Depuis lโannรฉe 2005, Madagascar sโest engagรฉ dans une rรฉforme fonciรจre qui veut particuliรจrement rรฉsoudre, dโune part les demandes massives de sรฉcurisation fonciรจre par les usagers et, dโautre part, les multiples engrainages et mรฉandres de lโadministration fonciรจre. Une nouvelle politique fonciรจre est donc nรฉe, et donne une perspective positive ร la situation socioรฉconomique de Madagascar. La situation de crise fonciรจre perรงue depuis des dรฉcennies a poussรฉ les acteurs et institutions ร รฉlaborer cette stratรฉgie de rรฉforme. La crise fonciรจre touche รฉvidemment lโordre social, politique et รฉconomique de la vie communautaire et individuelle de la population. Elle est gรฉnรฉralement causรฉe par lโignorance de la plupart des usagers des lรฉgislations et lโinaccessibilitรฉ des textes qui rรฉgissent le foncier. Le problรจme est รฉgalement causรฉ par la lourdeur, la saturation et le manque de moyen matรฉriel de lโAdministration fonciรจre.
Une lettre de politique fonciรจre a รฉtรฉ รฉditรฉe dans lโoptique dโapporter un prรฉalable ร cette rรฉforme. Elle a รฉtรฉ signรฉe en avril 2005 puis validรฉe par le conseil du gouvernement au mois de mai de la mรชme annรฉe. Elle offre ร tout acteur une vision dโensemble pour lโamรฉlioration de la situation fonciรจre et rรฉpond ร la politique constitutionnelle et gouvernementale de lโรฉpoque . Un Programme National a รฉtรฉ รฉlaborรฉ et coordonnรฉ par un organisme dโexรฉcution appelรฉ ยซ Cellule de Coordination du Programme National Foncier ยป, devenue actuellement ยซ Cellule de Coordination de la Reforme Fonciรจre ยป. Le programme possรจde quatre axes et orientations stratรฉgiques : la restructuration, la modernisation et lโinformatisation des conservations fonciรจres et topographiques ; lโamรฉlioration et la dรฉcentralisation de la gestion fonciรจre ; la rรฉnovation de la rรฉglementation fonciรจre et domaniale ainsi quโun programme national de formation aux mรฉtiers du foncier.
GENERALITES SUR LA REFORME FONCIERE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
La rรฉforme fonciรจre ร Madagascar
Historique du foncier et de la rรฉforme fonciรจre
โข Le foncier et lโรฉvolution du systรจme de reconnaissance des droits sur la terre Quatre grandes pรฉriodes ont marquรฉ lโhistoire des modes de gestion de la terre durant les systรจmes politiques et administratifs qui se sont succรฉdรฉ ร Madagascar: la pรฉriode de la royautรฉ, la pรฉriode coloniale, les premiรจres rรฉpubliques et la rรฉforme fonciรจre. Nous allons dรฉcouvrir la diffรฉrence entre ces chacune de ces รฉpoques.
โข La royautรฉ (XVรจme โ 1896) Entre le XVรจme et le XVIIIรจme siรจcle, des petits royaumes dirigรฉs par des rois ou des reines, ont constituรฉ le territoire Malagasy. Ces royaumes sont organisรฉs autour de clans et de lignages dirigรฉs par des roitelets. Une hiรฉrarchie pyramidale coordonne le systรจme social ร lโรฉpoque. De ce fait, la gouvernance dโun territoire est confiรฉe ร un officier spรฉcialisรฉ, relayรฉe par des autoritรฉs traditionnelles locales. Seules les affaires les plus importantes sont portรฉes pour jugement auprรจs des reines et rois, les autoritรฉs locales ou notables rรฉglant les affaires locales.
Avant lโavรจnement du Roi Andrianampoinimerina en 1787, la gestion fonciรจre coutumiรจre nโa pas รฉtรฉ normalisรฉe et sโavรจre peu documentรฉe. Le roi Andrianampoinimerina a promulguรฉ les premiรจres Lois portant sur la gestion des terres, essentiellement transmises par voie orale et officialisรฉes, via les kabary, prononcรฉes autour des principes suivants :
โ La terre et le royaume appartient au souverain qui est le propriรฉtaire absolu. Le terme tanim- panjakana (terre du roi) a รฉtรฉ ultรฉrieurement repris pour dรฉsigner le terrain domanial ou terrain de lโEtat,
โ Le ยซ peuple ยป a le droit dโoccupation et de jouissance, selon les faveurs et privilรจges accordรฉs par le roi. Les familles peuvent รชtre dรฉpossรฉdรฉes de leur terre en cas dโemprisonnement, de dรฉportation ou de statut dโesclaves dรฉcidรฉs par le roi. De mรชme, le souverain peut transfรฉrer le droit dโexploitation ร une autre famille si celle qui lโoccupe faillit ร lโobligation de la mise en valeur,
โ Les droits de jouissance et de mise en valeur sont gรฉnรฉralement collectifs ou communautaires (Lignager, familial).
โ Les exploitants en retour paient des redevances au souverain, gรฉnรฉralement en offrant ร ce dernier les premiers รฉpis rรฉcoltรฉs (santa โ bary) de lโannรฉe,
โ Les forรชts sont des biens communs et ne devraient faire lโobjet dโamรฉnagement agricole que pour les veuves, les pauvres,
โ Le droit de mettre en valeur est attribuรฉ au premier venu et donc ร celui qui a commencรฉ ร dรฉfricher la vรฉgรฉtation (solam โ pangady ou droit nรฉ du dรฉsherbage par la bรชche) ou celui qui a fertilisรฉ par lโengrais ou la fumure (maintimolaly ou droit nรฉ de la fertilisation) .
