Lors de la recherche d’un thème de travail de Bachelor, les auteures se sont intéressées aux interventions non pharmacologiques pour traiter la douleur induite par les soins chez les prématurés hospitalisés. Ces derniers perçoivent quotidiennement la douleur durant leur hospitalisation. Pour les soignants, la prise en charge de cette dernière est indispensable, mais malgré cela elle reste insuffisante (E. Walter-Nicolet, 2010). La recherche dans la littérature montre que dans 79% des soins douloureux effectués, aucune intervention antalgique n’est utilisée malgré les différents traitements non pharmacologiques qui existent (Field, T., 2017). C’est ainsi que les auteures se sont questionnées sur la raison d’un tel pourcentage de nouveaunés qui subissent des soins douloureux sans traitement. Le questionnement sur un manque d’interventions non-pharmacologiques ou une mauvaise efficacité des traitements est venu. Les auteures ont fait l’hypothèse que le manque d’intervention antalgique lors des soins douloureux venait peut -être d’un manque de moyens ou d’un manque d’informations, de connaissances voire que les traitements faits n’étaient pas efficaces. Plusieurs questions ont traversé leur esprit, le pourcentage cité leur paraissant énorme. De plus, une longue hospitalisation en néonatologie augmente l’exposition des nouveau-nés prématurés aux douleurs induites. C’est pourquoi elles ont choisi de traiter l’efficacité des interventions non-pharmacologiques chez les prématurés en milieu hospitalier.
Cadre théorique
Théorie / Aspects théoriques
Ce travail se base sur la théorie synactive du développement. Cette théorie a été développée par Heidelise Als, professeure de psychologie à l’université de Harvard. Elle permet de différencier les comportements des nourrissons tout au long de la grossesse jusqu’à trois mois post-terme. (Bizier N. & Al. , 2017). Le développement du nouveau-né est basé sur cinq sous-systèmes apparaissant chacun séparément mais interagissant les uns, les autres face au comportement du nouveau-né dans son environnement. (cf : Figure 1) Ces soussystèmes sont en perpétuelle évolution. Pour passer d’un sous-système au prochain, le nouveau-né doit atteindre une certaine stabilité dans ce dernier afin de poursuivre son développement. Si l’environnement est défavorable ou que son état se détériore, il peut également régresser et revenir au sous-système précédent. Le nouveau-né répond au stimulus de son environnement, s’il est positif et adéquat, il présentera des signes d’adaptation, or s’il est négatif et inadapté, il présentera des signes de stress. La différence de comportements présentés par l’enfant permet aux soignants de définir le sous-système dans lequel il se trouve et d’agir en fonction.
Voici les cinq sous-systèmes présentés selon la théorie synactive du développement :
• Sous-système autonome (ou physiologique)
Il est central au fonctionnement de l’organisme et comprend notamment les signes vitaux du nouveau-né à observer : pression artérielle, saturation d’oxygène, respiration, température, modulation hormonale, coloration de la peau, fonctions gastro-intestinales et fréquence cardiaque. Lorsque ces paramètres sont stables, l’enfant présente une adaptation et peut passer au stade suivant, en revanche si l’un ou plusieurs de ces paramètres présentent un changement (hypo/hypertension, désaturation, peau pâle, cyanosé, hoquet, régurgitations, etc.) cela signifie que l’enfant présente des signes de stress et ne s’adapte pas à son environnement. Chez les nouveau-nés prématurés ou malades, le maintien de cet équilibre nécessite davantage d’énergie.
• Sous-système moteur
Il comprend le tonus musculaire, la posture et les mouvements généralisés du corps. Un enfant qui s’adapte à ce sous-système présente une flexion des membres, a les pieds et les mains enlacés et peut téter et agripper. Un enfant qui ne d’adapte pas, présente une hyper/hypotonicité, un retrait de la langue, il gigote, sursaute, effectue des mouvements saccadés, positionne ses doigts en éventail, se protège avec ses bras et tend ses membres inférieurs. Même en ayant atteint ce soussystème, un événement extérieur tel qu’un bruit peut engendrer du stress chez le nouveau-né qui pourra présenter une hypertension, ce qui le fera régresser au soussystème précédent.
• Sous-système des états de veille/sommeil
Il se compose en six états de conscience (Brazelton, 1979) .
♦ Sommeil profond
♦ Sommeil léger
♦ Somnolence
♦ Eveil alerte
♦ Eveil avec des mouvements actifs
♦ Pleurs
Afin d’atteindre une harmonie dans ce sous-système, le bébé est capable de s’endormir et s’éveiller en douceur. Au contraire, les signes comme des grimaces, des gémissements, le froncement des sourcils, des cris, des pleurs, un sommeil agité, montrent que le nouveau-né n’est pas encore en phase d’adaptation.
• Sous-système de l’attention/interaction
Il souligne la capacité du nourrisson à créer un contact et interagir avec son entourage. Les signes de stress sont : un bas niveau d’attention, un regard vide/paniqué, des yeux grands ouverts et un regard fuyant. Quant à eux, les signes d’adaptation qui permettent l’entrée au stade suivant sont : la manifestation de sons doux, la capacité de garder une interaction, le visage détendu et les yeux scintillants.
• Sous-système d’autorégulation/méthode de retour au calme
Il permet au nouveau-né de retrouver un équilibre en adoptant des comportements et stratégies face aux stimulations négatives (bruit soudain, changement brusque de position). Lors de cette phase, le rôle de l’infirmier est d’appliquer la méthode de retour au calme qui permet à l’enfant de s’autoréguler. Cette méthode comprend : le fait de donner un objet à téter (sucette, doigts des parents), mettre à disposition quelque chose à agripper, approcher ses mains à sa bouche, le mettre en position foetale et l’emmailloter. (Bizier N. & Al. , 2017).
Le rôle propre de l’infirmier face à cette théorie, est d’appliquer des méthodes telles que le retour au calme, lorsqu’il observe un stress chez le nouveau-né, afin de lui permettre d’atteindre une autorégulation et l’empêcher de régresser en cascade aux stades précédents. Il peut également structurer l’environnement du bébé en diminuant le bruit, la lumière, etc. (Bizier N. & Al. , 2017).
Concepts
La douleur
Selon la société française d’étude et de traitement de la douleur, 2011, la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en des termes évoquant une telle lésion. Il existe trois types de douleur:
● La douleur aigüe: il s’agit d’une douleur de courte durée, par exemple la douleur post-opératoire , ou celle provoquée par certains actes de soins.
● La douleur chronique: est définie comme une douleur qui dure plus de 6 mois, comme par exemple les lombalgies, les céphalées chroniques, les douleurs neuropathiques etc.
● La douleur psychologique: pour laquelle les causes sont psychiques. (Formarier M. et al., 2012) .
Durant des années, les scientifiques pensaient que la douleur n’était pas ressentie par les nouveau-nés. Actuellement nombreuses études viennent dire le contraire, les prématurés sont même plus vulnérables au ressenti de la douleur qu’un bébé né à terme (Anand, K.J.DS., 2005). Selon Louis S., 2012, l’ensemble des structures biochimiques et neuroanatomiques qui permettent de ressentir la douleur sont présentes chez le foetus à partir de la 24ème semaine de grossesse. Le seuil de la douleur est certes plus bas chez l’enfant prématuré dû à l’immaturité du mécanisme qui relie le cerveau, la moelle épinière et les membres.
De plus, les soignants et les médecins savent l’importance d’une bonne évaluation, de la prévention et du traitement de la douleur. Le traitement médicamenteux et non médicamenteux de la douleur peuvent réduire les conséquences dues à une exposition régulière à des gestes douloureux. (WalterNicolet E., 2010) Les signes de la douleur chez le bébé prématuré sont: plissement du front, froncement des sourcils, forte fermeture des yeux, mimiques de douleur, visage violacé et crispé, lèvres pincées, bouche ouverte, tremblement du menton, succion qui s’accélère, raideur des membres, mains et pieds crispés, mouvements de retraits, immobilité, gémissements, pleurs et cris intenses, contact difficile, impossibilité de s’endormir puis sommeil agité et interrompu en dehors des périodes de soins. (Louis S., 2012) Les signes physiologiques de la douleur sont: une augmentation de la fréquence respiratoire et cardiaque, ou à l’inverse, des apnées-bradycardies, une augmentation de la transpiration, la pression artérielle, intracrânienne et la consommation d’oxygène, par conséquent une diminution de la saturation en oxygène et en dernier des changements hormonaux et biochimiques comme l’hyperglycémie. (Louis S., 2012) Selon Louis S., 2012, l’exposition répétée à des stimuli douloureux chez l’enfant prématuré peut perturber l’appétit, diminuer les défenses immunitaires, ralentir la prise de poids, entraîner la consommation d’une grande quantité d’énergie, augmenter le risque de présenter des apnées bradycardies ainsi que rendre le nourrisson plus vulnérable face à certaines complications sévères comme une hémorragie cérébrale ou la leucomalacie périventriculaire.
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Table des matières
Introduction
Problématique
Question de recherche
Objectifs
Cadre théorique
Théorie / Aspects théoriques
Concepts
La douleur
L’évaluation
Méthode
Justification du choix du devis
Stratégies de recherche
Résumés des articles retenus
Résultats
Catégorisation des résultats
Le cocooning et la voix humaine
L’ingestion de lait maternel
L’ingestion d’eau dextrose (D10W) et de saccharose
La saturation sensorielle
L’enveloppement toucher (facilitited tucking)
La succion non nutritive
La méthode kangourou
Discussion
Interprétation des résultats
Réponse à la question de recherche
Implications pour la pratique
Recommandations
Forces et limites
Conclusion
Références
Appendices