Réguler l’expansion urbaine par l’estimation précise des besoins futures en termes d’urbanisation des sols
Nous allons tout d’abord nous intéresser à Montpellier Méditerranée Métropole qui compte aujourd’hui plus de 450 000 habitants sur 31 communes. La forte croissance démographique qu’a connue l’agglomération de Montpellier ces dernières décennies s’est accompagnée d’une urbanisation extensive et parfois mal maîtrisée. Cette extension a confronté des territoires ruraux et non-équipés au défi de la planification urbaine. Le gaspillage de réserves foncières et les dérives spéculatives ont dégradé de nombreux espaces naturels et paysagers tout en contribuant à une ségrégation sociale sur le territoire. De nombreuses familles se sont donc vu contraintes de se loger plus loin à cause de la hausse des prix du foncier ce qui a eu les effets que nous connaissons aujourd’hui notamment l’étalement urbain, le rallongement des déplacements domicile-travail et la raréfaction du foncier (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006) . En 2003, le territoire connaissait une situation d’urgence en matière de consommation d’espaces et d’étalement urbain qui nécessita alors la prise en compte rapide et globale de cette problématique dans les politiques publiques du territoire. Le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) adopté en 2006 ainsi que les outils qui y sont intégrés ont permis d’enrayer cette situation et c’est ce que nous allons étudier à travers ce cas d’étude. Dans un premier temps, nous allons revenir sur le diagnostic établi lors de l’élaboration du SCOT de 2006 puis nous verrons quelle est la stratégie de la communauté de communes dans la lutte contre l’étalement urbain. Dans un second temps, nous analyserons l’évaluation de cette stratégie qui a été réalisée par la Communauté d’Agglomération. Pour finir, nous étudierons comment le nouveau SCOT de la Métropole de Montpellier par sa stratégie d’évaluation précise des besoins en construction permet de limiter l’étalement urbain et quelles sont les potentiels limites de cette stratégie.
Le territoire montpelliérain victime de son attractivité
Les 31 communes de la Communauté d’agglomération de Montpellier ont connu une forte croissance démographique en passant de 200 000 habitants en 1968 à 267 000 habitants en 1999. Cette croissance démographique continue de croître sur le territoire en particulier par la forte attractivité de la ville de Montpellier. Cette croissance démographique s’est accompagnée d’une urbanisation extensive et parfois mal maîtrisée. L’aire urbaine de Montpellier comptait en 1999 près de 20000 emplois relevant des fonctions métropolitaines supérieures soit la quatrième ville française (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006). L’économie montpelliéraine est basée sur de nombreux emplois dans l’économie privée et publique des services aux personnes, de nombreux emplois dans les fonctions métropolitaines supérieures et peu d’emplois et d’activités industrielles et marchandes. Le rapport entre les emplois et la population totale est de 35% dans l’aire urbaine de Montpellier ce qui est en dessous de la moyenne nationale (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006). Ce diagnostic a permis de révéler que le développement des richesses et des emplois dans l’agglomération de Montpellier n’a pas suivi la croissance démographique ce qui représente un danger pour le territoire. En effet, il apparaît nécessaire d’intensifier le développement pour ne pas accentuer les effets négatifs de la croissance démographique sur le territoire et notamment la consommation d’espace. (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006) Avant d’opter pour cette stratégie, il apparaît nécessaire d’évaluer l’impact du développement sur l’environnement et la biodiversité. A l’échelle des structures communales, les densités résidentielles de Montpellier sont significativement plus faibles que celles de Grenoble, Nantes ou encore Strasbourg, on peut alors se demander s’il y a des marges de manœuvre quant à la densification du développement à l’échelle de l’agglomération (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006). La mise en œuvre du SCOT aura nécessairement des incidences sur l’environnement que ce soit sur la consommation d’espace, la qualité de l’air ou encore le risque d’inondation. Afin de limiter ces incidences le SCOT a pour objectif de localiser en priorité les développements urbains dans les pôles urbains existants ou le long des infrastructures de transports. Ces incidences devraient être compensées par l’intensification du développement urbain afin de diminuer la consommation d’espace. Le troisième point abordé par le rapport de présentation est l’organisation du développement urbain dans le but de limiter l’étalement urbain. En effet, « la forte croissance démographique de l’agglomération de Montpellier a entraîné une artificialisation des sols de 15 000 ha correspondant principalement à l’occupation résidentielle et autres occupations destinés aux pratiques urbaines (se déplacer (infrastructures), se distraire (aménagements et équipements de loisirs), consommer (commerces), s’éduquer et se cultiver (équipements collectifs) et travailler (zones d’activité)) » (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006). Cette consommation d’espace a sensiblement décéléré ces dernières années mais reste néanmoins trop importantes pour 2 raisons : le foncier qui est de plus en plus rare et de plus en plus cher ainsi que la faible solvabilité de nombreux ménages qui doivent alors s’éloigner de l’aire urbaine pour trouver du foncier accessible. Les besoins en logements sont encore très importants sur le territoire notamment dû à l’attractivité de celui-ci. De plus, ces besoins se confrontent à une pénurie du foncier engendrée par la généralisation de la maison individuelle très consommatrice d’espace. (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006) L’agglomération de Montpellier propose de nombreux équipements d’intérêt communautaire qui contribuent à l’attractivité du territoire. En ce qui concerne les équipements collectifs de proximité, ilssont quant à eux plutôt bien répartis sur le territoire mais une vigilance doit être déployé pour le développement de ces équipements sur l’ensemble du territoire et notamment dans les espaces où les nouvelles populations vont s’implanter (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006). En effet, l’intensification des activités économiques et culturels dans le tissu urbain devra avoir lieu dans les espaces urbains existants et dans ceux ouverts à l’urbanisation afin d’attirer les populations dans ces espaces et ainsi limiter l’étalement urbain.
2006 : Une vision globale et partagée du développement urbain traduit dans le Schéma de Cohérence territoriale de l’agglomération de Montpellier
Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) de l’Agglomération de Montpellier a 3 valeurs fondamentales qui a guidé l’ensemble de la démarche du territoire : la valeur environnementale (préserver le capital Nature), la valeur sociale (promouvoir une ville des proximités) et la valeur économique (intensifier le développement, économiser l’espace) (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006).
Une ville des proximités
L’agglomération de Montpellier a connu comme l’ensemble des villes françaises un développement centré autour de la généralisation de l’automobile entraînant une périurbanisation. Les ménages et en particulier ceux à faible revenus et les jeunes ont été contraints par le marché immobilier tendu de s’éloigner de l’aire urbaine amplifiant alors l’étalement urbain. Le SCOT a donc pour objectif d’accroître et diversifier l’offre résidentielle en augmentant la production de logements neufs et en rééquilibrant géographiquement l’offre de logements afin de répondre aux différentes demandes des ménages. Il est également primordial de diversifier les formes urbaines de ces logements afin de répondre aux différents besoins du territoire. Le SCOT prévoit également de rapprocher l’offre d’équipement à l’offre d’habitat en les rendant plus accessibles et en les implantant au cœur des développements urbains existants (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006).
Intensifier le développement et économiser l’espace
“L’excessive consommation d’espace de ces 30 dernières années fait peser une menace sur le développement résidentiel et économique de la Communauté d’Agglomération de Montpellier. En effet, l’utilisation très extensive du foncier a provoqué une hausse du prix des terrains qui se répercute sur les opérations d’habitat et d’activités. Elle a contribué à la crise immobilière que connaît l’agglomération montpelliéraine aujourd’hui.” (SCOT Montpellier Métropole, 2006) Cette crise immobilière combinée à la pression de la demande génère une fuite des ménages aux revenus médians aux frontières de l’aire urbaine car les terrains sont moins chers. La Communauté d’Agglomération de Montpellier doit donc renverser cette tendance en intensifiant le développement urbain et ce pour tous les usages. La gestion économe des réserves foncières exige une nouvelle approche des projets d’extension urbaine. Pour cela, le SCOT “détermine des objectifs d’intensité de développement qui doivent permettre de diminuer à la fois la consommation d’espace, les coûts de construction et par conséquent le prix de l’immobilier.” (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006).
La priorité du PADD est de développer le territoire par le réinvestissement urbain pour au moins un tiers du développement du territoire. Le SCOT identifie donc des espaces prioritaires de réinvestissement urbain le long des lignes de tramway et dans les centres-bourgs. Cet objectif implique d’optimiser les espaces urbains bien localisés en appliquant des règles d’urbanisme incitatives et adaptées au renouvellement du bâti. Les espaces naturels et agricoles qu’il est primordial de protéger constituent également une capacité foncière mobilisable dans le cadre d’extensions urbaines maîtrisées. Ces extensions ont vocation à accueillir ⅔ des développements à l’horizon 2020 (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006). Le PADD exprime donc la hiérarchisation du potentiel foncier urbanisable en les localisant au plus près des équipements existants et de l’offre de transports publics afin de contenir le développement urbain. Le PADD établit trois niveaux d’intensité du développement urbain :
● Forte intensité : formes urbaines denses qui associent des immeubles et une armature d’espace public adapté à la circulation piétonne. Il s’agit également d’espaces desservis par le réseau de transport public structurant. → plus de 50 logements/ha
● Moyenne intensité : formes urbaines intermédiaires qui associent des petits immeubles et des habitations groupées et une armature d’espace public adapté aux modes de déplacement doux. → plus de 30 logements/ha
● Faible intensité : formes urbaines moins denses qui associent des habitations groupées et isolées et une armature d’espace public végétalisé et permettant la circulation en mode doux. → plus de 20 logements/ha (SCOT Montpellier Méditerranée Métropole, 2006).
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Table des matières
Introduction
I. Réguler l’expansion urbaine par l’estimation précise des besoins futures en termes d’urbanisation des sols
1. Le territoire montpelliérain victime de son attractivité
2. 2006 : Une vision globale et partagée du développement urbain traduit dans le Schéma de Cohérence territoriale de l’agglomération de Montpellier.
2.1 Une ville des proximités
2.2 Intensifier le développement et économiser l’espace
3. L’évaluation du SCOT de 2006
3.1 Une ingénierie opérationnelle pour la maîtrise du développement urbain
3.2 Evaluation de la politique de maîtrise de l’étalement urbain
Maîtrise de l’artificialisation des sols
Les densités en extension urbaine
Le réinvestissement urbain
3.3 Un bilan contrasté : entre réussite et carence
4. Estimation des besoins dans le SCOT de 2016
4.1 Les besoins fonciers en logement
4.2 Les besoins fonciers liés à l’économie
4.3 Les besoins fonciers liés aux activités commerciales
4.4 Les besoins fonciers liés aux équipements
5. Limites et risques de ces estimations
II. Lille Métropole : un territoire anciennement industriel tourné vers le renouvellement urbain
1. Contexte
1.1 Les friches industrielles au cœur du paysage urbain de Lille Métropole
1.2 Des ménages de plus en plus nombreux sur le territoire métropolitain
1.3 Un étalement urbain récent encore soutenu
2. Politiques urbaines locales
II.1 Inscription de la lutte contre l’étalement urbain dans les documents d’urbanisme de Lille Métropole Axe du renouvellement urbain
3. Zoom sur la politique de reconversion des friches industrielles
III. Grenoble : une politique commune d’urbanisme et de transport
1. Contexte
1.1 Périurbanisation et l’étalement urbain : la dispersion du peuplement dans la région grenobloise
1.2 Le phénomène d’étalement urbain et son corollaire d’artificialisation des sols et de réduction des densités urbaines
2. Inscription de la lutte contre l’étalement urbain dans les documents d’urbanisme de la métropole
2.1 Le SCoT
3. La politique de transports de la région grenobloise
3.1 Charte Urbanisme et Transports : Faire la ville avec les transports
3.2 Le contrat d’axe de la ligne E
Le développement de l’habitat
Le développement de l’activité économique
Conclusion
Bibliographie
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