Recommandations de la haute autorité de santé (HAS) et de la société française d’hypertension artérielle (SFHTA)
La SFHTA a souhaité rédiger en 2011 une recommandation qui propose une synthèse des données en dix points, (5) à partir d’une analyse exhaustive des données de la littérature médicale et de leurs niveaux de preuve, sans détailler l’ensemble des informations disponibles sur ce sujet. Son objectif est d’aider le praticien à porter le diagnostic d’HTA et à assurer le suivi des patients hypertendus.
1.
a) La SFHTA propose de privilégier la mesure électronique de la PA dans le cadre du diagnostic et du suivi des hyper tendus au cabinet médical et en ambulatoire.
b) L’usage des appareils de bras validés, avec brassard adapté est préférable à celui des appareils de poignet.
c) En cas de rythme cardiaque irrégulier, les valeurs obtenues par mesure automatisée peuvent être sujettes à caution ; il est recommandé de répéter les mesures.
2.
a) Avant toute mesure de la PA, il est nécessaire d’observer un repos de plusieurs minutes.
b) En consultation, dans le cadre du diagnostic et du suivi d’un sujet hypertendu, la mesure de la PA peut être réalisée en position assise ou couchée. La mesure en position debout dépiste l’hypotension orthostatique et doit être pratiquée lors du diagnostic de l’HTA, lors des modifications thérapeutiques ou lorsque la clinique est évocatrice.
3.
a) En automesure tensionnelle (AMT), les mesures sont recommandées en position assise avec trois mesures le matin au petit-déjeuner, trois mesures le soir avant le coucher, trois jours de suite (règle des 3), les mesures étant espacées de quelques minutes.
b) Un professionnel de santé doit au préalable faire au patient une démonstration d’AMT.
4.
a) La normalité tensionnelle en AMT ou en mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) est différente de la mesure au cabinet médical.
b) Chez l’adulte, les valeurs normales au cabinet médical sont :
a. PAS < 140 mmHg
b. PAD < 90 mmHg.
c) Les valeurs normales en automesure ou pendant la période diurne de la MAPA sont :
a. PAS < 135 mmHg • PAD < 85 mmHg
d) La MAPA est la seule méthode qui permette d’obtenir des mesures pendant l’activité et le sommeil : les valeurs normales de sommeil chez l’adulte sont :
a. PAS <120 mmHg • PAD <70 mmHg .
5. Il est recommandé de mesurer la pression artérielle (PA) en dehors du cabinet médical pour confirmer l’HTA, avant le début du traitement antihypertenseur médicamenteux, sauf HTA sévère.
6. Dans le cadre du suivi de l’hypertendu, il est recommandé de mesurer la PA en dehors du cabinet médical, en particulier lorsque la PA n’est pas contrôlée en consultation.
7. La MAPA est utile dans les situations suivantes :
• pour poser le diagnostic d’une HTA en l’absence d’AMT ;
• en cas de discordance entre la PA au cabinet médical et en AMT ;
• devant la constatation d’une PA normale et d’une atteinte des organes cibles ;
• en cas de suspicion d’hypotension artérielle.
8.
a) La reproductibilité de la mesure de la PA est meilleure en AMT et en MAPA qu’au cabinet médical.
b) L’AMT et la MAPA sont toutes deux plus fortement corrélées à l’atteinte des organes cibles (cœur, artères, reins) et au risque de complications cardiovasculaires, que la PA au cabinet médical.
9.
a) L’AMT et la MAPA permettent de diagnostiquer l’HTA blouse blanche (PA élevée au cabinet médical et normale en dehors).
b) En cas d’HTA blouse blanche, un suivi au long cours sera réalisé pour dépister l’évolution vers l’HTA permanente.
c) L’HTA masquée est définie par une PA au cabinet médical normale associée à une PA élevée en dehors (AMT ou MAPA). En cas d’HTA masquée chez l’hypertendu traité, une intensification du traitement antihypertenseur est actuellement proposée.
10. L’AMT et la MAPA apportent au médecin des informations qui doivent être prises en compte pour l’adaptation de la prise en charge thérapeutique : celle-ci doit être proposée par le médecin, sur la base des chiffres de PA mesurés en dehors du cabinet médical.
Intérêt du traitement antihypertenseur
L’objectif principal de la prise en charge(PEC) (6) d’un patient hypertendu est de réduire sa morbi-mortalité cardiovasculaire à long terme. L’évaluation et la correction des autres facteurs de risque cardiovasculaires associés à l’HTA sont également indispensables (âge, tabac, surpoids, hyperlipidémie, diabète, sédentarité, hérédité cardiovasculaire). La normalisation prolongée de la PA réduit de façon très significative l’incidence des accidents vasculaires cérébraux (AVC), de l’insuffisance cardiaque, de l’insuffisance rénale et à moindre degré des accidents ischémiques coronaires. La normalisation de la pression artérielle sous traitement nécessite :
– Un bon respect des règles d’hygiène de vie alimentaire et physique ;
– La correction des facteurs de risque cardiovasculaires associés à l’HTA ;
– Le plus souvent un traitement au long cours ;
– Une bonne tolérance du traitement ;
– Une bonne observance du traitement ;
– Une surveillance médicale régulière.
Les dernières recommandations françaises recommandent une consultation dédiée à l’annonce du diagnostic d’HTA.
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Table des matières
I. Introduction
II. La pharmacie clinique
1. Modèle de pharmacie clinique
2. L’entretien pharmaceutique
III. L’HTA
1. Définition + diagnostic
2. Épidémiologie
a. Recommandations de la haute autorité de santé (HAS) et de la société française d’hypertension artérielle (SFHTA)
b. Intérêt du traitement antihypertenseur
c. Règles hygiéno-diététiques (RHD)
3. Stratégies thérapeutiques
a. Pharmacologie du système cardiovasculaire
b. Mémo pour la dispensation des RHD
IV. Pratique des BPM à l’officine
1. Matériel et méthodes
a. L’officine
b. Ciblage des patients
c. Recrutement
d. Le guide d’entretien (SFPC)
2. Résultats
V. Outils de SP pour les patients atteints d’HTA
VI. Conclusion