-Relation entre la productivité et les variables envirormementales
MATERIEL ET MÉTHODES ,Site d’étude et système d’élevage
La communauté rurale de N’Diagne se trouve dans la région nord du Sénégal (Figure 1 ), en zone sahélienne. Cette région est caractérisée par l’alternance d’une courte saison des pluies (3 à 4 mois) et d’une longue saison sèche (8 à 9 mois) (CIRAD-IEMVT, 1991). L’année se découpe de la manière suivante : saison des pluies ou hivernage de juillet à septembre, posthivernage en octobre, saison sèche « fraîche » de novembre à février, saison sèche chaude de mars à mai et pré-hivernage en juin (Faugère et al. , 1989). La pluviométrie moyenne de la région sur l’ensemble de la période d’étude (1984 à 1995) est de 300mm d’eau cumulés par an. Elle présente de fortes variations interammelles avec des valeurs minimale et maximale de 173.6 et 447.7mm entre 1984 et 1995. Le relief dunaire de la région est atténué, couvert d’une strate herbacée composée de graminées ammelles, et d’une strate ligneuse essentiellement composée d’acacias dont les feuilles et gousses procurent un fourrage apprécié des animaux (CIRAD IEMVT, 1991). Dans les zones les plus pâturées, la strate herbacée disparaît presque totalement en saison sèche (Clément et al. , 1997). L’alimentation est la contrainte principale 2 de l’élevage en milieu sahélien et de nombreux éleveurs complèmentent leurs animaux au moins durant la saison sèche (fanes d’arachide, tourteaux) pour assurer la subsistance du troupeau (Moulin, 1993). A N’Diagne, l’ethnie Wolof est majoritaire. Les Wolof possèdent des petits troupeaux familiaux (15 ovins environ), généralement strictement monospécifiques. L’ élevage est de type traditionnel et extensif. D’octobre à mars, les troupeaux de concession d’un même village, définis comme l’ensemble des animaux passant la nuit dans la même concession (Moulin et al., 1994), sont regroupés en troupeaux villageois et exploitent les résidus de culture (Tillard et al. , 1997). A partir d’ avril, les animaux sont laissés en divagation sur les parcelles non cultivées et les parcours naturels. Les ovins exploités par l’ethnie Wolof sont de race Peul-Peul, Touabir et métis Peul-Touabir (Walaré) (CIRAD-IEMVT, 1991). Ils sont de grand format, les femelles atteignant environ 30 kg à l’âge adulte. Les troupeaux sont essentiellement constitués de femelles (70 à 75 % de l’effectif) dont la carrière peut être longue (au delà de 9 ans) (Clément et al. , 1997, CIRAD-IEMVT, 1991). Dans la zone de Louga, environ 25% des femelles ont plus de quatre ans et près de 10% ont plus de 6 ans (CIRAD-IEMVT, 1991 ). La régularité des pyramides des âges des femelles rend compte d’une gestion équilibrée de celles-ci. Les mâles sont quant à eux exploités très jeunes (seuls 15% des béliers ont plus de lan). Les animaux font en effet l’objet d’une importante spéculation lors de fêtes religieuses telles que la Tabaski. Ils sont également fortement exploités pour leur viande, ou pour des besoins en liquidités nécessaires à l’achat d’autres denrées alimentaires, lors des périodes de soudure alimentaire (CIRAD-IEMVT, 1991; Moulin, 1993 ; Tillard et al. , 1997). Le taux d’exploitation est de 3 5% environ en zone sahélienne, il est surtout caractérisé par la vente des animaux (75% de l’exploitation des troupeaux de Louga) (Tillard et al., 1997). Pour la communauté rurale de N’Diagne, l’âge moyen à la première mise bas est de 17 mois et il n’y a en général qu’une mise bas par an. On observe un pic de naissances en saison sèche : 75% des naissances ont lieu de novembre à mars (CIRAD-IEMVT, 1991; Clément et al., 1997). Ces mises bas correspondent à des fécondations au cours de la saison des pluies lorsque le couvert herbacée offre de meilleurs conditions d’alimentation. Le seuvrage a lieu vers 5 ou 6 mois. La faible fécondité des ovins de N’Diagne (97% contre 128% au centre du Sénégal et 140% au sud) est compensée par une forte survie (13% à N’Diagne contre 18 et 27% au centre et au sud du Sénégal) malgré des contraintes environnementales importantes (CIRAD-IEMVT, 1991).
Les données ,0rigine des données démographiques
Dans le cadre du programme Pathologie et Productivité des petits Ruminants en milieu traditionnel, mené conjointement par l’ISRA et le CIRAD-IEMVT entre 1983 et 1997, 10 villages et 119 troupeaux ont été suivis dans la communauté rurale de N’Diagne (Moulin, 1993). Les suivis ont été effectués dans un rayon de 10 à 20 krns autour des villes pour la facilité d’accès aux troupeaux et selon l’acceptation du suivi par les éleveurs. L’enquête s’articulait autour d’un suivi démographique des troupeaux (naissances, acquisition, mortalité ( cause, âge), vente, échange, abattage, rythme de reproduction, type de mise bas, prolificité .. . ) qui a permis la récolte de nombreuses données fiables. Pour notre étude, seules les données concernant les troupeaux présents en 1984 et les troupeaux n’ayant pas présenté d’arrêt de suivi entre 1985 et 1995 ont été utilisées. Ces données ont notamment permis lors d’un travail précédent (Lesnoff, 2000), l’estimation de paramètres démographiques naturels : 3 fécondité et mortalité. Lors de cette étude, la fertilité a été estimée par un modèle linéaire généralisé avec une fonction de lien logistique. La mortalité a été estimée par un modèle non paramétrique pour données groupées : modèle linéaire généralisé avec lien log-log complémentaire (Prentice & Gloecker, 1978; Bartlett, 1978). Les paramètres ont été ajustés par le facteur année. Lors de l’étude effectuée par Lesnoff sur les données de 1992 à 1995 (Lesnoff, 2000), la prolificité n’a pas montré d’action dans les variations interannuelles de la productivité. Seule la relation entre la fertilité et les variables environnementales a donc été étudiée dans notre étude. Les paramètres démographiques naturels de la population d’ovins de la communauté rurale de N’Diagne, estimés à partir des modèles décrits précédemment, ont été définis comme suit : La mortalité est la probabilité de mort naturelle pour un animal présent dans le troupeau. La probabilité de mise bas est la probabilité de mettre bas au moins un produit né vivant pour une femelle présente dans le troupeau. Dans cette étude, la probabilité de mettre bas est également appelée « fertilité » bien qu’elle ne corresponde pas au sens zootechnique conventionnel. La prolificité est le nombre moyen de produits nés vivants par mise bas pour une femelle présente dans la population. la fécondité est le nombre moyen de produits nés vivants par femelle présente dans la population. Elle correspond au produit de la fe1iilité par la prolificité. Dans notre étude, nous avons réalisé des regroupements par saisons et selon différentes classes d’âge afin de pouvoir suivre l’évolution inter et intra-annuelle des paramètres démographiques en fonction des paramètres environnementaux. Des moyennes arithmétiques ont été effectuées pour avoir des fertilité et mortalité moyennes par quinzaine. C’est à partir de ces paramètres moyens qu’ont été calculés les taux de productivité annuel de la population (Lesnoff, 2000). La productivité désigne une mesure du potentiel productif biologique. Il existe donc différentes mesures possibles de celle-ci. Elle peut être mesurée, par exemple, par le rapport entre les quantités produites (numériques, pondérales, financières .. . ) et les moyens de productions mis en œuvre (Lesnoff, 2000). Elle peut également être définie comme le rapport entre ce qui entre dans la population et ce qui en sort (Bosman et al. , 1997). Nous avons retenu comme indice de productivité une synthèse des paramètres démographiques naturels (fécondité et mortalité). Il peut être mesuré par un modèle matriciel de Leslie (Leslie, 1945). Dans ce cas, le taux de productivité annuel est le taux d’accroissement annuel de la population ou taux de multiplication. Il est donné par la valeur propre dominante de la matrice de projection amrnelle A1 de la population et est nommé La population d’ovins de N’Diagne est soumise à l’exploitation et l’importation d’animaux. Dans notre étude, nous considérons un taux de productivité maximal de la population : Il est défini comme le taux de multiplication qu’aurait la population en absence d’imp01iation et d’exploitation d’animaux dans les troupeaux pour une année t. Les estimations des paramètres démographiques et les calculs du taux de productivité maximal annuel de la population ont été effectués au cours de l’étude réalisée par Lesnoff (Lesnoff, 2000) et ont été repris ici. Ce taux de productivité a été calculé à partir d’un modèle matriciel périodique dans lequel l’année est discrétisée en périodes appelées phases (Skellam, 1967; Caswell, 1989). Dans notre étude, l’année correspond à l’exercice agricole allant du mois de juillet d’une année au mois de juin de l’année suivante et est discrétisée en 24 quinzaines. Le vecteur d’état de la population, dont les composantes représentent l’effectif de la population par classe d’âge et par phase, est donné en début de quinzaine k + 1 par: 4 x(k+ 1) B1x(l) où Bk est une matrice de Leslie contenant les paramètres démographiques de la quinzaine k et x(l) est le vecteur d’état de la population au début de la première quinzaine de l’année. A la fin de l’année, le vecteur d’état de la population est : x(25) = = Ax(l) A est la matrice de projection annuelle de la population. Le détail du modèle matriciel périodique utilisé pour le calcul du taux de productivité ammelle est décrit en annexe. Un tel modèle a l’avantage de limiter les risques d’interférences entre les paramètres (Lesnoff, 2000). De plus, le cycle de reproduction des ovins étant inférieur à un an, il permet de prendre en compte les distributions intra-annuelles des événements démographiques qui interagissent dans la population.
|
Table des matières
]-INTRODUCTION
2-MATERIEL ET METHODES
2.1-Site d’étude et système d’élevage
2.2-Les dom1ées
2.2.1-0rigine des données démographiques
2.2.2-0rigine des données climatiques
2.3-Analyse L TRE
3-RESULTATS
3.1-Description des variables environnementales
3.2-Relation entre la productivité et les variables envirormementales
3.2.1-Le
3.2.2-La fertilité
3.2.3-La mortalité
3.3-Analyse LTRE
4-DISCUSSION-CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
Télécharger le rapport complet