REFLEXION SUR LA PROSTITUTION

L’existence d’une demande

          Bien avant les intérêts économiques des proxénètes et des trafiquants ou la pauvreté des femmes, la principale raison à la source de toute prostitution est, évidemment, l’existence d’une demande. Sans clients, point de prostitution. Sans hommes à la recherche de plaisirs sexuels, la prostitution ne pourrait exister. Dans une perspective économique, on pourrait dire, sans demande , il n’y a pas d’offre. Kathleen Barry, dans son analyse de la prostitution, affirme :« La perpétuation de la prostitution et du trafic sexuel n’est pas basée sur le fait que les femmes sont contraintes ou non de se prostituer. Les femmes se prostituent parce que les hommes les achètent pour le sexe : les hommes achètent les enfants pour le sexe, et les hommes achètent d’autres hommes pour le sexe » [13]. L’UNICEF constate que l’argument des besoins sexuels des hommes est souvent invoqué pour justifier le recours aux prostituées, adultes ou enfants. Pour l’UNICEF, ceci ne constitue aucunement un argument valable. Il affirme , au contraire, que « aucun impératif biologique n’impose un nombre fixe d’orgasmes par jour, par semaine ou par an. Les individus peuvent occasionnellement trouver déplaisant de ne pas éprouver le paroxysme du plaisir sexuel, mais le fait qu’il n’y a personne pour les amener à l’orgasme ne constitue pas exactement une menace pour leur survie » [14]. Or la socialisation masculine apprend aux hommes qu’ils sont légitimés de recourir à la prostitution. Kennedy affirme que « la prostitution est fondée sur l’idée que les hommes ont un besoin irrépressible qui doit être combler par l’accès sexuel à une femme dont le plaisir n’est pas pris en considération » [15].

Le profil des personnes prostituées

                 Tenter de dégager un profil des personnes prostituées de partout à travers le monde est une opération impossible. Bien sur, certaines tendances se dégagent. Mais il se trouve parmi celles-ci une telle diversité de situation, de cheminements, de causes et de conséquences, qu’il serait fallacieux de prétendre être en mesure de tracer un tel portrait.
– On estime que, de façon générale, les femmes représentent autour de 80 à 90% des personnes qui se prostituent [33].
– Toutes les régions du monde sont touchées par ce phénomène. Des femmes se prostituent en Amérique, du nord au sud, en Afrique, en Asie et en Europe. Bien que certaines régions isolées du monde, en Afrique, en Amérique, et dans le Pacifique, n’ont pris contact avec cette réalité que depuis quelques siècles [34], la mondialisation actuelle d’un certain mode de vie a répandu la prostitution à travers le monde entier.
– Des représentantes des regroupements de travailleuses du sexe situent l’âge idéal d’entrée en prostitution à 25 ans [35], toutes les études consultées indiquent que la pratique prostitutionnelle débute beaucoup plus tôt. La prostitution est davantage le fait de femmes jeunes. Des études canadiennes situent l’âge moyen autour de 24 ans. Dans les pays en voie de développement , où les femmes sont aux prises avec une grande pauvreté, la moyenne est beaucoup plus faible, souvent en bas de 18 ans. Peu de prostituées poursuivront leurs activités à un âge avancé en raison du fait que les clients préfèrent généralement les femmes jeunes et jolies.
– La prostitution est, bien sûr, le fait des femmes adultes mais également d’enfants.
Les organisateurs du Deuxième congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, qui s’est tenu à Yokohama en 2001, avancent une évaluation jugée conservatrice de l’ordre de plus d’un million d’enfants prostitués à travers le monde [36]. D’après l’UNICEF, il importe que, où qu’ils soient dans le monde, les enfants prostitués doivent rendre les mêmes services sexuels que les adultes qui se prostituent : les clients exigent d’eux des pratiques identiques à celles demandées aux adultes [37].

Des conséquences de la prostitution sur l’ensemble des femmes

              A titre indicatif, il est intéressant de porter une attention particulière qu’en pensent les femmes elles-mêmes. Ainsi, un sondage réalisé pour la Gazette des femmes en février 2000 auprès de plus de 1000 personnes fournit des données révélatrices à cet égard. Lorsqu’on demande aux femmes et aux hommes interrogés s’ils considèrent que la prostitution est un métier dégradant pour les femmes qui le pratiquent, 68% des femmes et 58% des hommes interrogés répondent par l’affirmative . A la question portant sur le fait que la prostitution soit un métier dégradant pour l’image de la femme en général, les réponses indiquent une tendance forte. Ce sont 75% des femmes et 63% des hommes qui croient, qu’effectivement, la prostitution a un impact dégradant pour l’image des femmes. Ces données démontrent que la prostitution est perçue très négativement à la fois par les hommes et par les femmes, et que ceux-ci considèrent qu’elle a un impact direct sur la perception sociale de l’image des femmes [50].

Facteurs familiaux

            La famille est le cadre sécurisant et sûr pour les enfants. Mais plusieurs facteurs peuvent favoriser la prostitution au sein de la famille :
– La décomposition de la cellule familiale générée par la pauvreté et l’irresponsabilité des pères qui quittent le foyer par lâcheté ou découragés par les réalités de cette pauvreté sans issue.
– La monoparentalité dirigée par la mère : augmentation des femmes devenues chefs de famille
– L’absence de dialogue et d’échanges entraînant une ambiance familiale froide est un facteur favorable à la pratique de ce métier.
– La fragilité des ménages pouvant entraîner une déception ou un esprit de vengeance des femmes vis à vis aux hommes.
– La complicité entre mère et fille. Il arrive que ce soient les parents ou la mère ou la tante ou la sœur qui incitent même les jeunes filles ou fillettes à pratiquer le métier pour aider toute la famille à sortir de la pauvreté et avoir une vie plus décente. Les étrangers sont les proies prisées de ces filles et de la famille ( vadim-bazaha ou conjointe d’un étranger).
– Pour les jeunes , en fugue de leur milieu familial, sans revenu, sans support, la prostitution constitue l’unique moyen de survie.

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE :REVUE DE LA LITTERATURE
I- La Prostitution
I.1- Définitions de la prostitution
I.2- Causes de la prostitution
I.2.1- Existence d’une demande
I.2.2- Intérêts économiques d’une industrie lucrative
I.2.3- Pauvreté des femmes
I.2.4- Antécédents d’abus sexuels
II- Un état de situation au niveau mondial
II.1- Type de la prostitution
II.2- Le profil des clients
II.3- Le profil des proxénètes
II.4- le profil des personnes prostituées
III- Conséquences de la prostitution
III.1- Conséquences sur les personnes prostituées
III.1.1- La violence
III.1.2- La santé
III.1.3- La stigmatisation sociale
III.1.4- la difficulté à quitter la prostitution
III.2- Conséquences sur l’ensemble des femmes
III.3- Conséquences sur l’ensemble de la population
Prostitution à Madagascar
SIDA à Madagascar
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE
I- Cadre de l’étude
I.1- Historique
I.2- Géographie
I.3- Démographie
I.4- Education
I.5- Santé
I.6- Economie- Industrie
I.7- Enoncé du problème
II- Méthodologie
II.1- Population cible
II.2- Echantillonnage
II.3- Critère d’inclusion
II.4- Critère d’exclusion
II.5- Enquêteuse
II.6- Questionnaire d’enquête
II.7- Durée de l’enquête
II.8- Déroulement de l’enquête
II.9- Les limites d’étude
II.10- Méthode statistique utilisée
TROSIEME PARTIE : NOS RESULTATS
I- Caractéristiques des travailleuses du sexe
– Age
– Statut matrimonial
– Lieux de résidence
– Religion
– Niveau d’instruction
– Nombre des personnes à charge
II- Informations sur la famille
– Situation matrimoniale des parents
– Profession des parents
– Fratrie
– Rang dans la fratrie
– Cohabitation
– Existence d’autre prostituée dans la famille
III- Informations sur le travail des travailleuses du sexe
– Durée de l’exercice du métier
– Age du début dans le métier
– Nombre de jour de travail hebdomadaire
– Lieu de conscription
– Lieu d’exercice avec le client
– Nombre maximum de partenaire par jour
– Gain par jour
– Une autre profession en dehors de la prostitution
IV- Le client
– Genre du client
– Nationalité du client
– Profession du client
V- Objectif
VI- Perception de la situation actuelle
VII- Comportement sanitaire
– Fréquentation du CSB Mahabibo
– Démarche en cas de maladie
– Planification familiale
– Utilisation du préservatif
– Contamination aux IST
– Consultation au « Porte 10 » Mahabibo
VIII- Causes de la prostitution
IX- Conséquences de la prostitution
– Conséquences morales
– Conséquences physiques
– Conséquences sociales
X- Vouloir ou non changer du métier
QUATRIEME PARTIE : COMMENTAIRES
CINQUIEME PARTIE :SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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