Réfléchir l’euthanasie aujourd’hui : une nécessité face aux évolutions des mœurs, de la médecine et des techniques

Réfléchir l’euthanasie aujourd’hui : une nécessité face aux évolutions des mœurs, de la médecine et des techniques

Définitions : euthanasie, suicide assisté, arrêt des soins et soins palliatifs

L’euthanasie

Elle se définit comme « l’acte d’un tiers qui met délibérément fin à la vie d’une personne dans l’intention de mettre un terme à une situation jugée insupportable. », « l’acte d’un médecin qui provoque la mort d’un malade incurable pour abréger ses souffrances et son agonie » . Cette pratique est illégale en France, elle est en revanche légalisée en Belgique ou au Luxembourg : elle peut être mise en pratique sous des critères stricts et façon très encadrée. D’autres pays, sans autoriser l’euthanasie, ont accepté le suicide assisté, comme la Suisse.

Le suicide assisté :
Dans le cas d’une assistance au suicide, « l’acte létal est accompli par la personne malade elle-même », selon le rapport Sicard de 2012, relatif à la fin de vie. Le médecin prescrit et fournit les substances létales, mais n’effectue pas le geste final.

L’arrêt des soins médicaux :
« Il est aujourd’hui légal de suspendre les traitements médicaux d’un patient condamné par la maladie » , même si cela peut précipiter le décès. Il s’agit ici de ne pas procéder à de l’acharnement thérapeutique, ou a de l’obstination déraisonnable, et consiste généralement en l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. L’arrêt de ces soins permet d’accéder à une mort naturelle, de « laisser mourir sans faire mourir », et ne rentre donc pas dans le cadre de l’euthanasie ou du suicide assisté. La Loi de 2005 précise les conditions d’application d’arrêt des soins.

Les soins palliatifs :
Plusieurs définitions officielles sont données aux soins palliatifs. Prenons celle de la Loi du 9 juin 1999 : « Les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire, en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage. » Ils visent la prise en charge de la « total pain » (souffrance globale), définit par Cicely Sanders, pionnière des soins palliatifs, qui englobe les douleurs physiques, morales, sociales et spirituelles.

L’euthanasie face à l’évolution de la société française

Regards sur la mort

Si l’euthanasie est « la mort douce » en grec, elle est au cœur d’un débat houleux dans notre pays. Là où plusieurs états (Belgique, Pays-Bas, Suisse par exemple), ont statué et légiféré (certes de manières différentes), la France interdit toujours l’euthanasie, ou le suicide assisté. Pourtant, un sondage IPSOS daté de mars 2019, révèle que « 96% des français sont favorables à l’euthanasie ». Accompagner les mourants n’est pas une volonté nouvelle en France, ainsi nous retrouvons de nombreuses preuves anciennes de l’intérêt porté à la fin de vie. Pour exemple, « les confréries de la bonne mort » , accompagnaient déjà les mourants et les familles, au Moyen-Age. Mais impossible de nier que la société française évolue, et très vite, impliquant de nouveaux débats sociétaux. Et si nous savons que chaque culture a sa façon d’accompagner ses mourants, soulignons que ce débat est, pour ’instant, «une revendication moderne et occidentale ». Philippe Bataille, sociologue et spécialiste d’éthique clinique, estime que ces questions sont en lien avec « une époque donnée et des attentes culturelles » . La Rochefoucauld disait déjà au XVIIème siècle que : « Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face » . Aujourd’hui plus encore, la mort tend à être refoulée et éloignée de la vue des hommes, « nous vivons dans un monde que la mort effraie et qui cache ses mourants ». Mais elle est aussi de plus en plus acceptée comme une étape, comme faisant partie de la vie. Elizabeth Kubler-Ross, psychiatre et précurseur des soins palliatifs, parle même d’une « étape de croissance ». Face à cette nouvelle ambivalence face à la mort, à la fois rejetée et acceptée comme fatalité, de nombreux questionnements voient le jour. Chacun a son idée du « bien-mourir », et la subjectivité, corrélée à la difficulté à se représenter la mort, rend d’autant plus complexes les prises de décisions. Dans notre société, la mort a longtemps été une affaire collective, vécue au domicile, entourée de ses proches. La médicalisation de la fin de vie a amené à rendre la mort « plus individualisée » Pour certains, gagner du temps de vie, vivre le plus longtemps possible est la priorité, et tous les moyens techniques et médicaux sont à mettre en œuvre, peu importe le degré d’autonomie préservé et l’état de santé global, validant le concept d’acharnement thérapeutique. Cependant, pour la majorité de la population, il ne s’agit pas de s’acharner, d’aller contre la mort inéluctable, mais de ne pas brûler les étapes du mourir, aussi bien pour le mourant que pour ses proches. Beaucoup considèrent que « le temps du mourir est un temps à vivre, inscrit dans la vie pour lui donner un sens », comme l’explique Kurt Eissler, psychanalyste américain. Par ailleurs, notre société a aussi évolué vers une « société de la performance » et de « jeunisme », où vieillir n’est ni bon, ni beau. Il apparaît difficile à certains de se sentir diminuer, affaibli, handicapé ou gravement malade. Se voir glisser vers la fin et perdre son autonomie, faire face à de potentielles maladies, leur paraît inacceptable. Ainsi nous voyons de plus en plus de personnes âgées, à l’instar de Jacqueline Jencquel , désireuses de recourir au suicide assisté ou à l’euthanasie, alors qu’elles ne présentent pas de maladie incurable et ne sont pas en fin de vie. Régis Aubry et MarieClaude Daydé, tous les deux spécialistes des soins palliatifs, nous le rappellent : dans notre société, « la valeur de l’homme tient beaucoup plus que par le passé à sa capacité à agir, à produire et à être rentable, plutôt qu’à être, tout simplement. » .

