Réflexions sur la place des émotions en moyenne section

Les émotions à l’école : vers le bien être de l’élève

Rôle de l’école dans les émotions des élèves.

Les émotions relèvent de l’intime. On pourrait alors penser que l’école n’a pas pour rôle de travailler les émotions avec les élèves. Parfois, l’environnement familial de l’enfant est très différent de celui de l’école. L’école peut alors entraîner de fort es émotions qui peuvent entrainer des difficultés lors des relations sociales. Certains élèves vont en effet rencontrer des difficultés à accepter autrui et peuvent d’être dans un rapport agressif avec leurs camarades. Un enfant envahi par ses émotions peut également rencontrer des difficultés dans le domaine des apprentissages. En effet apprendre et se concentrer nécessitent une capacité à réguler ses émotions.
De plus, en maternelle, les élèves découvrent les règles de la vie en collectivité. Cela entraîne beaucoup de frustration. En moyenne section, beaucoup d’élèves rencontrent encore des difficultés pour gérer cette frustration.
Aujourd’hui, la dimension émotionnelle a un rôle très important dans le développement et l’apprentissage. Le professeur des écoles a pour rôle d’aider les élèves à réinvestir les émotions dans l’apprentissage. Il ne rentre pas dans l’intimité de l’enfant mais le guide pour qu’il puisse gérer ses émotions. Les émotions peuvent devenir un thème de travail dans la classe.

L’accompagnement des enfants-élèves

Pour accompagner l’élève, le professeur doit agir avec bienveillance tout en maintenant un cadre ferme. Ces attitudes permettent de répondre aux besoins d’écoute et de sécurité que l’enfant a. Quatre fonctions permettent de favoriser la gestion des émotions : valider, recadrer, contenir et gratifier.
Valider une émotion, c’est accueillir et verbaliser le vécu et le ressenti de l’enfant. Il faut reconnaître son émotion avec bienveillance. Lorsque l’enfant ressent une émotion importante, il faut accueillir son émotion le plus calmement possible car l’enfant sera particulièrement sensible aux signaux non verbaux que nous allons montrer. Pour reconnaître et accueillir l’émotion de l’enfant, nous pouvons exprimer verbalem ent ce que nous avons observé pour valider son vécu. Pour valider, nous pouvons affirmer : « Je vois que… ». Cette étape va aider à calmer le vécu émotionnel et permettre à l’enfant de faire appel à ses capacités d’expression, d’analyse, de réflexion… L’en fant pourra alors s’apaiser plus rapidement.
Recadrer permet de répondre au besoin de sécurité et de limite de l’enfant. Quand l’enfant a un comportement inadapté, il faut recadrer avec fermeté pour donner un cadre clair. Cette fermeté doit rester bienveillante pour que l’enfant comprenne que nous sommes en désaccord avec son comportement et non avec son « être ». Pour recadrer, nous pouvons énoncer le comportement à modifier ou la règle à respecter puis orienter vers ce qui est permis ou demandé.
Lorsqu’un élève manifeste un débordement émotionnel, il a besoin de se sentir contenu psychologiquement. Pour cela, il faut sécuriser l’enfant pour ne pas qu’il se mette en danger ou qu’il mette en danger autrui, il a donc besoin de limites pour être rassuré. Il faut ensuite autoriser l’expression de l’émotion de l’enfant avec des limites.
Nous pouvons également apporter des gestes de réconfort si l’enfant est d’accord, il faut trouver la bonne distance selon la situation dans laquelle l’enfant se trouve.
Un enfant a besoin de motivation et d’encouragement pour progresser. En gratifiant, l’adulte aide l’enfant à construire l’estime de lui même. Cela va stimuler l’enfant dans son envie de fournir des efforts pour progresser. L’enfant va intégrer son potentiel et cela va favoriser sa créativité et son autonomie.
Pour aider l’enfant à calmer son émotion, à s’apaiser, l’adulte va pouvoir proposer des solutions à l’enfant. L’adulte va alors accompagner l’enfant dans la gestion de sonémotion.
Lorsqu’un enfant apprend à reconnaître et accueillir ses émotions, il va être plus serein et va rencontrer moins de difficultés à aller vers autrui et à gérer sa frustration.
Cela va être bénéfique dans le contexte de la classe car l’élève va être plus attentif et sera plus disponible pour entrer dans les apprentissages.

