RECUEIL DES DONNEES CLINIQUES, MAMMOGRAPHIQUES ET HISTOLOGIQUES

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Analyse et interprรฉtation des images

Lโ€™analyse des images a รฉtรฉ faite sur console dโ€™interprรฉtation avec des reconstructions MPR (reconstruction multi planaire), MIP (Maximum Intensity Projection), en fenรชtre parenchymateuse et osseuse.
La lecture a รฉtรฉ faite par des radiologues seniors.

Paramรจtres รฉtudiรฉs

Caractรฉristiques de la tumeur

La tumeur รฉtait รฉtudiรฉe suivant deux critรจres :
๏ƒ˜ La taille de la tumeur (T) : mesure du plus grand diamรจtre de la tumeur ;
๏ƒ˜ La densitรฉ de la tumeur :
โ€ข Avant injection du PDC : densitรฉ spontanรฉe (hypodense, isodense, hyperdense)
โ€ข Aprรจs injection du PDC : qualitรฉ du rehaussement (non rehaussรฉe, peu rehaussรฉe ou fortement rehaussรฉe, de maniรจre hรฉtรฉrogรจne ou homogรจne)

Extension locale (T4)

Lโ€™extension locale รฉtait dโ€™abord รฉtudiรฉe en clinique (voir donnรฉes cliniques).
Au niveau tomodensitomรฉtrique, cette extension รฉtait suspectรฉe lorsquโ€™on visualisait :
๏ƒ˜ Au niveau du plan cutanรฉ : un รฉpaississement avec rehaussement aprรจs injection de PDC ;
๏ƒ˜ Une graisse pรฉri-lรฉsionnelle infiltrรฉe ou densifiรฉe ;
๏ƒ˜ Au niveau du plan musculaire : un contact รฉtroit avec le muscle grand pectoral avec disparition du liserรฉ graisseux de sรฉparation (espace retro-mammaire), une hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ ou un rehaussement au niveau du grand pectoral comparรฉ au muscle controlatรฉral.
La suspicion clinique et tomodensitomรฉtrique dโ€™extension locale devait toujours faire lโ€™objet dโ€™une confirmation histologique.

Extension ganglionnaire (N)

En plus du rehaussement aprรจs injection de PDC, les ganglions suspects รฉtaient caractรฉrisรฉs par leurs critรจres morphologiques :
๏ƒ˜ Le petit axe supรฉrieur ร  10 mm ;
๏ƒ˜ La morphologie :
โ€ข รฉpaississement cortical focale ou diffuse ;
โ€ข irrรฉgularitรฉ du cortex en rapport avec une rupture capsulaire ;
โ€ข disparition du hile graisseux.
Les principaux territoires analysรฉs รฉtaient :
๏ƒ˜ Axillaires :
โ€ข Etage 1 de Berg : centre infra-pectoral qui comprend les nล“uds para-mammaires et subscapulaires ;
โ€ข Etage 2 de Berg : centre rรฉtro-pectoral est constituรฉ des nล“uds inter-pectoraux centraux et latรฉraux.
๏ƒ˜ Sous-claviculaires qui forment le centre supra-pectoral ou รฉtage 3 de Berg ;
๏ƒ˜ Sus-claviculaires ;
๏ƒ˜ Mammaires internes.

Extension ร  distance (M)

Les principaux sites รฉtudiรฉs รฉtaient : le sein controlatรฉral, la plรจvre et le parenchyme pulmonaire, le mรฉdiastin, le foie, le pancrรฉas, la rate, les reins, les glandes surrรฉnales, le pรฉritoine, des organes pelviens, et le squelette osseux.

Classifications TNM clinique et UICC (3, 12)

