La problématique des friches constitue aujourd’hui l’une des préoccupations principales en terme d’urbanisme. Notamment l’évolution et l’anticipation de leur réutilisation. En effet cette perspective s’inscrit dans la volonté de freiner l’étalement urbain en faveur de la densification du tissu urbain. L’espace urbain est en perpétuelle évolution du fait des besoins qu’exigent les activités humaines. Les friches représentent un espace vide par leur manque d’entretien voir d’abandon, en inadéquation avec l’activité actuelle. Elles peuvent dans certains cas représenter un danger qu’il convient de prévenir. Lorsque les infrastructures présentes sur la friche sont dégradées et susceptibles de s’effondrer, elles peuvent être une source de pollution pour l’environnement ou devenir des lieux de squat. Il devient alors nécessaire de réhabiliter ces zones. Différentes formes de friches peuvent être identifiées. Chaque site est néanmoins unique de par sa situation, sa surface, son état, son propriétaire et les enjeux qu’il représente. Le retrait militaire est l’une des principales sources de friches sur le territoire de la communauté, révélateur d’un patrimoine militaire important à reconvertir. Ce projet a pour vocation d’identifier les enjeux de la reconversion de la friche militaires localisée sur les îles du Frioul, au large de la Cité Phocéenne. Il nous permettra par la suite de réfléchir à la question de comment concilier les activités humaines et la préservation d’un patrimoine naturel exceptionnel avec l’aménagement du territoire.
Diagnostic territorial
Localisation
L’archipel du Frioul (frièu en provençal) est situé dans le sud de la France, dans le département des Bouches-du-Rhône, à 4 km au large de Marseille . Elle est constituée de quatre îles : Pomègue, Ratonneau, If et Tiboulen. L’ensemble atteint 200 hectares. Sa côte longue de 30 km offre de nombreuses criques abritées des vents fréquents.
Les îles du Frioul constituent l’un des 111 quartiers de Marseille rattaché administrativement au 7ème arrondissement .
L’île Pomègues est située au sud avec 2,7 km de long et une altitude maximale de 89 mètres. Au nord l’île Ratonneau s’étend sur 2,5 km de long et culmine à 86 mètres. Les deux îles sont reliées entre elles par la digue Berry construite en 1824 .
Histoire des îles du Frioul
L’histoire du Frioul est essentiellement militaire. En effet, en raison de sa position stratégique dans la baie de Marseille, l’archipel du Frioul a abrité une intense activité militaire dont l’île garde encore les marques. La militarisation de l’île remonte à Henry IV et s’intensifie lors de la Seconde Guerre Mondiale lors de son occupation par les allemands qui investissent les fortifications de l’île, les renforcent et les complètent. L’île est alors massivement bombardée par les Alliés lors de la libération de Marseille pour détruire ces défenses avancées. Après la guerre l’île reste terrain militaire, propriété de la Défense Nationale et interdite au public jusqu’en 1975. Le maire Gaston Defferre obtient de la Défense l’autorisation de transformer la rade militaire déclassée en port de plaisance, bordée d’un noyau urbain de 450 logements, de quelques commerces et d’une caserne de pompiers. Un service de navettes maritimes est créé à cette occasion, pour permettre à ces habitants de vivre. Le reste des îles a été cédé à la commune de Marseille par le ministère de la défense à partir de 1995.
Lors du rachat de nombreux bâtiments datant du XIXème siècle sont détruits pour faire place à un village moderne sur l’île de Ratonneau.
Une ZAC (zone d’aménagement concerté) de 15 ha est établie, destinée à recevoir 1500 habitants, 1500 places de bateaux, des écoles de voile et de plongée, des centres de vacances, une annexe à la mairie, un centre médical, un bureau de poste et différents services. Ainsi 450 logements sont construit, le village de Port Frioul voit le jour et constitue un autre quartier de Marseille (7ème arrondissement). Le projet sera néanmoins interrompu et restera inachevé .
Actuellement 150 habitants peuvent y habiter avec de grandes contraintes car les services tels que les médecins, la poste ou encore la police ne sont pas présents. 600 places de bateaux sont disponibles.
Les îles ont connu une autre fonction au cours de leur histoire : le rôle sanitaire. Elles ont offert au fil des siècles des conditions d’isolement idéal pour la mise en quarantaine des bateaux à destination du port de Marseille. Ainsi l’hôpital Caroline et le lazaret constitué par le pavillon Hoche ont été des structures d’accueil pour la mise en quarantaine. La ville de Marseille craignant les épidémies de peste et de fièvre jaune qui ravageaient le pays.
La valorisation des ressources
Les îles du Frioul représentent un site exceptionnel dont les ressources ont été de tout temps valorisées.
• La ferme aquacole
Implantée en 1989, la ferme aquacole « Provence Aquaculture » produit les premiers poissons « Certifiés Bio » de Méditerranée. Le site bénéficie de conditions idéales pour l’activité. La qualité des eaux, l’absence d’activité industrielle et agricole à proximité, la protection de la pleine mer au sud par la digue et ainsi la préservation des tempêtes et le bon renouvellement des eaux, explique le choix de l’implantation. L’élevage se compose de Loups et de Dorade royales. L’entreprise a pour but de produire des poissons de qualité destiné au marché régional et de cultiver la mer tout en la préservant.
• L’hôpital Caroline, site historique et culturel
Utilisé lors des grandes épidémies du XIXème siècle comme lieu de quarantaine, le site a été en partie détruit par les bombardements de l’aviation des Alliés lors de la libération de Marseille en août 1944. L’association Caroline, pour le Renouveau et l’Animation de l’Hôpital Caroline (créée en 1978) a entrepris de réhabiliter ce site dans le but d’accueillir des festivals et manifestations tels que « Les Nuits Caroline » mettant à l’honneur le jazz, la polyphonie et les musiques méditerranéennes. La ville de Marseille, propriétaire du site poursuit actuellement sa restauration et développe des projets d’animation. Le but est de favoriser les rapprochements entre la création artistique et la recherche scientifique dans la perspective du développement durable.
Le climat
Les îles de Marseille sont situées dans la région la plus sèche de France avec un climat semi-aride : très peu de pluie, des températures élevées et des vents forts. La sècheresse estivale est caractéristique du climat méditerranéen avec cependant un déficit hydrique prononcé par rapport au littoral. En effet une grande partie des pluies disparaît instantanément à travers la roche fissurée ou ruisselle directement vers la mer. La saison sèche débute fin mai jusqu’en septembre. Il n’y a sur ces îles aucun point naturel d’eau douce. L’insolation est aussi une caractéristique marquante des îles : les grandes surfaces de calcaires blanc et le faible recouvrement végétal accentue l’albédo. L’effet du vent est une composante permanente du climat local. Essentiellement le Mistral (secteur nord-ouest) et le vent de sud-est qui jouent un rôle déterminant sur les écosystèmes et paysages. Avec une moyenne de 53 jours en moyenne de vent fort (>60 km/h) et une orientation perpendiculaire aux vents dominants, les îles représentent les sites les plus exposés à l’effet dessiccateur du mistral et à son action érosif sur les sols et la roche. À cela s’ajoute une forte exposition aux embruns. Ainsi l’archipel est soumis à des conditions climatiques très contraignantes, obligeant l’adaptation des différents éléments du milieu naturel.
Les acteurs et réglementation
• Les acteurs
La gestion du site et des espaces naturels des îles du Frioul est assurée par la ville de Marseille, le Conservatoire d’Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur (CEN PACA) et depuis 2012 également par le Parc National des Calanques. Ces différents acteurs travaillent ensemble à la sauvegarde de ce site dont la réglementation permet de préserver le caractère sauvage en incitant résidents et visiteurs à adopter des comportements respectueux de l’environnement. Les espaces naturels terrestres du Frioul, auparavant propriété de la Ville de Marseille ont été cédés en 2013 au Conservatoire du Littoral.
• La réglementation
La réglementation visant à préserver les richesses naturelles de l’archipel est la suivante :
À cela s’ajoute l’interdiction d’effectuer des travaux, sauf autorisation du directeur ou avis conforme si ces travaux sont soumis à une autorisation d’urbanisme (permis de construire, permis de démolir, permis d’aménager). Toutes ces demandes sont également soumises à l’avis du conseil scientifique du Parc National qui peut proposer des prescriptions. À cette autorisation délivrée s’ajoute à la réglementation du site classé sur lequel « toute modification de l’aspect ou de l’état du site est soumise à autorisation spéciale » ainsi que celle de la zone Natura 2000.
• Le Parc National des Calanques
“Un parc national est un espace naturel dont les paysages, la biodiversité, la richesse culturelle et le caractère justifient une protection et une gestion qui garantissent, pour aujourd’hui et les générations futures, la pérennité de ces patrimoines exceptionnels” Parc National des Calanques
Le Parc National des Calanque a vu le jour le 18 avril 2012. Il représente le 10e Parc National français avec des particularités : il est le seul parc national à la fois terrestre, marin et périurbain d’Europe. Il est également le seul parc national continental, insulaire et marin en milieu méditerranéen.
Si la mission première du Parc est de protéger les paysages, la faune, la flore et le patrimoine culturel, il a aussi pour vocation d’accueillir et informer le public. En période de forte affluence, les écogardes du Parc National informent les usagers à terre et en mer sur les richesses patrimoniales, les enjeux, les objectifs du Parc ainsi que sur la règlementation .
Parmi les outils de communication du Parc en dehors du site internet et de Facebook, des plaquettes d’information, des dépliants, et la lettre d’information « La Calanquaise », sont à disposition du public, disponibles en maries, offices de tourisme et capitaineries.
Plusieurs types d’espaces constituent le Parc :
• Le « cœur », qu’il soit terrestre ou marin, bénéficie d’une protection renforcée via une réglementation spécifique. C’est la partie la plus protégée.
• L’« aire d’adhésion » à terre constitue le territoire en solidarité écologique avec le cœur, sur lequel les communes s’engagent volontairement pour favoriser son développement durable, avec l’appui du Parc national.
• En mer, l’« aire maritime adjacente » exprime également des orientations de développement durable, à la différence près que les communes n’ont pas à y adhérer.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : DIAGNOSTIC TERRITORIAL
1.1 – Localisation
1.2 – Histoire des îles du Frioul
1.3 – La vie insulaire
1.3.1 – Les habitants
1.3.2– Accessibilité
1.3.3 – La valorisation des ressources
1.4 – Le climat
1.5 – Les acteurs et réglementation
1.6 – La friche militaire
PARTIE 2: ENJEUX ET OBJECTIFS
2.1- Un écosystème riche et fragile
2.1.1- La faune terrestre
2.1.2 – La flore terrestre
2.2- Un site touristique très fréquenté
2.2.1 – La fréquentation
2.2.2 – Les activités
2.2.3 – Les impacts de la fréquentation
PARTIE 3: PROPOSITION D’AMENAGEMENT
3.1 – Un emplacement idéal
3.2 – Le centre d’information
3.3 – Le jardin conservatoire
3.4 – Site d’observation de l’avifaune
3.5 – Une aire de pique-nique
3.6 – Qui pour s’occuper de la structure ?
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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