RELATION ENTRE LES MOUVEMENTS MIGRATOIRES ET LA DÉGRADATION FORESTIÈRE

La dynamique et structure de la population

              La pyramide des âges de la population de la commune rurale de Beahitse montre que c’est une population jeune et nataliste. Cela explique d’ailleurs le fait que les enfants et les jeunes sont largement majoritaires. Cette pyramide en forme de parasol est composée en moyenne par 16,13% des enfants de moins de 5ans. Les enfants scolarisables de 6ans à 15 ans représentent 29,01% de la population. Les populations théoriquement actives représentent en moyenne 54,65% de la population. Les restes sont représentés par des personnes âgées en charge pour la famille. Cette structure de la population est encore susceptible de continuer une croissance accélérée. D’ailleurs, les jeunes femmes dans cette localité ont généralement mis au monde leur première enfant à l’âge de 16ans. C’est justement la raison pour laquelle on dit que dans cette commune, la population est très nataliste.

La communauté de Beahitse : une population nataliste

                   Les femmes Mahafaly se marient assez tôt, c’est-à-dire à partir de l’âge de 12, 14 ans (source PCD). Cette situation permet à une femme de mettre au monde au moins plusieurs enfants avant la ménopause. Cela va entraîner davantage à accroitre la taille moyenne des ménages. Mais ce qui dit importance de la taille de ménage dit une croissance démographique galopante. Ce rythme de croissance a été maintenu jusque vers le début des années 2000 durant lesquelles le gouvernement a vulgarisé la politique de régularisation de naissance ou «planning familial» En effet cette nouvelle politique sociale a été vulgarisée au niveau des centres de santé de base de niveau II au niveau de chaque commune depuis l’année 2004. Face au problème d’insuffisance alimentaire généralisé, la vie socio économique dans le milieu rural malgache est très dure. Cette politique a rapidement été reçue par les couches les plus vulnérables. Pendant la première année de lancement, la mesure contraceptive a déjà intéressé plus de 20% des femmes dans la commune de Beahitse. Parmi eux, 92% des patientes prennent les comprimées, 8% restantes choisissent l’injection. Cette mesure a des répercussions palpables sur la croissance démographique à travers cette commune.

Effet des migrations sur les ressources

L’effet direct des migrations dans la localité de Beahitse sont nombreuses :
La saturation de l’espace : l’arrivée massive des migrants et des transhumants ne font qu’augmenter les espaces occupées par la population et diminue les espaces forestiers. Une fois que les migrants et les transhumants accèdent aux ressources, ils cultivent car seule la mise en valeur agricole des espaces leur garantissent d’être maître de la terre qu’ils occupent.il y a donc une grande conversion des espaces forestiers en terre de culture et aussi la diminution des pâturages due à la saturation de l’espace ce qui pousse les troupeaux des transhumants vers l’intérieur de la forêt du parc ou des forêts transférées. La saturation de l’espace au détriment des ressources pastorales et au profit des champs vient renforcer les difficultés de pâturages en saison sèche.
Le défrichement : le défrichement d’aujourd’hui est dû en quelques sortes à la saturation de l’espace exploitable. Le défrichement existe mais diminue seulement d’année en année.
Les feux : les feux que ce soit des feux de défrichement ou des feux de pâturages pratiqués systématiquement par les transhumants et les autochtones sont parfois non contrôlées, s’étendant en général dans la forêt et causent des dégâts lourdes de conséquences sur la forêt sèche d’où la répression massive des gendarmes avec les responsables de la commune, avec les responsables du parc, des COBA. Le défrichement existe toujours mais diminue seulement ; la question de feux est complexe car elle concerne des acteurs aux intérêts différents et en partie contradictoires. Par exemple, les autochtones mettent les feux pour empêcher les transhumants de se migrer vers leurs zones de pâturages. Par l’action des feux, on note que la surface des savanes augmente proportionnellement avec les feux.
L’habitation : grâce à la présence des transhumants et des migrants, on constate que les villages, dans la partie Ouest de Beahitse, principalement dans le fokontany de Beombe – Marofototse sont éparpillés suivant la présence d’espace exploitable et utilisable par la population. Cette dispersion des habitations est un signe de désaccord entre chaque groupe de population présente. Ce système d’habitation non groupé rend difficile la tache des responsables locaux (maire, gendarme, agent du parc, WWF…) en matière de communication des informations, sur le coté d’application des lois et règlements, sur l’échec de l’organisation de la population. Il faut aussi souligner que ce système d’habitation offre d’énormes avantages à la population sur leurs activités illicites de toutes sortes. Ce système favorise aussi l’arrivée et la présence des nouveaux migrants exploitant illicitement l’espace.

Causes directes de la dégradation des ressources forestières

                  Avec la croissance démographique et l’activité pastorale (car il y a conflit entre éleveur et agriculteur), les terres cultivables deviennent rares, et pour faire face à leurs besoins alimentaires, la population doit soit augmenter la productivité ou soit agrandir les surfaces à cultiver. Or, l’amélioration de la productivité demande un effort difficile surtout sur le plan financier pour la population locale à cause du faiblesse de leur niveau de vie qui ne peut pas s’offrir les moyens adéquats tant matériels que financiers pour atteindre ses buts. L’extension des surfaces cultivables pose aussi des problèmes car les terres cultivables à bonne valeur agricole sont déjà prise, il n’y a plus que des terrains sans valeur, détestée de tout le monde qui reste libre et sans maitre. La solution qui existe aussi sur place est la suivante : passer un accord avec celle qui possède des terrains de bonne qualité pour cultiver mais cela est une chose difficile pour les migrants car ils doivent payer de l’argent ou autres selon le contrat (bœuf, mouton ou chèvre…) alors que la production n’est pas certaine vu les mauvaises conditions climatiques de la zone. Face donc à cette situation, la population qu’elle soit des immigrants ou des autochtones se tournent vers la forêt pour leurs activités agricoles car les terres forestières offrent de meilleur rendement, sans grande effort, moins de dépenses et pourtant la production est bonne par rapport à la culture. C’est pourquoi l’augmentation des surfaces cultivables dans cette zone se fait souvent au détriment des forêts suite à la conquête de nouvelles terres. La conversion des terres forestières au profit des terres cultivées, les bois de construction et les bois de chauffe et les feux liés au renouvellement des pâturages restent de près les principales causes de dégradation de la forêt dans cette zone si on se réfère aux données issues des enquêtes : C’est la méthode agricole non durable. Les systèmes de production utilisés, la gestion des espaces et la gestion des ressources actuelles de la population locale ne coïncident pas à une gestion durable des ressources forestières. Les systèmes actuels sont inadaptés à une gestion à long terme des ressources. La population est pauvre et sans avenir certaine, elle doit s’occuper de ce qu’il doit à manger aujourd’hui, elle a besoin de quoi manger maintenant. Elle n’a plus la faculté de voir loin car la pauvreté est tellement grave qu’elle n’arrive même plus à discerner le bon du mal, le juste et pas juste. Leur vie ne voie que le court terme, les conséquences économiques à long terme ne sont pas prises en compte. L’insuffisance des connaissances agit donc sur tous les points. Ce qui empêche toujours les responsables locaux de prendre des mesures adéquates de conservation. Par exemple, au niveau du VOI, on constate un permis illicite délivré par le président du COBA. Le non respect du nombre de bois coupé, pas de contrôle rigoureux effectué par le COBA des bois coupés, de l’espèce, de l’espace de prélèvement, le détenteur du permis ira tout seul dans la forêt et coupe le bois sans respecter les procédures officielles, ne suit pas ce qui sont indiqués dans le permis. Plusieurs membres du VOI sont arrêtés et emmenés au niveau de la mairie et de la gendarmerie. Pour une affaire de ce genre, on note 5 à 6 personnes saisies annuellement. Selon la nature des infractions, les punitions vont de la contravention, de l’amende jusqu’à un emprisonnement de 3 mois pour les défrichements ou les feux. Mais ceux qui sont concernées n’arrivent même pas à honorer jusqu’à la fin leur peine et on les relâche. Presque chaque semaine, on entend toujours une plainte venant des membres du VOI qui se plaignent au près de la mairie, de l’AGP du non respect des règlements internes et des cahiers des charges du VOI. Il est donc clair que les prélèvements totaux des COBA sur les ressources dépassent largement le droit total du COBA et cette situation est surtout due à l’insuffisance de contrôle du service des eaux et forêt et du promoteur.

