des éléments essentiels à la nutrition. Les protéines des légumineuses constituent un complément voire un substitut important des protéines animales, souvent insuffisantes. L’orientation vers les cultures maraichères riches en protéines, l’augmentation de la consommation de produits aquatiques seraient des alternatives pour améliorer l’alimentation et par voie de conséquence la santé des exploitations agricoles de la zone. De plus, les légumineuses sont conservables donc elles peuvent contribuer au complément de nourriture pendant la période de soudure. Une sensibilisation des femmes serait une voie pour développer les cultures maraichères de la zone du fait que c’est « une culture pour femme ». Une action plus poussée du centre de services agricoles (CSA) pour faciliter la disponibilité et l’accessibilité des intrants devrait être mise en place pour développer les cultures maraîchères. Par rapport aux cultures fruitières, des techniques de multiplication, d’entretiens des vergers et de conservation des fruits devraient être vulgarisées
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Table des matières
INTRODUCTION
1 MATERIELS ET METHODES
1.1 Zone d’étude
1.1.1 Délimitation de la zone
1.1.2 Climat
1.2 Méthodologie
1.2.1 Choix de la zone d’étude
1.2.2 Visites préliminaires
1.2.3 Enquêtes sur les caractéristiques de la zone
1.2.4 Conception de la fiche d’enquête
1.2.5 Enquêtes formelles
1.2.6 Focus groupe
1.2.7 Saisie et traitement des données
2 RESULTATS ET INTERPRETATIONS
2.1 Contexte écologique
2.2 Ateliers d’élevage
2.3 Activités extra-agricoles
2.4 Contexte socio-économique
2.5 Typologie des exploitants agricoles
2.5.1 Caractéristiques des exploitations
2.5.2 Terroirs possédés
2.5.3 Capital
2.5.4 Activités de production agricoles et extra-agricoles
2.5.5 Performances économiques
2.6 Intégration horticulture au système de production
2.6.1 Cultures maraichères
2.6.2 Cultures fruitières
2.6.3 Occupation des parcelles et quantité de main d’œuvre
2.7 Relations entre système de production et habitude alimentaire
2.7.1 Destinations des produits
2.7.2 Sources de nourriture
2.7.3 Habitudes alimentaires
2.8 Question du « genre »
2.8.1 Au niveau de l’exploitation agricole
2.8.2 Au niveau du ménage
3 DISCUSSIONS
3.1 Sur horticulture et système de production
3.2 Sur relations entre système de production et habitude alimentaire
3.3 Sur question du « genre »
4 ANALYSE DE LA METHODOLOGIE ADOPTEE
5 PROPOSITIONS ET PERSPECTIVES
CONCLUSION
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