REFORESTATION EN UTILISANT DES GRAINES FECALES DE Lemur catta

Caractérisation de l’habitat des espèces cibles

                      Selon LEMEE, 1978 et BROWER et al. 1990, un habitat est un territoire de surface quelconque décrit par ses caractères physiques, chimiques, géographiques et biotiques dans lequel s’intègre un organisme ou un groupe d’organismes. Cette étude a permis de savoir les relations intra et interspécifiques ainsi que les relations entre les espèces et leur environnement. La méthode de BRAUN BLANQUET (1965) a été utilisée pour caractériser l’habitat des espèces végétales cibles. C’est une méthode à la fois qualitative et quantitative, permettant de déterminer la répartition des espèces cibles sur une zone homogène appelée « Placeau », répondant aux trois critères d’homogénéités (GOUNOT, 1969) :
– Uniformité des conditions écologiques apparentes ;
– Homogénéité physionomique ;
– Homogénéité floristique.
Quatre placeaux de 20 x 50 m ont été délimités dans une zone jugée homogène et fréquentée par L. catta à Ankoramena et Ankorarebale et 2 à Anikotse. Chaque placeau a été subdivisé en 10 placettes de 10 x 10 m (figure 3). Les relevés ont été faits dans chaque placette.

Etude de la flore associée

            La régénération, la croissance et le développement ainsi que la santé d’une espèce cible dépendent des espèces qui lui sont associées. Une espèce est dite associée à l’espèce cible si elle a une influence sur le développement et l’environnement biologique de celle-ci. La connaissance de ces espèces associées est importante pour la reforestation car elle permet de connaître l’exigence de l’espèce cible. Pour cette étude, la méthode initiée par BROWER et al. (1990) intitulée « Quadrat Centré en un Point (QCP) » a été adoptée pour identifier les espèces végétales associées à chaque espèce cible. Cette méthode consiste à tracer deux (2) lignes perpendiculaires orientées suivant les 4 points cardinaux, l’espèce cible étant le centre de ces 2 lignes (figure 7). Ces lignes vont subdiviser la zone d’étude en quatre (4) quadrats. A l’intérieur des quadrats, tous les individus ont été recensés et des paramètres ont été pris pour chaque individu recensé : nom scientifique, diamètre maximal et distance entre l’individu cible et l’espèce associée. Normalement, les individus ayant un diamètre supérieur ou égal à 10 cm devraient être recensés, mais ce diamètre n’a pas pu être retenu dans notre cas car la majorité des individus ont un diamètre inférieur à 10 cm ; et pourtant elles sont capables de se reproduire. Ainsi, tous les individus se trouvant dans le quadrat ont été pris en compte, exceptées les herbacées.

Reforestation

                  La reforestation est un processus qui consiste à restaurer ou à créer une zone boisée ou des forêts qui ont été détruites dans le passé par différentes causes : le défrichement, l’exploitation illicite ou le surpâturage etc… L’objectif de la reforestation est plus ambitieux en termes de surface et de qualité écologique que celui de reboisement. La reforestation à Lavavolo prévoit de planter les espèces consommées par Lemur catta. Cette reforestation est la suite du travail d’une étudiante du Département de Biologie et Ecologie végétales. Quatre (4) espèces végétales consommées par Lemur catta ont été utilisées pour la reforestation. Les études écologiques et les descriptions botaniques de ces espèces ont déjà été effectuées par cette étudiante. Ces espèces sont :
– Azima tetracantha (SALVADORACEAE) ;
– Colubrina decipiens (RHAMNACEAE) ;
– Salvadora angustifolia (SALVADORACEAE) ;
– Terminalia ulexoides (COMBRETACEAE).
En plus de ces quatre (4) espèces, deux espèces végétales cibles de notre étude ont été aussi utilisées pour la reforestation:
– Poupartia minor (ANACARDIACEAE) ;
– Euclinia suavissima (RUBIACEAE).
Remarque : Zizyphus mauritiana n’a pas pu être utilisée lors de la reforestation, puisque à un certain moment de leur croissance, les plantules se sont toutes desséchées, dépourvues de feuilles et ont semblé être mortes ; mais nous avons continué à les arroser tous les jours. Après quelques jours (21 jours au minimum), des feuilles se sont développées à la base de la plantule. Le cas similaire a été observé avec Grewia tulearensis ; lors du repiquage, certains plantules n’ont pas survécu et d’autres se sont fanés avant notre arrivé pour la troisième expédition.
Plantation : La reforestation a été effectuée à Ambalamata et aux alentours du village de Lavavolo. Selon les résultats des enquêtes auprès du chef du clan « Nahoda be », auparavant Ambalamaty était occupé par une forêt primaire. Il faisait aussi partie de l’habitat de Lemur catta. Malheureusement cette forêt a été dégradée par les habitants d’Itampolo, par des feux et des coupes illicites ; par conséquent les groupes de Lemur catta ont quitté la zone et n’y sont plus retournés. La zone a été envahie petit à petit par des Cactus. Actuellement, grâce à la collaboration entre les habitants de Lavavolo et la COBA (Communauté de Base), la zone est devenue une zone protégée. Et les habitants de Lavavolo ont décidé d’entreprendre la reforestation de cette zone. Comme Lavavolo est localisé dans une zone Subaride à faible précipitation, la méthode utilisant le « Groasis Waterboxx » a été adoptée.
Méthode d’utilisation du « Groasis Waterboxx » : Avec les problèmes causés par la désertification et la pénurie d’eau dans de nombreuses régions du monde, le Groasis Waterboxx est une solution durable et efficace pour planter des arbres dans les milieux arides. Il a été développé par PIETER HOFF (ABKEN, 2014). Le « Waterboxx » procure de l’eau supplémentaire, de l’humidité pour la jeune plantule, stabilise la température et protège la plantule contre la sécheresse.
Description du « Groasis Waterboxx » : Le Waterboxx comporte sept (7) parties (photo Annexe 4) :
– Couvercle conçu pour optimiser le débit d’eau dans la cuvette;
– plaque du milieu ayant pour rôle d’empêcher la croissance des algues et l’évaporation;
– Cuvette servant de réservoir d’eau aussi bien que de protection pour la plante jusqu’à un certain moment de sa croissance. L’eau est stockée dans ce récipient ;
– Mèche : une sorte de corde jouant le rôle de transporteur d’eau de l’intérieur du Waterboxx vers le sol;
– Evaporation cover ou couvercle pour protéger la plantule contre la déshydratation ;
– Siphons et bouchon;
– Fixateurs.
Principe d’utisation (comporte deux (2) grandes étapes)
– Préparation du sol (premier jour) ;
– Plantation proprement dite (deuxième jour).
Etape 1: Préparation du sol (Photo Annexe 5) : D’abord, la surface du sol a été nettoyée ; puis un trou de 50 cm de diamètre et 35 cm de profondeur a été creusé, et 8 Kg de fumier de zébu a été versé dans le trou et mélangé avec 50 % de sol. A la fin, 40 L d’eau ont été versés dans le trou . La présence de l’oxygène dans le sol est très importante pour le développement de la jeune plantule. Le sol a été aéré puisque l’eau le compacte et il faut attendre un jour avant la plantation.
Etape 2: Plantation (Photo Annexe 6) : La surface du sol a été aplatie et un petit trou a été creusé en utilisant « l’evaporation cover ».
Préparation de la jeune plantule : La base du sac plastique ainsi que l’un des deux côtés du sac ont été coupés. La plantule a été ensuite mise en terre. La cuvette a été déposée et fixée au sol pour la protéger du vent, puis la terre autour de la cuvette a été remblayée ; enfin, 20 L d’eau ont été versés dans le waterboxx.
Suivi de la croissance et survie des plantules
Evaluation de la survie des plantules
Pour évaluer la survie des plantules, le nombre de plantules mortes et de celles qui sont vivantes a été noté tous les mois après la plantation. Les données ont été ensuite traitées sur Excel pour en déduire le taux de survie des plantules.
Protection des plantules : Les plantules ne sont pas à l’abris des prédateurs comme les moutons et les chèvres ; des grilles de protection ont été mises en place (photo 34 et 36) autour des waterboxx afin de les protéger.

Effet du passage des graines dans le tractus digestif de L. catta

               Le passage des graines, des quatre espèces cibles, dans le tractus digestif présente un effet hautement significatif (p < 0,05) sur leur taux de germination (tableau 7). Selon le test de NewmanKeuls, les graines fécales d’E. suavissima et de Z. mauritiana ont un taux de germination élevé (32,33 %) et (60 %) par rapport aux graines non fécales ; et c’est pourquoi le passage des graines dans le tract digestif améliore la germination. Par contre, pour P. minor, les graines non fécales ont un taux de germination plus élevé (90 %) par rapport aux graines fécales. Pour cette espèce, le tube digestif agit sur les graines en diminuant leur capacité germinative. Pour G. suavissima, seules les graines fécales ont germé ; ce qui nous permet de déduire que le passage des graines dans le tractus digestif s’avère nécessaire pour la germination des graines et la production en masse de G. suavissima en vue de la reforestation.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
Partie 1 : Milieu d’étude
I.1. Localisation géographique
I.2 Milieu physique
I.2.1. Climat
I.2.1.1. Température
I.2.1.2. Précipitation
I.2.1.3. Diagramme ombrothermique
I.2.2. Vent
I.2.3. Hydrologie
I.2.4. Géologie
I.3. Milieu biotique
I.3.1. Flore et végétation
I.3.2. Faune
I.3.3. L’Homme et ses activités
Partie 2 : Matériels et Méthodes
II.1. Matériels biologiques
II.1.1. Choix des espèces cibles
II.1.2. Description botanique des espèces cibles
II.1.2.1.Euclinia suavissima (RUBIACEAE)
II.1.2.2. Grewia tulearensis (MALVACEAE)
II.1.2.3. Poupartia minor (ANACARDIACEAE)
II.1.2.4. Zizyphus mauritiana (RHAMNACEAE)
II.2. Méthodes d’étude
II.2.1. Etudes préliminaires
II.2.1.1. Recherche bibliographique
II.2.1.2. Choix des sites d’études
II.2.2. Recherche des groupes de Lemur catta
II.2.3. Suivi de Lemur catta
II.2.4. Etude autoécologique des espèces cibles
II.2.4.1. Inventaire floristique
II.2.4.2. Caractérisation de l’habitat des espèces cibles
II.2.4.3. Régénération naturelle des espèces cibles
II.2.4.4. Etude de la flore associée
II.2.5. Régénération ex-situ des espèces végétales cibles
II.2.5.1. Préparation de la pépinière
II.2.5.2. Essai de germination
II.2.5.3. Analyse statistiques des résultats
II.2.6. Reforestation
Partie 3 : Résultats et interprétations
III.1. Caractéristiques de l’habitat des espèces cibles
III.1.1. Richesse floristique des sites d’étude
III.1.2. Physionomie de la végétation
III.2. Autoécologie des espèces cibles
III.2.1. Abondance numérique des espèces cibles dans les sites
III.2.2. Régénération naturelle des espèces cibles
III.2.3. Flore associée
III.3. Régénération ex- situ
III.3.1. Temps initial de germination (début de germination)
III.3.2. Type de germination
III.3.3. Taux de germination
III.3.4. Effet du passage des graines dans le tractus digestif de L. catta
III.4. Reforestation
III.4.1. Taux de survie des espèces plantées
Partie 4 : Discussion
IV.1. Sur la méthodologie
IV.1.1. Choix des sites d’étude
IV.1.2. Flore associée
IV.1.3. Préparation du fumier
IV.1.4. Collecte des graines
IV.1.5. Identification des graines
IV.2. Sur les résultats
IV.2.1. Richesse floristique
IV.2.2. Structure verticale de la végétation
IV.2.3. Germination ex- situ
IV.3. Recommandations
Conclusion
Références bibliographiques
ANNEXES

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *