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L’enseignement Primaire : Base du système éducatif
A Madagascar, l’enseignement primaire ou enseignement fondamental dure 5 à 9 ans selon le système appliqué par l’établissement. Il ste sanctionné par le CEPE (Certificat d’études primaire élémentaire).
Quel que soit le système appliqué, l’enseignement primaire a pour finalité l’acquisition de connaissances de base par les élèves, en matière de lecture, d’écriture de calcul élémentaire et de connaissances générales mais aussi le développement social de leur « être ». Les matières fondamentales enseignéeà ce niveau sont : Opération et problème, Sciences naturelles, Malagasy, Français, Tantara (Histoire), Géographie, Education physique.
L’enseignement primaire est doublement nécessaire : il est utile et inéluctable. Dans un premier temps, l’éducation fondamentale est nécessaire dans le sens « utile » du terme car c’est à ce niveau que l’élève apprend à l ire, à écrire et à faire des calculs élémentaires. Ces disciplines sont nécessaires dansla vie quotidienne. L’enseignement primaire est tout aussi inéluctable. Il se trouve à la base de la pyramide scolaire. On ne pourrait donc pas se passer de l’éducation fondamentale pour pouvoir continuer le parcours éducationnel.
Les problèmes de l’enseignement primaire à Mad agascar
Le problème de l’enseignement primaire demeure un handicap majeur dans l’ensemble du système scolaire malgache.
Dans cette section, nous allons exposer certaines contraintes rencontrées au niveau de l’enseignement primaire favorisant les problèmes de déscolarisation et de décrochage scolaire. Ces contraintes sont généralement d’ordrematériel, économique, administrative, géographique, socioculturelle ou encore personnelle.
Problèmes infrastructurels et matériels
Les problèmes liés au manque d’établissements scolaires concernent surtout l’enseignement en milieu rural où les élèves étudient dans des conditions infrastructurelles défavorables. Exemple: manque de salles de classe, insuffisance de table-bancs, carence de matériaux didactiques pour les élèves comme pourles enseignants.
Le tableau suivant montre la répartition par province des établissements primaires publics à Madagascar pour l’année scolaire 2007-2008.
Politique administrative dans le fokontany
Sur le plan administratif, le fokontany est compris dans la commune rurale de Savana du district de Vohipeno. Le fokontany connaît deux organisations socioadministratives distinctes. D’une part, le fokontany est administré par un chef fokontany (le président) aidé par son adjoint dansses obligations. Ils représentent le fokontany au niveau communal et l’autorité étatique. Ils sont donc les représentants du pouvoir public dans le fokontany, il est aussi doté d’une administration sociopolitique suivant les valeurs et les normes traditionnelles malgaches « Bakondrazana ». Le Bakondrazana place au sommet de l’organisation le Randriambe ou Mpanjaka (le souverain traditionnel). Le schéma ci-après nous présente l’organisation de la population dans le fonkontany Seranambary, selon le Bakondrazana .
Présentation de l’EPP
Le fokontany Seranambary bien qu’il est situé entre le chef lieu de la commune rurale Savana et le chef lieu de la commune Ivato qui possèdent chacun une école primaire, il est aussi doté d’une école primaire publique. Cette école a été construite en 2005, sa construction était un projet de la commune Savana avec l’aide d’une Organisation Non Gouvernementale et la participation active de la population . L’établissement est constitué par un bâtiment principal doté de 5 salles de classe, et un petit bâtiment construit en paille pour une autre salle de classe et un bureau qui est à la fois bureau de la directrice de l’école et salle des professeurs où se déroulent les différentes réunions scolaires. L’établissement possède aussi un latrine, un puits et un terrain de sport. L’EPP utilise couramment l’église dans le fokontany comme salle de classe à cause d u manque d’infrastructure. L’école est équipée de 83 table-bancs reparties dans les 6 salles de classe fonctionnelles, avec un tableau noir et un bureau pour l’enseignant. Les 5 salles du bâtiment principal sont dotées chacune d’une armoire servant à ranger les matériels pédagogiques (Ex : livre, craies,…) Comme le fokontany n’a pas encore eu accès à l’électricité, l’EPP non plus n’en possède.
