Relations entre les maladies parodontales et les maladies systémiques
Matériel et méthodes
Design expérimental
Le projet de recherche était une étude transversale réalisée auprès des étudiants de médecine interne canadiens et utilisant comme outil de mesure un questionnaire électronique de quinze questions.
Population cible
Bien que la population cible du projet de recherche soit à la fois les étudiants en médecine interne et les médecins pratiquant dans une des spécialités de la médecine interne, il a été choisi d’orienter le projet de recherche vers les étudiants en médecine interne. La raison pour laquelle ce choix a été fait, lors du début du projet, est qu’il est généralement difficile de communiquer avec les médecins au Canada. Après avoir communiqué avec différentes organisations telles que le Collège des médecins du Québec, la Fédération des médecins spécialistes du Québec et la Société canadienne de médecine interne, il a été rapidement constaté que la liste des membres de ces organisations étaient privées et ne pouvaient pas être partagées. Aussi, il n’y avait pas de possibilités auprès de ces organisations d’effectuer le projet de recherche lors d’un congrès de ces associations. La seule façon d’obtenir les coordonnées des médecins était de faire des recherches par hôpitaux ou par clinique privée. De plus, la majorité des coordonnées trouvées lors de ces recherches étaient des adresses postales.Après ce constat, l’option de réaliser le projet de recherche auprès de résidents ayant déjà complété leur formation en médecine et présentement aux études en médecine interne fut explorée. Des vérifications préliminaires auprès du département de médecine interne de l’Université Laval ont permis de conclure qu’il serait plus facile de réaliser le projet de recherche auprès des universités. Pour cette raison, il fut donc choisi d’orienter le projet de recherche vers les résidents en médecine interne au Canada.
Population étudiée
La population étudiée était tous les étudiants en médecine interne dans un programme canadien, en incluant les résidents en cours de sous-spécialité. Au Canada, les facultés de médecine ayant un programme de médecine interne sont les suivantes : University of British Columbia, Queens University, University of Calgary, l’Université d’Ottawa, University of Alberta, McGill University, University of Saskatchewan, l’Université de Montréal, University of Manitoba, l’Université de Sherbrooke, Northern Ontario School of Medicine, l’Université Laval, Western University, Dalhousie University, McMaster University, Memorial University of Newfoundland et University of Toronto. La répartition géographique des programmes de médecine interne peut être visualisée à la Figure 5. Après avoir complété trois années du tronc commun de médecine interne, les résidents peuvent choisir une des sous-spécialités médicales suivantes : médecine interne générale, cardiologie, dermatologie, endocrinologie, gastroentérologie, gériatrie, pneumologie, rhumatologie, immunologie, médecine en soins intensifs, hématologie, maladies infectieuses, neurologie, oncologie médicale et médecine du travail.
Figure 5. Répartition géographique des facultés de médecine ayant un programme de médecine interne au Canada. Il est possible de noter qu’il y a une plus grande concentration de programmes en Ontario et au Québec. (Adapté du site internet jump-voyage (72))
Calcul de la taille de l’échantillon
Selon les données de l’Association médicale canadienne (73), il y aurait un nombre total approximatif de 1600 étudiants en médecine interne au Canada. La répartition des étudiants, par université, est présentée à l’Annexe I. Selon les études publiées dans la littérature, les taux de réponse aux questionnaires envoyés aux médecins et aux étudiants en médecine sont très variables (19-95 %).(55, 59, 64, 65, 68) Il était donc difficile de prévoir le nombre de participants au projet de recherche. En supposant des taux de participation conservateurs des départements de médecine interne (60 %) et de faibles taux de réponse des étudiants au questionnaire électronique (15 %), il était possible d’anticiper qu’environ 86 questionnaires complétés seraient obtenus. En utilisant des taux de participation très optimistes des départements de médecine interne (90 %) et des taux de réponse élevés des étudiants (80 %), 1152 questionnaires auraient pu être reçus. Plusieurs études publiées sur les connaissances des médecins et des étudiants en médecine, et ayant un design expérimental similaire au projet de recherche discuté ici, avaient un échantillon variant entre 55 et 197 répondants.(59, 61-63, 65) En conséquence, un nombre minimal de 100 répondants était espéré et souhaité pour le projet de recherche.
Critères d’inclusion et d’exclusion
Pour pouvoir participer au projet de recherche, le seul critère d’inclusion était d’être un étudiant dans un programme canadien de médecine interne pendant l’année scolaire 2016-2017. Les questionnaires complétés après la date limite, indiquée dans le courriel accompagnant le lien vers le questionnaire, auraient été exclus du projet de recherche.
Stratégie de recrutement
En premier lieu, les directeurs des programmes de médecine interne des facultés de médecine canadiennes francophones et anglophones ont été contactés, par courriel, afin de les informer du projet de recherche et de solliciter la participation des étudiants de leur programme. La version française du courriel envoyé aux directeurs de programmes est présentée à l’Annexe II. Le document d’information pour le consentement au projet de recherche était disponible en pièce jointe du courriel et peut être consulté à l’Annexe III. Pour toutes les universités, un suivi ou plus, au besoin, ont a été faits auprès des secrétaires administratives des directeurs de programme. Ces dernières ont permis de confirmer que l’information au sujet du projet de recherche avait été bien reçue par le directeur et de vérifier si les directeurs acceptaient ou non que leurs étudiants participent au projet. Pour les programmes ayant accepté de participer au projet, le personnel administratif ou le directeur du programme faisait suivre le courriel aux étudiants des programmes de médecine interne afin qu’ils puissent avoir toutes les informations pour participer au projet de recherche. Par la suite, deux messages de rappel ont été envoyés afin de maximiser le nombre de répondants au questionnaire. Le choix des dates d’envoi aux départements des programmes de médecine interne a été fait afin d’éviter, dans la mesure du possible, l’envoi lors des différentes semaines de lecture des universités. Le courriel initial de recrutement a été envoyé par le directeur du projet de recherche aux directeurs des programmes de médecine interne.
La participation au questionnaire était volontaire et anonyme. L’approbation du projet par le comité d’éthique était mentionnée dans le message introductif au questionnaire électronique. Le tirage d’un iPad Pro d’une valeur de 800 $ a servi d’incitatif pour encourager la participation au projet de recherche. Afin de pouvoir participer au tirage, les étudiants devaient répondre à toutes les questions du sondage. Après avoir complété le questionnaire, le lien vers le formulaire d’inscription pour participer au sondage apparaissait. Les deux formulaires électroniques étant indépendants l’un de l’autre et l’anonymat des répondants au questionnaire a été conservés. Finalement, un résumé des résultats obtenus lors du projet de recherche était disponible, sur demande, pour les répondants et pour les directeurs des programmes de médecine interne participant au projet. De plus, des recommandations pourront être émises, sur demande, à ces derniers.
Questionnaires d’enquête utilisés pour la cueillette des données
Pour la réalisation du questionnaire d’enquête électronique, l’outil Google Form a été utilisé. En effet, il est possible de réaliser et d’envoyer un sondage gratuitement à partir de cette plateforme et il n’y a pas de limites pour le nombre de questions ou de répondants. De plus, il est également facile d’utilisation pour l’auteur du questionnaire et pour les répondants. Ce sont pour ces raisons que cette plateforme a été choisie.
Le questionnaire était divisé en trois différentes sections et contenait un total de quinze questions de type fermé. Le questionnaire prenait environ cinq à quinze minutes pour être rempli par le répondant. En tout temps, les réponses au questionnaire demeuraient anonymes. Les questions correspondaient aux variables que le projet de recherche devait mesurer. La première section portait sur les connaissances des étudiants sur les maladies parodontales et sur les principales associations avec les maladies systémiques. La deuxième section permettait de recueillir des informations quant sur les pratiques cliniques, la formation et les opinions du répondant. La troisième section permettait d’obtenir des données sociodémographiques. Plus précisément, les sujets abordés sont détaillés ci-dessous.
