Réflexion autour de la légitimation d’un traitement de conservation-restauration du rembourrage des sièges

Réflexion

autour de la légitimation d’un traitement de conservation-restauration du rembourrage des sièges Toute intervention de conservation-restauration nécessite au préalable une réflexion globale sur les impacts positifs ou négatifs qu’une telle intervention peut engendrer sur l’objet et ses valeurs cultuelles On peut tout d’abord attribuer à l’avion une valeur de recherche historique16, s’inscrivant comme à un stade particulier de la création du domaine aéronautique. En effet, l’appareil dont il est question fait partie de la célèbre gamme d’avions français Caravelle, connue pour ses nombreuses innovations, notamment au niveau de ses réacteurs. Les Caravelles sont les premiers avions de transport à réaction français et les premiers jets moyen-courriers à être utilisés sur des lignes européennes17. Les avions Caravelle sont des témoins et des acteurs de l’essor de l’aviation française de l’après-guerre. Par ailleurs, l’aménagement de la cabine présente une réelle valeur artistique. En effet, bien que le choix des matériaux et des autres éléments utilisés se porte avant tout sur des critères et des exigences de performance (légèreté, résistance,…) et économiques, la couleur des housses des sièges et des rideaux, comme la moquette à motifs stylisés, typique des années 70-80 ou encore les cloisons en faux plaqué bois, sont autant d’éléments qui témoignent d’une réelle touche artistique de la part de leurs concepteurs.

Les sièges eux, par leur silhouette simple, épurée et uniformisée, symbolisent bien l’essor du secteur industriel et des productions en série du 20ème siècle au même titre que d’autres domaines techniques. Ils ont su bénéficier du fonctionnalisme (courant du milieu du 20ème) où le mobilier est réduit à l’essentiel, misant sur sa fonctionnalité et son confort18. Or vu l’état de péjoration de la cabine et notamment des sièges, ce dernier porte atteinte aux valeurs précitées et ne contribue ni à la mise en valeur, ni à la conservation de l’avion et de ses éléments constitutifs, qui en font pourtant sa richesse. 14. Bien qu’il s’agisse de traiter uniquement les sièges, ces derniers font partie d’un tout, soit de la cabine et plus largement de l’avion. Autrement dit, le traitement des sièges n’aura pas uniquement des répercussions pour eux-mêmes mais pour l’avion en général. Bien qu’ils soient tous des objets à part entière, il faut considérer le cas de la Caravelle 12, au même titre qu’un autre bien culturel d’une taille réduite, dont certaines de ses parties constitutives présentent des altérations mettant en péril son intégrité matérielle et immatérielle. Le traitement des sièges s’imbrique donc dans un projet de conservation-restauration plus large, visant à faire retrouver à la cabine et à l’avion15, un état de conservation adapté aux différentes fonctions qu’ils pourraient être amenés à remplir.

Par ailleurs, l’état de dégradation des sièges a également compromis deux des valeurs fondamentales de l’objet, soit les valeurs esthétiques et d’usage19. Les sièges ne sont plus fonctionnels tant d’un point de vue mécanique, sanitaire ou sécuritaire, notamment par les particules et les odeurs qu’ils rejettent. Un traitement de conservation-restauration du rembourrage des sièges (par remplacement ou consolidation) pourraient permettre à ces derniers de retrouver leur fonction première et plus globalement de gagner en lisibilité. En améliorant l’esthétique de la cabine c’est l’ensemble de l’avion qui serait ainsi revalorisé pour la plus grande satisfaction des visiteurs. Ce d’autant plus que la Caravelle était connue pour son confort20 et son intérieur cosi. De manière générale et comme le mentionnait également Mijanou Gold dans son travail, les objets contemporains, comme la Caravelle 12, sont considérés comme récents au sein des collections patrimoniales, par comparaison avec des collections archéologiques. Dès lors et auprès de l’opinion publique, ils se doivent de rester clinquants et représentatifs d’une certaine modernité21.

Puisque seuls 12 exemplaires ont été fabriqués22, la Caravelle 12 a valeur de rareté et renforce la décision de mettre en oeuvre des traitements de conservation-restauration adéquats visant à assurer la pérennité de son intégrité matérielle et immatérielle. Cependant, un remplacement complet du rembourrage des sièges pourrait impliquer la disparition de marqueurs d’ancienneté des biens (traces d’usures, affadissement* des formes et des couleurs) ainsi que certaines informations scientifiques (traces d’usures révélatrices de la manière dont les sièges étaient utilisés)23, autant de preuves que l’objet a appartenu au passé. Mais cette perte pourrait être minimisée par une documentation rigoureuse relative aux sièges et aux parties ainsi que par la mise en conservation à long terme d’échantillons24 du matériau de rembourrage d’origine, qui permettra d’effectuer des travaux d’investigations complémentaires même après intervention. C’est sur ce dernier point que l’on peut mettre en évidence la complémentarité et l’indissociabilité des deux interventions de conservation-restauration majeures composant mon travail, soit la conservation des matériaux d’origine et le traitement visant à restaurer le rembourrage.

Description de la cabine et des sièges

Cabine : La cabine des Caravelles 12 se décline selon quatre aménagements. La Caravelle 12 du Bourget présente elle un aménagement dit de haute densité35. Elle comporte 141 sièges passagers (5 sièges « Luxes » et 136 sièges « Espaces »36) et 6 sièges d’équipages (2 sièges pilotes, 2 co-pilotes et 2 placée à l’avant et la cabine passagers. A l’arrière de cette dernière se tient deux cagibis WC et les anciens compartiments de rangements des repas. La cabine passagers présente au sol une moquette de couleur brune avec des motifs aux contours noirs en forme de T. Des compartiments de rangements (composés de longs plateaux avec des filets) situés en partie haute sont disposés de chaque côté de la cabine. Un voile beige clair tendu est maintenu tout le long de la partie centrale du plafond. Ses parois sont de couleur blanc cassé tandis que les cloisons la séparant du cockpit et des WC présente une surface en faux-plaqué bois. Concernant les appareillages électriques, on notera la présence de cinq luminaires répartis le long du plafond, des panneaux lumineux signalétiques (EXIT ; attachez vos ceintures) et des dispositifs comportant des ventilations et des lumières individuels ainsi qu’un bouton d’appel du personnel de cabine placé au-dessus de chaque rangée*.

Plus spécifiquement à la cabine de pilotage, en plus des sièges pilotes et copilotes, on retrouve l’imposant dispositif de commandes de l’appareil avec notamment ses différents écrans de navigation et les manettes de contrôle de vol. Constat d’état Outre l’état des sièges (sur lequel nous reviendrons en points 1.4.2), plusieurs éléments constitutifs de la cabine comportent des altérations et cette dernière dispose d’un état de salubrité général péjoré37. En effet, de nombreux déchets ménagers sont répandus sur le sol, de même que diverses pièces métalliques, des cadavres de mouches et de guêpes (même des nids), des fientes et des pelotes de réjections d’oiseaux mais aussi des excréments de rongeurs. De nombreux insectes vivants (scarabées, mouches,…) ont été retrouvés durant l’examen. D’un point de vue olfactif, une odeur de âcre et même d’urée est directement perceptible dès le franchissement de l’entrée. Par ailleurs, la moquette est décollée en plusieurs endroits et présente des trous et des déchirures. Les compartiments de rangements des denrées alimentaires sont lacunaires, de même que certains éléments des WC. Le vitrage des cadrans de différents instruments composant les commandes (indicateur de vitesse ; horizon artificiel ; altimètres ; jauge de carburant ; thermomètres,..) présente de nombreuses marques d’abrasions ainsi que des cassures et certains éléments sont mêmes lacunaires (notamment au niveau des manettes de vol). Des zones ajourées ont pu être observées, notamment au niveau de la cabine de pilotage. A noter que l’éclairage au sein de la cabine ne fonctionne pas.

Sièges : Une numérotation des sièges est déjà existante (celle utilisée par la compagnie pour l’attribution des sièges aux passagers). Un numéro suivi de lettres est présent au-dessus de chaque rangée (au niveau des compartiments de rangement). Pour la description des sièges j’ai ainsi réutilisée ce système de numérotation (voir annexe 4, p.11). Parmi les 147 sièges que comporte l’appareil, on distingue 6 types différents : 2 types de sièges passagers (124 de classe économique et 7 de 1ère classe) et 4 types pour les membres d’équipage (soit les sièges pilotes, 2 types de sièges copilotes et enfin les sièges Stewart). Coussin de dossier : section de mousse souple, recouverte d’une housse de tissus en coton et fibres de polyester (bleue ou orange40), de forme quadrangulaire se terminant légèrement en ogive au niveau de la tête et comporte un relief sur les côtés, permettant une pose confortable du dos (coutures présentent sur la housse au niveau des zones de reliefs latérales). Le coussin du dossier est indépendant du coussin d’assise (mais ils sont néanmoins reliés par un velcro) et est installé sur une armature de fond métallique, inclinable jusqu’à un angle de 20° vers l’avant (voir schéma).

A l’arrière du dossier se tient une petite tablette rétractable en polymère de synthèse rigide et une pochette tenue par un velcro placée juste en dessous (qui permettait de ranger les effets personnels). La portion de l’arrière du dossier, sur laquelle se plaque la tablette, est tapissée de cuir tendu, tandis qu’une mousse rigide de couleur pourpre forme une bordure. Coussin d’assise : section de mousse souple, de forme quadrangulaire avec un rabat à l’avant et reposant sur un dispositif de toiles tendues. Le coussin est maintenu dans une housse (bleue ou orange). Ossature métallique porteuse : structure en aluminium (métal très apprécié dans le domaine aéronautique pour sa légèreté41) présentant un revêtement de couleur rosé. Elle se compose de l’armature de fond du dossier (présentant un quadrillage) et celle de l’assise, reliée par un mécanisme de liaison (sorte d’axe permettant l’inclinaison du siège). En dessous de l’assise se tiennent deux toiles tendues par un système de ressorts et de velcros, surplombant une plateforme métallique en forme de cuvette au niveau de laquelle s’établissent les connexions entre les différentes parties du siège. Cette dernière est commune pour les sièges composant la rangée et repose sur deux pieds. Accoudoirs : parties en aluminium, matelassés de cuir (avec rembourrage en mousse fin sur le dessus). Ceux présents au milieu de la rangée sont rétractables (forme légèrement différente que ceux placés aux extrémités qui sont fixes) et intègrent à l’avant un cendrier en aluminium. A noter également la présence de ceintures individuelles en tissus synthétique avec des embouts en aluminium, formant un système accrochage. Les ceintures sont constituées de 2 parties, une section d’accroche (45 cm) et une section comportant le crochet (61 cm).

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Table des matières

Résumé
Abstract
Introduction
1. Présentation du Musée et de ses collections
1.1Projet Scientifique et Culturel (PSC)
1.2Réflexion autour de la légitimation d’un traitement de conservation-restauration du rembourrage des sièges
1.3Description de l’avion
1.4Description de la cabine et des sièges
1.4.1Cabine
1.4.2Sièges
1.5Description de la mousse de rembourrage
2. Documentation relative au matériau
2.1Echantillonnage
2.2Techniques d’identification de la mousse
2.2.1Examen comparatif avec la documentation existante
2.2.2Tests microchimiques
2.2.3Observation sous microscope optique
2.2.4Observation sous MEB et microanalyse par EDS
2.2.5Analyse FTIR
2.3La mousse de polyuréthane
2.3.1Contexte de création (historique, économique,…)
2.3.2Domaines d’application
2.3.3Synthèse du polymère
2.3.4Technologie de mise en oeuvre
2.3.5Facteurs de dégradation et effets sur les propriétés du matériau
3. Technique de retrait de la mousse endommagée
3.1Mesures sécuritaires et sanitaires
3.2Limites des recommandations sécuritaires et sanitaires
3.3Protocole de retrait des mousses
4. Propositions de méthodes de conservation à long terme
4.1Méthode 1: Mise en anoxie
4.2. Méthode 2: Technique de surgélation
4.3Méthode 3: Boîte en carton de qualité conservation avec sorbants
4.4Méthode 4: Boîte en polypropylène de type Rako® avec sorbants
4.5Méthodes de conservations dites basiques
4.5.1Méthodes 5: Sachet Minigrip® avec écran en aluminium
4.5.2Méthode 6: Pochette en Tyvek®
4.5.3Méthode 7: Papier de soie
5. Matériaux/dispositifs de remplacement
5.1Matériaux proposés
5.1.1. Mousse PE Ethafoam® 4101
5.1.2Mousse PE Plastazote® haute densité
5.1.3Mousse PUR (28kg/m3)
5.1.4Mousse PUR haute résilience (HR)
5.2Autres méthodes
5.2.1Remplacement partiel
5.2.2Consolidation
5.2.3Non intervention directe sur l’objet
5.2.4Traitement hybride du rembourrage des sièges
5.3Recommandations générales après traitement
Discussion
Conclusion
Bibliographie
Crédits photographiques
Table des illustrations
Glossaire

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