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Cadre socio-économique
Démographie
Masoala
La zone périphérique du parc national Masoala est habitée par une population majoritairement Betsimisaraka. Beaucoup d’immigrants se sont installés dans cette région, parmi lesquels les Tsimihety, les Sakalava, les Antakarana et les Betsileo, (Monographie Maroantsetra, 2009). D’autres groupes ethniques minoritaires sont présents: ce sont les Merina et les Bara. En 2003, approximativement 80 000 habitants vivent dans les zones périphériques du Parc National Masoala. La caractéristique commune des sites de la zone de Masoala est qu’ils sont affectés par une forte croissance démographique et une jeunesse de la population dont 51% à moins de 15 ans (www.masoala.org).
Makira
En 2003, la population vivant dans les zones attenantes de l’Aire Protégée Makira a été estimée au nombre de 137 913 habitants environ dont 1960 sont repartis dans les zones d’occupation contrôlées à l’intérieur même de l’AP. Suivant les recensements entre 1998 et 2003, en moyenne, le taux d’accroissement de la population de 2.9% est très élevé. Avec cette forte pression démographique, la population de la région pourrait doubler d’ici 25 ans. Et 97% de cette population sont des agriculteurs. La population de la région Makira est répartie en majorité dans le district de Maroantsetra (50,32%).
Les Tsimihety qui sont implantés au Nord, à l’Ouest et au Sud de la région de Makira représentent la majorité de la population avec 53.9 %. Les Betsimisaraka qui ont investi dans le littoral Est viennent en deuxième position avec 42.7% de la population. Les autres ethnies qui représentent environ 3.4% de la population sont composées de Makoa, Sihanaka, Antaimoro et des gens en provenance des hauts plateaux (www.makira.org).
Us et coutumes
Masoala
La tradition Betsimisaraka est caractérisée par le respect des personnes d’âge avancé, surtout les vieux appelés localement : «Tangalamena ». La population aux environs de Masoala accorde une importance au respect de culte des ancêtres .Pour eux, les ancêtres ont un pouvoir incroyable sur les vivants. Le « famadihana » est une cérémonie ancestrale encore très répandue. Les vivants trouvent là le moment idéal pour prier les ancêtres afin qu’ils leur aident à résoudre des problèmes ou réaliser des vœux.
Makira
Deux religions dominent dans la région à savoir : le culte des ancêtres la plus dominante et la religion chrétienne. Deux points sont importants dans la tradition et les coutumes de la population : a) le respect des jours tabous qui sont mardis, jeudis et dimanches ;b) l’initiation des jeunes et défrichement des forêts. Pour les Tsimihety, un garçon ne devient pas un homme s’il n’a pas encore défriché une parcelle de forêts et approprié le terrain, une des principales causes de disparition des couvertures forestières dans le Nord et à l’Ouest de la région de Makira.
Activités principales de la population de Masoala et de Makira
Aux alentours de ces deux aires protégées, les productions agricoles les plus pratiquées sont le riz, le manioc, la banane, le café, le girofle et la vanille. Les revenus des villageois proviennent principalement de l’agriculture, de la culture de rente, de l’élevage et de l’artisanat.
• Riziculture
De toutes les cultures vivrières, le riz occupe une place prépondérante, étant l’aliment de base de la population. Presque la totalité des paysans pratique la riziculture.
Les paysans pratiquent deux types de culture de riz :
– « Vary an-koraka » ou riz repiqué sur une rizière irriguée, localisée dans les bas-fonds et qui se
pratique toute l’année. On rencontre souvent du « vary ririnina » et du « vary taona ».
– « Vary jinja » ou riziculture sur brûlis, localisée en général sur des surfaces sèches de montagne. Ces terrains sont ensuite laissés en jachère pendant 3 à 8 ans pour se reconstituer en nutriments avant leur réutilisation. Cette contrainte oblige les paysans à effectuer une extension de leurs terrains agricoles pour pouvoir cultiver chaque année, augmentant ainsi la surface des “savoka”.
• Culture de rente
La culture de vanilliers, girofliers, caféiers, letchis et canne à sucre assure en principe les revenus annuels de la population. Non seulement la commercialisation de la canne à sucre brute pour la consommation est importante, mais en plus, elle constitue la matière première pour la fabrication du sucre et de « betsabetsa ».
• Élevage
L’élevage est de type semi-intensif et traditionnel. Les plus pratiqués par la population sont l’élevage bovin, l’élevage des volailles et l’élevage porcin. L’élevage, dans la zone de Makira et de Masoala est utilisé habituellement comme une sorte d’épargne.
Les bœufs sont utilisés par les paysans pour travailler les rizières. Ils sont surtout destinés à la transaction commerciale. Les revenus issus des autres élevages sont minimes.
• Artisanat
La population locale est spécialiste en « RARY MITENY » comme chapeau en Raphia de couleurs différentes. Les matières premières, souvent les « rambo » ou « karaka » (Pandanus sp.) et les
« penja», servent à produire des nattes et des paniers, aussi bien à but lucratif que pour utilisation quotidienne. Les artisans ne trouvent pas les « penja » dans la forêt et sont donc obligés de les acheter en ville.
Etat des connaissances
Définition
Les cultures commerciales sont généralement des cultures dont les productions sont destinées le plus souvent pour la vente, pratiquement pas consommées par les producteurs et qui fournissent les revenus nécessaires à l’exploitation. En revanche, les cultures vivrières sont destinées à l’alimentation du groupe familial, que la famille soit élargie (lignage ou segment de lignage) ou réduite au ménage (CHALÉARD, 2003).
Les cultures vivrières et les cultures commerciales renvoient largement à deux univers différents: l’un, « traditionnel », fondé sur l’autosubsistance et une économie locale peu ou pas monétarisée, l’autre sur l’ouverture et l’échange.
Les cultures de rente sont des cultures dont la quasi-totalité est destinée à l’exportation (girofle, vanille, etc.). Ces produits sont vendus à vil prix par les paysans aux autorités locales qui assurent leur commercialisation extérieure mais une fois transformés à l’étranger puis importés, ils coûtent une fortune. Le développement des cultures de rente s’est fait de façon radicalement différente. Pour l’essentiel, ces dernières ont été introduites par les colonisateurs européens.
Les cultures vivrières sont des cultures dont tous les produits vivriers sont autoconsommés. Certains subissent des transformations traditionnelles.
L’agriculture vivrière associe en général des plantes qui fournissent la base des plats, céréales ou féculents, de nombreux légumes et condiments, destinés à l’élaboration des sauces et des plantes chargées de fournir les matières grasses, qu’il s’agisse de cultures ou d’arbres qui souvent ne sont pas cultivés mais simplement protégés. Il est dénombré au moins une cinquantaine de plantes cultivées à Madagascar. Parmi les plus vulgarisées, citons :
• Les plantes vivrières: céréales (riz, maïs, blé, orge), légumineuses à graines (haricot, voandzou, pois du cap, vigne, arachide), tubercules (manioc, patate douce, pomme de terre, taro), maraîchères (cucurbitacées, légumes à feuilles, carotte, petit pois, chayotte), les épices (gingembre, piments, cannelle, coriandre) ;
• Les cultures de rente : café, vanille, poivre, girofle, canne à sucre, thé, anacarde, les plantes à fibres (coton, raphia, sisal, jute) ;
• Les arbres fruitiers : letchis, banane, ananas, fraise, mangue, pomme, pêche, prune, orange, citron, pastèque, fruit de la passion ;
• Les plantes fourragères : bracharia
Par biodiversité forestière, on entend l’ensemble des espèces sauvages (flore et faune) et de leurs habitats, liés aux différents stades de développement de l’écosystème forestier, depuis le stade de régénération jusqu’à la forêt sénescente. Cette diversité s’exerce à trois niveaux d’organisation : gênes, espèces et écosystèmes.
Relation entre culture de rente et culture vivrière
On reproche habituellement aux cultures d’exportation de concurrencer les cultures vivrières dans l’emploi du temps et dans l’occupation de l’espace. La concurrence entre les types de cultures se déroule surtout autour de la main d’œuvre, des intrants et des terres utilisées mais aussi autour des circuits de commercialisation. Effectivement, dans les zones saturées, l’extension des cultures d’exportation peut conduire à une surexploitation des sols qui remet en cause les systèmes de production. Cette évolution doit, cependant, être nuancée. En général, la saturation foncière est autant ou plus liée à la croissance démographique qu’à l’essor des cultures d’exportation. La culture de riz est abondamment pratiquée dans presque toutes les régions de Madagascar, sauf dans celles de l’extrême Sud et du Sud-Ouest de l’Ile. Ces régions présentent des conditions géologiques et climatiques beaucoup moins favorables à la culture du riz par rapport au reste de la Grande Ile.
Les cultures pérennes y constituent les principales ressources de revenu pour la population locale. Le café, le girofle et la vanille sont actuellement les trois principaux produits de rente que l’on trouve dans la zone. La culture sur brûlis, qui consiste à défricher par le feu des parcelles de forêt pour cultiver du riz, est sans aucun doute l’utilisation la plus dévastatrice. Les sols dénudés mis en culture perdent vite leur fertilité, poussant les agriculteurs à brûler d’autres terres. A cette problématique se rajoutent les coupes de bois précieux pour l’utilisation domestique ainsi qu’une pression en terme de chasse et de pêche sur la faune sauvage. Son avenir est gravement menacé par une utilisation irraisonnée de ses ressources.
Biodiversité forestière de Nord-Est de Madagascar
A Madagascar, les cultures d’exportation tel que giroflier et vanillier sont implantés dans les régions de la côte Est, entre la région d’Atsimo-Atsinana au Sud jusqu’à la région Sava au Nord. Les principales activités de cette côte sont la riziculture (marécages et plaines aménagées), les cultures de rente (canne à sucre, girofle, café, poivre et vanille) et la pêche. La région d’Analanjirofo dispose encore d’une importante couverture forestière par rapport aux autres régions de Madagascar. Le taux de couverture forestier serait estimé à 50 %. La région est relativement épargnée par le développement industriel et routier et elle abrite un patrimoine exceptionnel en termes de biodiversité. Cependant, la déforestation y a néanmoins gagné du terrain depuis les années 1980, le bois étant exporté par des intermédiaires ou entreprises chinoises, indiennes, pakistanaises, françaises. Elle abrite à ce titre quelques-unes des Aires protégées de Madagascar. La zone est à vocation rurale puisque 80 % du revenu des ménages proviennent principalement des activités agricoles (cultures de rente, cultures fruitières, cultures vivrières et riziculture). La partie Nord Est de l’Ile renferme d’immenses étendues de forêts naturelles très dégradées (palissandre, bois de rose, teck, etc) et un important réseau hydrographique (ONE, 2006).
Les menaces sur la biodiversité
Les menaces sur la biodiversité de Madagascar sont diverses et intenses. L’île est classée parmi les hotspots du monde. Madagascar n’échappe pas au problème de dégradation de l’environnement commun aux pays tropicaux à grande potentialité en termes de biodiversité. La cause anthropique reste la plus déterminante dans la mesure où une grande proportion de la population reste tributaire permanente des ressources naturelles. La déforestation constitue une menace majeure de l’écosystème.
La forêt est utilisée pour le prélèvement ou la coupe de bois d’œuvre, de bois énergie, de plantes médicinales, de raphia, de « ravinala », de « satrana », de palissandre et procure du miel. De plus, la région est directement exposée au passage des cyclones qui se forment entre Octobre et Avril. Les cyclones occasionnent des dégâts matériels voire humains mais aussi des pertes en production agricole importantes. La biodiversité de Masoala et de Makira est exceptionnelle. Le taux d’endémicité y est très élevé. Cependant, cette richesse est constamment menacée.
Méthodes
Investigation bibliographique
Cette étape consiste à collecter les données disponibles qui se rapportent avec le milieu et le thème de recherche. Cette phase permet aussi à la fois d’appréhender, d’acquérir et d’approfondir les connaissances scientifiques utiles en vue de faire une analyse et des propositions de suggestions adéquates. Dans cette étape, des mémoires déjà réalisés dans ce domaine et divers documents disponibles ont été consultés tels que : des ouvrages, des revues, des articles qui traitent des problèmes de dégradation environnementales et la pratique de l’agriculture commerciale et qui sont portées directement ou indirectement sur le thème de recherche. La première partie de recherche s’effectue auprès de différentes institutions concernées par l’étude aux environs d’Antananarivo. Lors de la descente sur terrain, cette recherche bibliographique s’est déroulée vis-à-vis des institutions qui se rapportent au thème tel que les gestionnaires des Aires Protégées de Makira et de Masoala, les services qui se rapporte à l’agriculture et gestion des forêts.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. METHODOLOGIE
II.1. Problématique et hypothèses
II.1.1. Problématique
II.1.2. Hypothèses
II.2. Zone d’étude
II.2.1. Cadre physique
II.2.2. Cadre socio-économique
II.3. Etat des connaissances
II.3.1. Définition
II.3.2. Relation entre culture de rente et culture vivrière
II.3.3. Biodiversité forestière de Nord-Est de Madagascar
II.3.4. Les menaces sur la biodiversité
II.4. Méthodes
II.4.1. Investigation bibliographique
II.4.2. Cartographie
II.4.3. Observations directes
II.4.4. Enquêtes
II.4.5. Inventaire
II.4.6. Traitement et analyse de données
II.4.7. Etude d’Impact Environnemental de l’agriculture commerciale
II.4.8. Cadre opératoire
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Principales cultures agricoles dans la zone d’étude
III.1.1. Cultures de subsistance
III.1.2. Cultures de rente
III.2. Liens entre activités agricoles et dégradation forestière
III.2.1. Utilisations des terres
III.2.2. Système de production
III.3. Cultures de rente et agroforêt
III.3.1. Riziculture
III.3.2. Structure floristique
III.3.3. Structure spatiale
III.4. Menaces et pressions sur la biodiversité forestière
III.5. Impacts de l’agriculture commerciale sur la forêt
III.6. Mesures d’atténuation
IV. Discussions et Recommandations
IV.1. Discussions
IV.1.1. Sur les méthodes
IV.1.2. Sur les résultats
IV.1.3. Sur les hypothèses
IV.2. Recommandations
V. Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
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