Redynamisation et réveil d’une station-village

Les Contamines Montjoie, une géomorphologie à part

   Les Contamines Montjoie est un petit village français de 1211 habitants (recensement 2006), située dans la région Rhône Alpes et plus précisément à l’extrémité sud-est du département de la Haute Savoie ce qui explique son code postal: 74170. Ce qui nous permet donc par la suite et grâce à Google Map (voir la capture écran ci dessous), de voir que la commune, située à 15km au sud de l’autoroute Blanche est desservie par l’A40 et permet d’être à une quarantaine de minutes de Chamonix et à 1 heure et quart de la ville d’Annecy. En se rapprochant de cette commune on peut comprendre assez vite son originalité, cette commune est, pardonnez-moi le terme, un cul de sac. Veuillez trouver ci-après une carte topographique de la zone du Val Montjoie. On peut s’apercevoir que la commune est comme cernée par une lettre U dessinée dans le relief. L’orientation générale du relief est Nord-Est/SudOuest. Le torrent du Bon Nant emprunte une superbe zone failleuse NE/SW, qui marque la transition entre les deux principaux ensembles.
• À l’Est, du Bon Nant, un premier ensemble ce sont les haut massifs cristallins , l’extrémité sudouest du massif du Mont Blanc. Nous avons là les principaux sommets, les plus imposants: les Dômes de Miage (3684m), Tré la Tête (3892m), l’Aiguille de Glaciers (3834m), et le Mont Tondu (3196m). C’est la très haute montagne.
• Au Sud la topographie est beaucoup plus complexe, c’est un troisième ensemble assez confus, la zone du Col du Bonhomme, laquelle est rejointe par la bande méridionale du Massif du Mont Blanc. De ce relief surgissent les lignes de crêtes rocheuses culminant à la Pennaz (2583m), à la Tête de la Gicle (2552m), et l’aiguille de Rosellette (2384m)
• A l’ouest , face à l’ensemble cristallin un second ensemble plus modeste: ce sont les massifs schisteux , la chaîne du Mont Joly (Mont Joly 2527 m, l’Aiguille Croche 2497m), cloison séparant le Val Montjoie du haut val d’Arly. Ce massif schisteux est extrêmement découpé et raviné par de nombreux torrents.
Les Contamines, ce sont donc 22 hameaux qui s’égrainent le long du Bon Nant, disposés sur des sols dont le rapport relief/moyen technique est favorable à l’installation d’infrastructures. Pour comprendre l’intérêt de mon étude et prendre réellement conscience de l’importance de l’économie du tourisme pour les Contamines Montjoie, il nous faut revenir sur l’histoire de l’évolution économique du village.

Les Contamines Montjoie, la naissance d’une nouvelle économie

   Les Contamines Montjoie, ou « le petit village permettant de découvrir le Mont Blanc autrement » comme le souligne la plaquette touristique transmise par l’Office du Tourisme implantée à l’entrée du village. Leur site internet reprend aussi ces termes et tient à souligner les sens du mot « autrement ». En effet le village veut faire résonner par là les différents adjectifs suivants:
-autrefois, pour l’attachement à des valeurs traditionnelles de la montagne, le respect de l’architecture, du paysage.
-authentique, pour la vérité des matériaux comme le bois, la pierre ou les lauzes, pour les gens, leur cœur, le partage et la chaleur humaine.
En effet le village des Contamines Montjoie fait partie de ces stations de ski qu’on appelle station de sport d’hiver de première génération. Des stations touristiques développées autour d’un village pré-existant, à une altitude de 900 à 1200 mètres (1164m pour les Contamines). On retrouve, fondées sur ce même modèle, des stations comme Megève, le Grand Bornant, ou Chamonix. Ce type de station permet généralement de garder le patrimoine original du village et d’ainsi mettre en place un tourisme rural avec un échange facilité avec les habitants du village. Voici donc comment la station de sport d’hiver, et comment le tourisme sont apparus sur les terres de Val Montjoie: En 1873, les Contamines Montjoie est avant tout un lieu de pèlerinage rassemblant une audience de plus en plus forte atteignant plus de 1000 personnes le 21 août de cette même année. Et ce qui va condamner les pèlerinages, va favoriser le développement du tourisme: le chemin de fer. Celui- ci atteint tout d’abord Annecy en 1886 pour ensuite être prolongé en 1898 jusqu’à Le Fayet (commune de Saint Gervais située à 15 km des Contamines). Les Contamines, toujours un peu à l’écart, deviennent la cible des touristes curieux, notamment des curistes des eaux thermales de St Gervais. Vers 1907, le premier hôtel du village ouvre ses portes . En 1908, le refuge de Tré la Tête est ouvert, profitant de l’engouement des classes aisées pour l’alpinisme. Le tourisme au début du XIXème siècle est uniquement estival et le touriste est à la recherche du calme et de la tranquillité. C’est en 1900 que le ski fait son apparition dans le Val Montjoie: en 1911 le club sportif est créé. En 1922 le village semble enfin sortir de son isolement avec la mise en service de cars entre St Gervais et les Contamines. En 1923, l’éclairage public est installé (une lampe avec 16 bougies…) En 1936, le village de Contamines, village montagnard moins cher et moins snob, profite de l’instauration des congés payés. C’est en 1937, avec des moyens tout à fait précaires que l’on construit le premier téléski, le téléski des Loyers.En 1939 , une centaine de chambres se répartissent en 4 hôtels. Les activités vont sommeiller jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. 1946 est une date capitale: c’est la création de la Société d’équipement des Contamines dont le but est de promouvoir l’ensemble de activités touristiques et sportives. L’hôtellerie se renforce : 3 hôtels sont bâtis entre 1943 et 1950 et 8 entre 1950 et 1955.En 1950, 1500 touristes fréquentent la station, les choses sérieuses commencent. Le phénomène touristique prend corps peu à peu. Les responsables de la société d’équipement commencent à aménager le plateau de Montjoie, ce qui va permettre l’accès aux champs de ski d’altitude. Vers les années soixante les projets sont nombreux… L’éclatement de la station se concrétise entre 1960 et 1975. Nous pourrons observer cette nette évolution grâce aux tableaux suivants:
Évolution du nombre d’hôtels et de lits associés depuis 1938:
Évolution du nombre de remontées mécaniques depuis 1946:
Nombre de pistes et catégories de difficultés de celles-ci depuis 1965(*):
(*): les pistes sont classées par couleur selon leurs difficultés. Noir étant la couleur désignant les pistes les plus techniques et vert, les pistes les plus faciles à descendre.
Aujourd’hui le domaine skiable offert par la station des Contamines Monjtoie est celui-ci: brochure de l’office du tourisme Avant 1975, le tourisme été était plus attractif que le tourisme hiver, les touristes de cette époque pratiquait pour la plupart la randonnée sur glacier en particulier sur celui de Tré la Tête. Au fils des années, avec l’expansion du domaine skiable, l’évolution des équipements présents sur le domaine skiable et un certain changement de comportement des vacanciers, la tendance s’est inversée. Depuis les années 1980 c’est la saison hivernale qui rassemble le plus de touriste au sein de la station. Mais le développement du tourisme n’a pas été effectué sans aucun effet sur les économies de base qui animaient le village autrefois. A l’origine l’économie des Contamines Montjoie sur deux pôles principaux: l’agriculture et l’exploitation forestière. Nous allons voir dans les pages qui suivent que le développement de l’économie touristique s’est fait au dépend des autres économies.

L’exploitation forestière autrefois, un jardin paysager aujourd’hui

   Il y a 60 ans, les revenus forestiers constituaient 50% des revenus communaux. Aujourd’hui, ils représentent à peine 8% des recettes de la commune. En 1977, un hectare de forêt rapportait 400 francs (60euros) à la commune (une fois les frais de garderie ôtés). Aujourd’hui le couvert forestier de la réserve Naturelle représente 719 hectares qui sont pour l’essentiel représenté par la forêt communale(612 ha) soumis au régime forestier et pour une faible part, de forêts privées(57 ha) et domaniales (189 ha) inscrites dans le périmètre de la Restauration des Terrains de Montagnes (RTM). L’exploitation forestière est une activité économique secondaire voire superflue pour le sens économique du village. Cette activité montagnarde très ancienne fournit peu d’emploi aux gens du pays. Des marchands de l’extérieur prennent en main l’exploitation de la coupe à la transformation. La commune est très riche en bois mais elle est victime d’une carence en infrastructure de transformation du bois. Le bois coupé aux Contamines descend à St Gervais, ou dans la vallée. La forêt procure une matière première dont les contaminards n’ont pas la maîtrise. La seule scierie du village est moribonde. A l’heure actuelle le secteur de l’exploitation forestière est une activité d’entretien plutôt que de déboisement intensif.

Un rapport qualité/prix, bas de gamme

   Un autre élément vient noircir le tableau du village mais surtout du domaine skiable, c’est la pauvreté de ce domaine. Bien que celui-ci puisse bénéficier d’un enneigement particulièrement abondant par rapport à d’autres stations voisines du fait de son micro-climat (nous y reviendrons un peu plus tard), la station ne dispose que de 120km de pistes facilement accessibles (en comptant le domaine de Hauteluce), dont la monotonie commence à être remarquée. Et même si ce domaine fait partie du forfait évasion celui-ci n’est pas accessible sans prendre une navette payante ou sa voiture. (voir annexe1) Aujourd’hui le domaine skiable proposé par la station des Contamines Montjoie n’est pas assez concurrentiel. Si l’on regarde ce qui est proposé par les stations aux alentours, la plus ressemblante restant Saint Gervais (le Bettex), le rapport qualité/prix proposé par le village des Contamines ne lui permet plus de concurrencer les stations des alentours. On comprend très vite ce problème en comparant le domaine skiable proposé par les stations et le prix demandé pour pouvoir y glisser. Comparons donc les Contamines et Saint Gervais, deux villages voisins: Le premier propose 120 km de pistes pour 32 euros la journée tandis que ce dernier propose 450 km de pistes pour 41 euros la journée. Avec ces différents facteurs la station des Contamines Montjoie semble oublier une partie importante des vacanciers et on remarque de plus en plus une clientèle dominante que l’on pourrait qualifier de « pépère ». En effet la clientèle actuelle se compose principalement de personnes débutant dans les sports de glisse, ou de personnes qui ne recherchent pas à passer leur journée sur des skis. Les familles se rendant sur le domaine vont skier pendant 3 heures puis rentrent chez eux. On observe aussi ce manque de diversité et de satisfaction dans le secteur de l’hôtellerie. Nous avions observé dans l’évolution du tourisme une baisse importante de la fréquentation des hôtels et du nombre d’hôtels, passant de 17 à 7 en trente ans. L’éventail de choix, qui n’a jamais été très important aux Contamines, s’est considérablement amenuisé… On peut observer cette baisse sur les relevés statistiques de l’entreprise COMETE présentés cidessous:  En effet les hôtels sont victimes de deux phénomènes:
• l’augmentation du nombre de résidences secondaires et de meublés
• le coût de la mise aux normes
Concurrencée par les autres formes d’hébergement (parcs locatifs, meublés), l’hôtellerie souffre aussi de ses propres structures; ce sont des entreprises familiales, artisanales… Le confort proposé par l’hôtel est bien souvent égalé par les locations de meublés offrant de plus une plus grande souplesse d’organisation. Il n’y a eu que peu d’évolution et la clientèle d’habitués, bien souvent la plus aisée, qui séjournait en hôtel, il y a 15 ou 20 ans s’est fait construire une résidence secondaire. A cela s’ajoute le fait que la micro-entreprise hôtelière ne semble guère pressée de réaliser des investissements très lourds à supporter et surtout à rentabiliser. Ils sont réticents à prendre des risques, et ils évoluent dans une sorte d’immobilisme. Ce phénomène peut être compris plus facilement lorsque l’on s’intéresse à l’âge des hôteliers, ceux-ci sont pour la plupart des personnes dépassant les 55 ans. De ce fait, les hôteliers ne trouvent pas un grand intérêt à engager des démarches de restructuration, sachant qu’ils vont en profiter peu de temps.

Une mentalité parfois égoïste, un manque de solidarité

   A l’heure actuelle, en discutant avec les commerçants du village, on peut très vite constater que la saison touristique est courte, très courte. En effet, sur une année scolaire entière le commerçant pourrait se satisfaire de travailler 8 semaines seulement:
• en saison estivale, 3 semaines du 20 juillet au 15août
• en saison hiver, 1 semaine au nouvel an et 4 semaines en février
Et la tendance actuelle se dirige vers une réduction du nombre de semaines travaillées par le commerçant va dans ce sens. Depuis les années 1990 le village a perdu deux semaines de vacances où le taux de remplissage de la station était suffisant pour le maintien de l’ouverture des commerces. Mais cette baisse n’inquiète pas les commerçants qui n’ont pas même hésité à fermer leur commerce alors qu’il restait encore une semaine de vacances scolaires cette année (pendant mon séjour la plupart des commerces avait fermée le 25 avril alors que les vacances se poursuivaient jusqu’au 1 mai, seul un Petit Casino, un boulanger et un débit de Tabac sont restés ouverts le matin de 8h 30 à 12h15). Les commerçants étant satisfaits de leur chiffre d’affaires pour la saison n’hésitent pas à fermer leur boutique alors que des touristes arrivent pour passer la semaine en station. Aujourd’hui cette mentalité dérange et le village fait apparaître une certaine division au sein de sa population. En effet on peut discerner trois catégories de population au village qui ont toutes trois des envies et besoins particuliers dans ce village. Mais la situation actuelle ne permet pas de satisfaire tout le monde.
➢ un premier groupe, ce sont les villageois non commerçants ou dont l’emploi ne dépend pas de l’activité touristique.
➢ un deuxième groupe, les commerçants et villageois dont l’activité est purement rattachée à l’activité touristique
➢ un troisième groupe, les touristes qui sont présents essentiellement sur le village huit semaines dans l’année, mais qui sont aussi présents (de moins en moins) en période hors saison.
Ce phénomène de fermeture spontanée met en relief le problème de manque de continuité entre la pleine saison et l’inter-saison. Dès que la saison touristique est finie, les rideaux métalliques se baissent et un vide pesant s’installe dans les rues. Mais cela dérange non seulement le touriste qui parcourt le pays en inter-saison et qui ne trouve pas même le moyen de se restaurer une fois arrivé en début d’après-midi, mais aussi et principalement les gens du village qui voient disparaître pendant 4 mois leur boucherie, boulangerie, librairie, café, restaurant, brasserie…. Ce manque de commerce nécessite alors d’aller à St Gervais Le Fayet pour pouvoir trouver l’ensemble des produits, chose très difficile pour les personnes âgées du village ou les personnes qui ne possèdent pas le permis de conduire. Heureusement la solidarité au sein du village est importante et plusieurs familles proposent d’aller faire les courses de plusieurs personnes en même temps que les leurs. On comprend donc bien qu’il existe un problème d’inactivité du village pendant l’inter-saison, principalement dû à la fermeture des commerces en cette période de vacances et à la satisfaction des commerçants à pouvoir obtenir leur chiffre d’affaires sur une période de plus en plus courte. Malheureusement cette image trop commerciale qui émane de l’attitude des commerçants dérange les villageois et les touristes habitués tandis que les nouveaux arrivants se sentent oubliés voire rejetés par l’absence d’activité.

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Table des matières

A. Présentation d’une station-village particulière
A.1. Les Contamines, une géomorphologie à part
A.2. La naissance d’une nouvelle économie
A.3. Le pari d’une économie exhaustive: le tourisme
A.3.a. L’agriculture, plus qu’un symbole d’authenticité…
A.3.b. L’exploitation forestière autrefois, un jardin paysager aujourd’hui
B. Diagnostic d’un territoire en perte de compétitivité
B.1. Le constat d’une insatisfaction
B.2. Explication de l’origine de cette frustration
B.2.a. un manque d’équipement pesant
B.2.b. un rapport qualité/prix bas de gamme
B.2.c. un micro-climat, une irrégularité
B.2.d. une mentalité parfois égoïste, un manque de solidarité
C. Des propositions d’aménagements
C.1. Renouveler, améliorer et innover sont les mots d’ordre
C.1.a. un service complet
C.1.b. un équipement divertissant
C.1.c. une fin de journée non-oubliée
C.1.d. un rapport qualité/prix compétitif
C.2. Se faire connaître et attirer
C.2.a. ouvrons les portes des cols
C.2.b. des opportunités à saisir
D. Annexes
annexe1: Espace Évasion Mont Blanc
annexe2: Espace Diamant et prix associés
E. Bibliographie – Sitographie
F. Remerciements

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