L’infanticide ou le meurtre d’un enfant nouveau-né (01),(04), (05) est connu à Madagascar comme dans le monde. Il reste d’actualité comme en témoigne régulièrement la presse, et la ville de Mahajanga n’est pas épargnée. L’infanticide fait partie des problèmes inquiétants en médecine.
STEHLI (02) « elle avait tué son bébé »
L’infanticide s’agit le plus souvent d’un crime maternel commis par une femme apparemment indemne de troubles psychiatriques mais présentant des traits de personnalités particuliers (10). Le public et les journalistes amateurs de sensations fortes ont – ils un seul instant pensé à la souffrance endurée par la mère et le drame vécu par l’entourage ?
Ceci vient du fait que :
– Certaines familles malgaches tiennent encore aux traditions et coutumes ou à des croyances ;
– La Communication pour le changement de comportement (C.C.C.) manque beaucoup pour les femmes en âge de procréer ;
– Le niveau socio-économique et l’insuffisance de centre de santé proche du village des parturientes favorisent l’accouchement à domicile.
Cette situation préoccupante nous a incité à entreprendre notre étude intitulée : «REFLEXIONS SUR LES INFANTICIDES DANS LA VILLE DE MAHAJANGA DE 1998 A 2000 » .
REVUE DE LA LITTERATURE
DEFINITIONS
L’infanticide est un terme dont la définition n’est pas univoque. Dans la littérature sur le meurtre d’un enfant d’après DESSEIGNE (03) : l’infanticide désigne le meurtre d’un enfant quel que soit son âge, sans préciser s’il s’agit de l’enfant par rapport aux parents ou de l’enfant en tant que jeune humain.
Egalement selon RESNICK (07), il existe d’autre terme, tels que le liberticide, le puéricide, qui signifient le meurtre d’un enfant, – du latin liber ou puér = enfant, -ou le mot filicide qui est le meurtre d’un enfant par l’un de ses parents, – du latin filius = fils .
Dans le dictionnaire LAROUSSE (01) : l’infanticide désigne le meurtre d’un enfant nouveau-né .
L’OXFORD ENGLISH DICTIONNARY (04) donne aussi les définitions suivantes d’infanticides :
– (i) l’infanticide c’est quelqu’un qui tue un enfant
– (ii) l’infanticide : Le crime sur le meurtre ou assassinat d’un enfant nouveau-né dès la naissance ; crime accompli par ou avec le consentement de leurs parents, spécialement la mère.
– (iii) le meurtre d’un enfant, spécialement le coutume de meurtre d’un enfant nouveau-né, lequel domine parmi les barbares et sauvages dans l’ancien monde.
Dans L’ENCYCLOPEDIE MEDICO-LEGAL (05) : l’infanticide désigne le meurtre d’un enfant de moins de douze mois d’âge par leur mère. Meurtre par un acte volontaire ou omission durant la période de troubles mentales Ce flou sémantique a amené RESNICK (06), psychiatre anglo-saxon, à créer le mot néonaticide = meurtre d’un nouveau-né de moins de vingt-quatre heures .
D’autre part, l’avortement ou l’interruption volontaire de la grossesse est un infanticide, c’est à dire l’expulsion prématurée volontairement provoquée, sans nécessité médicale, du produit de la conception quel que soit son âge, dans le but de s’en débarrasser. Il est prouvé que l’enfant, dès sa conception est un être humain qui se développe de façon naturelle dans l’enveloppe maternelle. C’est donc un enfant qui est tué.
La viabilité légale du fœtus étant de six mois c’est à dire de 180ième à 270ième jour de la grossesse (soit 27 semaines à 38 semaines d’aménorrhées), l’accouchement doit avoir eu lieu après ce délai, sinon il s’agit d’un avortement.
En fait, ce sont les textes législatifs qui définissent le plus précisément l’infanticide : c’est le meurtre ou l’assassinant d’un nouveau-né même les prématurés à condition qu’ils soient nés vivants .
