Nantes, une ville a fort caractère historique
A l’origine, la ville de Nantes s’est développée autour de la Loire et de deux rivières, l’Erdre au nord et la Sèvre au sud. Un brusque approfondissement de la Loire au cœur de la ville permettait l’acheminement des bateaux depuis la mer, marquant ainsi la naissance du port de Nantes. Il fut le premier port négrier de France durant tout le 18ème siècle, assurant la réussite économique de la ville. Pour faire face à d’importants risques d’inondations, des opérations d’aménagement ont dû être réalisées tels que l’élévation et l’enrochement réguliers des terres des îles. Après 1928 et durant 15 ans, des travaux de comblement de la Loire et de l’Erdre ont été effectués afin de satisfaire à plusieurs objectifs : détourner l’Erdre, supprimer les ponts internes au centre ville et agrandir l’espace du centre ville en comblant directement dans le centre et en rattachant à la terre ferme les îles Feydeau et Gloriette. On voit donc une réelle volonté d’étendre l’influence du centre ville mais aussi de la ville elle-même en annexant des communes voisines telles que Chantenay et Doulon. Nantes a d’abord eu un caractère industriel, symbolisé par les chantiers navals, les conserveries, les biscuiteries, les mines, l’usine de sucre Béghin Say,… Puis, un processus de désindustrialisation fait disparaître ces activités, créant des friches industrielles importantes, utilisées dans le secteur tertiaire ou pour des habitations résidentielles. A partir de 1972, un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur est appliqué aucentre ville, contraignant les futurs aménagements. Dans les années 1980, de grands travaux d’aménagement sont lancés comme le retour du tram, la création d’aménités culturelles et artistiques ou encore la rénovation de bâtiments historiques. Par la suite, un nouveau programme de création d’espaces piétonniers et de parkings souterrains donne la configuration actuelle du centre ville.
Les grandes places nantaises
a. Objectifs de leur aménagement « On peut considérer l’espace public comme la partie du domaine public non bâti, affectée à des usages publics. L’espace public est donc formé par une propriété et par une affectation d’usage. […] Il comporte aussi bien des espaces minéraux (rues, places, boulevards, passages couverts) que des espaces verts (parcs, jardins publics, squares) ou des espaces plantés. », telle est la définition d’un espace public selon Pierre Merlin et Patrice Noisette, extrait de l’article Espace Public. Leurs créations ont été favorisées par la mutation de l’habitat. En effet, une distinction plus nette s’est établie entre le milieu privé et le milieu du travail nécessitant ainsi la création d’un espace intermédiaire privilégiant les échanges et articulé autour de commerces, d’habitations, de lieux culturels, de terrasses de café…, appelé espace public. Chacune d’entre elle présente une utilisation particulière et c’est la vie des habitants qui lui donne une identité et une fonction, et non l’inverse (Laïla Naassila, responsable adjointe du service DGDU de Nantes).
b. Présentation de quelques unes d’entre elles Les places nantaises sont articulées les unes par rapport aux autres, dans un véritable réseau nodal. Ceci date du 19ème siècle, période durant laquelle des plans de ville se sont multipliés en faveur de nouveaux équilibres. On a ainsi percé des rues dans le but de créer de nouvelles relations entre les monuments, de rendre le tissu urbain plus homogène, de désenclaver les éléments importants de la ville et donc de les mettre en valeur, à l’image de la cathédrale Saint-Pierre, mais aussi d’améliorer la circulation. La place Graslin, inventée par Jean-Joseph Louis Graslin, a été créée au sommet d’une butte rocheuse et faiblement peuplée. A cette époque, la ville s’arrête place Royale. Mais les logements et les commerces sont rares, provoquant un accroissement du niveau des loyers. Il décide alors d’y construire un nouveau quartier, avec comme centre d’attraction une salle de spectacle, le théâtre Graslin. On relève une volonté de mise en scène d’un véritable « théâtre urbain », les façades identiques symbolisant les premières loges. Pour cela, il a fallu entreprendre de grands travaux d’aplanissement et de nivellement. Cette place est percée de huit rues et est reliée aux places de la Bourse et Royale. C’est le concepteur de la place Graslin qui la relia à la place Royale par la rue Crébillon. Il privilégia les principes de l’architecture classique : symétrie des façades, rigueur du plan, ouverture des perspectives. Le point d’attraction est une fontaine surmontée d’une statue qui est le symbole de la ville et qui trône en son centre. Elle constitue l’articulation entre la ville ancienne et le nouveau paysage urbain de Graslin. Quant à la place du Général Mellinet, il s’agit d’une opération d’urbanisme s’inscrivant dans la logique de l’extension de Nantes vers l’ouest. Elle est bordée de huit hôtels particuliers, aux façades identiques et tous inscrits aux monuments historiques.
c. Synthèse Après avoir étudié les quelques places les plus emblématiques de la ville de Nantes, plusieurs aspects similaires à leur construction ressortent. Tout d’abord, toutes ces places ont été conçues de manière à favoriser les rencontres et les échanges au sein de la population. Le point important est qu’elles ont été aménagées de manière à rendre le tissu urbain beaucoup plus homogène, permettant de fluidifier la circulation intense des automobiles mais aussi des piétons : il en résulte une vraie logique de conception. Ces places présentent aujourd’hui plusieurs fonctions. Elles peuvent constituer un simple lieu de passage ou au contraire un lieu de rassemblement, que ce soit en terrasse de café ou sur la place elle-même.
L’île de Nantes
La butte Sainte-Anne présente un fort passé industriel, notamment avec la carrière Miseri, les conserveries et le lien avec les chantiers navals et se trouve juste en face de la pointe ouest de l’île de Nantes. Sachant que sur celle-ci un effort particulier est déployé pour faire ressortir cet aspect historique, on peut se demander si la réhabilitation de la butte doit se faire en continuité de l’aménagement réalisé sur l’île ou au contraire marquer une fracture. L’île de Nantes résulte d’un rassemblement de diverses îles, et ce, assuré principalement par des travaux de comblement de la Loire et de l’Erdre. Cette île présente un fort passé industriel, à l’image de la présence des chantiers navals dont l’activité est aujourd’hui arrêtée, laissant ainsi de nombreuses friches industrielles. La volonté de la ville de Nantes a été de se réapproprier cet espace afin de le réhabiliter pour accueillir des équipements, des logements et des bureaux. La visite de l’île de Nantes avait pour intérêt premier d’observer l’aménagement de l’espace pour comprendre comment il fonctionne et pouvoir ainsi avoir une vision critique sur l’agencement des places, des rues et des bâtiments. La place est un lieu public et donc libre de circulation, en général découvert et entouré par des bâtiments. Contrairement au centre-ville de Nantes, les places sur l’île ne sont pas nombreuses et n’ont pas le même usage. La place de la République est constituée d’un très grand rond-point, donnant accès sur cinq rues dont une sans issue. L’îlot central a bénéficié d’un aménagement paysager : pelouse, arbres et arbustes. On remarque une volonté d’insérer dans le paysage urbain des espaces verts mais le reproche que l’on peut faire est que cet îlot central n’est pas accessible aux piétons. Au contraire, les places Mellinet et Canclaux pourtant aménagées sur le même modèle, permettent au piéton de profiter pleinement des espaces verts et de participer au fonctionnement de la place. En revanche, on peut observer un effort pour faciliter la circulation aux transports en commun ainsi qu’aux 2 roues par l’aménagement de voies réservées et donc plus sécurisantes. La place François II, située près de l’école d’architecture, est aussi constituée par un rond-point, donnant accès sur cinq rues et des places de stationnement ont été prévues. Sur l’îlot central est disposée une pelouse et des arbres ont été plantés le long des bâtiments. On observe la présence de quelques commerces de proximité ainsi que de deux cafés/restaurants, offrant chacun une terrasse. Deux terrains de pétanque ont aussi été installés qui, s’ils sont utilisés, permettent d’apporter une certaine convivialité à la pace. Cette place est résolument tournée vers la population de quartier mais peut très bien profiter aux étudiants de l’école d’architecture ou encore des salariés travaillant à proximité. Dans la rue de la Noue Bras de Fer, à proximité de la place François II se trouve une placette de forme rectangulaire. Les quatre côtés sont bordés de petites marches permettant aux usagers de s’y asseoir, donnant au lieu une certaine convivialité. Des arbres ont été plantés afin de l’égayer et des bancs ont été installés. Cette disposition des marches est intéressante car les usagers permettent de se faire face et cela peut faciliter les rencontres et les échanges. Je trouve néanmoins que ce lieu est mal mis en valeur, peut-être dû à sa forme trop allongée qui du coup n’offre pas beaucoup d’espace. La place, rue Louise Weiss, est intéressante de part sa disposition. Elle est placée au centre de trois bâtiments, donnant l’impression qu’il s’agit d’une cour intérieure mais présente l’avantage d’avoir des ouvertures, notamment par les deux rues qui la traversent. Ainsi, l’espace apparaît aéré et non refermé sur lui-même. L’intérêt pour les habitants est d’avoir une vue sur un lieu aménagé et agréable pouvant constituer un espace de jeux pour les enfants, surtout que le passage des voitures n’est pas fréquent.Près du pont Anne de Bretagne, il existe un très grand espace qui pourrait être défini comme une place. Beaucoup d’animations sont organisées et ce, favorisé par la présence des machines de l’île qui a pour conséquence d’amener un très large public. Il aurait pu être intéressant par exemple,de proposer un aménagement paysager sur la continuité de cet espace, qui fait un peu vide à mon avis alors que cet endroit possède un vrai potentiel et pourrait être mieux mis en valeur. Les places de l’île de Nantes présentent des fonctions et usages différents. Au contraire du centre-ville, elles ne s’inscrivent pas dans un réseau nodal : elles ne sont pas coordonnées les unes par rapport aux autres. Il n’y a donc pas de réelle logique dans l’organisation globale du territoire : l’agencement de ces places est ponctuel et réalisé en fonction de la nécessité du terrain à aménager. Une des premières volontés des architectes ayant participés à la métamorphose de l’île de Nantes a été de conserver l’histoire industrielle. Pour rappeler ce passé, Chemetoff, urbaniste français, a décidé de mettre en avant la couleur rouille, en disséminant un peu partout sur l’île du mobilier urbain mais aussi à travers un bâtiment dont la façade donne l’impression d’être entièrement rouillée. De plus, on peut remarquer la présence assez importante des hangars, principalement du côté nord de l’île, dont l’utilisation aujourd’hui est reconvertie en lieu d’exposition, d’ateliers artistiques… On observe aussi que les rails, à l’époque utilisés pour le transport de marchandises et de matériels, ont été laissés et sont donc toujours visibles. L’île de Nantes est le lieu de l’innovation, de la créativité. Ceci est symbolisé par les nouveaux bâtiments qui sont tous plus originaux les uns que les autres, comme en témoigne la réalisation de M. COUPECHOUX. Ces nouveaux bâtiments peuvent être perçus comme des œuvres d’arts et ont peutêtre été conçus dans cet esprit précis. On observe un réel travail sur la recherche de volume de part les formes originales mais aussi la création de nombreux balcons, marquant ainsi la volonté d’ouverture sur l’extérieur. Il y a aussi un travail sur les couleurs car la plupart sont gris mais avec des parties colorées, faisant ainsi ressortir le bâtiment en entier. Ce bâtiment jaune est intriguant de part sa forme originale et fait rappeler le Phalanstère de Fourier : la différence est la grande ouverture marquant une volonté de s’ouvrir sur l’extérieur. Une grande diversité de matériaux a été utilisée dans la réalisation des bâtiments : bois, pierre, béton, tôle, verre,… A trop vouloir se différencier des autres constructions en utilisant toute une panoplie de matériaux, les bâtiments s’insèrent mal les uns par rapport aux autres. Il aurait fallu, à mon sens, regroupé les bâtiments en fonction de leur architecture mais aussi en fonction de la matière utilisée, surtout quand elles sont trop différentes. L’exemple le plus frappant est d’avoir apposé le COUPECHOUX près du bâtiment fait de « tôles rouillées » : on a d’un côté un édifice ultramoderne et de l’autre une construction qui, de part sa couleur rouille des façades apparaît comme vieux et usé par le temps. Pour moi, il y a une trop grande disparité de style pour qu’ils soient côte à côte. On a plus l’impression qu’ils ont été posés comme 2 œuvres d’art mais sans penser au mariage des matériaux ni des styles architecturaux. De plus, l’espace entre ces deux édifices, bien que restreint, est très mal utilisé puisque n’étant presque pas aménagé : des cailloux, un petit sentier et quelques arbustes. Il aurait pu être intéressant d’installer une terrasse ou encore un aménagement paysager un peu plus marqué. On remarque aussi la volonté d’utiliser des matériaux bruts, notamment ceux qui présentent une couleur naturelle puisque cela permet d’éviter l’entretien des façades (à condition que le matériau utilisé résiste au fil du temps). En revanche, le bâtiment ci-contre, construit en béton, ne paraît pas terminé puisqu’il n’y a pas de finitions telles qu’un revêtement. J’ai compris qu’il était habité lorsque j’ai aperçu les rideaux et paraboles. Cela paraît d’autant plus étonnant si on le compare aux autres édifices construits à proximité qui au contraire apparaissent plus comme des « objets architecturaux » et donc parfaitement aboutis. Seule la partie centrale est aménagée en logements ou en bâtiments pour entreprise ou autre, laissant encore un potentiel de réhabilitation sur les deux pointes de l’île. On peut remarquer un maillage régulier voire rectiligne dans l’organisation du tissu urbain. En effet, notamment dans la partie nord de l’île, il y a de longues rues bordées de grands bâtiments espacés par de toutes petites rues. Sur cet espace, on a un peu un sentiment « d’étouffement». Dans la partie est, ce sont surtout des grands ensembles qui ont été construits dans les années 1980.
