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Un artefact de la perception sonore 

Perception, information, langage et artefacts

La connaissance par les sens

La connaissance du monde est relative à une « conscience d’accès » nous dit Ned Block . L’auteur, se faisant l’écho d’un débat paradigmatique, dissocie par là cette conscience d’accès d’une conscience dite phénoménale – c’est dire selon ses termes la « conscience-A » de la « conscience-P » – la première relevant du domaine des habiletés épistémiques, la seconde des qualités inhérentes aux sensations ainsi qu’aux sentiments qui leurs sont associés. Nous pouvons alors nous demander en quoi consiste l’accès dont il est question. Nombreux (cf. infra) sont ceux qui sont venus donner leur accord au modèle de la saisie d’un contenu propositionnel dont le langage, et plus généralement de multiples formes de procédés d’inscriptions, seraient les relais plus ou moins satisfaisants de leur expression et partage au sein de la société humaine considérée en son ensemble . Cet accès est donc synonyme de l’acquisition par la perception d’un contenu informationnel, ce contenu devenant l’objet de nos transmissions réciproques.

Ainsi par exemple, l’oralité serait à comprendre conformément au principe de cette chaîne de communication. Une telle interprétation met en avant le fondement du langage par les vertus du terme nominal catégorématique , celui-ci étant conçu dans la continuité de l’opération perceptive, cernant les même unités basiques . De fait, le principe de la société humaine compte avec l’échange d’unités lexicales dont l’usage est de fait partagé, inscrit au sein d’une communauté . L’activité phonatoire est à comprendre dans son rapport premier à la réception constitutive des bases de l’outil de transmission des unités morphématiques porteuses de significations et donc de représentations . Le langage ne fonctionne comme tel que par la formation de la phrase, combinaison de ces unités vocales suivant le principe des règles de leur bonne composition syntaxique.

Le « terme » ou « image verbale » que le linguiste peut cerner comme unité est articulé par sa dimension phonémique composée qui est celle d’un signe linguistique , c’est-à-dire une image acoustique quelconque associée aux concepts ou idées représentés dans le cerveau . Ces unités de son et de sens sont cependant décomposables non seulement en de plus petites unités d’émissions vocaliques (phonétique), mais avant tout des unités constitutives et phonématiques. Ce signe, en tant que signe, doit en premier lieu posséder une valeur suffisamment contrastive vis-àvis des autres signes en concurrence desquels il forme système. Il est à comprendre que nos « figures vocales » doivent s’imposer de façon impérative à l’encontre des autres signaux, en l’occurrence sonores, qui ne seront que les bruits que cette transmission devra subir, y compris ceux les altérations de ces mêmes signes vocaux. Il convient de souligner que l’altération est inhérente au fonctionnement du langage même, celui-ci ne s’établissant que sur des valeurs relatives .

À terme, ces altérations phonétiques, si indifférentes au fonctionnement effectif de la langue , sont aussi bien à comprendre par le glissement ou une modification quelconque du plan des contrastes phonologique mais encore à cette suite sur celui de la morphologie , de la syntaxe et du sens par analogie ou agglutination : c’est la part dynamique de l’échange linguistique. Par conséquent les relations de signes à idées ne sauraient êtres comptées comme relevant d’un parfait dualisme. Le signe n’est que le lieu de l’expression possible d’une idée, idée qui elle-même ne saurait être indifférente à son expression :

Domaine linguistique de la pensée qui devient IDÉE DANS LE SIGNE ou de la figure vocale qui devient SIGNE DANS L’IDÉE : ce qui n’est pas deux choses, mais une contrairement à la première idée fondamentale. (Saussure, 2002, p.44) .

Pourtant ces modifications et évolutions incessantes qui imposent l’étude diachronique de la signification à travers l’étude de la langue , n’en invitent pas moins au constat d’une part de conservation indéniable si elles sont plus attentivement examinées . Il convient alors de considérer de façon dissociée une évolution importante dans la part superficielle (de surface) de la communication, au regard des conditions de maintenance toujours indemnes du plan d’une structure profonde syntaxique ou syntagmatique qui régit les normes de la communication effective ou du moins l’autorise .

Plus encore, il conviendrait de maintenir l’attention sur l’invariance de principes sémantiques permettant ainsi de montrer combien la possibilité de la transmission demeure toujours ouverte , ce indépendamment des particularités liées au facteur d’historicité inhérent aux procédures de l’échange. Sur ce dernier point le problème qui serait posé par les arguments défendant la non traductibilité des expressions d’un langage à un autre semblent bien faire long feu en dernier ressort, ou du moins leur portée effective doit-elle être considérablement modérée. La pensée du « I –langage » de Chomsky qu’elle soit ou non entièrement acceptée, permet de replacer les causes des défauts de la transmission effective comme demandant une explication extrêmement locale, c’est-à-dire bien davantage d’individu à individu, que de langue à langue .

Une telle perspective fait alors de nouveau porter l’attention sur le rapport du langage à la pensée, tâche bien différente de celle de l’étude de la langue, c’est-à dire des langues conçues comme variété de systèmes selon la définition de l’objet de la linguistique par Saussure . Selon la lecture classique de l’auteur la relation du langage au monde décrit ne serait malgré tout qu’illusion. Les usages de systèmes de signes ne sauraient en définitive prétendre dépasser une représentativité réduite à celle des valeurs d’oppositions inhérentes au fonctionnement du système. En vérité, Saussure ne nous parle que de significations possibles déniant en partie la dualité de principe de la forme et de l’idée . De même Chomsky insistait ainsi que de nombreux linguistes sur la nécessité de concevoir les termes comme non attachés à de quelconques designata – au moins pour le fonctionnement courant du langage – mais simplement comme outils de désignations possibles, relativement aux situations et interlocuteurs.

Ajoutons qu’en marge comme au sein de ce qui est à proprement parler la pratique du langage, toutes sortes d’inscriptions et de notations , depuis le nœud effectué dans un bout de corde ou le dessin jusqu’à la marque à l’endroit d’une matière plus ou moins stable, sont également les outils de cette communication. Ceux-ci, parmi lesquels les diverses formes d’écritures , sont au moins les auxiliaires de la mémorisation et donc du jugement. Il peut en effet être attendu conformément aux idées défendues par Leibniz que l’emploi d’un mode d’inscription ou un autre n’est pas anodin quant à ce qui peut être ainsi signifié relativement à donner des « pensées moins sourdes et moins verbales » non simplement dépendantes de la « volonté des hommes », à comprendre de leur part arbitraire .

La désignation

Frege, pour caractériser une dimension essentielle à la connaissance empirique, celle de notre environnement global, part de l’expression de pensées, au moyen de signes ou de « toute manière de désigner qui joue le rôle d’un nom propre».Celles-ci sont ici proprement le produit des jugements de perception. L’auteur utilise à dessein pour illustrer ce trait le cas de la vision assistée par un instrument d’observation.

La dénotation d’un nom propre est l’objet même que nous désignons par ce nom ; la représentation que nous y joignons est entièrement subjective ; entre les deux gît le sens, qui n’est pas subjectif comme l’est la représentation, mais qui n’est pas non plus l’objet lui-même. La comparaison suivante éclairera peut-être ces rapports. On peut observer la lune au moyen d’un télescope. Je compare la lune elle-même à la dénotation ; c’est l’objet de l’observation dont dépendent l’image réelle produite dans la lunette par l’objectif et l’image rétinienne de l’observateur. Je compare la première image au sens, et la seconde à la représentation ou intuition. L’image dans la lunette est partielle sans doute, elle dépend du point de vue de l’observation, mais elle est objective dans la mesure où elle est offerte à plusieurs observateurs. (id., p.106) .

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Table des matières

Introduction
I. Un artefact de la perception sonore
I.1. Perception, information, langage et artefacts
I.2. Un artefact de la représentation, le cas de l’image sonore indexé
I.3. La matière-son
I.4. L’appareil humain de réception des signaux acoustiques
I.5. Positions du récepteur et chemins de l’interprétation
II. Quelques techniques, pratiques et usages du dispositif
II.1. Captation et inscription artefactuelle de l’énergie acoustique
II.2. Réalisation, production et diffusion
II.3. Les outils de l’analyse
II.4. Commentaire On Nagra 0’-1’1
II.5. Les sons des espaces sous-marins
II.6. Étude et analyse de quelque sons marins
III. Leçons et profits de l’instrument d’observation
III.1. Un objet épistémique singulier
III.2. Réception, attitudes de se et pro-attitudes
III.3. Indices et causalité ou les inscriptions constitutives du document enregistré
III.4. Les concepts d’observation
III.5. Documents, indices, causalité : perceptions, observations et faits
Conclusion
Bibliogaphie
Index

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