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Analyse et interprรฉtation des images
Lโanalyse des images a รฉtรฉ faite sur console dโinterprรฉtation avec des reconstructions MPR (reconstruction multi planaire), MIP (Maximum Intensity Projection), en fenรชtre parenchymateuse et osseuse.
La lecture a รฉtรฉ faite par des radiologues seniors.
Paramรจtres รฉtudiรฉs
Caractรฉristiques de la tumeur
La tumeur รฉtait รฉtudiรฉe suivant deux critรจres :
๏ La taille de la tumeur (T) : mesure du plus grand diamรจtre de la tumeur ;
๏ La densitรฉ de la tumeur :
โข Avant injection du PDC : densitรฉ spontanรฉe (hypodense, isodense, hyperdense)
โข Aprรจs injection du PDC : qualitรฉ du rehaussement (non rehaussรฉe, peu rehaussรฉe ou fortement rehaussรฉe, de maniรจre hรฉtรฉrogรจne ou homogรจne)
Extension locale (T4)
Lโextension locale รฉtait dโabord รฉtudiรฉe en clinique (voir donnรฉes cliniques).
Au niveau tomodensitomรฉtrique, cette extension รฉtait suspectรฉe lorsquโon visualisait :
๏ Au niveau du plan cutanรฉ : un รฉpaississement avec rehaussement aprรจs injection de PDC ;
๏ Une graisse pรฉri-lรฉsionnelle infiltrรฉe ou densifiรฉe ;
๏ Au niveau du plan musculaire : un contact รฉtroit avec le muscle grand pectoral avec disparition du liserรฉ graisseux de sรฉparation (espace retro-mammaire), une hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ ou un rehaussement au niveau du grand pectoral comparรฉ au muscle controlatรฉral.
La suspicion clinique et tomodensitomรฉtrique dโextension locale devait toujours faire lโobjet dโune confirmation histologique.
Extension ganglionnaire (N)
En plus du rehaussement aprรจs injection de PDC, les ganglions suspects รฉtaient caractรฉrisรฉs par leurs critรจres morphologiques :
๏ Le petit axe supรฉrieur ร 10 mm ;
๏ La morphologie :
โข รฉpaississement cortical focale ou diffuse ;
โข irrรฉgularitรฉ du cortex en rapport avec une rupture capsulaire ;
โข disparition du hile graisseux.
Les principaux territoires analysรฉs รฉtaient :
๏ Axillaires :
โข Etage 1 de Berg : centre infra-pectoral qui comprend les nลuds para-mammaires et subscapulaires ;
โข Etage 2 de Berg : centre rรฉtro-pectoral est constituรฉ des nลuds inter-pectoraux centraux et latรฉraux.
๏ Sous-claviculaires qui forment le centre supra-pectoral ou รฉtage 3 de Berg ;
๏ Sus-claviculaires ;
๏ Mammaires internes.
Extension ร distance (M)
Les principaux sites รฉtudiรฉs รฉtaient : le sein controlatรฉral, la plรจvre et le parenchyme pulmonaire, le mรฉdiastin, le foie, le pancrรฉas, la rate, les reins, les glandes surrรฉnales, le pรฉritoine, des organes pelviens, et le squelette osseux.
Classifications TNM clinique et UICC (3, 12)
Les patientes รฉtaient classรฉes suivant la classification UICC-TNM clinique (cTNM) de 2017 (8e Edition) (voir Annexe V)
Le T est basรฉ sur la taille ou lโexistence dโune extension locale :
๏ T0 : tumeur primitive nโest pas palpรฉe ni visualisรฉe ร lโimagerie ;
๏ T1 : moins de 2 cm ;
๏ T2 : entre 2 et 5 cm ;
๏ T3 : plus de 5 cm ;
๏ T4 signifie un envahissement local (peau ou plan profond) de la tumeur quelle que soit sa taille.
Le N ganglionnaire se base en partie sur la classification de Berg chirurgicale :
๏ N0 : absence dโenvahissement ganglionnaire rรฉgional ;
๏ N1 : Mรฉtastase(s) ganglionnaire(s) homolatรฉrale(s) axillaire(s) mobile(s) รฉtage 1 et 2 de Berg ;
๏ N2 : Mรฉtastase(s) ganglionnaire(s) homolatรฉrale(s)
โข Axillaire(s) fixรฉe(s) dans รฉtage 1 et 2 de Berg
โข Ou mammaire interne cliniquement (clinique et imagerie) sans atteinte axillaire ;
๏ N3 : Mรฉtastase(s) ganglionnaire(s) homolatรฉrale(s)
โข Mammaire interne cliniquement (clinique et imagerie) avec atteinte axillaire des รฉtages 1 et 2 de Berg ;
โข Ou sous-claviculaire(s) (รฉtage 3 de Berg) avec ou sans atteinte axillaire des รฉtages 1 et 2 de Berg
โข Ou sus-claviculaire(s) avec ou sans atteinte axillaire ou mammaire interne.
Toute autre atteinte ganglionnaire, en dehors des ganglions axillaires, sous-claviculaires, mammaires internes et sus-claviculaires est considรฉrรฉe comme une mรฉtastase ร distance (M1).
Le M ne se base que sur lโexistence ou non dโextension ร distance :
๏ M0 : pas dโextension ร distance ;
๏ M1 : existence dโune extension ร distance.
La classification TNM รฉtablie permet de regrouper les patientes en diffรฉrents stades pronostiques UICC. Ainsi, un bilan dโextension nรฉgatif (N0 M0) associรฉ ร une tumeur non visualisรฉe est classรฉe stade 0 de lโUICC. Les mรฉtastases M1 sont dโemblรฉe classรฉes au stade IV. Les autres cas sont classรฉs aux stades I, II ou III en fonction de la TNM (voir Annexe VI).
ANALYSE STATISTIQUE DES RรSULTATS
Lโanalyse statistique a รฉtรฉ effectuรฉe avec les logiciels Excel 2016 et RStudio 1.0.
Les variables qualitatives ont รฉtรฉ prรฉsentรฉes sous formes de tableaux de frรฉquence et des diagrammes en barre ou camembert.
Les variables quantitatives ont รฉtรฉ dรฉcrites par leurs paramรจtres de position (Moyenne, mรฉdiane) et de dispersion (รcart-type, extrรชmes).
Le test de khiยฒ (ฯ2) et lโanalyse de la variance (ANOVA) nous ont permis de rechercher le lien entre lโexistence de mรฉtastases (M) et les autres items de la classification TNM : T et N.
LIMITES DE LโETUDE
Notre รฉtude prรฉsente limites mรฉthodologiques liรฉes ร son caractรจre rรฉtrospectif. En effet :
โข La collecte des donnรฉes a รฉtรฉ rendue difficile par plusieurs facteurs tels que lโindisponibilitรฉ de certains dossiers cliniques, ร lโorigine dโitems manquants. Cet รฉtat de fait nous a obligรฉ de sรฉlectionner les dossiers disponibles plutรดt que sur la base dโun รฉchantillonnage.
โข De plus, Certaines images tomodensitomรฉtriques nโรฉtaient plus disponibles pour la relecture et certains comptes rendus de TDM รฉtaient incomplets, parfois inexploitables.
โข Lโรฉtude nโa รฉtรฉ rรฉalisรฉe que dans une seule structure hospitaliรจre, ce qui ne permet pas une gรฉnรฉralisation des rรฉsultats. Nรฉanmoins, la population analysรฉe รฉtait assez homogรจne pour permettre une comparaison avec dโautres sรฉries.
PROFIL EPIDEMIOLOGIQUE
Chez les femmes, le cancer du sein est le cancer le plus frรฉquent dans tous les pays du monde. En 2012, 1 674 000 nouveaux cas (dont 883 000 dans les pays en dรฉveloppement) ont รฉtรฉ comptabilisรฉs. Ce nombre รฉtait passรฉ ร 2 millions en 2018 (13). Son taux de mortalitรฉ, proche de 25 pourcents des dรฉcรจs par cancer chez les femmes, en fait le cancer le plus meurtrier (13-15). En Afrique sub-saharienne son incidence semble moins รฉlevรฉe (moins de 40 pour 100 000). On note รฉgalement des variations rรฉgionales significatives de ce taux (pouvant aller de 26,8 ร 40 pour 100 000 femmes) (16).
Au Sรฉnรฉgal, les cancers du sein et de lโappareil gynรฉcologique reprรฉsentent plus de la moitiรฉ des cancers de la femme (54 %). De plus, lโabsence de registre des cancers rend difficile lโรฉvaluation du profil รฉpidรฉmiologique des cancers du sein au Sรฉnรฉgal (17, 18).
Lโรขge
Lโรขge est un facteur de risque important dans la survenue des cancers du sein. Il est largement รฉtudiรฉ en รฉpidรฉmiologie carcinologique. Il peut prรฉsenter des incidences diffรฉrentes dโune rรฉgion ร une autre, notamment au Sรฉnรฉgal (15).
Le diagnostic de cancer du sein est rare avant lโรขge de 30 ans dans les pays dรฉveloppรฉs, mais son incidence y augmente considรฉrablement jusquโร un plateau entre 60 et 65 ans (19).
Dans notre sรฉrie, lโรขge moyen รฉtait de 47 ans et lโรขge la plus frรฉquente de 35 ans. Plus de 50 % des patientes รฉtaient รขgรฉes de 35 ร 54 ans (Figure 1). Ces rรฉsultats ne sont pas en accord avec ceux rapportรฉ dans la littรฉrature (61 ans de moyenne gรฉnรฉral et 45 ans la plus reprรฉsentative) (15). Notre sรฉrie rejoint plutรดt la moyenne dโรขge rapportรฉe par Gueye et al. (43,3 ans), qui confirme la jeunesse de la population sรฉnรฉgalaise atteinte de ce cancer.
Nos rรฉsultats sont aussi en accord avec ceux trouvรฉs dans dโautres pays sub-sahariens : 48,15 ans pour Houkponou et al. au Bรฉnin (20), 46,15 ans pour Engbang et al. au Cameroun (21), ou encore 52 ans pour Ndounga et al. dans une รฉtude rรฉalisรฉe au CHU de Brazzaville (22).
Nous pouvons ainsi nous apercevoir que de maniรจre globale, le cancer du sein survient ร un รขge beaucoup plus jeune en Afrique Noire. Plusieurs facteurs, notamment gรฉnรฉtiques sont pointรฉs du doigt pour expliquer cette particularitรฉ.
Dans les รฉtudes prรฉcitรฉes, la prรฉcocitรฉ รฉtait mise en rapport avec la frรฉquence de la mutation des gรจnes BRCA 1 et 2 (19, 23) et le caractรจre triple nรฉgatif (12 ร 17 % chez les femmes africaines de moins de 50 ans (17)) des tumeurs du sein rencontrรฉs dans cette rรฉgion du monde. De plus, leur รฉvolution est rapide menant souvent ร un diagnostic tardif, et leur traitement est difficile, le plus souvent limitรฉ au palliatif (19, 24).
Dans notre sรฉrie les rรฉcepteurs hormonaux et les mutations gรฉnรฉtiques nโรฉtaient pas รฉtudiรฉs et les antรฉcรฉdents familiaux de cancer nโรฉtaient rapportรฉs que chez 13 patientes. Prรจs de 60 % dโentre elles rapportaient des antรฉcรฉdents de cancer du sein chez des parents du premier et du second degrรฉ (Figure 2 et Tableau I). Lโรฉtude des facteurs gรฉnรฉtiques incriminรฉs nous aurait permis de mieux apprรฉcier leur impact sur les cancers mammaires des femmes jeunes.
Nรฉanmoins, nos rรฉsultats suggรจreraient plutรดt, comme dans les รฉtudes prรฉcitรฉes, un profil รฉpidรฉmiologique trรจs diffรจrent de ce que rapportent les auteurs occidentaux (15, 25, 26).
Le retard du diagnostic et de la prise en charge
Dans notre รฉtude, le cancer du sein รฉtait rรฉvรฉlรฉ par une masse de 3 ร 30 mm de diamรจtre chez 64,60 % des patientes de notre sรฉrie. Chez 42,48 % des patientes, la tumeur รฉtait classรฉe T4 dโemblรฉe sur le plan clinique, et plus de 63 % des patientes prรฉsentaient des mรฉtastases ร lโexamen tomodensitomรฉtrique (Tableaux III, IV et VIII).
Selon Gueye et al. (14), 75 % des patientes au Sรฉnรฉgal arrivent tard en consultation (ร un stade avancรฉ), et plus de 35 % sont classรฉes T4 dโemblรฉe. Cette mรชme situation a รฉtรฉ remarquรฉe au Maroc par Aloulou et al. (27) (27,69 % de patientes classรฉes T4 dโemblรฉe) et dans dโautres pays africains, notamment sub-sahariens (21, 22). Cette constatation est confirmรฉe par nos rรฉsultats. Les principales raisons avancรฉes concernant le diagnostic tardif รฉtaient dโordre financier, socio-culturel (traitement traditionnel), gรฉographique (รฉloignement des structure sanitaire), ou une prise en charge thรฉrapeutique insuffisante. De plus, bien que la mammographie soit relativement peu accessible, Gueye et al.(28) montraient en 2009 que lโauto-examen des seins (AES), plus accessible, รฉtait encore mรฉconnu. Cette rรฉalitรฉ sโajoute aux principaux facteurs ร lโorigines du retard de diagnostic.
De maniรจre gรฉnรฉrale, toutes les รฉtudes prรฉcitรฉes rejoignent la nรดtre sur le caractรจre pรฉjoratif des cancers mammaires en Afrique. Elles surviennent ร un รขge plus jeune, sont de haut grade, รฉvoluent plus rapidement, et les mรฉtastases suivent frรฉquemment. Cette situation est particuliรจrement prรฉoccupante, compte tenu du faible taux dโincidence rapportรฉ (26,8 ร 40 pour 100 000 femmes en Afrique sub-saharienne) qui masque probablement lโampleur rรฉelle du problรจme (16).
CLASSIFICATION UICC-TNM ET SIGNES SCANOGRAPHIQUES
Classification UICC-TNM
La classification TNM constitue, aujourdโhui, la base de toutes les dรฉcisions thรฉrapeutiques en clinique oncologique. Son importance est telle quโelle est constamment repensรฉe et amรฉliorรฉe depuis son apparition dans les annรฉes 40. Sa 8e et derniรจre รฉdition, publiรฉe en 2017, nous rappelle encore plus la pluridisciplinaritรฉ que nรฉcessite la prise en charge des tumeurs mammaires dans laquelle lโimagerie occupe une place centrale (5, 29).
La comparaison entre les 7e et 8e รฉdition de lโUICC-TNM ne rรฉvรจle aucun changement dans les dรฉfinitions des stades, mais il existe des diffรฉrences majeures entre les 8e รฉditions de lโUICC-TNM et de lโAJCC-TNM.
Ces deux sources principales (lโAJCC et lโUICC) utilisent globalement les mรชmes principes et dรฉfinitions basรฉs sur des donnรฉes anatomiques (4, 29). Par contre lโAJCC-TNM intรจgre des donnรฉes sur le grade histologique, les rรฉcepteurs ER, PR, Ki67 et HER-2, ce qui peut รชtre en dรฉfaveur des rรฉgions du monde oรน ces marqueurs biologiques ne sont pas systรฉmatiquement disponibles (4).
Devant cette constatation et les donnรฉes ร notre disposition, nous nous sommes basรฉs uniquement sur lโUICC-TNM pour classer les patientes de notre sรฉrie.
Il existe plusieurs classifications TNM : une basรฉe sur les donnรฉes de lโexamen clinique et/ou radiologique (cTNM), une sur les rรฉsultats anatomo-pathologiques (pTNM) et une, moins connue, pour les cancers traitรฉs par un traitement systรฉmique premier (yTNM ou ypTNM en cas de chirurgie). Dans la classification, le cT (clinique) et le pT (pathologique) partagent les mรชmes dรฉfinitions, ce qui nโest pas le cas pour le N (30, 31).
La classification TNM diffรฉrencie lโatteinte ganglionnaire clinique (cN+) basรฉe en partie sur la classification de Berg, de lโatteinte ganglionnaire histologique (pN+) dรฉfinie aprรจs la chirurgie. En se basant sur ces critรจres, toutes les patientes ont pu รชtre classรฉes (Tableaux XVI et XVII). Le principal item qui soulevait des interrogations รฉtait celui du N ganglionnaire. Aucune patiente nโรฉtait classรฉe N1, la mobilitรฉ des ganglions axillaires รฉtant impossible ร prรฉciser ร la TDM. Dans la pTNM, lโatteinte ganglionnaire exige une confirmation histologique. La cTNM semblait donc mieux adaptรฉe aux capacitรฉs de la TDM.
La taille tumorale (le T de la TNM)
Dans notre รฉtude, nous avons pu vรฉrifier le lien statistique entre lโexistence de mรฉtastase (M) et, dโune part la taille tumorale, dโautre part lโextension locale, en croisant les items T et M de la classification TNM (P-value ร 0,013). Ce lien montre encore plus la pertinence de cette classification dans lโรฉvaluation du pronostic des tumeurs mammaires.
Selon plusieurs auteurs, la taille tumorale est un facteur pronostique important et indรฉpendant dans les รฉtudes multivariรฉes. Il y a une relation significative bien รฉtablie entre la taille tumorale, lโenvahissement ganglionnaire et le pronostic (11, 30, 32).
Selon De Bazelaire et al. (3), le risque de mรฉtastase (M) nโest pas significatif pour les petites tumeurs infรฉrieures ร 5 cm (moins de 4 %). En revanche, le risque mรฉtastatique est rรฉel (plus de 10 %) lorsque les tumeurs dรฉpassent 5 cm ou classรฉe T3.
La taille tumorale impacte aussi significativement les limites dโexรฉrรจse dont lโatteinte augmente le risque de rรฉcidive locale ร 10 ans (28 % environ si lโexรฉrรจse est incomplรจte, contre 8 % lorsquโelle est macroscopiquement large) (33). Dans notre contexte oรน lโexamen extemporanรฉ nโest pas disponible, cette rรฉalitรฉ motive des techniques de repรฉrage chirurgical telles que le repรฉrage au bleu de mรฉthylรจne (Ka et al. 2018) pour les tumeurs de grande taille (T3), qui donne des rรฉsultats satisfaisants (34).
Les cancers du sein ont une traduction radiologique variable et peuvent รชtre dรฉtectรฉs par une ou plusieurs techniques dโimagerie (mammographie, รฉchographie, IRM).
Dans notre sรฉrie, la taille minimale dรฉtectรฉe par la TDM รฉtait de 8,3 mm. Chez les patientes non traitรฉes (69 patientes), seules 4,35 % des tumeurs รฉtaient classรฉes T1 (moins de 2 cm) et 15,94 % des tumeurs nโรฉtaient pas mesurables. Ces donnรฉes confirment globalement les performances de la TDM dans ce domaine.
La TDM multi-dรฉtecteur peut รชtre utilisรฉe pour รฉvaluer la taille tumorale pour les grosses tumeurs, mais en terme de prรฉcision, elle est surpassรฉe par lโIRM (35, 36). Cheung et al. (36) avaient montrรฉ en 2005 une corrรฉlation entre la taille de la tumeur sur la TDM et sa taille macroscopique, ce qui accordait une fiabilitรฉ acceptable de la TDM dans ce domaine.
Pour certains auteurs, la TDM a plutรดt lโavantage de la simplicitรฉ, la rapiditรฉ et lโaccessibilitรฉ. Sa fiabilitรฉ dans lโรฉvaluation de la rรฉponse thรฉrapeutique est aussi globalement satisfaisante avec les mรชmes limitations que les autres mรฉthodes dโimagerie (37-39).
Dans le contexte dโun bilan dโextension, le but serait plutรดt de mesurer le risque de mรฉtastases en fonction de la taille, et non de faire un dรฉpistage. Cette derniรจre est rรฉservรฉe ร la mammographie (associรฉe ร lโรฉchographie mammaire) qui en est la mรฉthode de rรฉfรฉrence (30, 35).
Le statut ganglionnaire (N)
Dans notre รฉtude, La frรฉquence des mรฉtastases augmentait en fonction de la progression du statut ganglionnaire N. Elle รฉtait de 45,5 % chez les patientes sans atteinte ganglionnaire (N0), de 66,7 % chez les classรฉ N2, et ร 80,0 % chez les N3.
Cette diffรฉrence nโรฉtait pas statistiquement vรฉrifiable (la P-value รฉtait ร 0,099), probablement ร cause du faible nombre de cas รฉtudiรฉs.
Le statut ganglionnaire est lโun des facteurs pronostiques les plus importants dans la prise en charge des cancers mammaires. Le degrรฉ dโenvahissement axillaire est fortement associรฉ ร la taille tumorale, aux risques de rรฉcidives et de mรฉtastases ร distance. Lโexploration prรฉ-thรฉrapeutique des aires ganglionnaires est donc indispensable avant la chirurgie (9, 11).
Selon De Bazelaire et al. (3), la prรฉvalence des mรฉtastases est faible (moins de 1,5 %) lorsque les ganglions sont normaux ou lorsquโils sont palpables et mobiles (moins de 2,5 %). En revanche, le risque de mรฉtastases devient significatif en cas dโadรฉnopathies fixรฉes (11 %) ou rรฉgionale (14,50 %).
Dans notre sรฉrie, la majoritรฉ (77,88 %) des atteintes ganglionnaires รฉtait axillaires (รฉtage I et II de Berg), ce qui est en accord avec les donnรฉes de la littรฉrature (11).
En effet, sur le plan anatomique, le drainage lymphatique mammaire se fait ร 75 % dans la rรฉgion axillaire, et 25 % dans la chaine mammaire interne. Les collecteurs axillaires et sous-claviculaires sont divisรฉs en trois รฉtages, dit ยซ รฉtages de Berg ยป. Les ganglions axillaires, principalement ceux de lโรฉtage I de Berg, sont les premiers sites atteints (donc les premiers ร explorer), suivis des รฉtages II et III, puis de la rรฉgion sus-claviculaire (11, 12).
Chez les patientes avec un diagnostic rรฉcent de cancer du sein peu รฉvoluรฉ, la rรฉalisation dโune TDM-TAP dans le cadre du bilan dโextension est quasiment systรฉmatique. Cependant, peu dโรฉtudes ont รฉvaluรฉ la TDM-TAP pour la dรฉtection de mรฉtastases ganglionnaires, notamment axillaires (9).
En 2014, Urata et al. (40) mettaient en รฉvidence la fiabilitรฉ du scanner (plus prรฉcisรฉment de la mesure de la densitรฉ maximale) pour le diagnostic des mรฉtastases ganglionnaires axillaires. En 2017, Bekhouche et al. (9). rapportaient une sensibilitรฉ de 79,6 % et une spรฉcificitรฉ de 80,5 % pour une densitรฉ seuil รฉgale ร 54 unitรฉs Houndsfield aprรจs injection de PDC. La TDM est donc de maniรจre globale assez fiable pour lโexploration ganglionnaire, mais la rรฉfรฉrence dans ce domaine reste lโรฉchographie axillaire.
Lโรฉchographie axillaire a une sensibilitรฉ de 92 % et une spรฉcificitรฉ de 100 % si elle est associรฉe ร la cytoponction ganglionnaire (41). De plus, cette derniรจre permet de poser lโindication de la technique du ganglion sentinelle (dรฉcrite par Krag et al. (42) en 1993) considรฉrรฉe comme la rรฉfรฉrence en chirurgie des carcinomes mammaires classรฉs T0, T1 ou T2, N0 (9, 11, 42, 43).
Dans des pays comme le nรดtre, oรน le contexte รฉconomique et รฉpidรฉmiologique dรฉcrit plus haut ne permet pas souvent la recherche du ganglion sentinelle, le curage axillaire est systรฉmatiquement pratiquรฉ. Cette technique a montrรฉ ses limites. En effet, le curage axillaire est responsable de complications frรฉquentes telles que le lymphลdรจme secondaire du membre supรฉrieur (15 ร 20 % aprรจs curage axillaire contre 6 ร 8 % aprรจs ganglion sentinelle) (44). Elle est donc constamment remise en question et progressivement remplacรฉe par la technique du ganglion sentinelle. De ce fait, pour les tumeurs mammaires cN0 M0, lโรฉchographie axillaire doit รชtre indiquรฉe en premiรจre intention (9, 45).
Concernant lโIRM, Ceugnart et al. (48) affirmaient en 2019 quโelle prรฉsentait les meilleures performances en termes de dรฉtection, notamment dans les images non calcifiรฉes, comparรฉe au triplet examen clinique-mammographie-รฉchographie axillaire. Sa sensibilitรฉ est estimรฉe ร plus de 95 % pour les lรฉsions invasives. Cependant sa spรฉcificitรฉ est moyenne, pourvoyeuse d’un grand nombre de faux positifs responsables de biopsies multiples sous guidage IRM et dโinterventions chirurgicales importantes sur des lรฉsions ร posteriori bรฉnignes.
LโIRM serait plutรดt indiquรฉe dans le bilan prรฉopรฉratoire d’un cancer du sein pour rechercher des lรฉsions multiples ou controlatรฉrales mais dans des situations prรฉcises : femmes jeunes, seins denses, histologie lobulaire, indication de radiothรฉrapie focalisรฉe (46-48).
Les mรฉtastases ร distance (M)
Dans notre รฉtude, des extensions secondaires pulmonaires, hรฉpatiques et osseuses รฉtaient retrouvรฉes chez 90,27 % des patientes M1. Nous avons trouvรฉ des extensions cรฉrรฉbrales chez la seule patiente qui avait bรฉnรฉficiรฉ dโune TDM cรฉrรฉbrales. Nos donnรฉes sont donc en accord avec celles de la littรฉrature.
Dans une revue de la littรฉrature en 2017, De Bazelaire et al. (9) indiquaient une prรฉdominance des localisations secondaires osseuses, suivies des atteintes pulmonaires puis hรฉpatiques (3, 49). De plus, les mรฉtastases osseuses, hรฉpatiques, pulmonaires et cรฉrรฉbrales constituent plus de 95 % des mรฉtastases de cancer du sein (50). Nรฉanmoins, dโautres organes peuvent รชtre touchรฉs.
Notre sรฉrie est en accord avec ces donnรฉes sur les principaux sites de mรฉtastases mais pas dans lโordre rapportรฉ. Le premier principal site de localisation secondaire รฉtait pleuro-pulmonaire (82 ,72 %), suivi des localisations hรฉpatiques (27,78 %) et osseuses (27,78 %).
Cette discordance pourrait sโexpliquer par lโutilisation de la TEP-TDM et/ou de la scintigraphie osseuse en complรฉment du scanner. En effet, selon De Bazelaire et al. (3), les performances de ces modalitรฉs pour dรฉtecter des mรฉtastases sont similaires, avec des sensibilitรฉs proches pour les imageries en coupe. Mais la spรฉcificitรฉ (93 % pour la scintigraphie osseuse et le scanner thoraco-abdomino-pelvien et 98 % pour la TEP-TDM) et le taux de dรฉtection de mรฉtastases (10 % avec la TDM et 32 % en TEP-TDM) peuvent varier significativement.
Le diagnostic de mรฉtastases pour la prise en charge dโun cancer du sein infiltrant a un impact majeur sur son traitement et son pronostic. En cas de mรฉtastases, le traitement nโest plus curatif (la survie mรฉdiane chute ร environ 36 mois et la survie ร 5 ans est estimรฉe ร environ 10 %) et lโexรฉrรจse de la tumeur nโest plus systรฉmatique (3, 24).
Nรฉanmoins, mรชme si la question du dรฉpistage attire beaucoup plus lโattention des auteurs, la recherche se poursuit dans le cadre de la prise en charge des patientes ร un stade avancรฉ. Dans ce sillage, Jacot et al. (24) prรฉconisaient en 2010 une nouvelle analyse phรฉnotypique des lรฉsions mรฉtastatiques afin dโindividualiser la prise en charge.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. PATIENTES, MATERIEL ET METHODES
1. TYPE ET PERIODE DโETUDE
2. CADRE DโETUDE
3. POPULATION DโETUDE
3.1. CRITERES DE SELECTION
3.1.1. CRITERES DโINCLUSION
3.1.2. CRITERES DE NON INCLUSION
3.2. RECUEIL DES DONNEES CLINIQUES, MAMMOGRAPHIQUES ET HISTOLOGIQUES
3.3. DESCRIPTION DE LA POPULATION
3.3.1. AGE
3.3.2. ANTECEDENTS
3.3.2.1. ANTECEDENTS GYNECO-OBSTETRICAUX
3.3.2.2. ANTECEDENTS FAMILIAUX
3.3.3. TRAITEMENT REรU
3.3.4. DONNEES CLINIQUES
3.3.5. RESULTATS DE LโEXAMEN MAMMOGRAPHIQUE
3.3.6. EXAMEN HISTOLOGIQUE
3.3.7. INDICATION TDM
3.3.8. TYPE DE TDM
4. MATERIEL ET METHODES DE TOMODENSITOMETRIE
4.1. MATรRIEL
4.2. REALISATION DE LโEXAMEN
4.2.1. PREPARATION DE LA PATIENTE
4.2.2. PROTOCOLE DU SCANNER
4.2.3. ANALYSE ET INTERPRETATION DES IMAGES
4.2.4. PARAMETRES ETUDIES
4.2.4.1. CARACTERISTIQUES DE LA TUMEUR
4.2.4.2. EXTENSION LOCALE (T4)
4.2.4.3. EXTENSION GANGLIONNAIRE (N)
4.2.4.4. EXTENSION A DISTANCE (M)
4.2.5. CLASSIFICATIONS TNM CLINIQUE ET UICC (3, 12)
5. ANALYSE STATISTIQUE DES RรSULTATS
II. RESULTATS
1. RรSULTATS GLOBAUX DU BILAN DโEXTENSION
2. CARACTรRISTIQUES DE LA TUMEUR
2.1. TAILLE TUMORALE
2.2. DENSITE TUMORALE
3. EXTENSION LOCALE (T4)
4. EXTENSION GANGLIONNAIRE (N)
5. EXTENSION A DISTANCE (M)
6. CLASSIFICATIONS TNM ET UICC
7. CORRELATIONS DU RISQUE DE METASTASE (M) AVEC LES DEUX AUTRES ITEMS DE LA CLASSIFICATION TNM : T ET N
III. DISCUSSION
1. LIMITES DE LโETUDE
2. PROFIL EPIDEMIOLOGIQUE
2.1. LโAGE
2.2. LE RETARD DU DIAGNOSTIC ET DE LA PRISE EN CHARGE
3. CLASSIFICATION UICC-TNM ET SIGNES SCANOGRAPHIQUES
3.1. CLASSIFICATION UICC-TNM
3.2. LA TAILLE TUMORALE (LE T DE LA TNM)
3.3. LE STATUT GANGLIONNAIRE (N)
3.4. LES METASTASES A DISTANCE (M)
3.4.1. METASTASES PULMONAIRES
3.4.2. METASTASES HEPATIQUES
3.4.3. METASTASES OSSEUSES
3.4.4. AUTRES SITES DE METASTASES
4. IMPACT DE LA TDM SUR LA CLASSIFICATION UICC-TNM
CONCLUSION
REFERENCES
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