Le présent mémoire nous a permis de constater qu’une grande majorité des habitants de notre planète est pauvre. Aussi, se focaliser sur la situation de ces pauvres nous apporterait beaucoup de renseignements sur la lutte contre la pauvreté. Généralement, les pauvres survivent en travaillant dans le secteur agricole. De ce fait, étudier l’économie agricole nous aiderait à comprendre la situation de ces pauvres (Schultz, 1979). « 1,2 milliards d’habitants de notre planète vivent dans une extrême pauvreté » (JULES, 2006). 90% d’entre eux se trouvent dans les milieux ruraux dont 80% sont des agriculteurs. Il est à noter que les pauvres en milieu urbain sont des immigrants (Idem). Le problème de la pauvreté a été pris en compte pour la première fois par les Nations Unies , notamment dans les pays en développement (CLING et al. 2002). La publication de l’ouvrage intitulé « l’Ajustement à visage humain » depuis 1987 par l’UNICEF contribue à la prise de conscience des conférences internationales des conséquences sociales néfastes de l’ajustement structurel les conduisant à prendre en compte le problème de la pauvreté et les incitants à le mettre en avant (Idem).
Plus tard, la banque mondiale prend en compte le problème de la pauvreté et met en œuvre de manière indirecte des DSA (Dimensions Sociales de l’Ajustement) en association avec le PNUD et la BAD (Banque Africaine de Développement), « pour atténuer les effets négatifs de court terme des réformes sur les populations vulnérables » ; et de manière directe, elle a élaboré un rapport en 1990 mettant en évidence la pauvreté. Ainsi, elle a réalisé des analyses afin de cerner le problème de la pauvreté dans les pays. Cette prise en compte repose sur trois raisons principales:
❖ Une des principales raisons est l’augmentation de la pauvreté dans le monde notamment en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et dans les pays en transition d’Europe. En effet, il existe des pays qui se trouvent enfermés dans une véritable « trappe à pauvreté » c’est-à-dire qui ont du mal à s’en sortir. Leurs situations vont être aggravées par les tendances démographiques existantes (Idem).
❖ « La deuxième raison qui a contraint les Institutions de Bretton Woods à changer de politiques est liée à l’échec des politiques d’ajustement structurel et à la remise en cause du « consensus de Washington », qui a fondé ces politiques, basé sur le triptyque : stabilisation macroéconomique, libéralisation externe, libéralisation interne. » (CLING, 2002, p5).
❖ « La crise de légitimité des IBW constitue le troisième facteur de ce changement d’attitude ». En effet, l’aggravation de la pauvreté dans le monde, l’échec général des politiques promues par les IBW et la crise de la dette qui en résulte ont favorisé cette crise conduisant les IBW à changer d’orientation en tenant compte des critiques qui leur sont adressées (Idem).
Les problèmes de la pauvreté sont plus perçus dans les pays en voie de développement (ANDRIANALIZAH, 2009). Un de ces problèmes qu’on rencontre souvent dans ces pays est l’exode rural (Idem). Les vagues des migrants venant des zones rurales s’abattent sur les villes et se répercutent sur l’effectif de la population urbaine plus précisément, ils gonflent cet effectif. Ce gonflement présente des conséquences sur les milieux urbains à cause de l’insuffisance d’emploi existant (Idem). Vu que Madagascar est classé dans la catégorie des pays en voie de développement, il rencontre alors le problème d’exode rural comme la majorité des pays pauvres. C’est dans ce sens qu’on s’est intéressé sur le sujet : « l’exode rural est un facteur déterminant de la pauvreté à Madagascar ». En effet, la ville d’Antananarivo ne peut échapper à l’impact de ce phénomène. De ce fait, il convient d’analyser les raisons poussant la population rurale à se déplacer vers les villes et d’en apporter des stratégies permettant de l’atténuer (Idem).
RELATION DE CAUSALITE ENTRE PAUVRETE ET EXODE RURAL
La pauvreté dans les pays en développement est caractérisée par la pauvreté des milieux ruraux. Leur population est constituée en majorité de gens pauvres. Mais depuis quelques décennies, cette pauvreté en milieux ruraux s’est propagée en ville par le biais de l’exode rural (FIDA, 2002). C’est dans cette partie que nous allons analyser le processus du transfert de cette « pauvreté rurale » en « pauvreté urbaine ». Afin de mieux avancer dans notre analyse, il est nécessaire d’éclaircir certains concepts.
Notion des concepts clés
L’Exode rural
Etymologiquement, le terme « exode rural » est la combinaison de deux mots, «exode » du grec exodos ou départ, et « rural », du latin rus, ruris ou campagne (Le Petit Larousse). Selon E. Littré le terme exode désigne l’émigration de tout un peuple ou un départ en masse d’une population (JULES, 2006) ; tandis que le terme rural désigne tout ce qui concerne les paysans et plus généralement toutes territoires et activités non urbaines (Le Petit Larousse, 2008), et souvent défini comme des lieux en dehors de la ville (REID, 2006). Le FIDA définit une région « comme étant rurale lorsque plus de la moitié de la population vit dans des communautés où la densité démographique est inférieure à 150 personnes par kilomètre carré » (FIDA, 2002).
L’exode rural est donc une migration définitive des habitants des campagnes vers les villes. On parle alors d’émigration en masse de la population rurale (Le Petit Larousse, 2008). Autrement dit, il désigne le déplacement durable de la population quittant les zones rurales pour aller s’implanter dans des zones urbaines (Wikipédia).
La pauvreté
Étymologiquement, le mot pauvreté vient du latin pauper qui veut dire peu ou petit et du grec peina qui signifie la faim. En grec, le mot « pauvreté » se traduit par aporia reflétant l’absence de chemin (ANDRIANALIZAH, 2009) . La combinaison de ces deux origines conduit à une double conception de la pauvreté : « c’est une notion à la fois quantitative, peu, petit, le manque de nourriture et, qualitative, en ce sens qu’elle traduit la condition psychologique de celui ou celle qui ne peut trouver son chemin » (Idem).
La pauvreté est un « phénomène très vaste et complexe qui dépend de la capacité et du bien-être, on la mesure souvent en la comparant avec le seuil de consommation objectif » (FIDA). Elle est aussi en quelque sorte « un état d’asservissement et de frustration dans lequel se trouve une personne particulièrement ou totalement dépourvue de moyen d’existence durable et qui se voit exclue de la jouissance des fruits de la croissance » (DSRP, 2003, p1). Et selon le rapport de la banque mondiale de 1990, la pauvreté est liée à la privation des biens fondamentaux, et dans celui de 2000/01, c’est une notion de manque de bien conduisant à l’absence de capacité de choix, à l’exclusion et la vulnérabilité (CLING et al. 2002).
Il est à noter que la pauvreté est un concept multidimensionnel. En effet, elle possède plusieurs dimensions à savoir : le dénuement matériel, la malnutrition, l’analphabétisme, la maladie, l’exclusion, la vulnérabilité, l’insécurité et la marginalisation (Idem). Elle peut donc être un phénomène tant sociologique, qu’économique ou encore anthropologique (ANDRIANALIZAH, 2009). De ce fait, il est difficile d’avoir une définition universelle de cette notion. Mais il existe pourtant des façons d’agréger ces différentes dimensions à savoir la considération du bien être et, selon le PNUD, le calcul de l’indice de développement humain (CLING et al, 2002). Ce qui nous conduit à étudier les mesures de la pauvreté ainsi que ses indicateurs afin de mieux cerner ce concept.
Mesure de la pauvreté
Bien que la pauvreté ait un caractère insaisissable, des spécialistes ont pu montrer qu’elle est mesurable (ANDRIANALIZAH, 2009). Pour ce faire, il est nécessaire d’identifier la pauvreté et de les agréger (Idem).
Identification de la pauvreté
Il convient en premier lieu de définir ceux qui sont considérés comme pauvres dans une population donnée (ANDRIANALIZAH, 2009). « Les normes internationales définissent les pauvres, comme les individus dont les ressources sont insuffisantes pour consommer, en plus des éléments non alimentaire indispensable, une ration alimentaire de 2 133 calories par jour, le minimum censé être nécessaire pour entretenir une vie normale et active » (DSRP, 2003, p16). Le mot « pauvre » peut-être aussi défini par l’état d’une personne en manque de moyen matériel (GROOTMAGGELTI, 2006). Il se peut que certaines personnes soient considérées comme pauvres selon les critères. Ce qui est sûr, c’est que les gens qui ont des revenus faibles et qui consomment peu sont toujours considérés comme pauvres et si 70% ou 80% de leur revenu sont consacrés à l’alimentation (FIDA, 2002). Cette identification peut être finalisée par l’établissement d’un seuil de pauvreté. (Idem). Le seuil de pauvreté est un moyen d’identifier ceux qui sont pauvres par l’évaluation de leur bien-être. En effet, il constitue un plancher acceptable (JULES, 2006). «Le seuil de pauvreté est essentiellement défini comme la valeur du revenu ou de la consommation nécessaire pour assurer le niveau minimum d’alimentation et d’autres besoins » (Idem). Il existe deux manières de définir ce seuil : la première en considérant la pauvreté absolue et la seconde en tenant compte de la pauvreté relative (Idem).
La pauvreté absolue est définie par Jeanne BAILLARGEON comme « une insuffisance de biens de première nécessité qui menace la survie de l’individu ». Pour Valdès et Johan, elle correspond à « la situation d’un individu ou d’un ménage par rapport à un seuil de pauvreté dont la valeur réelle est établie dans le temps » et AMARTYA Sen débouche sur un concept de pauvreté absolue en tant que « privation des ressources minimales nécessaires au libre exercice de droits humains inaliénables : se nourrir et se soigner, soi et ses enfants, choisir son métier en fonction de ses capacités, participer à la vie de la société, avoir de l’estime pour soi,… » (CLING, 2002 ; p57).
La pauvreté relative est définie par Valdès et Johan comme étant la situation d’un individu vis-à-vis du revenu moyen du pays (JULES, 2006). D’après la Banque Mondiale, un pays se trouve dans la situation de la pauvreté relative si les gens vivent avec moins de deux dollars par jour.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : RELATION DE CAUSALITE ENTRE PAUVRETE ET EXODE RURAL
Chapitre 1 : Notion des concepts clés
Section 1 : L’exode rural
Section 2 : La pauvreté
Chapitre 2 : La pauvreté rurale engendre-t-elle l’exode rural ?
Section 1 : Caractérisation de la pauvreté rurale
Section 2 : Causes de la pauvreté rurale
Chapitre 3 : La pauvreté urbaine est-elle causée par l’exode rural ?
Section 1 : Les caractéristiques de la pauvreté urbaine
Section 2 : L’exode rural principal facteur de la pauvreté urbaine
PARTIE II : LES POLITIQUES APPLIQUEES POUR LUTTER CONTRE LA PAUVRETE
Chapitre I : Conception de la lutte contre la pauvreté
Section 1 : Les approches de la lutte contre la pauvreté
Section 2 : Vision de la lutte contre la pauvreté par les communautés internationales
Chapitre 2 : Les politiques économiques appliquées pour lutter contre la pauvreté
Section 1 : Les politiques appliquées dans les autres pays
Section 2 : Les politiques appliquées à Madagascar et leurs pertinences
Section 3 : Discussions
CONCLUSION