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Critères de non inclusion
– Les patientes avec une vulvo-vaginite non infectieuse.
– Les professionnelles du sexe officielles
– Les patientes n’ayant pas donné leur consentement.
Variables et collecte des données
Un questionnaire préétabli et standardisé a été utilisé pour chaque patiente (cf. Annexes)
Les principales variables recueillies étaient les suivantes :
– Socio-démographiques : âge, lieu de résidence, situation matrimoniale, niveau de scolarisation, profession, niveau socio-économique, habitudes et mode de vie, comportement sexuel à risque. Le niveau socio-économique a été évalué sur la base de l’habitat, le revenu mensuel fixe et le nombre de personnes dans la famille.
Il était considéré élevé si le revenu mensuel fixe était de plus de 100 mille FCFA, propriétaire de maison et nombre de personnes dans la famille inférieur ou égale 4 ; moyen si le revenu mensuel fixe était entre 50-100 mille FCFA, propriétaire ou locataire de maison et nombre de personnes dans la famille inferieur ou égale 5 et bas si le revenu mensuel fixe était de moins de 50 mille FCFA, propriétaire ou locataire de maison et nombre de personnes dans la famille supérieure à 5.
– Cliniques : les signes fonctionnels, les antécédents de vulvo-vaginites infectieuses, l’existence de terrains, les signes généraux et les signes physiques.
– Paracliniques : résultats des examens biologiques (prélèvement vulvaire, prélèvement vaginal, recherche de chlamydia et mycoplasmes pour les patientes qui présentent une cervicite, prélèvement cervical, FCV, sérologie, …).
– Thérapeutiques : prise en charge syndromique ou étiologique de la vulvo-vaginite
– Evolutives : basées sur l’évolution clinique des patientes.
Déroulement de l’étude
La population d’étude a été soumise à un examen clinique, effectué par un médecin en 4ème année de DES en dermatologie-vénérologie et/ou une SFE, afin de vérifier les critères d’inclusion et de non inclusion.
Le recrutement des malades était effectué sur la base des signes cliniques (leucorrhées, dyspareunie, prurit vulvaire et douleur pelvienne) qui orientent le plus souvent vers le diagnostic de vulvo-vaginite infectieuse.
Des prélèvements vulvaires, vaginaux et/ ou cervicaux étaient demandés par le médecin pour la mise en évidence des germes responsables de la vulvo-vaginite.
En cas d’IST ou de signes d’IST, les sérologies syphilitiques et HIV, de même que l’Ag HBs étaient demandés.
D’autres examens complémentaires étaient demandés selon l’existence ou non d’autres signes. Les examens complémentaires étaient effectués dans le laboratoire de bactériologie de l’Hôpital Institut d’hygiène sociale (IHS) de Dakar. Cependant la recherche de Mycoplasme genitalium ne s’y effectue pas. Seul le FCV était effectué au laboratoire d’anatomo-pathologie de Le Dantec.
Les patientes qui avaient présenté des signes de vulvo-vaginites avec écoulement avaient bénéficié d’une prise en charge syndromique, après prélèvement, en attendant les résultats.
Tous les partenaires des patientes qui présentaient une infection sexuellement transmissible avaient bénéficié d’une prescription thérapeutique adéquate.
Chaque patiente était revue 7 jours après le traitement syndromique pour l’évaluation clinique de l’efficacité ; et ce traitement était réadapté, si nécessaire, en fonction du ou des germes isolés par les prélèvements ; Puis d’autres rendez-vous de contrôle étaient demandés à J14 et J28.
Les patientes qui n’avaient pas respecté leur rendez-vous étaient jointes au téléphone pour recueillir les données évolutives. Le suivi était continué, au-delà de J28, en cas de nécessité.
L’approche syndromique reposait sur l’identification de groupes cohérents de symptômes et de signes faciles à reconnaitre (syndromes), et la fourniture de traitement approprié à la majorité des microorganismes responsables du syndrome ou aux plus dangereux. L’OMS a mis au point un outil simplifié (algorithme) pour aider les soignants à appliquer cette prise en charge syndromique des IST.
Aspects épidémiologiques
Effectif et fréquence
Nous avions recensé 182 patientes, et inclus 177, sur la période du 1er mars au 31 août 2017 (6mois). Les 5 patientes étaient non incluses du fait qu’elles n’avaient pas donné leur consentement.
Durant notre période d’étude, les services de dermatologie et de gynécologie obstétrique de l’hôpital IHS avaient reçu en consultation respectivement 2145 et 1005 femmes âgées de 18ans et plus. La fréquence hospitalière était de 5,6%. Elle était de 4,75 % au service de dermatologie-vénérologie et de7,46 % au service de gynéco-obstétrique.
La répartition des patientes selon le site de recrutement était la suivante : 57,6% (n=102) des patientes venaient du service de dermatologie et 42,4 % (n= 75) du service de gynécologie.
Répartition des patientes selon l’âge
L’âge moyen de nos patientes était de 33,68 ans ± 11,15, avec des extrêmes de 18 et 70 ans. Le figure 1 représente la répartition des 177 patientes présentant une vulvo-vaginite durant la période du 1er mars au 31 août 2017 en fonction de l’âge.
Répartition des patientes selon l’origine géographique
Les patientes originaires de la région de Dakar représentaient 96% (n=170) des cas, et celles qui venaient des autres régions 4% (n=7). Pour celles de Dakar, elles étaient d’origine urbaine dans 44,6% (n=79) des cas et suburbaine dans 51,4% (n= 91). La figure 2 représente la répartition des 177 patientes présentant une vulvo-vaginite durant la période du 1er mars au 31 août 2017 selon leur département d’origine.
Répartition des patientes selon les catégories socio-professionnelles et le niveau socio-économique
Les patientes qui travaillaient dans le secteur informel représentaient 60,4% (n= 55) des cas, tandis que celles du secteur formel étaient de39,7% (n=36). Les patientes sans-emploi rémunéré représentaient 48,6 % (n= 86) des cas.
Le tableau II représente la répartition des 177 patientes présentant une vulvo-vaginite durant la période du 1er mars au 31 août 2017 en fonction des catégories socio-professionnelles.
Résultats des prélèvements locaux et des FCV
Un prélèvement local était demandé chez toutes les patientes. Cent neuf patientes l’avaient effectués, soit 61,6 % des cas.
Les prélèvements vulvaires étaient effectués chez 12 patientes vierges, soit 75% des cas.
Les prélèvements cervico-vaginaux étaient effectués dans 60,2% (n= 97) des 161 cas chez qui ils étaient demandés.
Le candida albicans était retrouvé dans 49,5% (n=54) des cas, Gardenella vaginalis dans 36,7% (n=40) et le Streptocoque β hémolytique du groupe B dans 13,8% (n=15).
Dans les prélèvements vulvaires, le Candida albicans était retrouvé dans 66,7% (n=8), et les germes étaient associés dans 58,3% (n=7) des cas.
Le tableau XIII représente la répartition des 12 patientes vierges présentant une vulvite durant la période du 1er mars au 31 août 2017 selon les agents pathogènes identifiés aux prélèvements vulvaires.
Aspects évolutifs selon le traitement des partenaires
Le traitement des partenaires était proposé dans tous les cas d’IST, soit 44 % (n= 78). Il était effectué dans 32 % (n=25) des cas.
Chez les patientes dont le partenaire était traité d’une façon concomitante, la guérison était complète à J14 dans 92 % (n=23) des cas et incomplète dans 8 % (n= 2). Chez les patientes traitées seules, la guérison à J14 était incomplète dans 58,5% (n=31) des cas et complète dans 41,5 % (n= 22).
Relation entre variables sociodémographiques et cliniques, et la vaginite à germe banal
Les femmes sans grossesse faisaient moins de vulvo-vaginite à germes banals que les femmes enceintes, avec un p statistiquement significatif (p=0,005).
La vaginite à germes banals était plus fréquente chez les femmes qui utilisaient des plantes intra-vaginaux que chez les autres, avec un p statistiquement significatif (p=0,02).
Les femmes avec une profession faisaient moins de vulvo-vaginite à germes banals que les autres avec un p statistiquement significatif (p=0,02).
La vaginite à germes banals était plus fréquente chez femmes ayant des rapport génito-anaux, avec un p statistiquement significatif (p=0,03).
Tableau XXII montre la relation entre différentes variables sociodémographiques et cliniques, et la vaginite à germe banal.
Limites et validité de notre travail
Les limites de notre travail résident sur le fait qu’il n’est effectué que dans deux services, et que 38,4% de nos patientes n’ont pas eu un prélèvement vulvaire ou vulvo-vaginal. Pour autant, le recrutement est réalisé dans deux centres de référence de prise en charge. Il s’agit de l’une des services gynécologiques et obstétricaux de référence de Dakar et du service de référence de prise en charge des IST. La deuxième était la non disponibilité des réactifs pour la recherche du mycoplasma genitalium.
La validité de notre étude s’appuie sur des arguments internes et externes. Les premiers sont corroborés par la fréquence de la candidose vulvo-vaginale chez les diabétiques, la prédominance de sécrétions caillebottées chez les femmes atteintes de candidose, l’absence d’IST chez les patientes sans activité sexuelle, la présence d’une cervicite chez toutes les patientes qui avaient une IST non virale, l’efficacité du traitement étiologique par rapport au traitement syndrome et l’importance de la guérison des IST chez les patientes dont les partenaires étaient traités. Les seconds s’appuient sur la fréquence plus élevée de la candidose dans les étiologies [13, 17] et la prédominance de la trichomonose dans les IST [94].
Aspects épidémiologiques
Nous avons retrouvé une fréquence hospitalière de 5%. Mais la rareté des travaux sur l’ensemble des vulvo-vaginites infectieuses nous empêche de faire des comparaisons. Bien qu’il s’agisse d’une fréquence hospitalière, nous pouvons considérer les vulvo-vaginites comme étant une priorité de santé publique d’autant plus qu’elles peuvent être due aux IST. En effet les IST d’après l’OMS fait partie des 5 premiers motifs de consultation dans le monde [34].
Cette fréquence des vulvo-vaginites est de 4,7% au service dermatologie-vénérologie de l’hôpital IHS de Dakar. Ceci montre que la vulvo-vaginite est relativement fréquente chez les consultantes en dermatologie, malgré qu’elles ne soient pas toujours un motif de consultation. En effet, elle était de découverte fortuite dans 1/3 des cas et comme motif de consultation dans 2/3.
Nos patientes sont relativement jeunes avec un âge moyen de 33,68 ans, et une tranche d’âge de 27 à 35 ans représentant 37,3%. Ce fait est presque similaire à ce qui est rapporté dans la littérature Africaine. Au Bénin, Ogouyémi-Hounto et al. [35] avaient retrouvé un âge moyen de 29,83 ans. Au Maghreb, Anane et al. [13], en Tunisie, et Benchellal et al. [14], au Maroc, avaient rapporté respectivement un âge moyen de 32,47 ans et 31,82 ans. En 2013, une étude marocaine [36] avait montré que la tranche d’âge de 20 à 40 ans était la plus touchée par les vulvovaginites infectieuses, avec 60,76% des cas. Au Brésil, Moreira avait retrouvé une fréquence de 31,6% pour la tranche d’âge 21-30 ans [37].
Les explications seraient une activité sexuelle plus importante chez les adultes jeunes, l’existence de nouveaux comportements sexuels comme les rapports génito-oraux et génito-anaux et l’utilisation de produits en intra-vaginaux pour diverses raisons [51].
Pour les femmes plus âgées, il y’a une élévation du pH et une diminution du taux de glycogène au niveau vaginal, à la ménopause, ce qui expliquerait une diminution de l’incidence des candidoses vulvo-vaginales [3, 38, 39]. Nos résultats confortent ce fait, car la fréquence des vulvovaginites, chez les femmes âgées de 44 ans ou plus, n’était que de 15,2% comparativement aux 84,7% chez les femmes âgées de moins de 44 ans.