Le système pédagogique
Ce sous chapitre concerne les méthodes et les techniques d’enseignement dans l’EPP Seranambary, bref, le fonctionnement en général de l’établissement y compris le système d’enseignement appliqué, les heures d’études, la langue d’enseignement .
Comme nous l’avons déjà présenté dans la phase escriptive,d l’Ecole primaire du fokontany a appliqué le nouveau système éducatif. eCnouveau système a été proposé par le ministère de l’Education par le biais d’une reforme du système éducatif en 2003 avec le lancement du plan national d’Education Pour Tous (EPT). Le cycle primaire a été allongé. Ce système n’est pas encore appliqué par la totalité de l’établissement scolaire à Madagascar mais il commence à s’imposer progressive ment. Le fokontany Seranambary n’a commencé à l’appliquer que depuis l’année dernière, l’enseignement est réparti sur 7 années ; c’est-à-dire du CP1 au 7 è année du cycle primaire (Cf. page 8).
Ce système est favorable pour les élèves du fokontany Seranambary car avant, la majorité des élèves s’arrête après avoir obtenu CEPEle en classe de 7è ou T5, c’est à dire après 5 années d’enseignement primaire .L’accès auCEG pose beaucoup de difficultés pour les parents que pour les élèves : distance duCEG et du fokontany, problèmes économiques, démotivations.
Dans le nouveau système, les élèves peuvent continuer deux années d’enseignement après le CEPE, et de nouvelles matières comme l’Anglais, et l’instruction civique sont enseignés aux élèves de ces classes (6è et 7è années du primaire) .A propos des heures d’études dans l’EPP Seranambary, tous les niveaux effectuent 5 heures ou 4 heures de cours par jour. De 8 heure à 11 heures le matin et de 14 heure à 16 heure l’après-midi.
Les cours, à part le Malagasy et le Tantara (Histoi re) sont donnés entièrement en français. Or les enseignants donnent des explicatio ns et des exemples en malgache pour assurer la bonne compréhension au niveau des élèves.
Le système pédagogique de l’EPP Seranambary est donc bien définit, c’est au niveau de son application et de son fonctionnement que se posent des problèmes.
Les problèmes rencontrés au niveau de l’EPP
Comme la plupart des écoles primaires en milieu rural à Madagascar, l’EPP Seranambary rencontre différents problèmes dans sonfonctionnement en général. Ces problèmes sont surtout d’ordre matériel, pédagogique, administratif, … qui influencent effectivement les résultats scolaires.
Problèmes infrastructurel et matériel
Comme nous l’avons annoncé dans la présentation de l’EPP, l’établissement possède six salles de classe, or, il existe huit sections pour l’enseignement primaire, y compris le CP1 qui est divisé en deux sections parallèles. Face à ce problème, l’école utilise l’église comme salle de classe, les élèvesdu CP1A et CP1B prennent les cours alternativement (CP1 A le matin et CP1 B l’après-midi).
A part l’insuffisance des salles de classe, l’EPP fait aussi face à des problèmes matériels, telle l’insuffisance des table-bancs, ou encore le manque de matériels pédagogiques comme l’équerre, compas, rapporteur, ivre,l aussi bien pour les enseignants que pour les élèves. Les enquêtes effectuées au niveau de l’EPP Seranambary a montré que 30% des élèves possèdent le manuel de première langue (livre de Malagasy), pour seulement 10% dans le cas des mathématiques. Quant au manuel de deuxième langue, seuls 5% des élèves le possèdent. Ces manuels sontmajoritairement des dons de l’Etat, des ONGs ou des associations chrétiennes pour l’EPP. Certains livres sont déjà usés mais ils sont toujours utilisés parce que les parents n’ont pas les moyens pour acheter de nouveaux manuels pour leurs enfants. Pendant ces trois dernières années, l’EPP n’a reçu aucune aide venant de l’Etat dans le cadre des supports et manuels pédagogiques. Au niveau des enseignants, 50% enseignent sans disposer de supports didactiques. Nous allons par la suite exposer les problèmes liés au personnel enseignantdans l’EPP Seranambary.
Problèmes au niveau des enseignants
Le personnel enseignant dans l’EPP Seranambary fait face à plusieurs problèmes : L’insuffisance des enseignants, manque d’expérience et incompétence, problème de rémunération des enseignants, démotivation.
L’EPP Seranambary dispose de six enseignants pour les 284 élèves inscrits pour cette année scolaire (2009-2010), soit une moyennede 47 élèves par enseignant.
A part cette insuffisance en nombre des enseignants, on constate aussi d’importantes carences au niveau de l’efficacité de la transmission didactique. Ces lacunes peuvent s’expliquer par le niveau d’étude des enseignants qui est assez bas pour exercer la fonction d’enseignant, l’absence des formations con tinues en matière pédagogique, mais aussi par le faible motivation des enseignants. Or d’après l’article 87 de la politique générale de l’éducation nationale concernant le personnel enseignant de l’école maternelle et de l’école primaire ou élémentaire : « l’enseignement dans les écoles maternelles et dans les écoles primaires ou élémentaires est assuré pardes agents ayant reçu une formation pédagogique de niveau académique dispensée dans lesécoles normales d’instituteurs et/ou dans les établissements similaires agrées. Cette formation donne accès à la jouissance du statut particulier des instituteurs et institutrices ».
Les enseignants de l’EPP Seranambary se plaignent toutefois de l’organisation de l’Etat au niveau des recrutements et de la rémunération. Les enseignants doivent effectuer deux années de suppléance avant d’être admis commeenseignants titulaires. Pendant ces deux années, ils ne sont pas rémunérés par l’Etat,alors qu’ils sont chargés entièrement de s’occuper d’une classe : donner des cours, préparer les sujets d’examens, corriger les compositions des élèves. C’est le FRAM, l’association des parents d’élèves qui prennent en charge de ces suppléants. Actuellement, ils sont trois dans l’EPP Seranambary. Les parents, membres de l’association, doivent payer mensuellement la somme de 300 Ar/élève et du riz. Selon les enquêtes au niveau de l’EPP, ces suppléants reçoivent environ 28.000 Ar et 25kg de riz par mois. Cette situation démotive parfois les enseignants dans leur travail, c’est pourquoi, ils décident d’exercer d’autres fonctions pour doubler celle d’enseigner. Les principaux problèmes de l’EPP se présentent surtout au niveau des élèves, c’est-à-dire, au niveau même de l’efficacité de l’enseignement. Cette efficacité peut être mesurée par le taux de rétention des élèves dans lesystème scolaire, et du taux de réussite scolaire. Or dans l’EPP Seranambary, le taux de rétention est de 40% face à l’importance du pourcentage des redoublants (30% pour l’année scolaire 2007-2008)
Problème de déperditions scolaires
Les phénomènes de redoublement et d’abandon scolaire sont l’expression des déperditions scolaires. Ils sont le produit d’une succession de problèmes dans le système scolaire : problème économique des parents, problèmes infrastructurels, matériels et au niveau du personnel enseignant.
L’absence fréquente est surprenante dans l’EPP, d’après les enquêtes effectuées sur les lieux, au moins dix élèves sont absents par jour dans l’EPP Seranambary. Ils s’absentent pour différents motifs : la paresse et la démotivation, les maladies, la mal nutrition, les travaux ménagers … Comme le but du système scolaire est de retenir les élèves dans le système, les disciplines de l’EPP nesont pas très rigides. Exemple : pour les absences ou les retards, l’élève doit simplement adresser des explications verbales à l’enseignant. Quand l’absence est très fréquente, ’élève éprouve des difficultés à poursuivre les cours, ainsi, ils ne réussissent pas aux examens, d’où le phénomène de redoublement. Ce dernier peut entraîner des conséquences néfastes chez l’enfant : sur son comportement et sa personnalité face au mécontentement de la famille et l’image que lui donnent ses amis et la société en général. Le redoublement peut aussi créer chez l’enfant un complexe. En effet, le redoublement peut aboutir à deux résultats : soit le fait de redoubler pousse l’enfant à faire des efforts et à réussir son parcours éducationnel, soit il crée chez l’enfant un sentiment de rejet du systèmescolaire c’est-à-dire le rejet de l’école. Cette deuxième possibilité conduit systématiquementl’élève à l’abandon scolaire. L’abandon scolaire est devenu fréquent pour les élèves de l’EPP Seranambary ces dernières années. Le redoublement est une explication qu’on puisse donner au décrochage scolaire. C’est une grande menace pour le système scolaire dans le fokontany et effectivement pour l’avenir de la population de cette région.
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Table des matières
PARTIE I : CONSIDERATIONS GENERALES
Chapitre I : GENERALITES SUR L’ENSEIGNEMENT
I.1 : Description de l’enseignement
I.1.1 : Terminologie
I .1.2 : Historique de l’enseignement à Madagascar
I.2 : L’enseignement primaire : Base de système éducatif
I.3 : Les problèmes de l’enseignement primaire à Madagascar
I.3.1 : Problèmes infrastructurels et matériels
I.3.2 : Problème d’enseignant
I.3.3 : L’échec scolaire
Chapitre II : PRESENTATION DU FOKONTANY SERANAMBARYVOHIPENO
II.1 : Situation géographique
II.2 : Démographie du fokontany
II.3 : Mode de vie des habitants
II.4 : Politique administrative dans le fokontany
II.5 : Aspect culturel
II.6 : Activités de la population
II.7 : L’environnement
PARTIE II : L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE DANS LE FOKONTANY SERANAMBARY-VOHIPENO
Chapitre III : L’EPP du fokontany Seranambary
III.1 : Présentation de l’EPP
III.2 : Présentation des élèves de l’EPP
III.3 : Le personnel enseignant
III.4 : Le système pédagogique
III.5 : Les problèmes rencontrés au niveau de l’EPP
III.5.1 : Problèmes infrastructurels
III.5.2 : Problèmes au niveau des enseignants
III.5.3 : Problème de déperditions scolaires
Chapitre IV : Le décrochage scolaire : problème fondamental des élèves du Fokontany Seranambary
IV.1 : Le décrochage scolaire lié aux problèmes de l’environnement
IV.2 : L’importance du dérochage scolaire pour les jeunes filles
IV.2.1 : Test de Khi-2
IV.2.2 : Les causes du décrochage scolaire pour les jeunes filles
IV.3 : Le décrochage scolaire et l’aspect culturel
IV.3.1 : Le dérochage scolaire et les us et coutumes
IV.3.2 : Le décrochage scolaire lié au fihavanana
PARTIE III : REFLEXIONS PROSPECTIVES SUR L’AMELIORATION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE DANS LE FOKONTANY SERANAMBARY
Chapitre V : Les solutions déjà mises en oeuvre
V.1 : Les projets de l’Etat
V.2 : L’école primaire privée dans la commune Savana
V.2.1 : Présentation de l’école
V.2.2 : Généralités sur le fonctionnement de l’école
V.2.3 : L’apport de l’école Sekoly Maitso pour l’amélioration du système scolaire dans la commune
Chapitre VI : PROPOSITIONS DE SOLUTIONS POUR L’AMELIORATION DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
VI.1 : L’ethnicisation de l’enseignement primaire
VI.1.1 : L’Antemoro : langage employé dans la communication pédagogique
VI.1.2 : Recrutement d’enseignants autochtones
VI.1.3 : Adaptation de l’éducation scolaire aux valeurs socioculturelles du fokontany
CHAPITRE VII : Développement de l’éducation non formelle
CONCLUSION GENERALE
TABLES DES MATIERES
BIBLIOGRAPHIE
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