Le droit coutumier Malagasy a donc รฉtรฉ fondรฉ par un droit de jouissance nรฉ de la mise en valeur des terres. La Reine Ranavalona II qui a appris ร รฉcrire a actรฉ une premiรจre lรฉgislation Malagasy en 1881 et รฉlaborรฉ le Code dit des 305 articles (29 mars 1881). Le Code รฉnonรงait les grands principes de gestion des affaires gรฉnรฉrales du royaume, avec des articles qui concernent la gestion fonciรจre . La notion de propriรฉtรฉ individuelle รฉtait alors introduite pour la premiรจre fois.
โข La pรฉriode coloniale (1896 โ 1960)
Au tout dรฉbut de la pรฉriode coloniale, lโEtat franรงais (les colons) promulgua la nouvelle Loi fonciรจre du 09 mars 1896 que le dernier monarque, la Reine Ranavalona III, รฉtait contrainte de proclamer au peuple Malagasy . Cette loi est basรฉe sur quelques principes โ clรฉ :
โ Le principe de domanialitรฉ des terrains : toutes les terres non โ immatriculรฉes appartiennent ร lโรtat qui dรฉtient un droit prรฉรฉminent.
โ La reconnaissance dโun droit de propriรฉtรฉ individuelle attribuรฉe par lโEtat aux entreprises coloniales et aux particuliers suite ร une immatriculation (ou titrisation). Le titre foncier, inattaquable, intangible et irrรฉversible, confรจre un droit optimal ร son propriรฉtaire. La propriรฉtรฉ titrรฉe est inscrite dans un livre foncier et une copie de lโinscription est dรฉlivrรฉe au propriรฉtaire.
Afin de favoriser les exploitations coloniales, lโEtat engageait des initiatives de dรฉlimitation et dโimmatriculation de grandes superficies agricoles appelรฉes pรฉrimรจtres de colonisation (PC) .
Ces PC รฉtaient immatriculรฉs au nom de lโEtat franรงais qui procรฉdait ร des morcellements et ร la vente aux enchรจres des parcelles pour les entreprises coloniales. Une fois transfรฉrรฉes et immatriculรฉes au nom des entreprises, ces parcelles prenaient le nom de concessions. Pour certains amรฉnagements de grande superficie (ex. pรฉrimรจtres de colonisation) nรฉcessitant le dรฉplacement des occupants antรฉrieurs, lโEtat a instituรฉ les rรฉserves indigรจnes titrรฉes au nom de lโEtat dans laquelle les autochtones disposaient du droit collectif de jouissance.
โ Lโinstauration dโun droit de propriรฉtรฉ indigรจne pour les citoyens Malagasy, ร travers le cadastre indigรจne (Dรฉcret du 04 fรฉvrier 1911 puis du 25 aoรปt 1929). Il sโagit dโune opรฉration collective de dรฉlimitation des occupations coutumiรจres par lโAdministration coloniale. Les occupants jouissent des droits rรฉels sur un terrain que lui ou ses ancรชtres ont dรฉjร occupรฉ, une fois cette occupation attestรฉe par un Tribunal Terrier. Les indigรจnes dont le droit de propriรฉtรฉ .
(Ou dโoccupation) est reconnu, bรฉnรฉficient de la dรฉlivrance dโun titre cadastral. Les immeubles cadastrรฉs sont grevรฉs dโinaliรฉnabilitรฉ et dโinsaisissabilitรฉ pendant une pรฉriode de 30 ans, dans un objectif ยซ de consolidation de la terre ancestrale entre les mains des ayant โ droit et de protection de la propriรฉtรฉ indigรจne ยป (exposรฉ des motifs).
โ La mise en valeur des terrains constitue la principale reconnaissance du droit de propriรฉtรฉ, tout comme le manquement ร cette condition, une fois le terrain cadastrรฉ ou titrรฉ pourrait amener lโEtat ร annuler ce droit.
โ Les possessions ne faisant lโobjet de droit inscrit sont considรฉrรฉes comme vides de droit et sont reversรฉes dans le domaine de lโEtat.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. GENERALITES SUR LA REFORME FONCIERE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
CHAPITRE 1 : La rรฉforme fonciรจre ร Madagascar
CHAPITRE 2 : De la Rรฉforme fonciรจre ร la fiscalitรฉ fonciรจre
CHAPITRE 3 : Mรฉthodologie de recherche
II. – ANALYSE DE FAITS (CAS DโAMBOHIBARY SAMBAINA)
CHAPITRE 1 : La fiscalitรฉ fonciรจre ร Ambohibary
CHAPITRE 2 : Analyse fonctionnelle de lโassiduitรฉ des contribuables en milieu rural concernant le paiement de lโimpรดt foncier, cas de la commune rurale dโAmbohibary Sambaina
III. – VERS UNE ANALYSE MULTIDIMENSIONNELLE DE LA REFORME FONCIERE ET DE LA FISCALITE FONCIERE
CHAPITRE 1: Retombees Economiques
CHAPITRE 2 : Dimension socio-รฉconomique de la recherche sur la rรฉforme fonciรจre et la refonte fiscale fonciรจre (รฉvaluation du cas dโAmbohibary)
CHAPITRE 3 : Amรฉlioration de la recette fiscale et vision perspective via la recette fiscale fonciรจre
CONCLUSION