RELACHEMENT DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES FACE AU DEFI DE DEVELOPPEMENT

Problèmes rencontrés et limites

                  En tant qu’apprenti-chercheur, notre insertion dans la société ne peut se faire de manière totale, mais à travers des groupes particuliers. Nous nous insérons dans certains réseaux mais pas d’autres. Ce problème est redoutable autant qu’inévitable. Néanmoins, nous avons pu s’assimiler grâce à notre complicité à un groupe social donné. La plupart des données sont produites à travers notre interaction avec les personnes cibles, à travers notre mobilisation. Par ailleurs, non seulement il a été difficile pour nous de trouver et de discuter avec les populations cibles à tel ou tel endroit du fait que chacun a sa préoccupation et sa fonction ; et que le temps leur coûte cher un entretien; mais aussi, que nombreux sont ceux qui ignorent ou ne connaissent même pas ce que sont les valeurs morales et civiques malgaches. Il fallait alors les guider en leur donnant des exemples de valeurs morales et civiques malgaches dont il faut respecter. Toutefois, force est de souligner que nous avons pu atteindre notre objectif dans l’accomplissement de la recherche.

ACTEURS DES VALEURS MORALES

                L’art de vivre dans la société nécessite un apprentissage et une habitude au niveau de la cellule familiale d’abord. En effet, la famille est le berceau de l’éducation première de l’enfant. Avant qu’il soit capable de raisonner et de comprendre, les membres de la famille forment l’enfant par des moyens esthétiques à aimer le bien et à haïr le mal, c’est-à-dire que les valeurs morales sont déjà inculquées à l’enfance et cela continue tout au long de la vie grâce au processus de socialisation. A part la famille, l’école, un lieu d’éducation idéal, joue aussi un rôle important sur la transmission des valeurs morales à la personne. En d’autres termes, c’est au niveau de l’établissement scolaire que la personne apprend comment elle doit se conduire et se comporter vis-à-vis de la société afin que cette dernière puisse vivre en harmonie. L’éducation morale donnée à la personne se fait par étape de l’enfance à l’âge adulte. Face à la société, il appartient à chacun de puiser de ce qui l’entoure de ce qu’il a les valeurs. Selon jean Jacques ROUSSEAU (1762), « L’homme naît naturellement bon, c’est la société qui le corrompt ». En ce sens, le respect des valeurs morales dépend de la société où l’homme vit et c’est cette société qui fait la socialisation de la personne. En somme, l’éducation des valeurs morales n’a pas de limite, elle commence à l’enfance afin que la personne puisse s’habituer peu à peu des règles de conduite vis-à-vis de la société. Cette intériorisation des valeurs normatives se pourrait tout au long de la vie mais son degré varie selon l’âge de la personne. Parents, établissements scolaires, société et associations ont tous leur part de responsabilité dans l’institution des valeurs morales. Leur socialisation se complète et se transmet d’un stade à un autre.

NOTION DE VALEURS CIVIQUES

                   Etymologiquement, le mot civisme vient du latin « civis » qui renvoie à celui qui a droit de cité, c’est –à-dire le citoyen. Le civisme désigne le respect du citoyen pour la collectivité dans laquelle il vit et de ses conventions dont notamment sa loi. Ce terme s’applique dans le cadre d’un rapport à l’institution représentant la collectivité : il s’agit donc du respect de la « chose publique » et de l’affirmation personnelle d’une conscience politique (ROUSSEAU, 1762). Le civisme implique donc la connaissance de ses droits comme de ses devoirs vis- à- vis de la société. En ce sens, le civisme est une valeur civilisatrice moderne qui se vit au quotidien des peuples ; il est la marque d’une appartenance à une même collectivité, au service d’une même nation ou des mêmes idéaux. Le civisme est ainsi perçu comme une vertu, un sentiment du bon citoyen. Apparu au cours des années 1990, l’emploi de citoyenneté au sens de civisme est contesté. En effet, la citoyenneté n’exprime que la condition de citoyen, tandis que le civisme exprime la condition du citoyen respectueux de ses devoirs (J. PAULHAL). On distingue également le civisme du savoir-vivre et de la civilité, qui relèvent du respect d’autrui dans le cadre des rapports privés. Le respect dont il est question ici est celui des principes collectifs sans qui cela soit forcément en contradiction avec les lois. Dans certains cas, l’acte d’incivisme peut ne pas être légalement réprimé. En synthétisant et en simplifiant ces définitions, nous pouvons conclure que le civisme est le respect de la morale que la collectivité, la société ; les pays imposent à l’individu, au citoyen. Le civisme est également le respect des disciplines (la loi, les règles, l’ordre, l’hiérarchisation…) dans un milieu déterminé, le respect d’autrui et surtout de l’environnement. Cela signifie que la valorisation du civisme promet un développement social et environnemental.

ANALYSE NOTIONNELLE DE DEVELOPPEMENT

             Parler du concept de développement, dans les sciences humaines, c’est aborder l’amélioration des conditions et de la qualité de vie d’une population, et renvoie à l’organisation sociale servant de cadre à la production du bien-être. Il s’agit donc de développement social et relève davantage du qualitatif que du quantitatif. La qualité de la vie ne se réduit non seulement au bien-être matériel mais comprend aussi des valeurs telles que la justice sociale, l’estime de soi et la qualité du bien social. En ce sens, le développement social inclut le respect des valeurs morales et civiques. Le développement social est recherché par la plupart des pays du monde surtout par les pays en voie de développement dont Madagascar. Le développement (PNUD, 1994) est un processus qui vise à chercher en permanence dans un milieu donné l’équilibre entre les besoins et les ressources afin de permettre à chaque individu de la société :
– de vivre longtemps et en santé, dans de bonnes conditions ;
– d’avoir accès aux ressources pour jouir d’un niveau de vie convenable.
En d’autres termes, pour accéder à l’évolution sociale, une recherche dynamique du mieux-être s’impose quels que soient les niveaux atteints par un pays. Le mieux-être désigne l’amélioration de l’état de santé, l’éducation et la possession d’un travail décent garantissant la vie à la personne et à sa famille. A ce propos, le développement social d’après J.A. PONSIOEN (1968) est « plus vague et peut-être compris comme couvrant :
1) l’augmentation de la consommation moyenne ;
2) la garantie à tous les citoyens de ce qui est considéré comme la satisfaction des besoins vitaux ;
3) une égalité plus grande dans la distribution de revenu ;
4) une consommation orientée vers les besoins les plus humains, comme par exemple un logement convenable, la participation à la vie culturelle, l’éducation, la santé, etc. ;
5) des relations humaines satisfaisantes, à la fois aux niveaux individuel et collectif de la société ».
Par ailleurs, le développement désigne aussi la croissance économique. Celle-ci est habituellement nécessaire ou consécutive au développement, mais elle n’est qu’un aspect. Adam SMITH (1776), disait que « l’accumulation de capital et la division du travail entraînent une croissance régulière du bien-être ». Cela veut dire qu’une fois on dispose du revenu monétaire, on peut satisfaire les besoins fondamentaux selon ce que l’on possède. Cela revient à dire que la possession d’argent par l’occupation d’un poste approprié à la capacité de soi assure et la satisfaction de ses besoins. Outre cela, le développement a des aspects économiques, sociopolitiques et environnementaux. En effet, le développement afin qu’il dure nécessite l’association de ces trois piliers : un développement viable sur le plan économique, équitable sur le plan social et durable sur le plan environnemental. Ces trois piliers du développement durables sont indissociables, mais ils ne peuvent s’articuler les uns avec les autres que si la démocratie les met en cohérence et leur donne une efficacité systématique. La viabilité économique est nécessaire pour produire le bien-être matériel. L’équité sociale est nécessaire pour la vie de tous. La durabilité environnementale est nécessaire dans l’intérêt des générations futures. En somme, le développement désigne la réalisation des valeurs morales et civiques instituées dans une société par sa population en association avec la possession de ressources matérielles afin d’instaurer le contrôle social et la paix sociale.

EDUCATIONS MORALES ET CIVIQUES AUPRES DU FOYER FAMILIAL

             Chaque parent a sa méthode pour éduquer ses enfants. Cette éducation parentale dépend de la manière dont les parents ont été élevés. Cependant, il y a les parents qui se contentent de l’éducation traditionnaliste alors que certains préfèrent suivre le courant de la modernité. Autrefois, les éducations morales et civiques se font grâce à la littérature à l’instar des contes, et par le plus âgé de la société ou « Olobe », surtout le soir avant le diner. En effet, c’était à travers la littérature surtout orale que les Malgaches ont institué comment mieux vivre dans la société afin de devenir un bon citoyen plus policé et civilisé (RALAIMIHOATRA, 1965). La famille traditionnelle est plutôt paisible : parents et enfants se respectent, les parents renvoient une bonne image envers les enfants afin qu’ils leur servent de modèle. Par exemple, les films et les théâtres sont instructifs c’est-à-dire renvoient des leçons de morale aux spectateurs, ce sont les plus petits qui doivent porter les choses et les grandes personnes possèdent la parole. En ce sens, dès l’enfance, chacun a sa place et sa responsabilité dans la société. Ainsi, l’objectif était de donner l’autonomie et l’indépendance à chacun. Aujourd’hui, la plupart des parents n’ont plus de temps disponibles pour effectuer les éducations morales et civiques de leurs enfants. Et il arrive même, que pour se décontracter, les parents se laissent influencer par le courant de la modernité. Dans ce cas, les éducations morales et civiques ne sont réservées qu’aux établissements scolaires et que la suivie de celle-ci dépend entièrement de la conscience de chacun. Les parents ne réagissent plus que lorsque leurs progénitures se trouvent dans l’impasse face aux problèmes. Notamment, les parents donnent aux enfants la liberté de choisir le style vestimentaire qu’ils veulent et les parents ne s’inquiètent des conséquences de celui-ci que quand leurs jeunes enfants se comportent comme des prostitués ou sont victimes de viol. L’unité familiale, la complicité autrefois valorisée par les Malgaches, est rare. Chacun pour soi, chacun fait ce qui lui plaît. Les membres de la famille vivent sous le même toit mais peuvent ne pas partager le même repas : il n’y a plus de communication, l’échange de la quotidienneté a perdu sa place. Les enfants se veulent actuellement être sous le même pied d’égalité que ses parents (« Izay adala no toa an-drainy »; c’est-à-dire « Seul l’imbécile est comme son père ») et ces derniers n’acceptent plus leur place de parent ; ils fuient la vieillesse. Tels que les parents adoptent les mêmes termes évoqués par les jeunes dans les discussions, les enfants n’ont plus honte devant les parents et se permettent de se comporter indignement, de faire des gestes gênants ou de dire des gros mots, de boire de l’alcool et/ou de fumer sous les yeux des parents. Ces résultats relèvent des questions que nous avons posées auprès des populations cibles comme quoi il est indispensable de connaitre ceux qui s’occupent de ces éducations morales et civiques, comment se font ces éducations et à quel stade de la vie ces éducations doivent s’effectuer. En somme, la vie au niveau des foyers malgaches change en raison de la difficulté et des diverses instabilités de la vie. Le respect et le « Fihavanana» a laissé sa place à l’amour et à la quête incessante de l’argent.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : SYNOPSIS SUR LE THEME
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE
I-APPROCHE SOCIOLOGIQUE DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES
I-1- Caractéristiques des valeurs morales
1-1-Essai de définitions
