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Inventaire de lémuriens
L’étude sur terrain utilise la méthode d’inventaire standard « de transect linéaire » (Whitesides et al. 1988 ; Bennun et al. 2002). Elle permet d’estimer la densité des primates dans les zones d’étude en faisant des comparaisons entre sites, et d’en déduire quels facteurs affectent leurs nombres. Donc, elle fournit une opportunité d’améliorer les informations sur l’écologie, l’abondance, et l’interaction entre ces animaux et l’homme.
Dix transects de 1 km ont été établis. Ils sont représentatifs de l’ensemble de l’écosystème. Les transects sont marqués tous les 25 m à l’aide de rubans en plastique (flag) colorés. Chaque transect a été prudemment fait de manière à ne pas abîmer l’écosystème. Notons que les pistes ne sont pas parfaitement droites due au relief ou des obstacles qui ont obligés les équipes du recensement à dévier (falaise, vallées trop escarpées, etc.). Au départ, 12 transects ont été envisagés, mais du point de vue faisabilité, seulement dix ont été effectués (transects 1 et 3 ont été abandonnés).
A chaque rencontre avec un animal ou groupe d’animaux, les paramètres suivants sont notés : l’espèce, l’heure de rencontre, les cordonnées de l’endroit (piste, distance en mètre), le nombre d’individus rencontrés ainsi que leur âge respectif (Adulte, Subadulte, Enfant) et leur sexe si possible, la distance perpendiculaire (entre la ligne d’inventaire et le centre du groupe), la distance d’observation (entre l’observateur et le centre du groupe), les conditions climatiques (couverture nuageuse, pluie), la hauteur où se trouve l’animal, l’activité.
Un même effort d’observation (2 heures) est investi pour chaque transect. Les observations effectuées par jour se répartissent comme suit : matin : 8:00 à 10:00 ; midi : 11:30 à 13:30 ; nuit : 18:00 à 20:00. En somme, le travail a duré 58 jours (22 juillet – 26 septembre 2010), soit 170 observations (130 diurnes et 40 nocturnes). Le recensement a été réalisé par deux équipes. Le recensement se fait soit par des observations directes, soit par le biais des signes de présence (fèces, trace d’activité alimentaire, cris).
Structure d’habitat
Lors du recensement, le maximum de données possibles a été collecté, en utilisant deux méthodes. La première méthode consiste à quantifier les différents paramètres indiquant l’existence des pressions d’origines anthropiques (nombre de bois coupés, pièges fonctionnels, fréquentation humaine et des bétails, etc.). Ces données ont été assemblées lors des traçages des transects (sur une surface de 1000 m x 20 m). La deuxième se focalise sur les collectes des données botaniques (structure de la canopée, dominance des arbres, couverture végétale,…), ainsi l’aide des botanistes spécialisés (de l’association MAINTSOANALA, Mahatsinjo) est requise. Pour chaque transect d’inventaire des lémuriens, l’équipe botanique a installé trois petits transects (perpendiculaires à ceux du recensement) de 100 m de longueur et 10 m de largeur, distants de 300 m. Dans chaque transect, l’équipe a recensé la richesse spécifique des arbres, le DBH, le diamètre de couronne.
Calcul de densité
Les densités relatives des différentes populations de lémuriens recensés lors des observations sont estimées à l’aide de la formule de Whitesides et al. 1988 :
D : densité estimée : Somme des effectifs des animaux rencontrés (N).
S : surface estimée.
W : moyenne de distance perpendiculaire.
L : longueur de la ligne d’inventaire (cumulé).
Richesse spécifique
Basé sur la présence et l’absence des espèces dans chaque transect (Tableau II), l’indice de Jaccard a été calculé pour déterminer si la composition spécifique des communautés lémuriennes dans les différents types d’habitats (transects) est similaire ou non.
Cet indice est donné par la formule suivante : N1 = richesse spécifique présente dans le site 1 (transect), N2 = richesse spécifique présente dans le site 2 et C = nombre d’espèces communes aux deux sites.
Ces coefficients ont été ensuite traités avec le logiciel SYSTAT.10 afin de produire un dendrogramme basé sur les affinités de lémuriens des transects considérés.
Analyse statistique
Trois types de test statistique ont été utilisés pour analyser les données : la corrélation de Spearman, afin de déterminer l’influence de chaque menace sur les lémuriens (pour les différentes espèces et les guildes1) ; l’analyse de variance (ANOVA) pour connaître s’il y a différence significative ou non entre les densités des espèces étudiées ; et le test de Kruskal-Wallis pour savoir si les différents paramètres (nombre d’arbre par ha, aire de base,…) qui caractérisent l’habitat sont distribués d’une manière significative ou non. Notons que pour mieux sentir l’influence des pressions humaines sur les lémuriens, ces animaux sont classés en trois groupes ou « guildes » selon les critères suivants : les régimes alimentaires (frugivores, folivores, frugivores-folivores) ; le mode de vie (diurne, nocturne) ; la taille de l’individu ; et les exigences écologiques (strate occupée, hauteur et taille des arbres, structure de canopée…).
Test de Kruskal-Wallis (Zar, 1984)
C’est un test non paramétrique, il permet de vérifier l’indépendance des distributions des échantillons (K échantillons). Comme dans chaque test non paramétrique, le calcul ne porte pas sur les valeurs numériques des mesures issues des échantillons représentatifs des populations, mais sur leurs rangs attribués suite au classement des valeurs par ordre croissant (moyenne des rangs). Ceci conduit à poser deux hypothèses:
– l’hypothèse nulle H0 : les échantillons sont pris d’une seule distribution (les moyennes de rang des groupes ne sont pas différentes).
– et l’hypothèse alternative H1 : les échantillons sont pris des distributions distinctes (il existe au moins une moyenne différente des autres).
– On commence par classer dans un ordre croissant l’ensemble des mesures de tous les groupes (échantillons) étudiés.
– On calcule le somme des rangs des valeurs de chacun des k groupes ainsi que la somme totale des rangs de tous les groupes.
– On calcule le rang moyen (Ri) pour chaque groupe ainsi que le rang moyen total (R). Ainsi, dans l’hypothèse nulle, l’écart moyen entre les Ri et R doit être minime, contrairement au cas où l’un des groupes se distingue des autres.
Analyse de la distribution des densités (ANOVA à deux facteurs)
La variation de la densité de chaque espèce de lémurien d’Ankadivory n’est pas significative (p = 0,067 > 0,05 ; F = 2,032), alors les transects n’ont pas probablement d’effet sur la distribution de la densité. Toutefois, la différence de densité de communauté lémurienne est significative (p = 0,015 > 0,05 ; F = 3,263), ainsi le facteur espèce a un effet sur la variation observée. Le nombre d’individu par km2 de forêt est donné par le tableau ci-dessous :Concernant les espèces diurnes et cathémérales, les densités d’E. fulvus et H. griseus dans la forêt d’Ankadivory sont relativement élevées par rapport à P. diadema et E. rubriventer. La densité d’E. fulvus varie de 0 (transect 2, 11) à 103,89 (transect 8) ; pour H. griseus elle change de 0 (T5) à 165,58 (T8) ; pour E. rubriventer, elle est nulle pour T2, T6, T8 et s’élève à 30,77 pour T5 ; enfin pour P. diadema, elle varie de 0 (T2, T5, T6, T7, T8, T11 et T12) à 21,8 (T9).
Pour les deux espèces nocturnes, l’abondance d’A. laniger est moins importante par rapport à celle de L. mustelinus. La densité de L. mustelinus est nulle pour T2, T7, T11, et elle est maximale pour T8 (170,56) ; elle varie de 0 (T5) à 62,5 (T11) pour A. laniger.
Donc, d’une manière générale la densité de chaque espèce varie selon la qualité de l’habitat. Elle est plus élevée pour les animaux présents dans T8 (par rapport au reste des transects) sauf pour A. laniger.
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Table des matières
I. Site d’étude
I.1. Localisation du site d’étude
I.2. Faune
I.3. Végétation
I.4. Hydrogéologie
I.5. Climat
II. Méthodologie
II.1. Inventaire de lémuriens.
II.2. Structure de l’habitat
II.3. Calcul de densités
II.4. Richesse spécifique
II.5. Analyse statistique..
III. Résultats et Interprétations
III.1. Recensement
III.2. Habitat
III.3. Analyse de la distribution des densités (ANOVA à deux facteurs)..
III.4. Analyse des relations entre l’écologie, les pressions humaines et la densité lémurienne (corrélation de Spearman)
III.4.1. Relation entre la densité des arbres (DBH ≥ 10) et celles des lémuriens .
III .4.2. Relation entre les pressions anthropiques et la diversité des arbres
III.4.3. Relation entre les pressions anthropiques
III.4.4. Corrélation entre les caractéristiques des arbres..
III.4.5. Relation entre les pressions anthropiques et le nombre de lémuriens
III.4.6. Liens entre la densité des guildes et les caractéristiques de l’habitat
III.4.7. Influence des pressions humaines sur les guildes
IV. Discussions.
IV.1. Prélèvements : Coupes sélectives, coupes des bambous et prélèvement d’écorce.
IV.2. Culture sur-brûlis ou Tavy
IV.3. Pièges à lémuriens
Conclusion
Recommandations
Bibliographies
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