Qu’est ce qu’on appelle nouveau-né ?
Comme il n’existe pas de définition précise du nouveau-né, la jurisprudence en a défini la notion : « un enfant reste nouveau-né tant que sa naissance n’est pas notoire et qu’il n’est pas encore déclaré à l’état civil » Le délai légal de déclaration fixé à Madagascar par le code civil allant jusqu’aux douzièmes jours qui suivent l’accouchement non compris le jour de celui-ci.
Pour les accoucheurs, l’enfant reste nouveau-né jusqu’à la chute du cordon ombilical .
Pour cette étude la définition selon les textes législatifs est développée : l’infanticide c’est l’intention de donner la mort à un enfant nouveau-né même les prématurés à condition qu’ils soient nés vivants.
Dans l’infanticide, il est nécessaire que l’enfant ait vécu et que sa mort résulte d’un acte homicide et que naissance n’est pas notoire et qu’il n’est pas inscrit au registre de l’état civil .
HISTORIQUE
L’infanticide peut être suivi à travers l’histoire humaine . L’histoire de l’infanticide en effet un phénomène singulier au point de vue de l’évolution des idées morales. Il n’a pas toujours été considéré comme un crime, la place qu’il tient, tant dans l’esprit humain que dans la loi, varie dans le temps, en fonction de la place qu’on laisse à l’enfant dans la société .
Le meurtre d’un enfant, spécialement par leurs parents, peut être suivi dans le temps préhistorique. L’évidence archéologique sur le sacrifice d’enfant date depuis 7000 ans avant JESUS CHRIST à Jéricho.
« C’est toujours de la sorte : pour obtenir croissance de pouvoir et d’influence, Satan a besoin ».
C’est ainsi depuis CAÏN et ABEL personne aux peuples civilisés d’Antan, lesquels sacrifièrent à leurs Dieux (idoles) des vierges et des jeunes garçons chastes aussi bien que des nourrissons de préférences innocents. Derrière tous ces Dieux spécieux se cachèrent des Anges déchus et des suppôts de Satan.
La BIBLE contient plusieurs allusions sur l’infanticide. Les commissions paroissiales des sages-femmes ont détruit les descendants masculins des Hébreux. Peur des menaces des militaires et de l’ordre du Roi HEROD de «massacrer les innocents » dans le temps de la naissance de JESUS CHRIST.
« Alors HEROD, voyant qu’il avait été joué par les Mages, se mit dans une grande colère et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethlehem et dans tout son territoire, selon la date dont il s’était soigneusement enquis auprès des Mages. Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par JEREMIE, le prophète ». (Mathieu 2 : 16-18) .
L’infanticide sélectif sur les petites filles se trouve dans la BIBLE : » Heureux es-tu, ta femme est une vigne généreuse au fond de ta maison, et tes fils des plans d’oliviers autour de ta table » (Psaume 127) .
En Inde dans la célébration de mariage, on souhaite rituellement à la jeune mariée de nombreux fils, mais pas de filles. Plus bucolique enfin, mais niant toujours l’existence des filles pour le salut des parents. Dans les pays comme la Chine et l’Inde, les infanticides des filles furent très tôt majoritaires.
Les petites filles ont été largement mises en scènes dans les diverses mythologies et plus tard dans les contes comme cendrillon, peau d’âne, cosette, et la petite sirène.
Même au temps les plus primitifs, l’infanticide est bestial, c’est le meurtre par besoin. On tue le nouveau-né comme on tue les vieillards pour diminuer le nombre de bouches inutiles .
Il arrive que des parents tentent pour diverses raisons et par différents moyens de ne pas avoir d’enfant. La contraception, l’avortement et parfois l’infanticide sont attestés. Cette pratique permet soit de limiter le nombre d’héritiers, soit dans les couches populaires souvent en difficulté, de réduire le nombre de bouche à nourrir. Il faut cependant nuancer l’idée d’une contraception répandue au Moyen Age, essentiellement à cause du peu d’efficacité de cette pratique qui repose sur des connaissances imprécises.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I – DEFINITIONS
* Définition de l’infanticide
* Définition du nouveau-né
II – HISTORIQUES
III – LES FACTEURS FAVORISANTS
III – 1 Les perturbation psycho-sociales
*-Le non désire d’enfant
*-La qualité de relation de la mère à sa propre mère et à son propre père
*-La pression intra-familiale
*-Illégitimité de l’enfant
III – 2 La pauvreté et le chômage
III – 3 La sous scolarisation
III – 4 L’accouchement à domicile
III – 5 Les caractéristiques écologiques de l’environnement urbain sur les différences physiques et comportementales des jeunes urbaines
III – 6 L’infanticide : symptôme d’une affection psychiatrique
* LES MANIERES DE LA MORT
IV – LES MESURES REPRESSIVES
V – LES MESURES PROPHYLACTIQUES
V – 1 Les mesures éducatives
V – 2 Les mesures politiques
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I CADRE D’ETUDE
I – 1 Aperçue sur la ville de Mahajanga
I – 1 – 1 Situation géographique
I – 1 – 2 Caractéristiques géographiques
a ) Les reliefs
b ) Les cours d’eau
c ) La micro climat
d ) La pluviométrie
I – 1 – 3 Les données démographiques
I – 1 – 4 Situations socio-économiques, industrielle et culturelle
a ) Données économiques
b ) Données socio -culturelles
I – 1 – 5 La scolarisation
I – 1 – 6 Les religions
I – 1 – 7 Structures administratives
I – 1 – 8 Formations sanitaires
– Centre de Santé publique
– Centre de Santé privé
– Cliniques privées
– Croix Rouge Malagasy
I – 1 – 9 Structures judiciaires
I – 2 La population
II – Méthodes d’étude proprement dite
II – 1 Méthode d’étude
*- Les infrastructures sanitaires
*-La population dans la ville de Mahajanga de 1998 à2000
*- Les prostituées dans la ville de Mahajanga de 1998 à 2000
*- Les naissances déclarées dans la ville de Mahajanga de 1998 à 2000
*- Procédures
-La saisine
-La constatation
-Les comptes rendus
-Les réquisitoires médico -légaux
-enquête ouverte
II – 2 Matériels d’études
II – 2 – 1 Les moyens utilisés
II – 2 – 2 Sélection des dossiers
II – 3 Identification ou technique de recherche
III -Présentation des résultats
III – 1 Variable de la personne
III – 1 – 1 Répartition d’infanticide pendant l’année 1998
III – 1 – 2 Répartition d’infanticide pendant l’année 1999
III – 1 – 3 Répartition d’infanticide pendant l’année 2000
III – 1 – 4 Récapitulation annuelle d’infanticide pendant les trois années d’études ( 1998 à 2000)
III – 2 Les variables cliniques
III – 2 – 1 Répartition annuelle selon les lieux de découverte
III – 2 – 2 Répartition annuelle selon les circonstances de découverte
III – 2 – 3 Répartition annuelle selon les causes de la mort
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES – DISCUSSIONS – SUGGESTIONS
I – COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
I – 1 Les variables de la personne
I – 1 – 1 Selon l’âge
I – 1 – 2 Selon le sexe
I – 2 Les variables cliniques
I – 2 – 1 Selon les lieux de découverte
I – 2 – 2 Selon les circonstances de découverte
I – 2 – 3 Selon les causes de la mort
I – 2 – 4 Les facteurs favorisants
* – Perturbation psycho -sociale
* – Pauvreté et chômage
* – La sous scolarisation
* – L’accouchement à domicile
I – 2 – 5 Les procédures
II – DEDUCTIONS PRATIQUES ET SUGGESTIONS
II – 1 Déductions pratiques
II – 2 Suggestions
II – 2 – 1 L’éducation et la conscientisation sociale
II – 2 – 2 Amélioration de la qualité et de la conscience professionnelle sanitaire
CONCLUSION