Les patientes รฉtaient classรฉes suivant la classification UICC-TNM clinique (cTNM) de 2017 (8e Edition) (voir Annexe V)
Le T est basรฉ sur la taille ou lโ€™existence dโ€™une extension locale :
๏ƒ˜ T0 : tumeur primitive nโ€™est pas palpรฉe ni visualisรฉe ร  lโ€™imagerie ;
๏ƒ˜ T1 : moins de 2 cm ;
๏ƒ˜ T2 : entre 2 et 5 cm ;
๏ƒ˜ T3 : plus de 5 cm ;
๏ƒ˜ T4 signifie un envahissement local (peau ou plan profond) de la tumeur quelle que soit sa taille.
Le N ganglionnaire se base en partie sur la classification de Berg chirurgicale :
๏ƒ˜ N0 : absence dโ€™envahissement ganglionnaire rรฉgional ;
๏ƒ˜ N1 : Mรฉtastase(s) ganglionnaire(s) homolatรฉrale(s) axillaire(s) mobile(s) รฉtage 1 et 2 de Berg ;
๏ƒ˜ N2 : Mรฉtastase(s) ganglionnaire(s) homolatรฉrale(s)
โ€ข Axillaire(s) fixรฉe(s) dans รฉtage 1 et 2 de Berg
โ€ข Ou mammaire interne cliniquement (clinique et imagerie) sans atteinte axillaire ;
๏ƒ˜ N3 : Mรฉtastase(s) ganglionnaire(s) homolatรฉrale(s)
โ€ข Mammaire interne cliniquement (clinique et imagerie) avec atteinte axillaire des รฉtages 1 et 2 de Berg ;
โ€ข Ou sous-claviculaire(s) (รฉtage 3 de Berg) avec ou sans atteinte axillaire des รฉtages 1 et 2 de Berg
โ€ข Ou sus-claviculaire(s) avec ou sans atteinte axillaire ou mammaire interne.
Toute autre atteinte ganglionnaire, en dehors des ganglions axillaires, sous-claviculaires, mammaires internes et sus-claviculaires est considรฉrรฉe comme une mรฉtastase ร  distance (M1).
Le M ne se base que sur lโ€™existence ou non dโ€™extension ร  distance :
๏ƒ˜ M0 : pas dโ€™extension ร  distance ;
๏ƒ˜ M1 : existence dโ€™une extension ร  distance.
La classification TNM รฉtablie permet de regrouper les patientes en diffรฉrents stades pronostiques UICC. Ainsi, un bilan dโ€™extension nรฉgatif (N0 M0) associรฉ ร  une tumeur non visualisรฉe est classรฉe stade 0 de lโ€™UICC. Les mรฉtastases M1 sont dโ€™emblรฉe classรฉes au stade IV. Les autres cas sont classรฉs aux stades I, II ou III en fonction de la TNM (voir Annexe VI).

ANALYSE STATISTIQUE DES Rร‰SULTATS

Lโ€™analyse statistique a รฉtรฉ effectuรฉe avec les logiciels Excel 2016 et RStudio 1.0.
Les variables qualitatives ont รฉtรฉ prรฉsentรฉes sous formes de tableaux de frรฉquence et des diagrammes en barre ou camembert.
Les variables quantitatives ont รฉtรฉ dรฉcrites par leurs paramรจtres de position (Moyenne, mรฉdiane) et de dispersion (ร‰cart-type, extrรชmes).
Le test de khiยฒ (ฯ‡2) et lโ€™analyse de la variance (ANOVA) nous ont permis de rechercher le lien entre lโ€™existence de mรฉtastases (M) et les autres items de la classification TNM : T et N.

LIMITES DE Lโ€™ETUDE

Notre รฉtude prรฉsente limites mรฉthodologiques liรฉes ร  son caractรจre rรฉtrospectif. En effet :
โ€ข La collecte des donnรฉes a รฉtรฉ rendue difficile par plusieurs facteurs tels que lโ€™indisponibilitรฉ de certains dossiers cliniques, ร  lโ€™origine dโ€™items manquants. Cet รฉtat de fait nous a obligรฉ de sรฉlectionner les dossiers disponibles plutรดt que sur la base dโ€™un รฉchantillonnage.
โ€ข De plus, Certaines images tomodensitomรฉtriques nโ€™รฉtaient plus disponibles pour la relecture et certains comptes rendus de TDM รฉtaient incomplets, parfois inexploitables.
โ€ข Lโ€™รฉtude nโ€™a รฉtรฉ rรฉalisรฉe que dans une seule structure hospitaliรจre, ce qui ne permet pas une gรฉnรฉralisation des rรฉsultats. Nรฉanmoins, la population analysรฉe รฉtait assez homogรจne pour permettre une comparaison avec dโ€™autres sรฉries.

PROFIL EPIDEMIOLOGIQUE

Chez les femmes, le cancer du sein est le cancer le plus frรฉquent dans tous les pays du monde. En 2012, 1 674 000 nouveaux cas (dont 883 000 dans les pays en dรฉveloppement) ont รฉtรฉ comptabilisรฉs. Ce nombre รฉtait passรฉ ร  2 millions en 2018 (13). Son taux de mortalitรฉ, proche de 25 pourcents des dรฉcรจs par cancer chez les femmes, en fait le cancer le plus meurtrier (13-15). En Afrique sub-saharienne son incidence semble moins รฉlevรฉe (moins de 40 pour 100 000). On note รฉgalement des variations rรฉgionales significatives de ce taux (pouvant aller de 26,8 ร  40 pour 100 000 femmes) (16).
Au Sรฉnรฉgal, les cancers du sein et de lโ€™appareil gynรฉcologique reprรฉsentent plus de la moitiรฉ des cancers de la femme (54 %). De plus, lโ€™absence de registre des cancers rend difficile lโ€™รฉvaluation du profil รฉpidรฉmiologique des cancers du sein au Sรฉnรฉgal (17, 18).

Lโ€™รขge

Lโ€™รขge est un facteur de risque important dans la survenue des cancers du sein. Il est largement รฉtudiรฉ en รฉpidรฉmiologie carcinologique. Il peut prรฉsenter des incidences diffรฉrentes dโ€™une rรฉgion ร  une autre, notamment au Sรฉnรฉgal (15).
Le diagnostic de cancer du sein est rare avant lโ€™รขge de 30 ans dans les pays dรฉveloppรฉs, mais son incidence y augmente considรฉrablement jusquโ€™ร  un plateau entre 60 et 65 ans (19).
Dans notre sรฉrie, lโ€™รขge moyen รฉtait de 47 ans et lโ€™รขge la plus frรฉquente de 35 ans. Plus de 50 % des patientes รฉtaient รขgรฉes de 35 ร  54 ans (Figure 1). Ces rรฉsultats ne sont pas en accord avec ceux rapportรฉ dans la littรฉrature (61 ans de moyenne gรฉnรฉral et 45 ans la plus reprรฉsentative) (15). Notre sรฉrie rejoint plutรดt la moyenne dโ€™รขge rapportรฉe par Gueye et al. (43,3 ans), qui confirme la jeunesse de la population sรฉnรฉgalaise atteinte de ce cancer.
Nos rรฉsultats sont aussi en accord avec ceux trouvรฉs dans dโ€™autres pays sub-sahariens : 48,15 ans pour Houkponou et al. au Bรฉnin (20), 46,15 ans pour Engbang et al. au Cameroun (21), ou encore 52 ans pour Ndounga et al. dans une รฉtude rรฉalisรฉe au CHU de Brazzaville (22).
Nous pouvons ainsi nous apercevoir que de maniรจre globale, le cancer du sein survient ร  un รขge beaucoup plus jeune en Afrique Noire. Plusieurs facteurs, notamment gรฉnรฉtiques sont pointรฉs du doigt pour expliquer cette particularitรฉ.
Dans les รฉtudes prรฉcitรฉes, la prรฉcocitรฉ รฉtait mise en rapport avec la frรฉquence de la mutation des gรจnes BRCA 1 et 2 (19, 23) et le caractรจre triple nรฉgatif (12 ร  17 % chez les femmes africaines de moins de 50 ans (17)) des tumeurs du sein rencontrรฉs dans cette rรฉgion du monde. De plus, leur รฉvolution est rapide menant souvent ร  un diagnostic tardif, et leur traitement est difficile, le plus souvent limitรฉ au palliatif (19, 24).
Dans notre sรฉrie les rรฉcepteurs hormonaux et les mutations gรฉnรฉtiques nโ€™รฉtaient pas รฉtudiรฉs et les antรฉcรฉdents familiaux de cancer nโ€™รฉtaient rapportรฉs que chez 13 patientes. Prรจs de 60 % dโ€™entre elles rapportaient des antรฉcรฉdents de cancer du sein chez des parents du premier et du second degrรฉ (Figure 2 et Tableau I). Lโ€™รฉtude des facteurs gรฉnรฉtiques incriminรฉs nous aurait permis de mieux apprรฉcier leur impact sur les cancers mammaires des femmes jeunes.
Nรฉanmoins, nos rรฉsultats suggรจreraient plutรดt, comme dans les รฉtudes prรฉcitรฉes, un profil รฉpidรฉmiologique trรจs diffรจrent de ce que rapportent les auteurs occidentaux (15, 25, 26).

Le retard du diagnostic et de la prise en charge

Dans notre รฉtude, le cancer du sein รฉtait rรฉvรฉlรฉ par une masse de 3 ร  30 mm de diamรจtre chez 64,60 % des patientes de notre sรฉrie. Chez 42,48 % des patientes, la tumeur รฉtait classรฉe T4 dโ€™emblรฉe sur le plan clinique, et plus de 63 % des patientes prรฉsentaient des mรฉtastases ร  lโ€™examen tomodensitomรฉtrique (Tableaux III, IV et VIII).
Selon Gueye et al. (14), 75 % des patientes au Sรฉnรฉgal arrivent tard en consultation (ร  un stade avancรฉ), et plus de 35 % sont classรฉes T4 dโ€™emblรฉe. Cette mรชme situation a รฉtรฉ remarquรฉe au Maroc par Aloulou et al. (27) (27,69 % de patientes classรฉes T4 dโ€™emblรฉe) et dans dโ€™autres pays africains, notamment sub-sahariens (21, 22). Cette constatation est confirmรฉe par nos rรฉsultats. Les principales raisons avancรฉes concernant le diagnostic tardif รฉtaient dโ€™ordre financier, socio-culturel (traitement traditionnel), gรฉographique (รฉloignement des structure sanitaire), ou une prise en charge thรฉrapeutique insuffisante. De plus, bien que la mammographie soit relativement peu accessible, Gueye et al.(28) montraient en 2009 que lโ€™auto-examen des seins (AES), plus accessible, รฉtait encore mรฉconnu. Cette rรฉalitรฉ sโ€™ajoute aux principaux facteurs ร  lโ€™origines du retard de diagnostic.
De maniรจre gรฉnรฉrale, toutes les รฉtudes prรฉcitรฉes rejoignent la nรดtre sur le caractรจre pรฉjoratif des cancers mammaires en Afrique. Elles surviennent ร  un รขge plus jeune, sont de haut grade, รฉvoluent plus rapidement, et les mรฉtastases suivent frรฉquemment. Cette situation est particuliรจrement prรฉoccupante, compte tenu du faible taux dโ€™incidence rapportรฉ (26,8 ร  40 pour 100 000 femmes en Afrique sub-saharienne) qui masque probablement lโ€™ampleur rรฉelle du problรจme (16).

CLASSIFICATION UICC-TNM ET SIGNES SCANOGRAPHIQUES

Classification UICC-TNM

La classification TNM constitue, aujourdโ€™hui, la base de toutes les dรฉcisions thรฉrapeutiques en clinique oncologique. Son importance est telle quโ€™elle est constamment repensรฉe et amรฉliorรฉe depuis son apparition dans les annรฉes 40. Sa 8e et derniรจre รฉdition, publiรฉe en 2017, nous rappelle encore plus la pluridisciplinaritรฉ que nรฉcessite la prise en charge des tumeurs mammaires dans laquelle lโ€™imagerie occupe une place centrale (5, 29).
La comparaison entre les 7e et 8e รฉdition de lโ€™UICC-TNM ne rรฉvรจle aucun changement dans les dรฉfinitions des stades, mais il existe des diffรฉrences majeures entre les 8e รฉditions de lโ€™UICC-TNM et de lโ€™AJCC-TNM.
Ces deux sources principales (lโ€™AJCC et lโ€™UICC) utilisent globalement les mรชmes principes et dรฉfinitions basรฉs sur des donnรฉes anatomiques (4, 29). Par contre lโ€™AJCC-TNM intรจgre des donnรฉes sur le grade histologique, les rรฉcepteurs ER, PR, Ki67 et HER-2, ce qui peut รชtre en dรฉfaveur des rรฉgions du monde oรน ces marqueurs biologiques ne sont pas systรฉmatiquement disponibles (4).
Devant cette constatation et les donnรฉes ร  notre disposition, nous nous sommes basรฉs uniquement sur lโ€™UICC-TNM pour classer les patientes de notre sรฉrie.
Il existe plusieurs classifications TNM : une basรฉe sur les donnรฉes de lโ€™examen clinique et/ou radiologique (cTNM), une sur les rรฉsultats anatomo-pathologiques (pTNM) et une, moins connue, pour les cancers traitรฉs par un traitement systรฉmique premier (yTNM ou ypTNM en cas de chirurgie). Dans la classification, le cT (clinique) et le pT (pathologique) partagent les mรชmes dรฉfinitions, ce qui nโ€™est pas le cas pour le N (30, 31).
La classification TNM diffรฉrencie lโ€™atteinte ganglionnaire clinique (cN+) basรฉe en partie sur la classification de Berg, de lโ€™atteinte ganglionnaire histologique (pN+) dรฉfinie aprรจs la chirurgie. En se basant sur ces critรจres, toutes les patientes ont pu รชtre classรฉes (Tableaux XVI et XVII). Le principal item qui soulevait des interrogations รฉtait celui du N ganglionnaire. Aucune patiente nโ€™รฉtait classรฉe N1, la mobilitรฉ des ganglions axillaires รฉtant impossible ร  prรฉciser ร  la TDM. Dans la pTNM, lโ€™atteinte ganglionnaire exige une confirmation histologique. La cTNM semblait donc mieux adaptรฉe aux capacitรฉs de la TDM.

La taille tumorale (le T de la TNM)

Dans notre รฉtude, nous avons pu vรฉrifier le lien statistique entre lโ€™existence de mรฉtastase (M) et, dโ€™une part la taille tumorale, dโ€™autre part lโ€™extension locale, en croisant les items T et M de la classification TNM (P-value ร  0,013). Ce lien montre encore plus la pertinence de cette classification dans lโ€™รฉvaluation du pronostic des tumeurs mammaires.
Selon plusieurs auteurs, la taille tumorale est un facteur pronostique important et indรฉpendant dans les รฉtudes multivariรฉes. Il y a une relation significative bien รฉtablie entre la taille tumorale, lโ€™envahissement ganglionnaire et le pronostic (11, 30, 32).
Selon De Bazelaire et al. (3), le risque de mรฉtastase (M) nโ€™est pas significatif pour les petites tumeurs infรฉrieures ร  5 cm (moins de 4 %). En revanche, le risque mรฉtastatique est rรฉel (plus de 10 %) lorsque les tumeurs dรฉpassent 5 cm ou classรฉe T3.
La taille tumorale impacte aussi significativement les limites dโ€™exรฉrรจse dont lโ€™atteinte augmente le risque de rรฉcidive locale ร  10 ans (28 % environ si lโ€™exรฉrรจse est incomplรจte, contre 8 % lorsquโ€™elle est macroscopiquement large) (33). Dans notre contexte oรน lโ€™examen extemporanรฉ nโ€™est pas disponible, cette rรฉalitรฉ motive des techniques de repรฉrage chirurgical telles que le repรฉrage au bleu de mรฉthylรจne (Ka et al. 2018) pour les tumeurs de grande taille (T3), qui donne des rรฉsultats satisfaisants (34).
Les cancers du sein ont une traduction radiologique variable et peuvent รชtre dรฉtectรฉs par une ou plusieurs techniques dโ€™imagerie (mammographie, รฉchographie, IRM).
Dans notre sรฉrie, la taille minimale dรฉtectรฉe par la TDM รฉtait de 8,3 mm. Chez les patientes non traitรฉes (69 patientes), seules 4,35 % des tumeurs รฉtaient classรฉes T1 (moins de 2 cm) et 15,94 % des tumeurs nโ€™รฉtaient pas mesurables. Ces donnรฉes confirment globalement les performances de la TDM dans ce domaine.
La TDM multi-dรฉtecteur peut รชtre utilisรฉe pour รฉvaluer la taille tumorale pour les grosses tumeurs, mais en terme de prรฉcision, elle est surpassรฉe par lโ€™IRM (35, 36). Cheung et al. (36) avaient montrรฉ en 2005 une corrรฉlation entre la taille de la tumeur sur la TDM et sa taille macroscopique, ce qui accordait une fiabilitรฉ acceptable de la TDM dans ce domaine.
Pour certains auteurs, la TDM a plutรดt lโ€™avantage de la simplicitรฉ, la rapiditรฉ et lโ€™accessibilitรฉ. Sa fiabilitรฉ dans lโ€™รฉvaluation de la rรฉponse thรฉrapeutique est aussi globalement satisfaisante avec les mรชmes limitations que les autres mรฉthodes dโ€™imagerie (37-39).
Dans le contexte dโ€™un bilan dโ€™extension, le but serait plutรดt de mesurer le risque de mรฉtastases en fonction de la taille, et non de faire un dรฉpistage. Cette derniรจre est rรฉservรฉe ร  la mammographie (associรฉe ร  lโ€™รฉchographie mammaire) qui en est la mรฉthode de rรฉfรฉrence (30, 35).

Le statut ganglionnaire (N)

Dans notre รฉtude, La frรฉquence des mรฉtastases augmentait en fonction de la progression du statut ganglionnaire N. Elle รฉtait de 45,5 % chez les patientes sans atteinte ganglionnaire (N0), de 66,7 % chez les classรฉ N2, et ร  80,0 % chez les N3.
Cette diffรฉrence nโ€™รฉtait pas statistiquement vรฉrifiable (la P-value รฉtait ร  0,099), probablement ร  cause du faible nombre de cas รฉtudiรฉs.
Le statut ganglionnaire est lโ€™un des facteurs pronostiques les plus importants dans la prise en charge des cancers mammaires. Le degrรฉ dโ€™envahissement axillaire est fortement associรฉ ร  la taille tumorale, aux risques de rรฉcidives et de mรฉtastases ร  distance. Lโ€™exploration prรฉ-thรฉrapeutique des aires ganglionnaires est donc indispensable avant la chirurgie (9, 11).
Selon De Bazelaire et al. (3), la prรฉvalence des mรฉtastases est faible (moins de 1,5 %) lorsque les ganglions sont normaux ou lorsquโ€™ils sont palpables et mobiles (moins de 2,5 %). En revanche, le risque de mรฉtastases devient significatif en cas dโ€™adรฉnopathies fixรฉes (11 %) ou rรฉgionale (14,50 %).
Dans notre sรฉrie, la majoritรฉ (77,88 %) des atteintes ganglionnaires รฉtait axillaires (รฉtage I et II de Berg), ce qui est en accord avec les donnรฉes de la littรฉrature (11).
En effet, sur le plan anatomique, le drainage lymphatique mammaire se fait ร  75 % dans la rรฉgion axillaire, et 25 % dans la chaine mammaire interne. Les collecteurs axillaires et sous-claviculaires sont divisรฉs en trois รฉtages, dit ยซ รฉtages de Berg ยป. Les ganglions axillaires, principalement ceux de lโ€™รฉtage I de Berg, sont les premiers sites atteints (donc les premiers ร  explorer), suivis des รฉtages II et III, puis de la rรฉgion sus-claviculaire (11, 12).
Chez les patientes avec un diagnostic rรฉcent de cancer du sein peu รฉvoluรฉ, la rรฉalisation dโ€™une TDM-TAP dans le cadre du bilan dโ€™extension est quasiment systรฉmatique. Cependant, peu dโ€™รฉtudes ont รฉvaluรฉ la TDM-TAP pour la dรฉtection de mรฉtastases ganglionnaires, notamment axillaires (9).
En 2014, Urata et al. (40) mettaient en รฉvidence la fiabilitรฉ du scanner (plus prรฉcisรฉment de la mesure de la densitรฉ maximale) pour le diagnostic des mรฉtastases ganglionnaires axillaires. En 2017, Bekhouche et al. (9). rapportaient une sensibilitรฉ de 79,6 % et une spรฉcificitรฉ de 80,5 % pour une densitรฉ seuil รฉgale ร  54 unitรฉs Houndsfield aprรจs injection de PDC. La TDM est donc de maniรจre globale assez fiable pour lโ€™exploration ganglionnaire, mais la rรฉfรฉrence dans ce domaine reste lโ€™รฉchographie axillaire.
Lโ€™รฉchographie axillaire a une sensibilitรฉ de 92 % et une spรฉcificitรฉ de 100 % si elle est associรฉe ร  la cytoponction ganglionnaire (41). De plus, cette derniรจre permet de poser lโ€™indication de la technique du ganglion sentinelle (dรฉcrite par Krag et al. (42) en 1993) considรฉrรฉe comme la rรฉfรฉrence en chirurgie des carcinomes mammaires classรฉs T0, T1 ou T2, N0 (9, 11, 42, 43).
Dans des pays comme le nรดtre, oรน le contexte รฉconomique et รฉpidรฉmiologique dรฉcrit plus haut ne permet pas souvent la recherche du ganglion sentinelle, le curage axillaire est systรฉmatiquement pratiquรฉ. Cette technique a montrรฉ ses limites. En effet, le curage axillaire est responsable de complications frรฉquentes telles que le lymphล“dรจme secondaire du membre supรฉrieur (15 ร  20 % aprรจs curage axillaire contre 6 ร  8 % aprรจs ganglion sentinelle) (44). Elle est donc constamment remise en question et progressivement remplacรฉe par la technique du ganglion sentinelle. De ce fait, pour les tumeurs mammaires cN0 M0, lโ€™รฉchographie axillaire doit รชtre indiquรฉe en premiรจre intention (9, 45).
Concernant lโ€™IRM, Ceugnart et al. (48) affirmaient en 2019 quโ€™elle prรฉsentait les meilleures performances en termes de dรฉtection, notamment dans les images non calcifiรฉes, comparรฉe au triplet examen clinique-mammographie-รฉchographie axillaire. Sa sensibilitรฉ est estimรฉe ร  plus de 95 % pour les lรฉsions invasives. Cependant sa spรฉcificitรฉ est moyenne, pourvoyeuse d’un grand nombre de faux positifs responsables de biopsies multiples sous guidage IRM et dโ€™interventions chirurgicales importantes sur des lรฉsions ร  posteriori bรฉnignes.
Lโ€™IRM serait plutรดt indiquรฉe dans le bilan prรฉopรฉratoire d’un cancer du sein pour rechercher des lรฉsions multiples ou controlatรฉrales mais dans des situations prรฉcises : femmes jeunes, seins denses, histologie lobulaire, indication de radiothรฉrapie focalisรฉe (46-48).

Les mรฉtastases ร  distance (M)

Dans notre รฉtude, des extensions secondaires pulmonaires, hรฉpatiques et osseuses รฉtaient retrouvรฉes chez 90,27 % des patientes M1. Nous avons trouvรฉ des extensions cรฉrรฉbrales chez la seule patiente qui avait bรฉnรฉficiรฉ dโ€™une TDM cรฉrรฉbrales. Nos donnรฉes sont donc en accord avec celles de la littรฉrature.
Dans une revue de la littรฉrature en 2017, De Bazelaire et al. (9) indiquaient une prรฉdominance des localisations secondaires osseuses, suivies des atteintes pulmonaires puis hรฉpatiques (3, 49). De plus, les mรฉtastases osseuses, hรฉpatiques, pulmonaires et cรฉrรฉbrales constituent plus de 95 % des mรฉtastases de cancer du sein (50). Nรฉanmoins, dโ€™autres organes peuvent รชtre touchรฉs.
Notre sรฉrie est en accord avec ces donnรฉes sur les principaux sites de mรฉtastases mais pas dans lโ€™ordre rapportรฉ. Le premier principal site de localisation secondaire รฉtait pleuro-pulmonaire (82 ,72 %), suivi des localisations hรฉpatiques (27,78 %) et osseuses (27,78 %).
Cette discordance pourrait sโ€™expliquer par lโ€™utilisation de la TEP-TDM et/ou de la scintigraphie osseuse en complรฉment du scanner. En effet, selon De Bazelaire et al. (3), les performances de ces modalitรฉs pour dรฉtecter des mรฉtastases sont similaires, avec des sensibilitรฉs proches pour les imageries en coupe. Mais la spรฉcificitรฉ (93 % pour la scintigraphie osseuse et le scanner thoraco-abdomino-pelvien et 98 % pour la TEP-TDM) et le taux de dรฉtection de mรฉtastases (10 % avec la TDM et 32 % en TEP-TDM) peuvent varier significativement.
Le diagnostic de mรฉtastases pour la prise en charge dโ€™un cancer du sein infiltrant a un impact majeur sur son traitement et son pronostic. En cas de mรฉtastases, le traitement nโ€™est plus curatif (la survie mรฉdiane chute ร  environ 36 mois et la survie ร  5 ans est estimรฉe ร  environ 10 %) et lโ€™exรฉrรจse de la tumeur nโ€™est plus systรฉmatique (3, 24).
Nรฉanmoins, mรชme si la question du dรฉpistage attire beaucoup plus lโ€™attention des auteurs, la recherche se poursuit dans le cadre de la prise en charge des patientes ร  un stade avancรฉ. Dans ce sillage, Jacot et al. (24) prรฉconisaient en 2010 une nouvelle analyse phรฉnotypique des lรฉsions mรฉtastatiques afin dโ€™individualiser la prise en charge.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