Education émotionnelle et sociale

L’éducation émotionnelle et sociale vise à développer les compétences émotionnelles des individus en général mais en particulier des enfants pour leur permettre de s’intégrer dans la collectivité. Elle a pour but de développer l’intelligence émotionnelle des élèves. L’éducation émotionnelle et sociale propose des outils et des stratégies pédagogiques. L’EES n’est pas une « matière » à enseigner, l’intelligence émotionnelle ne s’enseigne pas. Elle se développe dans un climat propice. Pour être pratiqués de manière efficace, une posture pédagogique est nécessaire. L’éducation émotionnelle propose la mise en place d’un pédagogie à la fois active, positive, coopérative, ludique, diversifiée et démonstrative. La pédagogie active va responsabiliser les élèves, elle va leur permettre de participer activement lors de l’apprentissage par la découverte, l’expérience, la recherche et la créativité. Dans cette approche, tout apprentissage doit passer par l’expérience. La pédagogie positive va permettre une écoute de l’élève. Le professeur va valoriser l’élève, le soutenir. On va reconnaître les difficultés de l’élève mais on va se concentrer sur les solutions et les progrès réalisés. La pédagogie coopérative va permettre aux élèves d’apprendre ensemble, en coopérant. La pédagogie diversifiée va intégrer les intelligences multiples et respecter les rythmes de chacun. La pédagogie ludique va réintroduire le plaisir comme moteur de la motivation et de l’apprentissage. Le jeu va avoir une place importante. Dans la pédagogie démonstrative, le professeur va expliquer à l’élève ce qu’il va apprendre.

Les émotions dans les programmes scolaires

Aux cycles 2 et 3, le thème des émotions est inscrit dans les programmes d’Enseignement moral et civique. Cependant, en maternelle, l’EMC n’est pas inscrit dans les programmes.
Travailler sur les émotions va aider l’enfant à apprendre et à vivre ensemble. Selon les programmes de cycle 1, c’est dans le groupe classe que les élèves vont découvrir les fondements du débat collectif et vont se construire comme personne singulière au sein d’un groupe. Au fil de la maternelle, l’enseignant développe la capacité des enfants à identifier, exprimer verbalement leurs émotions et leurs sentiments. Cela va alors aider les enfants à coopérer et à prendre du plaisir à échanger.
Un travail en EMC sur les émotions va permettre de travailler le langage oral, l’entrée dans la communication. Par l’EMC, les enfants vont communiquer avec les adultes et les autres enfants par le langage, en se faisant comprendre. Ils vont également s’exprimer dans un langage syntaxiquement correct et précis, reformuler pour se faire comprendre. Lors de séances, notamment lors de débats, les élèves vont échanger et réfléchir avec les autres. Ils vont pratiquer divers usages du langage oral : raconter, décrire, évoquer, expliquer, questionner, proposer des solutions, discuter un point de vue.
Aider les élèves à reconnaître et à gérer leurs émotions d ès la maternelle leur permet de se construire en tant que personne et de mieux se concentrer sur les apprentissages. Ce développement des compétences émotionnelles va se poursuivre tout au long de la scolarité. Cet apprentissage figure dans les programmes d’Enseignement morale et civique de cycles 2 et 3 dans le domaine « respecter autrui». En cycle 2, les élèves continuerons l’apprentissage de l’identification et du partage des émotions. Le professeur pourra par exemple proposer d’élargir les émotions travaillées. Ainsi, les élèves pourront identifier d’autres émotions comme le dégoût et la surprise. En cycle 3, les élèves apprendrons à réguler leurs émotions.
L’enseignant pourra proposer par exemple la mise en place des messages clairs pour pouvoir gérer les conflits en étant dans l’empathie des émotions de l’autre. C’est un apprentissage qui prend du temps et qui doit se développer dans un projet dépassant les horaires de l’enseignement morale et civique.

La démarche pédagogique

EVALUATION DIAGNOSTIQUE

Pour réaliser une évaluation diagnostique afin de construire la séquence à partir des réponses des élèves, j’ai réalisé une grille d’évaluation. La classe se compose de 26 élèves. L’évaluation diagnostique a été réalisée sur l’ensemble de la classe. Pour commencer cette évaluation, j’ai lu en classe entière l’album « La couleur des émotions » de Anna Llenas. Pendant deux semaines, j’ai ensuite pris le temps de m’entretenir avec chaque élève pour lui poser des questions.
Je commençais par montrer les monstres des émotions un par un en demandant de quelle émotion il s’agissait. Ensuite, pour chaque émotion, je demandais à l’élève si il avait déjà ressenti cette émotion, si oui, à quel moment. Enfin, j’interrogeais l’élève pour savoir comment il faisait pout apaiser les émotions négatives : la peur, la colère et la tristesse.
J’ai également choisi de noter les manifestations importantes d’émotions durant ces 4 jours et la capacité des élèves à mettre des mots sur ces émotions et à les apaiser. Je n’ai pas pu noter toutes les manifestations importantes ayant lieu lors de ces quatre jours. En effet, j’avais le groupe classe à gérer et les séances d’apprentissages à diriger ce qui ne m’a pas permis de prendre le temps de noter toutes les observations.
Cependant, lors de la pause du midi et le soir, je notais chaque manifestation.

