La reproduction, thème qui concerne chaque époque, chaque génération, et les méthodes de contrôle de la reproduction, n’ont jamais cessé d’évoluer au cours du temps. De l’abstinence à la contraception d’urgence, différentes méthodes se sont développées au cours du temps avec le préservatif qui est plus connu, et dont l’utilisation a été fortement encouragée dans les années 80 en prévention de l’infection par le VIH. En 1994 au Caire, 179 pays se sont engagés lors de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD), à mettre en place un programme d’action reconnaissant que le droit à la santé sexuelle et reproductive, l’autonomisation des femmes, et l’égalité entre les sexes, sont essentiels pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement [92].
Selon le programme d’action du Caire, la démographie et le développement socio-économique doivent désormais être envisagés en relation avec le statut des femmes; c’est l’accès généralisé à l’information , en matière de santé sexuelle et reproductive,et à des services de planification familiale de bonne qualité qui permettront aux femmes d’avoir le nombre d’enfants qu’elles désirent. La fécondité, comme composante majeure de cette évolution, est au centre de toutes les préoccupations [92]. Au Burkina Faso, malgré les actions entreprises, le niveau de la fécondité demeure l’un des plus élevé au monde. En réaction à cette situation, le Gouvernement a opté pour une approche plus élaborée et plus complète par la prise en compte de la dimension population dans tous les plans et programmes de développement. Cette démarche a été consacrée par la Politique nationale de population (PNP) adoptée en juin 1991 et révisée en décembre 2000. Cependant de nombreuses femmes et couples n’ont pas les connaissances, les moyens ou le soutien dont ils ont besoin pour protéger leur santé reproductive et avoir le nombre d’enfants qu’ils désirent [41]. Dans ce pays où la santé de la reproduction est l’une des préoccupations majeure du plan d’action du ministère de la santé, le taux de prévalence contraceptive reste bas (de 15% selon l’enquête démographique de santé et à indicateurs multiples de l’INSD 2010).Pour la ville de Ouagadougou, toujours pour la même enquête, 62.4% des femmes entre 15 et 49 ans n’utilisent pas de contraception et 21% n’ont aucune idée de l’existence de période particulière de fertilité [41]. En effet, chaque année, près d’un tiers des grossesses au Burkina ne sont pas planifiées [43].
DEFINITIONS
LA PLANIFICATION FAMILIALE
Les programmes de planification familiale organisée ont commencé dans les années 1960 dans le monde. En Afrique subsaharienne dans son ensemble, 23 pour cent des femmes utilisent un moyen quelconque de contraception alors que 18 pour cent utilisent une méthode moderne [65]. Selon l’OMS, la planification familiale est définit comme étant une manière de vivre que des individus et des couples adoptent de leur propre volonté, en se basant sur des connaissances précises, des attitudes, et des décisions réfléchies, afin d’améliorer l’état de santé et le bien-être du groupe familiale et, par conséquent, de contribuer efficacement au développement social du pays [62]. Pour le Ministère de Santé du Burkina Faso, le Planning Familial est l’ensemble des mesures techniques, psychosociales et éducatives, offertes aux individus et aux couples en vue de leur permettre d’avoir des enfants quand ils veulent ; d’éviter les grossesses non désirées et d’espacer les naissances de leurs enfants. En ce qui concerne les jeunes filles le planning familial permet de [55] :
– Avoir des informations sur la sexualité
– Éviter les grossesses précoces
– Éviter les grossesses non désirées
– Éviter les avortements clandestins
– Éviter et soigner les IST, dont le SIDA
– Éviter les échecs scolaires
– Prévenir la stérilité
– Mener sa sexualité en toute responsabilité.
L’introduction de la CU dans les programmes de planification familiale, et sa dispensation par les dispensaires ou d’autres canaux parallèlement à des activités appropriées d’information/ éducation/ communication (IEC) et de sensibilisation, sont recommandés par un certain nombres d’organisations internationales dont l’OMS, pour prévenir les grossesses non désirées et leurs conséquences sur les femmes et les couples [62]. Au Burkina Faso comme au Sénégal ; la contraception d’urgence est intégrée dans les plans nationaux de planification familiale.
LA CONTRACEPTION
La contraception est l’ensemble des procédés par lesquels un rapport sexuel est rendu non fécondant, et ceci de façon temporaire et réversible [71]. Selon l’OMS la contraception est l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédure, pour diminuer la probabilité de conception ou pour l’éviter [63]. Le fondement même de la contraception de qualité est qu’elle doit utiliser des méthodes sûres, efficaces, abordables et acceptables ; hommes et femmes ont le droit d’être informés sur toutes les méthodes disponibles et d’utiliser celle de leur choix. Ils ont également le droit d’utiliser toute méthode de régulation des naissances qui n’est pas contraire à la loi.
LA CONTRACEPTION D’URGENCE
la contraception d’urgence (CU) désigne une contraception de « secours », elle est constituée de l’ensemble des méthodes contraceptives spécifiques, qui peuvent être utilisées dans l’urgence pour prévenir la survenue d’une grossesse après un rapport sexuel non protégé, un échec ou un usage défectueux d’une méthode contraceptive (comme l’oubli de la pilule ou la déchirure du préservatif), le viol ou des rapports sous la contrainte[26]. Considérée comme une méthode de contraception d’appoint, la contraception d’urgence n’est pas faite pour servir de méthode régulière de contraception. Elle n’est efficace que dans les tout premiers jours après le rapport, avant l’ovulation et avant la fertilisation de l’ovule par le sperme. Elle ne peut interrompre une grossesse déjà installée, ni nuire à un embryon en train de se développer [60]. Encore appelé contraception post coïtale (CPC) ou pilule du lendemain, cette méthode est très ancienne, mais le début de la contraception post coïtale moderne est relativement récent. Il date de 1963 avec la publication de Morris et Van Wagenen relative au diéthylstilbestrol à fortes doses, utilisé avec succès chez des femmes victimes de viol. De nos jours, la contraception d’urgence pourrait faire appel soit à des méthodes hormonales : progestatifs, estroprogestatifs, modulateurs du récepteur de la progestérone ; soit aux dispositifs intra-utérins [69]. Selon l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), la contraception d’urgence est une méthode de prévention secondaire, intervenant lorsque la prévention primaire (la contraception régulière) est mise en échec. La CU peut être utilisée à n’importe quel moment du cycle, après tout rapport sexuel mal ou non protégé, pour éviter une grossesse non désirée [50]. Deux méthodes sont actuellement utilisées pour la CU au BURKINA FASO:
– la méthode mécanique par le dispositif intra-utérin (DIU) : Elle est la plus efficace, mais elle est peu utilisé car nécessitant une intervention médicale systématique. Elle peut être efficace jusqu’à sept jours (7 jours) après des rapports sexuels non protégées mais il est moins facile à obtenir pour les adolescentes.
– les méthodes hormonales ou contraception hormonale d’urgence (CHU), méthode la plus répandue, est beaucoup plus utilisée.
Histoire
Depuis des siècles, les femmes utilisent toutes sortes de dispositifs et de préparations pour prévenir la grossesse après des rapports sexuels non protégés. Les premiers essais cliniques de contraceptifs hormonaux d’urgence ont été faits sur l’être humain dans les années 60, avec des œstrogènes fortement dosés [84]. L’utilisation de doses accrues de contraceptifs oraux combinés (COC), contenant de l’éthinylestradiol et du lévonorgestrel date des années 70. Les premiers essais d’un contraceptif d’urgence utilisant du lévonorgestrel, ont eu lieu vers la même période et la pose d’un DIU après un rapport sexuel pour la contraception d’urgence a été signalée pour la première fois en 1976 [47].
En avril 1995, des experts du monde entier se sont réunis à Bellagio, en Italie et ont publié une déclaration consensuelle sur la CU, invitant les dispensateurs à se familiariser avec les méthodes et à les mettre à la disposition de toutes les femmes qui pourraient en avoir besoin. Plus tard dans la même année, sept organisations s’occupant de santé reproductive des femmes, ont constitué ensemble le Consortium pour la CU pour promouvoir l’accès à la méthode dans le monde entier. Le Consortium a élaboré un module contenant des informations sur les PCU et leur mode d’emploi, ainsi que des matériels destinés à aider les administrateurs de programme désireux d’introduire la CU dans la gamme des services offerts à leurs patientes [79].
En décembre 1995, les PCU (méthode de Yuzpe) ont été ajoutées à la liste modèle des médicaments essentiels de l’OMS, les rendant ainsi plus aisément accessibles dans les pays [62].
En 1998, la contraception d’urgence voit le jour en France, avec la méthode de YUZPE, qui décrit l’utilisation de comprimés œstroprogestatifs. Elle consiste en l’administration de 100μg d’éthinylestradiol et de 500μg de lévonorgestrel (dose contenue dans deux comprimés de Tétragynon®), à renouveler 12h après la première prise. Tétragynon® peut être utilisé dans les 72h suivant le rapport sexuel non protégé. Cette méthode a été reléguée en deuxième intention par la HAS (Haute Autorité de Santé) en 2004. Ils possédaient des contre-indications liées à la présence de fortes doses d’éthinylestradiol [71]. En mai 1999, en France, a été commercialisé un progestatif seul, le lévonorgestrel dans la spécialité Norlevo®. Cette spécialité contenait deux comprimés de 0,75mg : le premier comprimé devait être pris dès que possible dans les 72h suivant le rapport sexuel non protégé et le deuxième comprimé devait être pris 12 à 24h après le premier[69].Ces deux comprimés sont désormais remplacés par un seul comprimé de 1,5mg à administrer en une seule prise. Le Norlevo® présente une meilleure efficacité que le Tétragynon® : le taux de grossesse étant de 3,2% avec Tétragynon® contre 1,18% avec Norlevo®. De plus, le Norlevo® possède moins d’effets indésirables. De ce fait, la spécialité Tétragynon® quatre comprimés a été retirée du marché en 2008.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
Chapitre 1 : Généralités
I.DEFINITIONS
A.LA PLANIFICATION FAMILIALE
B.LA CONTRACEPTION
C.LA CONTRACEPTION D’URGENCE
II.LA CONTRACEPTION D’URGENCE MECANIQUE
A. Mécanisme d’action
B. Effets indésirables
C. Contre-indications
D. Précautions d’emploi
III.LES PILULES CONTRACEPTIVES D’URGENCE (PCU)
A.LES PILULES ORALES COMBINEES A FORTES DOSES OU » méthode de YUZPE »
B.LES METHODES PROGESTATIVES
IV.UTILISATION REPETEE DE LA PILULE CONTRACEPTIVE D’URGENCE
V.LES DIFFERENTS ACTEURS ET LEURS ROLES
A.L’OMS
B.LE MINISTERE DE LA SANTE
C.LES ONG ET LES ASSOCIATIONS
D.LES PHARMACIENS
Chapitre 2 : OBJECTIFS
I. Objectif principal
II. Objectifs spécifiques
DEUXIEME PARTIE
Chapitre 1 : METHODOLOGIE
I. Type d’étude
II. Population d’étude
A. Critères d’inclusion
B. Taille de l’échantillon
C. Type d’échantillonnage
III. Méthode
IV. Considérations éthiques
I. Méthode de traitement et d’analyse des données
Chapitre 2 : RESULTATS
I.RESULTATS DES QUESTIONNAIRES A L’ENDROIT DES PHARMACIENS D’OFFICINES
II.RESULTATS DES QUESTIONNAIRES A L’ENDROIT DES PATIENTS
A. Population d’étude
B. Utilisatrices des pilules contraceptives d’urgence
Chapitre 3 : DISCUSSION
I.LIMITES ET CONTRAINTES DE L’ETUDE
II.PHAMACIENS
III. PATIENTS
A. CARACTERISTIQUES SOCIO DEMOGRAPHIQUES
B.SITUATION MATRIMONIALE-NIVEAU D’INSTRUCTIONPROFESSION
C. EXPERIENCE SEXUELLE, REPRODUCTIVE ET CONTRACEPTIVES
D. CONNAISSANCES, ATTITUDES ET PRATIQUES EN MATIERE DE PCU
E.AUTRES
CONCLUSION
SUGGESTIONS
REFERENCES
ANNEXES