I. PATIENTES, MATERIEL ET METHODES
1. TYPE ET PERIODE Dโ€™ETUDE
2. CADRE Dโ€™ETUDE
3. POPULATION Dโ€™ETUDE
3.1. CRITERES DE SELECTION
3.1.1. CRITERES Dโ€™INCLUSION
3.1.2. CRITERES DE NON INCLUSION
3.2. RECUEIL DES DONNEES CLINIQUES, MAMMOGRAPHIQUES ET HISTOLOGIQUES
3.3. DESCRIPTION DE LA POPULATION
3.3.1. AGE
3.3.2. ANTECEDENTS
3.3.2.1. ANTECEDENTS GYNECO-OBSTETRICAUX
3.3.2.2. ANTECEDENTS FAMILIAUX
3.3.3. TRAITEMENT REร‡U
3.3.4. DONNEES CLINIQUES
3.3.5. RESULTATS DE Lโ€™EXAMEN MAMMOGRAPHIQUE
3.3.6. EXAMEN HISTOLOGIQUE
3.3.7. INDICATION TDM
3.3.8. TYPE DE TDM
4. MATERIEL ET METHODES DE TOMODENSITOMETRIE
4.1. MATร‰RIEL
4.2. REALISATION DE Lโ€™EXAMEN
4.2.1. PREPARATION DE LA PATIENTE
4.2.2. PROTOCOLE DU SCANNER
4.2.3. ANALYSE ET INTERPRETATION DES IMAGES
4.2.4. PARAMETRES ETUDIES
4.2.4.1. CARACTERISTIQUES DE LA TUMEUR
4.2.4.2. EXTENSION LOCALE (T4)
4.2.4.3. EXTENSION GANGLIONNAIRE (N)
4.2.4.4. EXTENSION A DISTANCE (M)
4.2.5. CLASSIFICATIONS TNM CLINIQUE ET UICC (3, 12)
5. ANALYSE STATISTIQUE DES Rร‰SULTATS
II. RESULTATS
1. Rร‰SULTATS GLOBAUX DU BILAN Dโ€™EXTENSION
2. CARACTร‰RISTIQUES DE LA TUMEUR
2.1. TAILLE TUMORALE
2.2. DENSITE TUMORALE
3. EXTENSION LOCALE (T4)
4. EXTENSION GANGLIONNAIRE (N)
5. EXTENSION A DISTANCE (M)
6. CLASSIFICATIONS TNM ET UICC
7. CORRELATIONS DU RISQUE DE METASTASE (M) AVEC LES DEUX AUTRES ITEMS DE LA CLASSIFICATION TNM : T ET N
III. DISCUSSION
1. LIMITES DE Lโ€™ETUDE
2. PROFIL EPIDEMIOLOGIQUE
2.1. Lโ€™AGE
2.2. LE RETARD DU DIAGNOSTIC ET DE LA PRISE EN CHARGE
3. CLASSIFICATION UICC-TNM ET SIGNES SCANOGRAPHIQUES
3.1. CLASSIFICATION UICC-TNM
3.2. LA TAILLE TUMORALE (LE T DE LA TNM)
3.3. LE STATUT GANGLIONNAIRE (N)
3.4. LES METASTASES A DISTANCE (M)
3.4.1. METASTASES PULMONAIRES
3.4.2. METASTASES HEPATIQUES
3.4.3. METASTASES OSSEUSES
3.4.4. AUTRES SITES DE METASTASES
4. IMPACT DE LA TDM SUR LA CLASSIFICATION UICC-TNM
CONCLUSION
REFERENCES

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