Les philosophies prédominantes et le recul du religieux

Depuis les années 1960, avec la naissance de mouvements libertaires, l’appropriation du corps est au cœur de nombreux débats (l’avortement, par exemple), et c’est l’argument majeur des défenseurs de l’euthanasie : le droit de faire ce que l’on veut de son propre corps, de vivre ou de mourir, de se soigner ou non. Là où le corps appartenait avant au religieux, voire à la famille ou à la patrie, aujourd’hui chacun se revendique en tant qu’individu à part entière, et décisionnaire. Des associations telles que l’« ADMD » (Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité) vont ainsi voir le jour (1980). En 1987, le président de l’association, Henri Cavaillet, disait qu’« il y a deux façons d’aborder la mort : la maitriser ou la subir. » .

Les « années Sida » (1980-1990), ont également changé la donne concernant le regard, notamment des jeunes, sur la mort, et ont mis au centre du débat la notion de « droit du patient », faisant ainsi évoluer les soins palliatifs. Les philosophies libertaires sont de plus en plus répandues dans la société française, à l’instar de L’Ethique Minimale, portée par le philosophe français Ruwen Ogien (1947- 2017), qui considère que « les actions contre nous-mêmes, si elles ne nuisent pas à autrui, ne devraient faire l’objet d’aucune restriction légale, ni à fortiori de jugement moral. » .

Il est aussi essentiel d’évoquer la philosophie utilitariste, prédominante dans les choix politiques et sociétaux chez les anglo-saxons, depuis le XVIIIème siècle. Cette
doctrine consiste à estimer « qu’une action est bonne quand elle tend à réaliser la plus grande somme de bonheur pour le plus grand nombre possible d’êtres concernés par cette action ». Cet argument, transposable à l’euthanasie, est régulièrement cité et par des malades et par les familles (souvent avec honte), afin de montrer que leur situation apporte plus de malheur que de bonheur, à eux-mêmes comme à leurs proches, mais aussi à la société, et qu’ils devraient, de ce fait, avoir accès à l’euthanasie, ou au suicide assisté. Longtemps perçue en France comme une philosophie de l’égoïsme, elle se veut une philosophie altruiste, et ses arguments semblent parler à de plus en plus de français, qui veulent à la fois revendiquer leur place en tant qu’individus à part entière, mais ne pas être un poids pour la société. Cet argument a été repris par Vincent Humbert : « je veux mourir pour enfin avoir la paix et foutre la paix à tout le monde. Je suis inutile à la société. Je coûte cher à la société. ». Victime, en 2003, d’un accident de la route, et resté très lourdement handicapé sans espoir d’amélioration, il avait demandé le droit à l’euthanasie auprès de Jacques Chirac, alors Président de la République. Ce dernier a refusé, au nom de la Loi en vigueur, mais la médiatisation de son histoire a ouvert la voie à un nouveau débat concernant la fin de vie, et a abouti à la première Loi Léonetti, en 2005.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
I. Situation clinique
II. Analyse de la situation
A) Les problèmes que pose la situation
B) Les problèmes que me pose la situation
C) Problématique
III. Recherche documentaire
I. Réfléchir l’euthanasie aujourd’hui : une nécessité face aux évolutions des mœurs, de la médecine et des techniques
A) Définitions : euthanasie, suicide assisté, arrêt des soins et soins palliatifs
1) L’euthanasie
2) Le suicide assisté
3) L’arrêt des soins médicaux
4) Les soins palliatifs
B) L’euthanasie face à l’évolution de la société française
1) Regards sur la mort
2) Les philosophies prédominantes et le recul du religieux
3) Le concept de dignité
C)L’euthanasie face aux progrès de la médecine
1)Les progrès techniques de la médecine
2) Le sentiment de toute-puissance et le paternalisme médical.
II. Morales et religions face à la mort
A) Les religions et le refus catégorique de l’autorisation de
l’euthanasie
1) La sacralité de la vie
2) La valeur rédemptrice de la douleur
B) Les freins moraux et les craintes face à
l’euthanasie
4) L’euthanasie est-elle vraiment un libre choix ?
5) Non-assistance à personne en danger
6) La peur des dérives
III. Les soins palliatifs : la solution miracle ?
C) Les soins palliatifs : la situation actuelle
3) La loi Léonetti : un grand pas pour une mort plus douce
4) Les soins palliatifs : une spécialité méconnue et mal-perçue
D) L’idéal des soins palliatifs face aux difficultés d’organisation et à la
réglementation
4) Manque de structures : les USP sous le joug de l’organisation et de la
tarification
2) Les prises en charges palliatives extrahospitalières
3) Des situations encore inextricables
IV. Synthèse et conclusion
Conclusion
Bibliographie

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *