Relations entre les Banques et les IMF

La Microfinance fait référence à l’offre de services financiers aux populations pauvres et à faibles revenus, qui ont peu ou n’ont pas accès aux services financiers bancaires, dans le but de satisfaire les besoins de leur ménage ou de leur micro ­ entreprise. Ils s’agit d’agents économiques en situation de précarité, sans revenu fixe, qui n’offrent aucune des garanties en vigueur dans les institutions bancaires commerciales. Les services financiers dont il s’agit ici sont principalement de deux types, épargne et crédit auxquels s’y ajoutent maintenant les assurances et les services de transfert. La Microfinance se définie entre autre par ses deux fonctions d’intermédiation :

• Intermédiation financière
Une institution de Microfinance a pour fonction première l’offre d’intermédiation financière. Il s’agit de transférer les capitaux ou liquidités que certains ont en surplus vers d’autres qui sont au contraire en manque de capitaux ou de liquidités. Or, la production et la consommation ne s’effectuant pas de façon simultanée, il est nécessaire de coordonner ces différences de rythmes. « La finance sous forme d’épargne et de crédit rend possible une coordination. L’épargne et le crédit deviennent plus efficaces lorsque les intermédiaires commencent à transférer les fonds provenant d’entreprise et individus qui les ont accumulé et sont prêt à offrir cette liquidité ».

• Intermédiation sociale
Pour les individus dont la situation économique et sociale défavorisée les places «en marge des frontières » de la finance formelle, l’intermédiation financière réussit souvent lorsqu’elle s’accompagne d’une intermédiation sociale.

L’intermédiation sociale prépare les groupes ou personnes marginalisés à établir des relations d’affaires solides avec les institutions de Microfinance. L’intermédiation sociale peut être définie comme la construction du capital humain et social nécessaire à une intermédiation financière pérenne destinée aux agents économiques de faible revenu.

Relations entre les Banques et les IMF

Les relations IMF/Banques commerciales remontent aux années 1996. En effet, sous l’impulsion du PNUD/FENU, des IMF ont appris à nouer des relations d’affaire avec les banques en ouvrant dans leurs livres des comptes de dépôts, en initiant des opérations courantes et en demandant des crédits de refinancement. En raison de son passé agricole et de son réseau étendu, la BOA entretient des relations privilégiées avec les IMF. Outre les services d’opérations courantes (dépôts, virements, etc.) elle accorde aux IMF des facilités de refinancement qui permettent à ces institutions de développer leurs activités de crédit. Cependant, il est à relever que le volume du refinancement accordé par cette banque au secteur n’a pas connu une évolution significative La BNI/Crédit Lyonnais a eu une expérience test en matière de refinancement d’IMF en 1999 avec un apport en garantie de 100% du PAMF du PNUD/FENU. Plusieurs autres banques ont annoncé leur intérêt pour le secteur dela Microfinance. Cependant, leur stratégie d’intervention à l’endroit du secteur est encore imprécise.

Les phases de développement du secteur de la Microfinance 

Pour savoir l’appui requis en vue de stimuler le développement du secteur de la Microfinance, il est intéressant de passer en revue la manière dont la Microfinance s’est développée dans des pays qui disposent aujourd’hui d’un secteur de Microfinance mature. On considère généralement que le développement du secteur de la Microfinance suit les 4 phases suivantes : démarrage, expansion, consolidation et intégration.

Phase de démarrage :
Durant cette phase, les activités de Microfinance sont introduites en général sous forme de projets pilotes. Les produits et services financiers sont peu diversifiés. En fait, ils sont dans une phase de test et de développement pour un marché en création. Au niveau des IMF, un accent est mis sur les ressources humaines capables de proposer des méthodologies et modalités de services et produits rentables. Au cours de cette phase, les subventions sont dominantes. On assiste vers la fin de cette période à deux phénomènes : d’un part, des échecs de projets pilotes à cause notamment de la mauvaise qualité de portefeuille de crédit, et d’autre part, la réussite de certaines expériences ayant appliqué des méthodologies adaptées au contexte et des pratiques optimales de Microfinance. En résumé, au cours de cette période, la priorité est au développement des produits adaptés à la création d’un marché pour la Microfinance.

Phase d’expansion :
C’est la phase au cours de laquelle les IMF leaders se préoccupent d’élargir la gamme de leurs opérations et de leur clientèle. Leur réussite leur permet de monopoliser une grande part du marché potentiel. D’autres IMF s’inspirent et copient leurs méthodologies. L’accent est mis sur le développement des activités et des démarches des IMF sur la mobilisation des ressources pour financer la croissance. L’expansion du secteur permet de réaliser des économies d’échelle et des résultats d’exploitation positifs. Les IMF continuent de bénéficier de subventions pour le renforcement institutionnel mais elles recourent à des prêts souples des banques, des bailleurs de fonds et de certains investisseurs pour financer leur croissance. On observe au cours de cette phase que la demande en produits et services financiers est importante mais largement insatisfaite. La priorité est au développement des institutions en vue de répondre à cette demande.

Phase de consolidation :
C’est la phase au cours de laquelle les IMF leaders se focalisent sur leur viabilité et sur la pérennité de leurs opérations. L’accent est mis sur le renforcement institutionnel. C’est en effet, une étape caractérisée par la formalisation de l’organisation interne des IMF (manuels de procédures et de gestion des produits, SIG…). Le secteur de la Microfinance se formalisant, la réglementation du secteur devient nécessaire. La concurrence est vive entre les IMF qui sont obligées d’améliorer leur productivité et d’innover pour conserver et élargir leur part de marché. Les subventions au secteur s’amenuisent et n’interviennent que sur des aspects tels que le renforcement des capacités des principaux acteurs du secteur. Au cours de cette phase, on constate que certaines IMF commencent à intégrer dans leur portefeuille de nouveaux clients (micro et petites entreprises et même PME). La priorité est accordée à l’amélioration de la réactivité aux besoins des clients et à la diversification des produits.

Phase d’intégration :
Dans la phase d’intégration, les IMF leaders font partie intégrante du secteur financier formel réglementé par la Banque Centrale et offrent une gamme de produits répondant aux besoins de la majorité des segments du marché. Cette intégration du secteur de la Microfinance au secteur financier formel permet l’accélération de la croissance et du développement économique. Cette phase est caractérisée par la disparition des subventions pour les IMF qui s’autofinancent et ont accès aux fonds commerciaux pour financer leur croissance et servir à la fois leur clientèle de base et des clients haut de gamme (MPE, PME). Au cours de cette phase, les institutions financières formelles (banques et établissements de crédit) sont de plus en plus engagées dans le secteur de la Microfinance, en créant des unités ou des départements pour fournir des produits et services à une catégorie de clients considérés comme pauvres et à bas revenus.

les principes clés de la Microfinance 

Afin d’atteindre ces objectifs qui sont de favoriser l’accès des petits producteurs exclus du circuit bancaire et de réaliser une meilleure collecte de l’épargne, c’est­à dire non thésaurisation. La CGAP a énoncé quelques principes clés :
• Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de prêts. Les pauvres ont, comme tout monde, besoin d’une vaste gamme de services financiers pratiques, souples, et d’un prix raisonnable. Selon la situation dans laquelle ils se trouvent, les pauvres peuvent avoir besoin non seulement de crédit, mais aussi d’instruments d’épargne, de services de transfert de fonds et d’assurances.
• La Microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté. L’accès à des services financiers viables permet aux pauvres d’accroître leurs revenus, de se doter d’actifs et de se protéger dans une certaine mesure des chocs extérieurs. La Microfinance permet aux ménages pauvres de ne plus avoir à lutter au quotidien pour simplement survivre mais de faire des plans pour l’avenir et d’investir afin d’améliorer leur nutrition, leurs conditions de vie, et la santé et l’éducation de leurs enfants.
• La Microfinance est le moyen de mettre des systèmes financiers au service des pauvres. Les pauvres constituent la vaste majorité de la population dans la plupart des pays en développement. Or un nombre considérable d’entre eux n’ont toujours pas accès à des services financiers de base. Pour qu’elle puisse réaliser pleinement son potentiel en desservant un grand nombre de pauvres, il faut que la Microfinance devienne une partie intégrante du secteur financier.
• Il est nécessaire d’assurer la viabilité financière des opérations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres. La plupart des pauvres ne sont pas en mesure d’avoir accès à des services financiers en raison de l’absence d’intermédiaires financiers solides offrant des services de détail. La mise en place d’institutions financièrement viables n’est pas une fin en soi. C’est la seule façon d’accroître l’envergure et l’impact des opérations de manière à porter leur volume à un niveau supérieur à ce que peuvent offrir les bailleurs de fonds. La viabilité s’entend de la capacité d’une entité fournissant des microfinancements à couvrir l’intégralité de ses coûts. Elle permet d’assurer la poursuite des opérations de l’entité en question et de la fourniture de services financiers aux pauvres. La viabilité financière passe par la réduction des coûts de transaction, l’offre de meilleurs produits et services répondant aux besoins des clients, et l’adoption de nouveaux moyens de servir les pauvres qui n’ont pas accès aux services bancaires.
• La Microfinance implique la mise en place d’institutions financières locales permanentes. Pour créer des systèmes financiers destinés aux pauvres, il faut mettre en place des intermédiaires financiers intérieurs solides en mesure de fournir en permanence des services financiers à ceux­ci. Ces institutions doivent pouvoir mobiliser et réinjecter l’épargne intérieure dans l’économie, accorder des crédits et fournir toute une gamme de services.
• Le microcrédit n’est pas toujours la solution. L’octroi de microcrédit n’est pas nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans toutes les situations. Les indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n’ont ni revenus ni moyens de rembourser un emprunt doivent recevoir d’autres formes de soutien avant de pouvoir emprunter. Souvent, il vaut mieux faire de petits dons, améliorer les infrastructures, mettre en place des programmes d’emploi et de formation et fournir d’autres services non financiers pour lutter contre la pauvreté. Dans toute la mesure du possible, ces services non financiers doivent aller de pair avec la constitution d’une épargne.
• Le plafonnement des taux d’intérêt peut nuire à l’accès des pauvres aux services financiers. Il est beaucoup plus onéreux d’accorder un grand nombre de petits prêts qu’un petit nombre de prêts de montant élevé. À moins que les fournisseurs de microfinancements ne puissent demander des taux d’intérêt nettement supérieurs aux taux moyens des prêts bancaires, ils ne seront pas en mesure de couvrir leurs coûts, de sorte que leur croissance et leur viabilité sont tributaires d’une offre très limitée et incertaine de financements à des taux bonifiés. Lorsque les pouvoirs publics réglementent les taux d’intérêt, ils fixent généralement ces derniers à des niveaux trop bas pour que les opérations de microfinancement puissent être viables. Toutefois, il importe aussi que les fournisseurs de microfinancements ne répercutent pas les coûts que pourraient entraîner des inefficacités dans leurs opérations sur leurs clients en fixant leurs prix (taux d’intérêt et autres commissions) à des niveaux nettement supérieurs à ce qu’ils devraient être.
• Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers, mais non les fournir directement. Les autorités nationales jouent un rôle important en menant une action favorable au développement des services financiers tout en protégeant l’épargne des pauvres. Les mesures les plus favorables au microfinancement qu’un gouvernement peut prendre consistent à assurer la stabilité macroéconomique, à ne pas plafonner les taux d’intérêt, et à éviter d’introduire sur le marché les distorsions qu’engendrerait la poursuite de programmes de prêts bonifiés non viables et sources d’arriérés considérables. Les autorités peuvent aussi appuyer les services financiers destinés aux pauvres en améliorant le climat des affaires, en luttant contre la corruption, et en améliorant l’accès aux marchés et à l’infrastructure. Dans certains cas, en l’absence d’autres financements, l’État peut avoir de bonnes raisons de financer des institutions de microfinancement indépendantes et solides lorsqu’il n’existe pas d’autres financements.
• Le manque de capacités institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle. La Microfinance est un domaine spécialisé qui conjugue les services bancaires à des objectifs financières aux instances de réglementation et de contrôle et aux systèmes d’information, jusqu’aux organismes de développement de l’État et aux bailleurs de fonds. La majeure partie des investissements, publics et privés, effectués à ce titre devrait viser le renforcement des capacités.
• L’importance de la transparence des activités financières et des services d’information. Il est indispensable de disposer d’informations exactes, comparables et présentées selon un format standard sur les résultats financiers et la performance sociale des institutions financières qui fournissent des services aux pauvres. Les organes de contrôle et de réglementation des banques, les bailleurs de fonds, les investisseurs et, surtout, les pauvres qui sont les clients des services de microfinancement, doivent avoir accès à ces informations pour bien évaluer les risques et les avantages de leurs opérations.
• Les financements bonifiés des bailleurs de fonds doivent compléter les capitaux du secteur privé, ils ne doivent pas les remplacer. Il importe que les bailleurs de fonds utilisent, pendant un temps, des instruments appropriés de don, de prêt et de participation pour renforce les capacités institutionnelles des prestataires de services financiers, développer l’infrastructure nécessaire, et appuyer des services et produits innovants. Dans certains cas, il leur faudra peut être fournir plus longtemps de financements bonifiés pour pouvoir atteindre des groupes de population qui sont difficiles à toucher parce qu’ils vivent dans des régions faiblement peuplées ou pour d’autres raisons. Pour que leur appui financier soit efficace, les bailleurs de fonds doivent chercher à intégrer les services financiers axés sur les pauvres dans les opérations des marchés financiers locaux ; faire appel à des compétences spécialisées par la conception et la mise en œuvre des projets ; exiger que les institutions financières et les autres partenaires respectent des normes de performance minimales pour continuer à bénéficier d’un appui ; et planifier dès le début leur stratégie de désengagement .

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Table des matières

Introduction
Partie I : Approche globale de la Microfinance
Chapitre I : Généralité sur la Microfinance à Madagascar
I ­ Définition
II ­ Historique
a/­La genèse de la Microfinance à Madagascar
b/­Relations entre les Banques et les IMF
c/­Les phases de développement du secteur de la Microfinance
III ­ les principes clés de la Microfinance
IV­ Impact de la Microfinance
Chapitre II : La Microfinance et Institution de Microfinance à Madagascar
I ­ Politique nationale de Microfinance
a/­Actions du gouvernement
b/­Un cadre de libre marché
c/­Responsabilités des acteurs
II ­ Cadre règlementaire
III ­ Les acteurs de la Microfinance à Madagascar
a/­Les offreurs
b/­Associations professionnelles
c/­L’Etat
d/­Les financeurs
e/­La clientèle
IV ­ Les Institutions de Microfinance à Madagascar
a/­Définition
b/­Les différents types d’Institution de Microfinance
V ­ les services offerts selon les Institutions de Microfinance
Partie II : Evaluations des activités et quelques recommandations
Chapitre I : Evaluations des activités
I ­ Evolutions des activités du secteur
a/­Taux de pénétration et nombre d’adhérent
b/­Les nombres de caisse et de crédits disponible
c/­Les volumes d’épargnes collectées
d/­Les natures des crédits
II ­ Avantages et limites de la Microfinance
II­1 Les avantages de la Microfinance à Madagascar
a/­Avantage au niveau microéconomique
b/­Avantages au niveau mesoéconomique
c/­Avantages au niveau macroéconomique
II­2 Les limites de la Microfinance à Madagascar
a/­Limites au niveau microéconomique
b/­Les limites au niveau mesoeconomique
c/­Limites au niveau macroéconomique
ChapitreII : Recommandations
a/­Recommandations pour le gouvernement
b/­Recommandations pour la banque centrale
c/­Recommandations pour la CSBF
d/­Recommandations pour la CNMF
e/­Recommandations pour les IMF
f/­Recommandations pour les bailleurs de fonds
g/­Recommandations pour les associations professionnelles
Conclusion
Annexes
Bibliographie

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