Relation entre élèves et professeurs de lycée professionnel: une affaire de triangles?

Le lycée professionnel est une étape décisive dans la vie de l’élève : il va apprendre les bases de son futur métier et progressivement entrer dans la vie active à travers ses différentes périodes de formation en entreprise. Pour sa réussite on considère que l’élève doit être pleinement motivé et de ce fait qu’il ait choisi sa formation. Or, dans la réalité, les élèves n’ont pas tous choisi explicitement leur orientation.

« L’école ça sert à rien », « je ferai pas ça comme boulot de toute façon, donc je m’en fous ». Voici le genre de phrases types que je peux entendre régulièrement dans mes classes de bac professionnel.

Aujourd’hui, nombreux sont les élèves qui ne se sentent pas investis dans leur formation. Certains y sont arrivés presque par hasard, d’autres par dépit, ne sachant vers où se diriger. Lorsque l’on questionne nos élèves sur les raisons de leur présence dans cette formation, les réponses s’avèrent parfois étonnantes : « je voulais faire boulanger mais je n’ai pas trouvé de maître d’apprentissage », «je ne savais pas quoi faire et on m’a envoyé ici », « je ne suis pas fait pour les études »…

Etant issu moi-même du milieu de la formation par la voie professionnelle, je ne peux qu’être sensible à ces mots que les élèves prononcent, sans même en connaître la portée. En effet, je sais par expérience que trouver sa voie et donner un sens à sa formation n’est pas chose aisée, encore plus actuellement, dans un contexte social particulièrement tendu et où les perspectives d’avenir ne semblent pas être optimales. Le choix de son orientation et l’impact de ce choix sur la vie future d’un élève peut se révéler très difficile à gérer. Dans ce contexte, le rôle de l’enseignant de lycée professionnel est extrêmement important. Comme chaque enseignant de la filière professionnelle, il est le garant du projet de l’élève et représente l’institution pour laquelle il travaille : l’école de la République. Charge à lui de faire en sorte que les élèves s’épanouissent au sein de leur formation et puissent avoir un regard optimiste sur leur avenir personnel et professionnel ainsi que des perspectives d’évolution.

Cadre théorique

Axe sociologique 

Constat
Comme évoqué en introduction, plusieurs chercheurs ont pu travailler sur l’image de l’école au sein de notre société. Ainsi, les travaux de Aziz JELLAB, se sont plus particulièrement axés sur la perception du lycée professionnel. Il a pu se baser sur des travaux d’autres chercheurs comme Marie Duru-Bellat, François Dubet ou encore Bernard Charlot, qu’il cite dans ses différents ouvrages.

Le constat est factuel et partagé par l’ensemble de ces chercheurs : le lycée professionnel est un lieu « d’accueil massif […] d’élèves issus de milieux populaires». Outre les écrits faits par ces différents chercheurs, des statistiques sont régulièrement établies par l’INSEE quant aux différents taux de réussite et d’insertion dans notre pays en fonction des origines sociales des élèves.

Pour autant, partir de ce constat que beaucoup peuvent avoir fait sans faire de recherches, permet-il de comprendre l’origine du mal être ressenti par la majorité des élèves de lycée professionnel ? Bien évidemment, la réponse est négative. Derrière ce constat se cache tout d’abord l’histoire de la formation professionnelle. Pour bien comprendre de quoi il en ressort, les points suivants de ce mémoire vont s’attacher à démontrer les étapes clés de l’histoire du lycée professionnel, tout en analysant les composantes sociales qui y sont liées. En effet, l’histoire du lycée professionnel est intimement liée à celle de notre pays et les évènements qui s’y sont passés depuis le siècle dernier jusqu’à aujourd’hui, permettent de bien contextualiser la situation telle qu’elle est actuellement et d’en avoir les tenants et les aboutissants. Une fois ce postulat établi, nous aborderons le second aspect de ce cadre théorique qui traite de la partie relationnelle que la problématique amène.

La formation professionnelle : des hauts et des bas

Dès 1863, on pouvait observer que la formation professionnelle était déjà l’objet de controverses en lisant les propos prononcés par le ministre de l’Instruction Publique Victor Dury ; « Notre France est si profondément pénétrée par l’esprit latin qu’il existe un préjugé contre l’enseignement pratique. Ce préjugé ne pousse pas à mieux faire des études classiques, mais il empêche de bien faire des études usuelles. » On voit donc bien ici que cette image négative ne date pas d’hier et que les maux sont profondément ancrés dans notre société. Cependant, tout n’a pas toujours été sombre pour la formation professionnelle. En effet, au début des années 1900, elle a pu jouir d’une image plutôt positive au sein de la société car elle avait vocation à former l’élite ouvrière. Dans un premier temps, à l’issue de la première guerre mondiale, il était vital pour le pays de se reconstruire. Dans cet optique, la formation professionnelle, notamment par l’intermédiaire des centres d’apprentissage (CA), a pu fournir en main d’œuvre les entreprises et aider le pays à se redresser. Ainsi, les ouvriers formés dans les CA s’inséraient de façon quasi automatique dans le monde de l’emploi et le crédit de la formation professionnelle était maximal dans les milieux populaires car il permettait une ascension sociale rapide, sûre et récompensait le travail, une valeur forte dans les milieux populaires. Les premiers remous pour la formation professionnelle sont apparus dans les années 1930, avec la crise économique mondiale. L’impact sur l’emploi des ouvriers a été très important et par conséquent, la formation professionnelle en a souffert, plus encore que les autres secteurs, le LP étant « l’une des institutions les plus ouvertes et les plus sensibles aux transformations affectant les univers professionnels, notamment les évolutions économiques ».

Cette crise aura donc eu une répercussion majeure sur la formation professionnelle car elle a « accentué les débats sur la nécessité d’institutionnaliser et d’« étatiser » la formation professionnelle… » . Nous verrons par la suite ce qu’il adviendra de ce débat. Dès cette période, on constate alors que la formation professionnelle est amenée à jouer un rôle de tampon au sein de notre société et c’est peut-être de là que vient la vision actuelle de notre lycée professionnel. Cette crise sera surmontée par la préparation à la seconde guerre mondiale et notamment toute la production liée à l’armement qu’elle aura généré. Il est à noter que jusqu’alors, l’enseignement professionnel, est « l’apanage d’écoles et de contextes proches des milieux patronaux » . En d’autres termes, elle est sous l’égide des entreprises et d’organismes privés qui sont en lien étroit et forment les élèves avec un lien direct sur l’emploi visé à la sortie de formation. Il y a donc une relation de forte proximité entre les différents acteurs (écoles-entreprise-élèves) de la formation professionnelle durant cette époque.

L’institution établie

L’institutionnalisation s’étant donc accélérée lors de la crise des années trente, elle avait par conséquent débuté avant cette date. A partir de 1919 et la loi Astier , et ce jusqu’aux années cinquante, donc peu de temps après la seconde guerre mondiale, l’enseignement professionnel bascule progressivement vers une gestion totale de l’état : il sera dorénavant piloté par l’éducation nationale. C’est également dans cette période que vont se différencier l’enseignement dit « technique », que l’on pourrait de nos jours comparer à l’enseignement technologique dispensé dans les filières de STI2D, en lycée général et technologique (LEGT), et l’enseignement professionnel aujourd’hui dispensé en CAP , BEP et BAC Professionnel, dans les LP. On peut donc observer deux grands moments pour la formation professionnelle au cours du siècle dernier : une moitié de siècle avec une gestion « décentralisée » et organisée autour des acteurs principaux du monde de l’entreprise, et une seconde partie organisée cette fois autour de l’état, par l’intermédiaire de l’éducation nationale. La transition s’étant donc faite de 1920 à 1950 environ, temps nécessaire à modifier des « entreprises » aussi conséquentes. Ce changement de cap dans la gestion de la formation professionnelle marque ainsi un tournant dans l’histoire de celle-ci. En effet, s’il était acquis jusqu’ici que la formation professionnelle était une voie qui plongeait les élèves au cœur du monde du travail, ce sera à partir de cette étatisation que le constat sera beaucoup moins évident à faire.

Jusqu’alors, le fait d’entrer en formation professionnelle impliquait entre les acteurs de celle-ci une relation de proximité où l’apprenant pouvait s’identifier à son enseignant, du fait que ce dernier soit issu lui-même du milieu où l’élève se destine ou tout du moins vers lequel il se dirige. La légitimité du professeur lui était donc conférée par son expérience antérieure et la relation avec ses élèves était facilitée par leurs points communs. En effet, ces derniers étaient issus d’une formation professionnelle et avaient par conséquent, une forte probabilité de parcours similaire à celui de leurs élèves. Ils connaissaient donc parfaitement l’environnement dans lequel leurs élèves allaient évoluer par la suite. Des ingrédients qui permettaient d’établir une relation différente que celle établie lors du collège, beaucoup plus conventionnelle.

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Table des matières

I. SOMMAIRE
II. REMERCIEMENTS
III. INTRODUCTION
IV. CADRE THEORIQUE
1. AXE SOCIOLOGIQUE
a) Constat
b) La formation professionnelle : des hauts et des bas
c) L’institution établie
d) Synthèse de l’axe sociologique
2. AXE RELATIONNEL
a) Impact de l’institutionnalisation dans les relations
b) Relation entre les élèves de LP et le savoir
c) Relation d’autorité entre le professeur et l’élève en LP
d) Ethique dans la relation professeur-élève
e) Conclusion sur l‘axe relationnel
V. RECUEIL DE DONNEES
3. METHODOLOGIE RETENUE
a) Contexte de l’enquête
b) Objectif de l’enquête
c) Public concerné par l’enquête
d) Précision
4. ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES
a) Les élèves : (voir questionnaire en annexe)
b) Les professeurs : (voir guide d’entretien en annexe)
c) Analyses croisées
VI. CONCLUSION
VII. BIBLIOGRAPHIE
VIII. SITOGRAPHIE
IX. ANNEXES
5. QUESTIONNAIRE ELEVES
6. GUIDE D’ENTRETIENS ENSEIGNANTS
7. RESULTATS DES QUESTIONNAIRES
8. RETRANSCRIPTION DES ENTRETIENS AVEC LES PROFESSEURS

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