La séquence

J’ai choisi de mettre en place une séquence permettant à la fois aux élèves d’acquérir le vocabulaire des émotions, de s’exprimer sur leurs propres émotions et de mettre en place des outils pour les aider à s’apaiser.
L’album « La couleur des émotions » d’Anna Llenas constitue le fil conducteur de la séquence. Cet album permet de mémoriser les émotions par leurs couleurs. J’ai lu cet album plusieurs fois en coin regroupement au cours de la séquence. Les personnages que l’on retrouve dans l’album seront utilisés lors des différentes séances. L’album présente six émotions : la joie, la tristesse, la colère, la peur, la sérénité et l’amour. J’ai choisi de traiter les quatre premières car elles constituent les émotions de bases.
La première séance consistait en la lecture de cet album. Cela leur a permis de découvrir les émotions sur lesquelles nous allions travailler. Après cette séance, nous avons réalisé l’évaluation diagnostique donc je parle ci-dessus.
La troisième séance permettait d’aider les élèves à reconnaître les émotions principales. J’avais au préalable fabriqué des flacons à émotions imitant ceux de l’album et imprimer des images des monstres des émotions. Les élèves avaient pour consigne d’attribuer chaque monstre des émotions à son flacon en rappelant l’émotion correspondante. Ensuite, j’ai distribué des étiquettes représentant des situations émotionnelles. Chacun leur tour, les élèves devaient attribuer une étiquette d’une situation émotionnelle au flacon correspondant en expliquant pourquoi il pensait à cette émotion.
La séance 4 avait pour objectif de permettre aux élèves d’exprimer verbalement des émotions vécues. J’ai demandé aux élèves de se placer en cercle. Tout d’abord, j’ai demandé aux élèves de rappeler les quatre émotions. Ensuite, j’ai placé les flacons des émotions au centre du cercle et j’ai demandé aux élèves de prendre un flacon pour raconter un moment où ils avaient ressentis l’émotion choisie.
L’objectif de la séance 5 était de s’exprimer à travers le dessin. J’ai demandé aux élèves de choisir une émotion et de dessiner un moment où ils avaient vécu cette émotion. En dictée à l’adulte, les élèves devaient ensuite raconter à l’adulte ce qu’ils avaient dessiné. Les dessins figurent maintenant dans le livre des émotions. La séance 6 était consacrée à la création des pages du livre des émotions. Chaque groupe a décoré une page. Ces pages ont permis de fabriquer le livre des émotions.
La séance 7 avait pour objectif d’exprimer corporellement une émotion grâce aux mimes.
Tout d’abord, les élèves se regardaient dans le miroir et devaient mimer des émotions.
Je leur demandais de faire comme si ils avaient peur, comme si ils étaient tristes, comme si ils étaient joyeux ou en colère.
Ensuite, les élèves avaient pour consigne de marcher dans l’espace et au signal, de faire comme si ils avaient peur, comme si ils étaient tristes, comme si ils étaient joyeux ou en colère. Il fallait utiliser le corps et l’expression du visage.
Enfin, la classe était divisée en un groupe d’acteurs et un groupe de spectateurs. Les acteurs devaient représenter avec leurs corps la carte piochée (peur, tristesse, joie ou colère.) Les spectateurs avaient pour consigne d’observer les acteurs pour deviner l’émotion mimée.
Lors de la séance 8, les élèves devaient attribuer une émotion à une musique. A chaque extrait musical, ils sélectionnaient l’émotion exprimée par la musique. Les élèves levaient leurs roues des émotions avec l’émotion sélectionnée.
La séance 9 consistait à présenter l’outil de la roue des émotions. J’ai expliqué aux élèves que chaque matin, ils pourront indiquer leur émotion du moment sur leur roue à émotion et l’expliquer aux autres. Nous avons donc utilisé cet outil lors des rituels tous les matins.
La séance 10 avait pour objectif de discuter ensemble sur le thème de la colère, d’identifier la manière dont s’exprime la colère et de trouver des solutions pour apaiser cette émotion. Pour commencer, j’ai lu l’album « Grosse colère » de Mireille d’Allancé.
J’ai ensuite posé des questions simples aux élèves pour leur permettre de discuter ensemble sur le thème de la colère et de partager des solutions pour s’apaiser.
Lors de la séance 11, j’ai présenté la boîte des émotions aux élèves. Je leur ai dit que lorsqu’ils ressentaient une émotion, comme la colère, ils pouvaient aller dans le coin calme. Dans ce coin, j’ai installé des objets pour permettre aux élèves de gé rer leurs émotions à l’aide d’outils. Comme nous venions de travailler sur la colère, j’ai d’abord mis des objets permettant d’apaiser cette émotion : une peluche, une bouteille de retour au calme, une balle anti-stress, des bons de colères (à déchirer, froisser…).
La séance 12 avait pour objectif de discuter ensemble sur la peur, d’identifier la manière dont s’exprimer la peur et de trouver des solutions pour apaiser cette émotion.. J’ai commencé par lire l’album « Billy se Bile » De Anthony Browne. Nous avons ensuite discuté autour de la peur. Ultérieurement, nous avons fabriqué des poupées tracas que les élèves ont apporté chez eux. Nous avons également ajouté une poupée tracas dans la boite des émotions.
L’objectif de la séance 13 était de discuter ensemble sur le thème de la tristesse, d’identifier la manière donc s’exprime cette émotion et de trouver des solutions pour s’apaiser. J’ai commencé par lire l’album « le vide » de Anna Llenas puis nous avons discuté sur cette émotion.
La séance 14 avait pour objectif de discuter ensemble sur le thème de la joie, d’identifier la manière dont cette émotion s’exprime. J’ai commencé par montrer une image aux élèves représentant la joie. Je leur ai ensuite posé des questions pour lancer une discussion. J’ai enf in présenté la boite à joie qui consiste à écrire un moment joyeux vécu dans la journée. A chaque fin de journée, le responsable de la date raconte un moment joyeux qu’il a vécu dans la journée, je l’écrit sur un papier et je dessine quelque chose représentant la phrase, je le montre aux élèves et je place le mot dans la boite. Nous pouvons de temps en temps relire des mots pour nous apporter de la joie.

Evaluation sommative

L’évaluation sommative permet d’établir un bilan des acquisitions des élèves. Elle intervient à la fin d’une séquence.
En période 5, j’ai décidé de reprendre la même grille d’évaluation que celle utilisée en début d’année. J’ai donc posé des questions individuellement à chaque élève de la classe durant deux semaines. Cette grille permet de faire un bilan des acquisitions des élèves au cours de ce projet sur les émotions. Afin de respecter la diversité des élèves, j’ai évalué les progrès de chacun à partir de l’évaluation diagnostique. Je n’attends donc pas les mêmes acquis pour tous les élèves puisque je vais rendre compte de l’évolution de chaque élève.
Comme lors de l’évaluation diagnostique, j’ai également noté les manifestations émotionnelles importantes des élèves.

Posture du professeur

Au cours de l’année, j’ai veillé à adapter ma posture pour aider les élèves à évoluer positivement dans l’acquisition des compétences émotionnelles. En effet, nous nous concentrons souvent sur les enfants mais les adultes en charge des enfants sont également concernés par les efforts permettant de favoriser un climat propice au développement des compétences psychosociales. J’ai alors instauré un environnement sécurisé en posant un cadre avec des règles précises. Dès septembre, nous avons travaillé sur les règles de l’école et nous avons créé un affichage où quelques règles simples apparaissent. Pour réaliser cet affichage, les élèves ont mimé chaque règle et j’ai pris des photographies. Les élèves ont appris à être relativement autonomes au sein de l’école. Ils se déplacent en autonomie dans la classe, ont appris à travailler seul sur une activité individuelle, savent se débrouiller lors de la gestion de la vie quotidienne (se moucher, mettre son manteau, aller aux toilettes). J’ai veillé à être à l’écoute des élèves et notamment de leurs émotions. Lorsqu’un élève vit une situation émotionnelle importante, je valide son émotion en l’écoutant et en mettant des mots sur son émotion, si besoin, je recadre le comportement de l’élève et je contient un éventuel débordement émotionnel. Enfin, je lui propose une solution pour l’aider à réguler son émotion : aller prendre un mouchoir, faire un câlin à la mascotte de la classe, s’isoler à la boîte des émotions…
J’ai tenté de mettre en place des stratégies pédagogiques proposées par l’éducation émotionnelle et sociale. J’ai plus particulièrement appliqué une pédagogie positive, ludique et démonstrative.
En ce qui concerne la pédagogie positive, j’ai essayé d’être à l’écoute de chaque élève. La gratification est selon moi essentielle dans l’éducation. Lorsqu’un élève réussit, il faut lui dire pour qu’il comprenne ses progrès. Cette valorisation peut avoir lieu en lien avec les apprentissages ou le comportement de l’élève. Cela va permettre de renforcer l’estime de soi des élèves et de les motiver pour continuer à progresser.
J’ai proposé des situations d’apprentissage ludiques pour que les élèves soient motivés, pour leur donner envie d’apprendre. J’essaie de proposer beaucoup de manipulation et de jeux. En fin de journée, lors des rituels du regroupement de 16h15, je demande aux élèves ce qu’ils ont préféré. Les élèves rencontrent parfois des difficultés à se repérer dans le temps, ils peuvent donc s’aider de l’emploi du temps de la journée affiché au tableau pour se sou venir des activités réalisées. Ce moment permet aux élèves de comprendre qu’ils peuvent apprendre tout en prenant du plaisir.
Cela me permet de me rendre compte des activités appréciées par les élèves et de celles qu’ils aiment moins. Je peux alors orienter les situations d’apprentissages de manière à motiver mes élèves.
Concernant la pédagogie démonstrative, lorsque j’énonce les consignes, je veille à verbaliser l’objectif aux élèves, je leur explique également la finalité de l’apprentissage. Par exemple, lorsque nous faisons du graphisme, je leur explique que c’est pour les aider à apprendre à écrire. En fin de journée, avant de leur demander ce qu’ils ont préféré, je demande aux élèves ce qu’ils ont appris. Les élèves prennentalors conscience que l’école leur permet d’apprendre davantage chaque jour.

Limites de la séquence

Les discussions avaient lieu en demi-classe à 13h40, juste après la pause déjeuner.
Lors de ce créneau horaire, les élèves rencontraient des difficultés à se concentrer, certains étaient très agités et ne parvenaient pas à être à l’écoute des autres. J’ai tenté de modifier ce créneau mais selon mon emploi du temps cela n’était pas possible si je voulais garder l’effectif de la demi-classe. Les quatre discussions se sont donc effectuées dans ces conditions. Peut-être que si elles avaient été réalisées le matin lors d’un créneau où les élèves sont davantage aptes à se concentrer, les échanges auraient été plus riches. En effet, j’étais régulièrement obligée d’interrompre la discussion pour rappeler aux élèves d’écouter, ou de revenir dans le grou pe lorsque certains se déplaçaient.

Outils mis en place

Roue des émotions

Chaque matin, 10 élèves présentaient son émotion ressentie grâce à la roue des émotions. Il l’indiquait sur sa roue puis, si il le souhaitait, il pouvait expliquer pourquoi il ressentait telle émotion. Les élèves avaient tous envie de présenter leurs émotions, mais par soucis de temps, je ne pouvais pas distribuer la roue à tous les élèves chaque jour.
Cette roue permettait aux élèves d’apprendre à identifier leur émotion, à la comprendre et à l’expliquer. Parfois, quand un élève ressentait une émotion négative, ses camarades tentaient de trouver des solutions pour qu’il puisse s’apaiser.
Cet outil permet également au professeur de constater dans quel état émotionnel l’enfant arrive en classe. Parfois, un élève arrive en colère le matin parce qu’il s’est fait grondé avant d’aller à l’école. Il est alors important de mettre des mots sur ce que l’enfant a ressenti afin de le rassurer. Si l’enfant ne s’est pas calmé, on peut lui proposer de se rendre à la boîte des émotions.

Boîte des émotions

Lorsque j’ai présenté la boîte des émotions, nous venions de réaliser la discussion sur la colère. J’ai donc commencé par présenter les outils permettant essentiellement d’apaiser cette émotion.
Les bons de colère sont placés dans une barquette. Il s’agit de petits papiers sur lesquels apparaît le monstre de la colère. Lorsqu’un enfant ressent cette émotion, après avoir légitimer l’émotion de l’élève et nommer cette émotion avec l’élève, le professeur peut lui proposer d’aller voir la boîte des émotions. L’enfant pourra alors prendre un bon de colère et le déchirer, le froisser, le jeter. Il peut en prendre autant qu’il en a besoin. Cet outil permet de rappeler aux élèves qu’ils ont le droit de ressentir une émotion mais qu’il est interdit de faire du mal aux autres enfants. L’élève pourra alors décharger sa colère sur les papiers. Il sera alors libéré de cette charge émotionnelle et cela facilitera le retour avec le groupe classe.
La balle anti-stress et la bouteille de retour au calme peuvent également aider à apaiser son émotion comme la colère. Ces deux outils vont permettre à l’élève de se détendre, de se calmer peu à peu.
Au fil des séances, j’ai ajouté d’autres objets dans cette boîte.
La peluche permet de s’apaiser. L’élève peut câliner cette peluche pour notamment calmer une tristesse.
La poupée tracas a pour objectif d’apaiser les peurs. L’enfant peur confier ses peurs à la poupée. Les enfants ont tous apporté la poupée qu’ils ont fabriquée chez eux. Ils m’ont raconté la manière dont ils s’en servaient. En voici des exemples : « Je la mets sur ma table de chevet et comme ça je n’ai plus peur la nuit. », « Je la mets sur mon oreiller pour ne plus faire de cauchemars ! », « Avant elle était à côté de mon lit mais je l’ai enlevée parce que je n’ai plus peur du noir. ».
Les élèves demandent régulièrement à aller à la boîte des émotions. Si un élève me demandait de s’y rendre et que personne n’y était déjà, j’autorisais l’accès même si cet enfant ne manifestait pas d’émotion en particulier. Ce coin permet à l’élève de s’isoler des autres et de se relaxer. La plupart du temps, les élèves s’y rendaient sans manifester d’émotion importante. Les élèves ont peu à peu su gérer leurs émotions avec plus d’autonomie en demandant à aller à la boîte des émotions.
Lorsque je remarquais qu’un élève manifestait une émotion importante, après avoir discuté avec lui, je pouvais lui proposer de se rendre à la boîte des émotions.
Dans cette boîte, j’avais installé des sabliers de 3, 5 et 10 minutes permettant aux élèves de gérer leur temps dans le coin calme. C’est moi qui choisissais quel sablier retourner. En général, le sablier de trois minutes suffisait, ce coin a vraiment permis d’apaiser les élèves rapidement. Par exemple, une élève avait du mal à gérer la frustration et se mettait à pleurer. Avant de mettre en place cette boîte, elle pleurait plusieurs fois dans la journée et pouvait mettre beaucoup de temps à s’apaiser.
Quand elle se rend à la boîte des émotions, l’élève se calme très rapidement et paraît plus apaisée dans la journée, ses pleurs ont lieu plus rarement.
Un élève ayant régulièrement des gestes violents envers les autres avait également du mal à se calmer. Ses gestes se répétaient parfois une dizaine de fois par jour. Quand il se rend à la boîte des émotions, il paraît ensuite plus calme. J’ai constaté qu’en cinquième période, cet élève a eu beaucoup moins de gestes violents envers les autres.
Etant donné que je partageais la classe avec la titulaire, je n’avais pas la possibilité d’installer un coin des émotions fixe. J’ai donc pris la décision de rassembler les outils dans une boîte que je plaçais dans un coin. Je pouvais alors retirer cette boîte facilement le mardi soir. Si j’en avais eu la possibilité, j’aurais installé un coin des émotions dans la classe. J’aurais pu y ajouter un tapis pour les enfants souhaitant s’allonger, un jardin zen pour se détendre, des affichages permettant aux élèves de se souvenir des méthodes possibles pour se calmer.

Boîte à Joie

A chaque fin de journée, pendant le coin regroupement, le responsable de la date avait également pour responsabilité d’ajouter un mot dans la boîte à joie. Il devait trouver un moment joyeux qu’il avait vécu dans la journée à l’école. Si il ne parvenait pas à trouver une idée ou qu’il n’en n’avait pas envie, ses camarades pouvaient l’aider. J’écrivais alors ce moment joyeux sur un papier en dictée à l’adulte et je dessinais ce qui représentait la phrase pour que sans le lire, les élèves se souviennent du moment joyeux.
Cet outil permet de terminer la journée sur une émotion positive. Nous pouvions de temps en temps relire des mots pour générer de la joie. Partager un vécu joyeux au sein du groupe favorise une dynamique positive chez l’enfant et au sein de la classe.

Evaluation sommative

Comme l’indique le Graphique 4, nous constatons que 100% des élèves ont su nommer les 4 émotions. 50% ont su raconter un moment où ils avaient ressenti les 4 émotions, 27% ont raconté un moment vécu pour 3 émotions, 23% pour 2 émotions et 0% p our 1 et 0 émotions. 38% connaissaient des solutions pour apaiser les 3 émotions négatives, 31 % ont trouvé des solutions pour 2 émotions, 30% pour 1 émotion et 4% pour 0 émotions.

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Table des matières
Remerciements 
Avertissement 
Sommaire 
Introduction 
1 ère Partie : Réflexions sur la place des émotions en moyenne section
I- Les fondements scientifiques
B- Le cerveau de l’enfant et les émotions
C- Intelligence émotionnelle
D- L ‘apprentissage de la socialisation et les émotions
II- Les émotions à l’école : vers le bien être de l’élève
A- Rôle de l’école dans les émotions des élèves
B – L’accompagnement des enfants-élèves
C- Education émotionnelle et sociale
D- Les émotions dans les programmes scolaires
2 ème Partie : La démarche pédagogique 
I – EVALUATION DIAGNOSTIQUE
II – La séquence
III- Evaluation sommative
IV- Posture du professeur
3 ème partie : Analyse et bilan du dispositif 
I- Evaluation diagnostique
II- La séquence
A-Bilan et analyse de chaque séance
B-Limites de la séquence
III- Outils mis en places
A-Roue des émotions
B- Boîte des émotions
C- Boîte à Joie
IV-Evaluation sommative
V- Bilan du projet
A- Analyse comparative : évaluation diagnostique/ sommative
B- Evolution du comportement des élèves en lien avec la posture du professeur
C- Autres pistes pédagogiques
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations 
Annexes 

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