La pensée mercantiliste
En matière d’analyse du commerce international, la pensée mercantiliste a été dominante au cours des XVIe et XVIIe siècles. Les mercantilistes considèrent que le commerce international est une source essentielle de richesse d’un pays. La puissance d’unenation dépend de sa richesse matérielle, richesse matérielle assimilée aux métaux précieux. Pour obtenir de l’or ou de l’argent et retenir ces métaux précieux sur le territoire national, le pays doit dégager un excédent durable dans sa balance commerciale. Les mercantilistes préconisent une politique protectionniste avec d’une part, l’instauration des droits de douanes et de règles diverses visant à limiter les importations et d’autre part, l’existence de subventions visant à favoriser les exportations. Cette politique économique a notamment été appliquée par Colbert en France, politique connue sous le nom de Colbertisme. Dans l’optique mercantiliste, le commerce international est un jeu de somme nulle. Il est par nature conflictuel : ce que les uns gagnent, les autres le perdent. Les métaux précieux qui sortent d’un pays par le canal des importations entrent dans un autre pays par ses exportations.
La théorie des avantages absolus d’Adam Smith
a) Portée : L’échange international est avantageux si chaque pays se spécialise dans la production où il possède un avantage absolu en matière de coût. L’avantage absolu désigne la possibilité pour un pays de produire un bien avec moins de facteur de production par rapport au reste du monde. Adam Smith (la Richesse des nations, 1776) raisonne dans le cas de deux pays produisant chacun deux biens, avec un unique facteur de production, le travail, mobile sur le plan national mais immobile internationalement. Les coûts de production unitaires étant mesurés en heures de travail, un pays dispose d’un avantage absolu dans la production d’un bien lorsqu’il peut le produire avec moins d’heures de travail que le pays partenaire. Une meilleure utilisation des ressources productives est obtenue au niveau mondial grâce à la spécialisation et à la division du travail. L’ouverture des marchés permet d’élever le niveau général de la productivité des pays, engendrant un gain au niveau mondial.
b) Limites : La théorie des avantages absolus exclut l’échange réciproque entre pays ayant des niveaux très différents de développement. En effet, le plus développé est susceptible de bénéficier de la productivité la plus élevée dans tous les secteurs. Une nation qui ne dispose d’aucun avantage absolu ne peut participer au commerce international.
Les prolongements apportés par Stuart Mill
Etant donné que le modèle ricardien ne fournit aucune indication sur la répartition du gain né de l’échange international, Stuart Mill prolonge la théorie des avantages comparatifs sur ce point et montre que les prix internationaux des produits qui résultent du niveau de la demande mondiale, déterminent le gain né de l’échange pour les différents pays. Alors que dans le modèle de Ricardo, les prix internes sont déterminés par les coûts, c’est-à-dire par les conditions d’offre. Stuart Mill démontre que le prix international va, pour sa part, être déterminé par les conditions de la demande mondiale. Deux conclusions découlent des travaux de Mill :
les pays qui ont un avantage comparatif dans les produits fortement demandés au niveau international ont plus de chance d’acquérir des gains élevés à l’échange. La spécialisation sur la base des avantages comparatifs n’est favorable que si la demande étrangère est telle que le prix international est supérieur au prix en autarcie. En outre, les pays sont confrontés à la détérioration des termes de l’échange.
les situations de répartition inégale du gain à l’échange sont les plus courantes.
Théories HOS
Le modèle HOS fonde l’échange international sur des différences de dotations relatives des facteurs. Cette analyse néoclassique du commerce international vise à approfondir les travaux de Ricardo en expliquant notamment l’origine des différences de coûts de production entre les pays par des dotations différentes en ressources productives. L’idée de départ de ces théories consiste à dire que chaque pays est doté de facteurs de production différents. Cette différence de proportion conditionne la nature des échanges entre les pays. Le « Théorème d’Hecksher – Ohlin » ou loi des proportions des facteurs est la loi selon laquelle le pays tend à se spécialiser dans la production et l’exportation des biens incorporant de façon intensive les facteurs de production relativement abondants sur le territoire, et à importer les produits nécessitant le recours à des facteurs de production relativement rares dans le pays. Le « Théorème d’Hecksher – Ohlin » fait partie de la théorie HOS (Hecksher – OhlinSamuelson) qui trouve son appellation du nom des différents auteurs qui en sont à l’origine. L’analyse suédoise a été élaborée vers la première moitié du XXe siècle. La théorie HOS renouvelle la théorie de Ricardo en montrant que les avantages comparatifs ont leur source dans les différences en dotations de facteurs de production (capital, travail, ressources naturelles) : les pays ont intérêt à échanger parce qu’ils n’ont pas les mêmes coûts relatifs de production pour fabriquer les différents biens. Chaque pays va être amené à exporter les biens incorporant de façon intensive les facteurs abondants sur son territoire (coût de production plus faible que dans les pays étrangers) et à importer les biens incorporant de manière intensive les facteurs rares sur son territoire (coût de production plus élevé que dans les pays étrangers).