La version française du questionnaire a initialement été testée auprès d’un petit comité composé de deux médecins. Le test avait comme objectif de vérifier si les questions étaient bien comprises par des médecins et si la terminologie des questions nécessitait d’être adaptée. Lors du test, les questions ont été bien comprises par les deux médecins. Toutefois, une modification mineure a été faite, pour une des questions, à la suite d’un commentaire reçu. Plus précisément, le médecin avait mentionné être incertain de la signification du terme « halitose ». Il a donc été décidé d’ajouter la mention « mauvaise haleine » pour cette question.
Par la suite, une version anglaise du questionnaire a été produite. La traduction du questionnaire a ensuite été validée auprès d’un dentiste anglophone. Une correction de syntaxe mineure a été apportée à une question à la suite des commentaires du dentiste anglophone. Ensuite, les versions finales française et anglaise des questionnaires ont été testées et vérifiées par un dentiste bilingue afin de vérifier l’équivalence des deux versions et de s’assurer qu’aucune correction supplémentaire n’était nécessaire. Aussi, le courriel destiné aux directeurs de programme et le document d’information pour le consentement au projet de recherche ont été traduits, en anglais, par le Cabinet de traduction Langulaire de l’Université Laval. Les versions finales de ces deux documents ont également été vérifiées le dentiste. La version française du questionnaire d’enquête est présentée à l’Annexe IV. Il est à noter que le lien pour la version française du questionnaire a été envoyé aux programmes de médecine interne francophones alors que le lien pour la version anglaise du questionnaire a été envoyé aux programmes anglophones. Ainsi, les étudiants de l’Université Laval, de l’Université de Montréal et de l’Université de Sherbrooke ont répondu à la version française du questionnaire alors que les étudiants de McGill University, Queens University et Western University ont répondu à la version anglaise.
Après que la date limite pour compléter les questionnaires soit passée, les questionnaires ont été mis en mode veilleuse sur la plateforme Google Form. Au cours de l’été 2017, le tirage de la tablette électronique, soit un iPad Pro, a été fait par une pige manuelle d’un nom parmi tous les noms des participants s’étant inscrits sur le site pour le tirage. Par la suite, le participant gagnant a été informé de sa victoire et le prix lui a été envoyé par courrier postal.
Pendant le projet de recherche, les données brutes et anonymes pouvaient être consultées sur la plateforme Google Form uniquement par l’étudiante en charge du projet. Lors de l’analyse des résultats, les données brutes ont été partagées avec la statisticienne et avec le directeur du projet. À la fin du projet de recherche, les données brutes ont été conservées de façon dépersonnalisée et confidentielle en version papier et en version électronique sur un support d’entreposage amovible. Le tout a été rangé dans un classeur barré à la faculté de médecine dentaire de l’Université Laval. Bien qu’aucune utilisation ultérieure ne soit prévue pour l’instant, les données pourront être disponibles au besoin. Elles pourront alors être consultées par le directeur du projet de recherche. Les données recueillies ont été supprimées de la plateforme Google Form.
Méthodologie statistique
Les questionnaires ont été corrigés en attribuant 1 point par bonne réponse et 0 pour une mauvaise réponse de chaque item des questions sur les signes et symptômes, sur les facteurs de risque et sur les associations avec les maladies systémiques. Ensuite, la moyenne de ces points a été calculée pour ces questions et a donné un pourcentage de bonnes réponses. Les questions sur la pathogénèse et sur la prévalence n’avaient qu’une seule bonne réponse. Un point de 1 ou 0 a été attribué selon si la réponse était bonne ou mauvaise. Les résultats calculés ci-dessus ont été dénotés de la façon suivante : signes et symptômes, pathogénèse, facteurs de risque, associations avec les maladies systémiques et prévalence. Un résultat global de connaissances a été calculé en prenant la moyenne des cinq résultats ci-dessus. Il a été accordé ainsi le même poids à chacune des questions. Les variables signes et symptômes, facteurs de risque, association avec les maladies systémiques et résultat global de connaissances étaient de type continu alors que les variables pathogénèse et prévalence étaient dichotomiques.