Rénovation de l’escalier
Ce grand escalier, situé au pied de la place des Garennes et donnant sur la route (qui jouxte les quais du bord de Loire) a été réalisé en 1850 par l’architecte Driollet. Comme on peut le voir sur la photo ci-contre, les pierres apparaissent comme vieillies par le temps mais étant d’époque, elles doivent être conservées : il est donc nécessaire de « redonner vie » à cet escalier. Pour faire un rappel avec l’église, qui vient juste d’être rénover, on peut penser à blanchir ces pierres afin de le mettre en valeur et instaurer une certaine continuité. De plus, afin de pouvoir l’observer depuis l’île de Nantes, située de l’autre côté de la Loire, et ainsi attirer la curiosité des passants, on peut le faire ressortir grâce à l’aspect verdoyant des bosquets qui devront être entretenus régulièrement. Toutes les constructions ou réaménagement doivent être aujourd’hui soumis aux normes PMR (Personne à Mobilité Réduite). L’escalier étant très abrupte, il est impossible d’aménager une pente plus douce qui leur serait réservé. C’est pourquoi, je propose l’installation d’une plateforme monte-escalier d’extérieur pour les personnes handicapées.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LE QUARTIER SAINTE-ANNE DANS LA VILLE DE NANTES
I. PRESENTATION DE LA VILLE DE NANTES
1. Localisation de Nantes
2. Nantes, une ville a fort caractère historique
II. LA PLACE DES GARENNES DANS LE QUARTIER SAINTE-ANNE
1. Présentation du quartier
a. Localisation du quartier
b. Quelques données sur la population
2. Localisation de la place des Garennes et de l’avenue Sainte-Anne et accessibilité
3. Utilisation de ces deux espaces par les usagers
PARTIE II : DIAGNOSTIC DE LA PLACE DES GARENNES
I. ETUDE HISTORIQUE
1. Les grandes places nantaises
a. Objectifs de leur aménagement
b. Présentation de quelques unes d’entre elles
c. Synthèse
2. Le quartier Sainte-Anne
a. Un quartier longtemps soumis à l’influence industrielle
b. Une forme géométrique de la place très contraignante
c. Les projets déjà réalisés par la ville
3. Mise en relation de ces deux études historiques
II. ETUDES SUR LE TERRAIN
1. Les grandes places de Nantes
a. Interconnexion des places de Nantes : les places nantaises inscrites dans un réseau nodal
b. Caractéristiques de ces places
c. Impression des usagers
d. Synthèse
2. L’île de Nantes
3. Synthèse
PARTIE III : ENJEUX DE LA REHABILITATION
I. DYNAMISER L’ESPACE PUBLIC
II. AMENAGER UN ESPACE UNIQUE EN VILLE
PARTIE IV : PROPOSITIONS D’AMENAGEMENT
I. RECONQUETE DE L’ESPACE PUBLIC PAR LA NATURE
1. Les contraintes liées à cet espace public
2. Aménagement d’une trame verte : deux propositions
a. Zone piétonne avec accès aux cyclistes
b. Zone mixte : piétons, cyclistes et véhicules motorisés
c. Conclusion
3. Noue végétalisée
4. Choix des matériaux
5. Choix du mobilier urbain
6. Choix des essences d’arbres
II. REAMENAGEMENT DES BARREAUX PIETONNIERS
III. MISE EN VALEUR DU GRAND ESCALIER
1. Rénovation de l’escalier
2. Ouverture sur le quai
3. La question de la réhabilitation du quai
IV. AUTRES PROJETS A ENVISAGER
1. Un parking couvert
2. Lancement d’une OPAH
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet