La fondation des premiรจres communautรฉs congrรฉgationalistes
ย ย ย ย ย Le Roi Radama I, poursuivant la politique dโAndrianampoinimerina son pรจre, venaitde conquรฉrir, jusquโร 450 kilomรจtres au Sud de sa capitale, tout le territoire betsileo. Mais une expรฉdition vers le Boina (8) รฉchoua. Les visรฉes de Farquhar allaient se concilier avec les ambitions de Radama. En 1817 puis en 1820, ce dernier, reconnu comme Roi de Madagascar, accepta de renoncer ร exporter des esclaves contre une indemnitรฉ annuelle et la fourniture dโarmes : il pouvait constituer une armรฉe, avec laquelle, trรจs vite (1820-1825), il allait imposer sa domination sur la plus grande partie de lโIle. Il demandait aussi des artisans et des instituteurs. Cโest dans ce contexte que les missionnaires de la LMS arrivรจrent. Cette sociรฉtรฉ interconfessionnelle, fondรฉe en 1957, รฉtait en fait composรฉe surtout de โcongrรฉgationalistesโ oรน dominaient les Gallois. Une premiรจre tentative, en 1818, ร Tamatave, รฉchoua ร cause des fiรจvres dont les missionnaires et leurs familles furent victimes. David Jones, le seul survivant, monta ensuite ร Antananarivo et ouvrit une รฉcole en dรฉcembre 1820. Dโautres pasteurs et artisans le rejoignirent bientรดt, enseignant lectures et รฉcritures. Ils utilisรจrent dโabord des livres anglais. Les caractรจres romains furent choisis pour รฉcrire le malgache et il fallut lโarbitrage du Roi pour dรฉcider la transcription orthographique. Neuf รฉlรจves particuliรจrement douรฉs, parmi lesquels on compte la plupart des fameux โDouzeโ qui aideront les missionnaires ร la traduction de la Bible, ont รฉtรฉ choisis, dรจs 1824, comme instituteurs en chef pour chaque village. Ce sont : Rakotobe, Ratsimandrava, Ramaholy, Rasatranabo, Ramaka, Rabohara, Ratsimihara et Rasoantsiriana. Les missionnaires purent alors, avec lโaide de leurs meilleurs รฉlรจves, se lancer dans la traduction de la Bible. Dรจs 1827, ils commencent ร imprimer des textes ร Antananarivo, et lโEvangile de Luc sortit des presses L.M.S. en 1828. Lโinstruction fournit au Roi des officiers capables de communiquer de loin avec lui ; ce fut lโรฉbauche dโune vรฉritable organisation administrative ร travers le territoire. En 1824, il existรขt au moins une รฉcole dans chaque district de lโImerina : Avaradrano, Marovatana, Vakinisisaony et Ambodirano ; 2.000 รฉlรจves sont instruits. Le Roi Radama 1er mourrut brusquement en 1828. Sa premiรจre รฉpouse lui succรจde sous le non de Ranavalona I. A sa mort, nous avons comptรฉ 37 รฉcoles, 44 instituteurs malgaches pour 2.309 รฉlรจves. En 1831, lโeffectif รฉtait de 3.000 รฉlรจves rรฉpartis dans 60 รฉcoles. (9) En 1831, ils obtiennent la permission de cรฉlรฉbrer les premiers baptรชmes ; les nouveaux chrรฉtiens participent ensuite ร la Sainte Cรจne et se constituรจrent en congrรฉgation (fiangonana ,รฉglise). Pendant trois ans, le culte peut se poursuivre. Lโhostilitรฉ croit et la Reine prend conscience que cette nouvelle religion mettra en cause lโorganisation sociale et le sacrรฉ traditionnel sur lequel repose son pouvoir. En mars 1835, lโadhรฉsion au christianisme est interdite aux Malgaches. La persรฉcution commenรงa peu aprรจs. Le 14 aoรปt 1837, une jeune chrรฉtienne du nom de Rasalama fut sagayรฉe ร Ambohipotsy pour avoir refusรฉ de renier sa foi. Trois vagues de persรฉcutions en 1837-1840, en 1849 et en 1857 firent une centaine de martyrs, sans compter tous ceux qui furent condamnรฉs aux fers ou vendus comme esclaves. Des chrรฉtiens qui purent fuir de lโIle tรฉmoignรจrent jusquโen Angleterre ; des lettres clandestines permettent de suivre la vie de ces communautรฉs dispersรฉes : les 400 chrรฉtiens de 1835 sont devenus 6.000, lorsquโen 1861 est proclamรฉe la libertรฉ dโรฉvangรฉlisation.
Problรจme de dรฉfinition du sectarisme
ย ย ย ย ย ย ย ย Les spรฉcialistes des รฉtudes sur la religion cherchent ร dรฉterminer les รฉlรฉments normatifs de la religion : ils cherchent des dรฉfinitions objectives ou รฉthiquement neutres. Mais le concept de ce qui est une religion a changรฉ et continue ร รฉvoluer avec la diversitรฉ des phรฉnomรจnes religieux. Sont ainsi reconnus comme tels des phรฉnomรจnes divers mais de la mรชme ยซ famille ยป. Ils ont รฉgalement affirmรฉ que dans diverses occasions, il รฉtait difficile dโinclure dans une unique catรฉgorisation tous les รฉlรฉments constitutifs de la religion, par une dรฉfinition ยซ omni comprรฉhensive ยป. Le terme ยซ secte ยป, avant dโรชtre utilisรฉ par le juriste et le sociologue, est utilisรฉ par les acteurs sociaux. Nous reconnaissons donc un usage social du terme ยซ secte ยป dont nous sommes obligรฉs de tenir compte avant toute analyse. Aucun groupe religieux ne sโauto dรฉsigne comme secte. Dans la reprรฉsentation sociale courante, le terme ยซ secte ยป sert ร dรฉsigner, en les disqualifiant, dโautres formes de religions. La construction de cette reprรฉsentation sociale de la secte est due ร divers facteurs : le fait quโil sโagit dโune religion autre, inconnue et minoritaire, qui demande un engagement fort dans des croyances et des pratiques dรฉterminรฉes, marquรฉe par le pouvoir dโun leader qui contrรดle รฉtroitement le comportement des disciples, quโil sโagit dโun groupe prosรฉlyte qui cherche ร recruter de nouveaux membres. Les sociologues peuvent utiliser la dรฉfinition donnรฉe par Max Weber, qui a รฉtรฉ conรงue dans un cache interne au christianisme, selon lequel cโest la nouveautรฉ, le caractรจre de distinction entre le ยซ type secte ยป et le ยซ type รฉglise ยป, mais il faut aussi se souvenir que ยซ le type idรฉal ยป est une construction conceptuelle du chercheur qui nโexiste pas telle quelle dans la rรฉalitรฉ mais ยซ qui aide ร lire cette rรฉalitรฉ empirique ยป. Pour le type ยซ secte ยป cโest lโaspect instituant qui sera privilรฉgiรฉ. Ce qui caractรฉrise lโinstituant, cโest la force toujours renouvelรฉeย de lโรชtre ensemble, la relativisation de lโavenir, et lโimportance qui est accordรฉe au prรฉsent dans le temps. Dans ce cas, la secte est donc une communautรฉ locale qui se vit en tant que telle, et qui nโa pas besoin dโune organisation instinctuelle visible. Il suffit pour cette communautรฉ quโelle se sente partie prenante de la communion invisible des croyants, ce qui renvoie ร la ยซ communion des saints ยป. Il sโagit donc dโun petit groupe fonctionnant sur la proximitรฉ et qui ne sโinscrit quโen pointillรฉ dans un ensemble plus vaste. Le ciment apparaรฎt donc รชtre le partage, lโentraide ou la solidaritรฉ dรฉsintรฉressรฉe et cโest cela qui permet la perdurance de la socialitรฉ. Une fraction de ces mouvements religieux sectaires est considรฉrรฉe comme ayant des consรฉquences nรฉfastes pour la sociรฉtรฉ. Par exemple pour le cas ยซ de lโordre du temple Solaire ยป par les suicides et homicides collectifs, les inquiรฉtudes demeurent. Cโest pourquoi, il convient de trouver une mรฉthode de gestions et dโadministrations efficaces par rapport aux sectes.
Gรฉnรฉralitรฉ sur la laรฏcitรฉ
ย ย ย ย ย ย ย La laรฏcitรฉ est lโidรฉe que nous faisons de la sociรฉtรฉ ร partir de ce que nous mettons en commun car aucune sociรฉtรฉ ne saurait รชtre une simple addition de diffรฉrences. Lโidรฉe de la laรฏcitรฉ est lโaffirmation que ce qui nous fait รฉgaux : la loi, la politique, la dรฉmocratie, sont au-dessus de ce qui nous diffรฉrencie : les religions, les origines diverses, les cultures rรฉgionales, sans pour autant les mรฉpriser, bien au contraire. Lโรฉgalitรฉ des droits politiques portรฉes au-dessus des diffรฉrences les protรจge toutes contre lโhรฉgรฉmonie de lโune dโentre-elles sur les autres. La laรฏcitรฉ permet ainsi aux diffรฉrences de coexister pacifiquement en facilitant le mรฉlange des populations. Cโest la laรฏcitรฉ qui rรฉalise les conditions que le peuple puisse se penser comme une entitรฉ ร mettre lโaccent sur ce qui unit les hommes plutรดt que sur ce qui les diffรฉrencie, les divise, donnant son sens ร la notion dโintรฉrรชt gรฉnรฉral, ร la dรฉmocratie.
Les chances et les risques de la mondialisation
ย ย ย ย ย ย ย La mondialisation comme extension ร lโรฉchelle mondiale des enjeux รฉconomiques,politiques et culturels de la vie humaine, coรฏncide avec ce que certains nโhรฉsitent pas ร saluer comme un quatriรจme รขge de lโhumanitรฉ, celui de son รขge planรฉtaire. En soi, elle reprรฉsente une chance incontestable dans la mesure oรน elle met en relief lโunitรฉ de lโesprit humain et renforce la conscience commune dโappartenir ร une รฉthique globale au-delร des particularismes ethniques et culturels. Et pour lโEglise, le nouveau rรฉseau de communication qui accompagne la mondialisation reprรฉsente un atout considรฉrable pour la diffusion du message รฉvangรฉlique jusquโaux extrรฉmitรฉs de la terre. La Bible a dรฉjร รฉtรฉ traduite dans dโinnombrables langues et continue dโรชtre le ยซ best seller ยป mondial. Grรขce ร la rรฉvolution informatique, sa diffusion mondiale va franchir une nouvelle รฉtape. Mais nous ne pouvons รฉvoquer lโenjeu de la mondialisation pour la vie de lโEglise sans prรฉciser aussitรดt que pour la premiรจre fois, lโEglise vit une rupture historique avec la culture dominante qui fut la sienne depuis des siรจcles ร savoir la culture occidentale.ย Cependant, il convient dโobserver quโau moment mรชme oรน la mission de lโEglise sโest affranchie des ambiguรฏtรฉs de lโรขge colonial, nous assistons en mรชme temps ร une mondialisation de la civilisation technologique sous le signe de la rationalitรฉ occidentale qui tend ร sโimposer partout. Cela signifie que tandis que lโEglise cherche le dialogue avec les grandes civilisations non occidentales et leurs traditions religieuses, elle doit affronter le choc dโune modernitรฉ scientifique et technique qui traverse toutes les cultures et bouleverse profondรฉment les pratiques et les mentalitรฉs de tous les habitants de la planรจte. Idรฉalement, la mondialisation est sรปrement une chance pour lโavenir de lโhumanitรฉ.Mais elle fait actuellement lโobjet dโune contestation assez gรฉnรฉrale, cโest parce quโelle demeure sous lโimpรฉrialisme de la loi du marchรฉ et du profit maximum. De ce fait, le systรจme รฉconomique mondial engendre une pauvretรฉ grandissante pour les trois quarts de lโhumanitรฉ. En dehors des effets pervers de la mondialisation dans le domaine รฉconomique, nous devons aussi รชtre conscient de ses dangers dans le domaine culturel. Grรขce ร un rรฉseau de communication toujours plus performant, elle tend en effet ร lโextension dโun modรจle dโhomme de plus en plus uniforme qui se dรฉfinit dโabord comme un consommateur potentiel. Ainsi, la mondialisation est ร la fois un processus de globalisation qui risque de sacrifier les identitรฉs culturelles et religieuses les plus prรฉcieuses et par rรฉaction, un phรฉnomรจne de fragmentation qui peut conduire ร des crispations identitaires dโordre ethnique ou religieux.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
Choix du sujet et cadre dโรฉtude
Problรฉmatique
Hypothรจse
Mรฉthodologie
PARTIE I : GENERALITES SUR LE SECATRISME ET LA RELIGION PROTESTANTE A MADAGASCAR
CHAPITRE I : LE SECTARISME
I- Dรฉfinitions
II- Les caractรจres fondamentaux des sectes
III- Typologie des sectes
IV- Les croyances des sectes
V- Les comportements sectaires
CHAPITRE II : LA RELIGION PROTESTANTE A MADAGACSAR
I- Le monde enchantรฉ des anciens
II- La fondation des premiรจres communautรฉs congrรฉgationalistes
III- Les Eglises indรฉpendantes ร Madagascar
IV- La crรฉation de la premiรจre Eglise protestante indรฉpendante
a. La ยซ Lodon Missionnary Society ยป ou LMS
b. La crรฉation de la FMTA
PARTIE II : CAUSES ET CONSEQUENCES DE LA FERMETURE DE LA FPVM
CHAPITRE III : HISTOIRE DE LA FPVMย
I- La crรฉation de la FPVM
II- Organigramme de la FPVM
III- La vitalitรฉ de la foi des fidรจles avant la fermeture de la FPVM
IV- Socialisation religieuse avant la fermeture de la FPVM
a) Les instructions religieuses avant la fermeture de la FPVM
b) Les diffรฉrentes rรฉunions
CHAPITRE IV : LA FERMETURE DE LA FPVM
I- Les causes de la fermeture de la FPVM
II- Les consรฉquences de la fermeture de la FPVM
a) Socialisation religieuse aprรจs la fermeture de la FPVM
b) Vitalitรฉ de la foi aprรจs la fermeture de la FPVM
c) Les relations des fidรจles avec la sociรฉtรฉ aprรจs la fermeture de la FPVM
d) Les consรฉquences de la fermeture de la FPVM sur la vie de famille des fidรจle
PARTIE III : LโAVENIR DE LA FOI A MADAGASCAR
CHAPITRE V : LโAVENIR DE LA FOI AU DEVELOPPEMENT DU SECTARISME
I- Problรจme de dรฉfinition du sectarisme
II- La gestion des communautรฉs religieuses sectaires (exemple de la France et de lโItalie)
III- Rรฉflexions sur le cas de Madagascar
CHAPITRE VI: LES RELATIONS EGLISE/ETATย
I- Gรฉnรฉralitรฉ sur la laรฏcitรฉ
II- Nรฉcessitรฉ de la laรฏcitรฉ
III- Rรฉflexions sur le cas de Madagascar
CHAPITRE VII: LโEGLISE ET LA MONDIALISATIONย
I- Les chances et les risques de la mondialisation
II- Le dรฉfi du pluralisme religieux
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
I- Questionnaire
II- Les Eglises Indรฉpendantes ร Madagascar
III- Profil des enquรชtรฉs
IV- Statuts de la FPVM
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