La théorie de l’écart technologique
Développée par Posner en 1961, cette théorie énonce que l’innovation crée unavantage comparatif pour un pays innovateur qui détient le monopole du produit nouveau tantque la propagation internationale de l’innovation ne l’a pas éliminé. L’écart de technologieentre les pays constitue le déterminant du commerce international. Les pays en avance exportent des biens intensifs en nouvelles technologies et importent des pays les moins avancés technologiquement des biens dont la production requiert des technologies banalisées. Le commerce international devient temporairement indépendant des rapports de coûts et s’explique avant tout par l’innovation. Hufbauer prolonge l’analyse de Posner en considérant deux pays: un pays A innovateur qui dispose d’un salaire moyen plus élevé que le pays B imitateur. Le pays A est contraint d’innover de façon constante afin de maintenir son niveau de revenu, le monopole technologique du pays A étant constamment érodé par le transfert technologique à destination du pays B, compétitif grâce au bas salaire.
Le pays et ses ressources
Avec une superficie plus grande que celle de la France et de la Belgique réunies, la Grande Ile dispose d’une grande aire cultivable dont une grande partie reste encore inexploitée. De plus, le rendement moyen des terres cultivées est très faible. En outre, la Grande Ile présente une diversité de sol qui convient à différents types de culture. Les hautes terres sont favorables aux cultures de légumes, de pommes de terre et des fruits. Les céréales (maïs, riz, blé,…), les oléagineux (arachide, soja), le coton, le pois de cap, la canne à sucre, se cultivent dans la partie Sud Est et Nord Ouest, avec des possibilités d’exploitations industrielles. Tout le long du littoral Est, les cultures de rentes (vanille, letchis, café, girofle, poivre) et les cultures industrielles (canne à sucre, palmier à huile, cocotier,…) y sont favorables. Cette variété pédologique offre également la possibilité de diversifier les produits d’élevage (bovin, caprin, avicole, porcin,…). A tout cela s’ajoute un réseau hydraulique très important. Seules quelques régions de la partie sud sont touchées par la sécheresse. A l’instar de la diversité pédologique, la diversité climatique de Madagascar lui donne une grande possibilité de diversifier les activités agricoles. Alors Madagascar est telle que l’on peut y distinguer 4 types de climats : tropical Humide à l’Est, tropical d’altitude dans les Hautes Terres centrales, tropical sec dans les plateaux de l’Ouest et enfin semi-aride au Sud. La variété des climats est très importante. L’île dispose également de réserves d’eaux inégales selon les zones, mais néanmoins importantes, tant en surface (120 fleuves, 85 lacs de plus d’1 Km2) que souterraines. Par ailleurs, le sous-sol malgache est très riche en ressources minières en particulier la bauxite, le chrome, le nickel, le graphite, le minerai de fer, le charbon, le pétrole offshore, le cuivre et bien d’autres encore. Contrairement à l’image que l’on peut avoir de ce pays, Madagascar présente de nombreuses potentialités non exploitées, comme ses ressources naturelles (eau, cheptel bovin, espaces cultivables, minerais industriels ou pierres précieuses et semi-précieuses), ses ressources marines ou ses attraits touristiques. L’un des aspects particuliers de Madagascar réside ainsi dans la grande richesse de sa faune et de sa flore, du fait de la multiplicité de ses climats : c’est l’un des pays au monde qui réunit la plus grande variété d’espèces, tant au niveau végétal qu’animal.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
LISTE DES ABREVIATIONS, DES SIGLES ET DES ACRONYMES
GLOSSAIRE
METHODOLOGIE
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Soubassement théorique et l’essentiel sur Madagascar et l’Ile Maurice
CHAPITRE I : APPROCHE THEORIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL
Section I : Le courant précurseur et les théories traditionnelles
§1- Le courant précurseur : les mercantilistes
A- La pensée mercantiliste
B- Les critiques sur la pensée mercantiliste
§2- Les analyses de l’Ecole classique : Adam SMITH, David RICARDO, John Stuart MILL
A- La théorie des avantages absolus d’Adam Smith
a) Portée
b) Limites
B- La théorie des avantages comparatifs de David Ricardo
a) Portée
b) Limites
c) Les prolongements apportés par Stuart Mill
§3- La théorie suédoise de l’échange international
A- Théories HOS
B- Les restrictions
a) Le paradoxe de Leontief
b) Les défenseurs de nouvelles théories
Section II : Les théories contemporaines du commerce international
§1- L’approfondissement de la théorie de l’avantage comparatif : les approches néofactorielle et néotechnologique
A- L’approche néofactorielle
B- L’approche néotechnologique
a) La théorie de l’écart technologique
b) la théorie du cycle de vie
§2- L’échange intrabranche expliqué par les caractéristiques de la demande et les structures du marché
A- Les théories de la « demande représentative » et de la « demande de différence »
a) La « demande représentative » de Linder
b) La « demande de différence » de Lassudrie-Duchêne
B- L’existence d’une spécialisation intrabranche
C- La hiérarchisation des avantages comparatifs
§3- La nouvelle théorie du commerce international
A- Echanges internationaux et rendements croissants
B- Echanges internationaux et différenciation des produits
a) La différenciation horizontale
b) La différenciation verticale
Section III : La politique commerciale
§1- Les formes traditionnelles de politique commerciale
A- La protection douanière
B- L’union douanière
§2- Les formes contemporaines de la politique commerciale
A- Les restrictions quantitatives et les obstacles qualitatifs
a) Les restrictions quantitatives
b) Les barrières qualitatives
B- Le dumping et les règles antidumping
CHAPITRE II : PRESENTATION DE MADAGASCAR ET DE L’ILE MAURICE
Section I : Madagascar
§1- Les caractéristiques physiques de Madagascar
A- Situation géographique
a) Localisation
b) Répartition du territoire
B- Le pays et ses ressources
§2- Les caractéristiques sociales et économiques du pays
A- La vie sociale
a) Démographie
b) Vie des hommes
B- Economie de Madagascar
a) L’agriculture
b) L’industrie
c) Le tourisme
d) Inflation
§3- La politique économique de Madagascar
A- Politique monétaire
B- Politique de change
C- Politique fiscale
D- Politique commerciale
E- La politique étrangère
Section II : L’Ile Maurice
§1- Les caractéristiques physiques de l’Ile Maurice
A- Situation géographique
a) Localisation
b) Répartition
B- Le territoire et ses ressources
§2- Les caractéristiques sociales et économiques du pays
A- La vie sociale
a) Démographie
b) La vie des hommes
B- La montée économique du pays
a) Le parcours économique de l’Ile Maurice : Post Indépendance
b) Les réalisations de l’Ile Maurice au cours de la dernière décennie
Section III : Essai de rapprochement entre Madagascar et l’Ile Maurice
§1- Point de vue socio-économique
A- Langue et religion
B- Démographie
C- Comparaison du niveau de développement
§2- Point de vue avantage comparatif
A- Avantages comparatifs de Madagascar : Les potentialités
a) Position géographique
b) Facteurs physiques
c) Le Climat
d) Démographie
e) Les capitaux touristiques de Madagascar
B- Le climat des investissements à Madagascar en comparaison avec Maurice
a) Qu’est-ce que le climat des investissements et en quoi est-il important ?
b) Comparaison des coûts de facteurs entre Madagascar et Maurice
c) Comparaison des contraintes influant sur la productivité des entreprises
d) Analyse des principales contraintes
CHAPITRE III : L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ENTRE MADAGASCAR ET ILE MAURICE
Section I : Les spécificités des rapports malgacho-mauriciens
§1- Historique
A- Les points communs
B- Relation entre Madagascar et Maurice: les dates importantes
C- Les faits nouveaux sur la Coopération Bilatérale
§2- Nature des liens entre Madagascar et Maurice
Section II: Les appartenances communes des deux Nations aux organisations et initiatives régionales et /ou internationales
§1- La liste des noms des organisations et/ou initiatives
§2- Vue succincte sur chaque organisation et/ou initiative
A- Afrique Caraïbes Pacifique
B- African Growth and Opportunity Act ou AGOA (La Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique)
C- Cross Border Initiative ou L’Initiative transfrontalière en Afrique: promouvoir le commerce et l’investissement
D- Commission de l’Océan Indien
E- Le Marché Commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe
a) Buts et étapes
b) Situation actuelle de l’intégration
F- La Francophonie
G- Indian Ocean Rim-Association for Regional Cooperation
a) Les pays membres
b) Les objectifs de l’IOR-ARC
c) Les activités de l’IOR-ARC
H- La SADC
Section III : L’agencement des relations commerciales entre les deux pays
§1- Les règlementations commerciales
§2- Le Comité de Coordination et de Suivi des relations Maurice-Madagscar ou CCSMM
A- Objectif
B- Les fonctions de la Commission Mixte
C- Ses membres
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES ECHANGES COMMERCIAUX ENTRE MADAGASCAR ET MAURICE
CHAPITRE I : ANALYSE DES ECHANGES ENTRE MADAGASCAR ET MAURICE
Section I : Analyse des échanges
§1- Les importations en provenance de Maurice
A- Identification des produits
a) Les importations hors zone franche
b) Les importations des zones franches
B- Structure des importations
a) les importations hors zones franches
b) les importations des zones franches
C- Evolution des importations
§2- Les exportations vers Maurice
A- Indentification des produits
a) Les exportations hors zones franches
b) les exportations des zones franches
B- Structure des exportations
a) les exportations hors zones franches
b) les exportations des zones franches
C- Evolution des exportations
Section II : Situation des échanges commerciaux
§1- Etude de la balance commerciale
§2- Les obstacles encourus par nos échanges avec Maurice
Section III : Analyse des IDE mauriciens à Madagascar
§1- Concept et définition
A- Investissement Direct Etranger
B- Stocks et flux d’investissement
C- Entreprise d’investissement direct
§2- Classement de l’Ile Maurice parmi les principaux partenaires de Madagascar en matière d’IDE
§3- Les stock d’IDE de l’Ile Maurice
A- Evolution du stock d’IDE de l’Ile Maurice
B- Répartition par branche des stocks d’IDE de l’Ile Maurice
§4- Les flux d’IDE de l’Ile Maurice
A- Evolution du flux d’IDE de l’Ile Maurice
B- Répartition par branche du flux d’IDE de l’Ile Maurice
CHAPITRE II : ETUDE DES ECHANGES AVEC MAURICE DANS LA COI, LE COMESA, ET LA SADC
Section I : COI
§1- Structure des exportations
§2- Structure des importations
§3- Balance commerciale
Section II : COMESA
§1- Structure des exportations
§2- Structure des importations
§3- Balance commerciale
Section III : SADC
§1- Structure des exportations
§2- Structures des importations
§3- Balance commerciale
CHAPITRE III : IMPACTS DES ECHANGES MADAGASCAR-MAURICE SUR L’ECONOMIE MALGACHE
Section I : Impacts positifs
§1- Les possibilités socio-économiques de Madagascar nées de ces relations
A- Madagascar, un grenier à nourriture de l’Ile Maurice
B- Les effets induits de la relation
a) Les emplois générés par les IDE mauriciens
b) Effort de normalisation répondant aux attentes mauriciennes
C- Le savoir faire mauricien, un exemple pour Madagascar
§2- Les effets du commerce extérieur en général sur un pays
Section II : Impacts négatifs
§1- Maurice, un concurrent pour Madagascar
§2- Invasion des produits mauriciens à Madagascar
§3- Effet du solde négatif des échanges avec Maurice
Section III: Les efforts du gouvernement et suggestions
§1- Les efforts du gouvernement
A- La libéralisation du commerce
B- La facilitation des échanges
a) au niveau des échanges extérieurs
b) au niveau des transports
c) au niveau de la douane
C- Les nouvelles réalisations
a) Signature de l’APPI
b) Création de l’EDBM
c) Création de service de renseignements financiers
d) L’adhésion de Madagascar à la Convention Internationale pour la Protection des Végétaux
§2- Suggestions
A- Rôle de l’Etat
B- Rôle des entrepreneurs malgaches
C- Rôle des consommateurs malgaches
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
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