1-2-Dynamique de configuration des valeurs morales
1-3-Acteurs des valeurs morales
I-2- Généralités sur les valeurs civiques
2-1-Notion de valeurs civiques
2-2-Inventaire des formes de valeurs formelles et informelles par rapport au civisme
2-3-Responsabilités en tant que citoyens
II- APPROCHE THEORIQUE DU DEVELOPPEMENT
II-1-Problématique de développement
1-1-Analyse notionnelle de développement
1-2-Facteurs de développement
1-3-Acteurs de développement
II-2-Synergie entre relâchement des valeurs morales et civiques et développement
2-1-Sur le plan psychologique
2-2-Sur le plan culturel
2-3-Sur le plan social
CHAPITRE II : ORGANISATIONS LOCALES
I-Historique et origine du peuplement de la Commune
II-Présentation générale de la localité
III-Potentialités de la zone à étudier
PARTIE II : SITUATION ACTUELLE DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES DANS LA COMMUNE RURALE DE TANJOMBATO FACE AU DEFI DE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE III : ASPECTS ET MANIFESTATIONS DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES
I-Inventaire des valeurs morales et civiques existant dans la société malgache
1-Au sein de la famille
2-A l’école
3-Au niveau de la société et du pays
II-Réflexion sur les manifestations des éducations morales et civiques actuelles
1-Educations morales et civiques auprès du foyer familial
2-Educations morales et civiques à l’école
3-Education morales et civiques dans la société et au niveau du pays
CHAPITRE IV : PROBLEMES DU RELACHEMENT DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES ET PARTICIPATION CITOYENNE
I-REFLEXIONS SUR LES CONSEQUENCES DES PROBLEMES DU RELACHEMENT DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES
I-1- Dynamique de l’enculturation et la vie sociale de la localité
1-1-Du pluralisme idéologique
1-2-De la restriction de l’autorité des ainés
1-3-Vers le déclin des valeurs éducatives locales
I-2-Effets et analyses
2-1-Du phénomène d’imitation
2-2-A l’apogée de l’individualisme
2-3-Vers les diverses mobilités sociales
II- PARTICIPATION DE LA POPULATION AU DEVELOPPEMENT SOCIAL ET ECONOMIQUE DE LA COMMUNE
II-1-Persistance de la discrimination
II-2-Efforts fournis par les acteurs sociaux
PARTIE III : ANALYSES SOCIOLOGIQUES ET PROSPECTIVES
CHAPITRE V : CORRELATION ENTRE RELACHEMENT DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES ET LE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE VI : CADRE OPERATIONNEL
I-AVENIR DES VALEURS MORALES ET CIVIQUES POUR FAVORISER LE DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE MALGACHE
I-1-Dynamique communicationnelle suggérée par les personnes âgées et adultes cibles
1-1-Effort familial
1-2-Sur le plan social et culturel
1-3-Au niveau national
I-2-Profils de relation organisationnelle proposée par les jeunes
2-1-Mobilisation familiale
2-2-Rôles des établissements scolaires et de la société
2-3-Responsabilités de l’Etat et du mass-média
II- SUGGESTIONS PERSONNELLES ET APPORTS DE LA RECHERCHE
II-1-Engagements pour une vie sociale harmonieuse et une stabilité économique
1-1-Respect de l’autre
1-2-Contribution de tous les acteurs sociaux au développement
1-3-Prise en compte de la réalité absolue
II-2-Apports de la recherche
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES SCHEMAS
ANNEXES
Annexe 1 : – Guide d’entretien aux responsables administratifs des Fokontany et de la Commune
Annexe 2 : – Guide d’entretien aux responsables des Etablissements scolaires
Annexe 3 : -Guide d’entretien aux personnes âgées et adultes cibles
Annexe 4 : -Guide d’entretien aux jeunes cibles
Annexe 5 : Questionnaire à soumettre à la population cible
C.V. ET RESUME

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