Nos résultats montrent une proportion de femmes mariées plus importante (71,8% ; n=127). Au Maroc, Benchellal et al. [14] avaient retrouvé 98% de femmes mariées dans leur étude. Par contre, au Benin, Ogouyemi-Hounto et al. [35] avaient retrouvé 70,2% de femmes célibataires dans leur échantillon. En Europe, cette fréquence est plus élevée chez les femmes célibataires [41]. Cette différence pourrait s’expliquer uniquement par des facteurs culturels. Nos résultats montrent que ces femmes mariées sont sous régime polygame dans la majorité des cas, soit 71% (n=90) des cas. Ce résultat serait dû au fait que c’est un régime matrimonial très répandu au Sénégal. Cependant, il poserait la problématique de la contamination des vulvo-vaginites entre les coépouses, surtout en cas d’IST.
Pour le niveau d’instruction, la quasi-totalité de nos patientes (86% ; n=152) était instruite, mais la majorité (80,3%) n’avait pas dépassé le niveau secondaire. Par contre, A. Ogouyémi-Hounto et al. [35], au Bénin, et Abauleth et al. [42], en Côte d’Ivoire avaient retrouvé une prédominance des femmes ayant fait des études supérieures. Ceci serait dû à une fréquentation plus importante des hôpitaux par les instruites, et que les analphabètes seraient plus tentées à faire recours à d’autres moyens thérapeutique comme la médecine traditionnelle [51].
De nombreux facteurs sont associés aux infections vulvo-vaginales. Il s’agit de l’hôte, de son environnement, de la maladie sous-jacente mais aussi des facteurs extrinsèques [21, 43]. Tous ces facteurs agissent en entrainant une perturbation et une dégradation des défenses vaginales [14, 20, 44].
Dans notre étude, la fréquence de femmes en état de grossesse (22% ; n=39) est inférieure aux 50,3% et 55,4% rapportés, respectivement, par A. Ogouyémi-Hounto et al, au Benin [35], et Vroumsia et coll. [45], au Cameroun. Cette différence serait liée l’inhomogénéité des sites de recrutement. Cependant, la proportion importante de femmes enceintes dans ces trois études est due à un mécanisme physiologique. En effet, il existe une forte concentration de progestérone, au cours de la grossesse, qui entraîne une modification de l’épithélium vaginal, une baisse du pH et une augmentation du glycogène, permettant ainsi l’implantation et la multiplication des levures du genre candida [46, 47]. Dans notre étude, il n’existait pas de relation statistiquement significative entre la grossesse et la vulvo-vaginite à candida (p=0,089).
Concernant la contraception hormonale, elle était retrouvée chez 5,6% (n=9) des femmes. Au Cameroun, Kechia et al. [48] ont rapporté une fréquence légèrement plus élevée (11,35%). En France, celle de 71,5%, retrouvée par Bretelle et al. [49] est largement plus importante. Cette faible proportion de femmes sous contraception dans ces études africaines est surtout due à des problèmes socio-culturels. Le rôle des contraceptifs hormonaux sur la survenue des vaginites est bien établi. Elle diminue le risque de vaginose et de l’envahissement du vagin par les bactéries anaérobies [50], alors qu’elle favorise la croissance et l’adhérence de candida à l’épithélium vaginal, d’autant plus que le contraceptif est fortement dosé [50].
Dans notre étude, la notion de diabète était retrouvée chez 4,5% (n=8) des patientes. Les patientes diabétiques sont plus sujettes aux infections vulvo-vaginales et notamment celles dont le diabète est mal équilibré [12]. La présence de glucose dans les secrétions vaginales constitue une source nutritive pour les levures et favorise leur adhérence, leur croissance et l’expression de leurs facteurs de virulence [12]. Cette hyperglycémie a également un impact sur l’immunité, en inhibant l’action des polynucléaires neutrophiles et en diminuant donc par ce mécanisme, la capacité à phagocyter les agents pathogènes (Amouri et al. [12]. Anane et al. [13]). Dans notre étude, cette relation entre la candidose vulvo-vaginale et le diabète était statistiquement significative (p=0.005), confirmant ainsi les données de la littérature.
Pour l’antibiothérapie, la fréquence de son utilisation récente était la même que celle de l’étude de Anane et al. [13], en Tunisie, soit 17% et dans notre étude. Elle était plus élevée au Bénin [35], avec 61,3% dans l’étude de A. Ogouyémi-Hounto et al. Par contre, en France, Bretel et al. [49] n’ont retrouvé que 9,3% d’automédication par ATB. Cette utilisation importante des ATB, en Afrique, serait due à son délivrance sans prescription médicale.
L’antibiothérapie, qu’elle soit locale ou systémique entraine une perturbation de l’équilibre de la flore vaginale menant à une diminution des espèces protectrices représentées par les bacilles de Doderlein [19]. Les levures, naturellement présentes au sein de la cavité vaginale, ont alors l’opportunité de se développer et de se transformer en agents pathogènes. Ainsi, le risque de survenue d’une candidose vulvo-vaginale après une antibiothérapie est d’autant plus important que l’antibiothérapie est à large spectre et que la durée du traitement est longue [35]. Quant à la dépigmentation à base de clobétasol, elle était pratiquée par 23,7% (n=42) de nos patientes. Il s’agit d’une pratique, essentiellement féminine, qui touche un quart à plus de deux tiers des femmes en Afrique Subsaharienne [52]. La peau des organes génitaux externes féminins, de par sa structure, l’humidité et la température assez élevé est exposée à une absorption per cutanée importante des dermocorticoïdes [53]. Cette absorption cutanée donne une atrophie épidermique et par conséquence un risque infectieux accru [52].
Dans notre étude, les patientes infectées par le VIH représentaient 1% malgré les 30% des patientes en activité sexuelle qui avaient une IST. Au Cameroun, Kechia et al. [48] avait trouvé une prévalence du VIH plus élevé (7,8%) dans leur étude. Cette prévalence du VIH, très faible chez nos patientes, est confortée par la prévalence nationale qui est de 0,7% [54]. Par ailleurs, nos deux patientes infectées par le VIH avaient toutes une IST. Dans la littérature, l’influence des IST sur la pandémie à VIH n’est plus à démontrer.
L’excès d’hygiène intime (douche vaginale) était pratiqué par le tiers de nos patientes. Des résultats presque similaires ont été retrouvés par Ogouyemi-Hounto et al. [35], au bénin (38,5%). Dans la littérature le lien de causalité entre les douches vaginales et la vaginose bactérienne a été démontré [55]. En effet, la prévalence de vaginose bactérienne est accrue chez les femmes ayant cette pratique (Klebanoff et all.2010), [55]. Il convient d’éviter aussi l’utilisation de détergents, de désinfectants, et de tout produit de toilette vaginale à effet desséchant [56]. Le nettoyage à l’eau et au savon des parties génitales externes constitue une mesure d’hygiène suffisante [56, 57].
La phytothérapie intra vaginale qui était utilisée par ¼ de nos patientes est une des grandes particularités de notre étude. Si la phytothérapie orale constitue un phénomène de société bien connu en Afrique sub-saharienne, celle utilisée en intra-vaginale est exceptionnellement rapporté dans la littérature. Dans notre série cette pratique est liée à la survenue de la vaginite à germe banal avec une différence statistiquement significative (p=0.02). Ces plantes pourraient agir en entrainant un déséquilibre de la flore vaginale et favorisé ce type d’infection. L’autre mécanisme serait l’introduction d’un inoculum important de ces germes en même temps que ces plantes.
Au cours de notre étude, plus de la moitié (60,5%) des patientes avaient des signes ou des infections génitales antérieures. Des résultats presque similaires (51%) étaient retrouvés par Bretell et al, en France [49]. Ceci pourrait expliquer les antécédents de complications obstétricaux retrouvés chez le quart de nos patientes.
Dans notre étude, les rapports sexuels de type génito-oral étaient présents dans 41% (n=66) des cas et les rapports génito-anaux dans 8,7% (n=14). Une étude faite en Suède, en 2003, montre que certaines pratiques sexuelles telles que le sexe oro-génital pourrait favoriser la croissance de certaines infections à travers l’humidification et l’irritation de la muqueuse de la vulve [58]. Dans la littérature, il est montré que certaines infections vulvo-vaginales sont également favorisées par la pénétration anale précédant le coït vaginal [58]. Nos résultats confortent ce constat, car la vaginite à germe banal était plus fréquente chez les femmes ayant des rapport génito-anaux avec un p statistiquement significatif (p=0.03).
Les préservatifs étaient systématiquement utilisés chez 10 % (n=5) des patientes non mariées, et inconstamment chez 84% (n=42). Dans tous les cas les préservatifs étaient de type masculin. Cette utilisation inconstante des préservatifs dans plus de 80% des cas, dans cette population, peut s’expliquer par un manque d’information et de sensibilisation sur les IST et le VIH. En plus, le caractère tabou de la sexualité dans la société sénégalaise fait que les gens éprouvent une gêne à se procurer des préservatifs dans les sites de vente [59]. L’alternative serait de promouvoir les préservatifs féminins qui sont efficaces et sûrs. Dans notre étude, les femmes mariées utilisaient moins de préservatifs avec un p statistiquement significatif (p=0,0000001).
Aspects cliniques
Dans notre étude, la vulvo-vaginite était de découverte fortuite chez un tiers des femmes, et chez un quart des femmes enceintes. L’automédication retrouvée chez 45,8% des patientes pourrait expliquer ce fait. En effet, ces patientes préfèrent recourir aux conseils des pharmaciens, de leurs amies ou à la phytothérapie. De ce fait découle le long délai moyen de consultation observé dans notre étude, malgré la présence de signes fonctionnels associés dans 81,4% (n=144). Dans notre étude, le prurit et les leucorrhées, retrouvés chez plus de 70% de nos patientes chacun, constituent les signes fonctionnels les plus rapportés [13, 14, 38, 60, 61]. Il est bien démontré que ces signes altèrent la qualité de vie des femmes [21]. L’ignorance, le manque d’information et la pudeur expliqueraient ces résultats.
La couleur blanchâtre de ces leucorrhées, chez la majorité des patientes (57,7%), et l’aspect caillebotté chez 33,8% s’expliquent par la prédominance de la candidose dans les étiologies. Ce lien entre la candisose et ces signes est statistiquement significatif (p=0,0001). De même, l’odeur nauséabonde des écoulements, retrouvée chez 41,5% des cas, s’explique par les cas importants de vaginoses. Mais la présence de cette odeur associée à l’écoulement abondant, qui constituent l’un des critères diagnostic d’Amsel [62], manque de fiabilité. Selon l’étude de Klebanoff et al. [55], ils sont décrits chez 58% des femmes atteintes de vaginose bactérienne, mais aussi chez 57% des femmes non touchées par cette pathologie. Par contre, cette odeur reste le signe le plus fréquent en cas de vaginose bactérienne [63]. Dans notre étude, Il existait une relation statistiquement significative entre l’absence de secrétions nauséabondes et l’absence de vaginose bactérienne avec un p statistiquement significatif (p=0.032).
Aspects étiologiques
Dans notre étude, nos patientes présentaient une ou plusieurs étiologies infectieuses parmi lesquelles : la vaginose bactérienne, la candidose, la vaginite à germes banals. Les 56,9% des étiologies étaient mixtes et les 43,11% étaient isolées. Parmi ces étiologies, il y’avait presque un tiers des patientes en activité sexuelle qui présentait une IST.
Dans notre étude, la vaginose bactérienne représentait l’étiologie infectieuse la plus fréquente, avec 63,3% des cas. Nos résultats sont supérieurs à ceux obtenus par Natama.H [64] à Ouagadougou (17,3%) et par Koueke.P [65] au Cameroun (42%). En occident, les auteurs rapportent des prévalences assez disparates, variant entre 15 et 60 % [66].
La vaginose bactérienne est une des infections génitales les plus fréquentes [67]. Mais, il est très difficile de déterminer sa prévalence exacte, car les chiffres varient beaucoup en fonction des localisations géographiques, de l’âge des patientes, de leur niveau socio-économique, des types de consultations et de l’état de gravidité [67]. De surcroit, 50% des cas seraient asymptomatiques [68].
Dans notre série, le principal germe responsable de la vaginose bactérienne était la Gardenella vaginalis. Elle était responsable de la vaginose bactérienne dans 36,7%, et les 29,9% étaient dus aux mycoplasmes. Au Benin, l’étude de Ogouyemi-Hounto et al avait retrouvé la Gardenella vaginalis dans 36,6% des cas [35].
Dans la littérature, la vaginose bactérienne s’accompagne dans deux tiers des cas d’une prolifération importante de Mycoplasma hominis [6, 9]. Dans notre étude, Mycoplasma hominis était présente dans 19,6% (n=19,6) des cas de vaginose bactérienne. Ureaplasma urealyticum peut également être présent, mais dans une moindre mesure [5], comme retrouvé dans nos résultats 10,3% (n=10).
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Table des matières
INTRODUCTION
OBJECTIFS
I. METHODOLOGIE
I.1. Cadre d’étude
I.2. Type et durée d’étude
I.3. Population d’étude
I.3.1. Critère d’inclusion
I.3.2. Critères de non inclusion
I.4. Variables et collecte des données
I.5. Déroulement de l’étude
II. RESULTATS
II.1. Partie descriptive
II.1.1. Aspects épidémiologiques
II.1.1.1. Effectif et fréquence
II.1.1.2. Répartition des patientes selon l’âge
II.1.1.3. Répartition des patientes selon l’origine géographique
II.1.1.4. Répartition des patientes selon l’ethnie
II.1.1.5. Répartition des patientes selon la situation matrimoniale et le nombre d’enfant
II.1.1.6. Répartition des patientes selon le niveau d’instruction
II.1.1.7. Répartition des patientes selon les catégories socio-professionnelles et le niveau socio-économique
II.1.2. Antécédents et terrains
II.1.2.1. Répartition des patientes selon le terrain et l’existence d’antécédents
II.1.2.2. Répartition des patientes selon l’existence d’antécédents de signes ou d’infections génitales dans les 12 derniers mois
II.1.2.3. Répartition des patientes selon les antécédents obstétricaux
II.1.2.4. Traitements utilisés en automédication
II.1.3. Répartition selon le comportement sexuel à risque et le mode de vie
II.1.4. Aspects cliniques
II.1.4.1. Répartition des patientes selon les circonstances de découverte et les signes fonctionnels
II.1.4.2. Répartition des patientes selon l’IMC
II.1.4.3. Répartition des patientes selon l’existence d’une vulvite et/ou d’une vaginite
II.1.4.4. Répartition des patientes en fonction de l’aspect du col utérin
II.1.4.5. Répartition des patientes selon les caractéristiques cliniques des écoulements
II.1.4.6. Répartition des patientes selon l’existence de condylomes
II.1.5. Aspects paracliniques
II.1.5.1. Résultats des prélèvements locaux et des FCV
II.1.5.2. Répartition des patientes en fonction des résultats des tests sérologiques et virologiques
II.1.6. Diagnostic étiologique
II.1.6.1. Répartition des patientes selon les étiologies des vulvo-vaginites et des cervicites
II.1.7. Aspects thérapeutiques
II.1.7.1. Aspects évolutifs
II.1.7.2. Aspects évolutifs selon le traitement des partenaires
II.2. ETUDE ANALYTIQUE
II.2.1. Relation entre différentes variables et les étiologies des vulvo-vaginites infectieuses
II.2.1.1. Relation entre variables sociodémographiques et cliniques, et la vaginose bactérienne
II.2.1.2. Relation entre variables sociodémographiques et cliniques, et la vaginite à germe banal
II.2.1.3. Relation entre variables sociodémographiques et cliniques, et la candidose
II.2.1.4. Relation entre variables sociodémographiques et cliniques, et les condylomes
II.2.1.5. Relation entre variables sociodémographiques et cliniques, et les IST non virales
II.2.1.6. Relation entre le statut matrimonial et l’utilisation des préservatifs
II.2.2. Relation entre l’évolution clinique et le choix du traitement
II.2.3. Relation entre l’évolution clinique des patientes atteintes d’IST et le traitement de leur partenaire
III. DISCUSSION
III.1. Limites et validité de notre travail
III.2. Aspects épidémiologiques
III.3. Aspects cliniques
III.4. Aspects étiologiques
III.5. Aspects thérapeutiques
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXE
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