Pour la comparaison entre les francophones et les anglophones, le test de Student a été utilisé pour les variables continues et le test du Chi-deux a été employé pour les variables dichotomiques. Des analyses de variance à un facteur ont permis de faire la comparaison entre les universités pour les variables continues. Le test de Levene a permis de vérifier l’homogénéité des variances. L’analyse résiduelle a permis de vérifier le postulat de normalité. Pour les variables dichotomiques, le test du Chi-deux a été utilisé pour cette comparaison. La relation entre le résultat global des connaissances et le nombre d’années d’étude en médecine interne a été étudiée à l’aide de la corrélation de Pearson. Un modèle mixte d’analyse de variance a été utilisé pour comparer le résultat global des connaissances des étudiants provenant d’une université avec faculté de médecine dentaire à ceux sans faculté. La procédure MIXED de SAS a été utilisée avec université comme facteur aléatoire pour prendre en compte de la corrélation possible entre les étudiants d’une même université. Toutes les analyses ont été effectuées avec les capacités du logiciel SAS / STAT (SAS/STAT software, Version 9.4 of the SAS System for Windows, Copyright © 2015, SAS Institute Inc., Cary, NC, USA). Un seuil de signification α = 0.05 a été retenu.
Démarches éthiques
Avant de débuter le projet, une demande d’approbation d’un projet de recherche a été transmise au Comité d’éthique de la recherche avec les êtres humains de l’Université Laval (CERUL) lors du mois de septembre 2016. À cette fin, le formulaire VRR-102 (projet étudiant) a été rempli et incluait l’état des connaissances sur la question à l’étude, la justification, l’objectif du projet et les aspects théoriques reliés à la méthodologie. Le questionnaire d’enquête, le courriel destiné aux directeurs de programme et le feuillet d’information pour un consentement implicite et anonyme ont également été joints à la demande.
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Table des matières
1. Introduction
1.1. État des connaissances actuelles sur le sujet
1.1.1. Parodontite
1.1.2. Diabète et parodontite
1.1.3. Maladies cardiovasculaires
1.1.4. Complications de la grossesse
1.1.5. Autres maladies systémiques
1.2. Connaissances des médecins et des étudiants en médecine
1.2.1. Gastroentérologues, médecins internes et médecins
1.2.2. Gynécologues et obstétriciens
1.2.3. Cardiologues
1.2.4. Étudiants en médecine interne et médecins généralistes
1.2.5. Dentistes
1.2.6. Approche collaborative
1.3. Problématique
1.4. Objectifs du projet
1.5. Hypothèse de recherche
1.6. Pertinence
2. Matériel et méthodes
2.1. Design expérimental
2.2. Population cible
2.3. Population étudiée
2.4. Calcul de la taille de l’échantillon
2.5. Critères d’inclusion et d’exclusion
2.6. Stratégie de recrutement
2.7. Questionnaires d’enquête utilisés pour la cueillette des données
2.8. Méthodologie statistique
2.9. Démarches éthiques
2.10. Sources de financement
3. Résultats
3.1. Recrutement auprès des étudiants des programmes de médecine interne33
3.2. Description de l’échantillon et données sociodémographiques
3.3. Résultats sur les connaissances de la parodontite et des liens avec les conditions systémiques
3.4. Résultats sur les pratiques cliniques
3.5. Résultats sur la formation reçue pendant le programme de médecine
3.6. Résultats sur l’opinion des répondants au sujet de leur rôle et de leur intérêt
3.7. Différences entre les universités, la langue et le nombre d’années d’étude en médecine interne
4. Discussion
4.1. Interprétation des résultats
4.1.1. Connaissances des maladies parodontales et des liens avec les conditions systémiques
4.1.2. Pratiques cliniques
4.1.3. Formation
4.1.4. Opinions des étudiants
4.1.5. Comparaison des connaissances entre les universités et le nombre d’années d’études
4.2. Taux de participation et recrutement des participants
4.3. Améliorations à la procédure expérimentale dans le cadre d’études futures
4.4. Validité externe
4.5. Limitations du projet de recherche et facteurs confusionnels
5. Conclusion
Bibliographie
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