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Table des matières

SIGLES ET ABRÉVIATIONS
I- INTRODUCTION
II- METHODOLOGIE
2.1- Problématiques
2.2- Hypothèses
2.3- Etats des connaissances
2.3-1. Situation géographique de la commune rurale de Beahitse : zone d’étude
2.3-2. Historique de la colonisation de la zone
2.3-3. La population
2.3-4. Le climat
2.3-5. Manque d’eau, insuffisance de pluie
2.3-6. Le relief et les sols
2.3-7. La végétation
2.3-8. Ressources minières
2.3-9. Un défrichement massif et irréversible de la forêt
2.3-10. Les exploitants permanents des zones de transhumance
2.4- Conception d’outil de collecte de données
2.5- Méthode de collecte des données
2.5-1. Les études socio-économiques
2.5-2. Les travaux sur terrain
2.5-2.1. La collecte des données
2.5-2.2. Les entretiens
2.5-2.3. Les relevées sur terrain et observations directes
2.5-2.4. Les enquêtes
2.5-2.5. Choix des villages étudiés
2.5-2.6. Zone d’enquête
2.6- Méthode d’analyse des données
2.7- Limites de la méthodologie
III- RÉSULTATS
3.1- Caractéristiques de la zone d’étude
3.1-1. La commune rurale de Beahitse : une zone de concentration humaine
3.1-2. Les facteurs d’attraction de la population
3.1-2.1. Les conditions déterminant la croissance démographique à Beahitse
3.1-2.2. La condition historique et administrative
3.1-2.3. Les conditions physiques et climatiques
3.1-2.3.1. La structure morphologique
3.1-2.3.2. La condition pédologique
3.1-2.3.3. La condition climatique
3.1-2.3.4. Le système hydrographique
3.1-2.4. La présence des ressources forestières
3.1-2.5. La condition économique
3.1-2.5.1. La dynamique et structure de la population
3.1-2.5.2. La communauté de Beahitse : une population nataliste
3.2- Les ressources et leurs accès favorisent la migration
3.2-1. Caractérisation des migrants
3.2-1.1. Les transhumants
3.2-1.2. Les migrants autochtones
3.2-1.3. Les migrants récents
3.2-2. Effets des migrations
3.2-2.1. Effet des migrations sur les ressources
3.2-2.2. L’effet de la migration sur la croissance démographique
3.2-3. Utilisation et exploitation des ressources
3.2-3.1. État des lieux des ressources
3.2-3.2. Usage et pression sur les ressources naturelles
3.2-3.2.1. La construction des cases
3.2-3.2.2. Le feu de culture et ceux du pâturage
3.2-3.2.3. Le défrichement
3.2-3.2.4. Les autres besoins en bois
3.2-4. Mode d’accès aux ressources : ressources forestières et foncières
3.3- Les conflits d’intérêt entre migrant et autochtone
3.3-1. Motivations du phénomène de migration
3.3-1.1. Domaine de collaboration
3.3-1.2. limite des migrants face aux autochtones
3.4- L’absence des règlements favorise la dégradation des ressources
3.4-1. Les facteurs de dégradation des ressources : quantité de ressources prélevées
3.4-1.1. Causes directes de la dégradation des ressources forestières
3.4-1.2. Causes indirectes favorisant la dégradation des ressources
3.4-1.3. La sédentarisation une source indéniable de la dégradation des ressources
3.4-2. Mode d’exploitation et utilisation des ressources
3.4-3. Mode de gestion des ressources
3.4-4. Evolution des cadres législatifs et réglementaires
3.4-4.1. Problèmes au niveau de la commune
3.4-4.2. La pauvreté rurale
3.4-5. Conclusion partielle : les pratiques des paysans immigrants et la déforestation
IV- DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1- Les atouts et les limites de la gestion communautaire des ressources forestières
4.1-1. Les atouts : les capacités organisationnelles locales
4.1-2. Les limites de la gestion communautaire des ressources
4.1-3. Proposition pour une gestion communautaire des ressources forestières
4.1-4. Adapter les règlementations aux problèmes
4.2- Réflexions et propositions pour l’aménagement des terroirs
4.2-1. Quelques principes directeurs
4.2-2. Atouts, contraintes et axes d’interventions pour la commune de Beahitse
4.2-3. Solutions intégrées face aux phénomènes de migrations et de transhumance
4.2-4. exigence d’organisation sociale
4.2-5. Des pouvoirs légitimes à intégrer dans la gestion locale
4.2-6. Un appui à la gestion des zones d’accueil des transhumants et des migrants
4.2-7. La croissance démographique, fléau pour l’environnement
4.2-8. Les facteurs de durabilité sociale de la gestion communautaire des ressources forestières et foncières
V- CONCLUSION
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE
ANNEXES

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