Recherches sur le peintre Pierre René Rodes (1896-1971)

Pierre René Rodes est né à Agen le 7 juin 1896 d’un père charpentier, François Rodes, et d’une mère femme au foyer, Antoinette Balan. Il grandit dans la maison familiale, héritée du côté maternel, de Saint-Antoine-de-Ficalba dans le Lot-et-Garonne [annexe 1]. Dans la généalogie qu’il a lui-même rédigée [annexe 2], il raconta que sa famille, les Rhodes , n’apparait dans ses recherches qu’à partir du XIXe siècle à Saint-Georges, près de Caussade, dans le Tarn-et-Garonne.

Cette histoire familiale met également en avant les origines de Pierre René Rodes. En effet, alors que ses ascendants maternels étaient bien implantés en Aquitaine, et plus particulièrement dans le Lot-et-Garonne, sa famille paternelle, elle, était issue de la région Midi-Pyrénées. Cependant, force est de constater qu’une grande homogénéité régnait au sein des corps de métier pratiqués par les aïeux de Pierre René Rodes puisque tous exerçaient des emplois manuels tels que sculpteur, agriculteur, forgeron, cordonnier ou encore charpentier. Pierre René Rodes est donc issu d’un milieu modeste, et évoque notamment les conditions de vie difficiles dans lesquelles ses grands-parents évoluaient, ce qui lui a permis d’acquérir une humilité certaine, de comprendre la valeur de la vie et surtout le coût de celle-ci.

Durant son enfance, Pierre René Rodes était ce que l’on peut qualifier d’enfant modèle. Bien qu’ayant obtenu un premier prix de catéchisme, sa ferveur religieuse ne durera pas puisqu’il décida, aux environs de ses 17 ans , d’abandonner le prénom Pierre au profit de son second prénom René. Se séparer du prénom Pierre, l’un des fondateurs de l’Eglise catholique, était une manière symbolique de revendiquer sa laïcité aux yeux de tous, mais surtout aux yeux de sa famille qui assistait  « scrupuleusement aux offices du dimanche et ne mangeait pas de viande le vendredi.» .

Elève brillant, il obtint, en 1914, son baccalauréat en langues, sciences humaines et philosophie, à Toulouse [annexe 3]. En obtenant, la même année, son premier poste d’instituteur en tant qu’intérimaire de guerre à l’école de Saint-Antoine, René Rodes devint l’homme digne et respecté que son père voulait qu’il fût. C’est durant cette année d’enseignement qu’il rencontra Marguerite Guyot , elle-même institutrice dans cet établissement et qu’il épousa le 25 juin 1917. De cette union naquirent quatre enfants : Suzanne, le 16 janvier 1921 à Villeneuve-sur-Lot ainsi que Jean, le 2 octobre 1923, Luce, le 6 mai 1928 à Périgueux à l’instar de Denise, le 17 septembre 1932.

En 1920, il déménagea avec sa femme en Dordogne afin d’accéder à un poste de professeur de Lettres à l’école primaire supérieure de Périgueux. Parallèlement, René Rodes y avait de multiples activités. Il faisait parti du syndicat CGT réformiste, ce qui lui permettait d’aller visiter la capitale tous les ans à Pâques pour assister au congrès syndical. Il était également secrétaire du Comité d’action laïque, et s’occupait de la bibliothèque laïque le dimanche matin, ce qui vient confirmer sa volonté de se détacher de la religion. Il ne s’agissait pas, cependant, d’un homme sectaire puisqu’à la demande de la mère de sa femme, Marie Guyot, il l’emmena à Lourdes avec son fils Jean. Cependant, il avait une opinion bien tranchée au sujet du sectarisme des catholiques, et le fit savoir dans un article, intitulé Sectaires, qu’il rédigea pour Le populaire du Périgord en février 1931 :

« On voudrait considérer l’anticléricalisme comme périmé, on voudrait n’avoir que de bons rapports avec les catholiques ; malheureusement ils se chargent de nous rappeler, de temps à autre, qu’ils ont une manière de comprendre la liberté d’opinion et le respect des croyances qui ne facilite guère l’apaisement. » .

Sur le plan politique, il s’était fortement engagé dans le socialisme. Ainsi, en octobre 1930, son nom apparaissait sur la liste de candidature aux municipales de Périgueux, sur laquelle il figurait en vingt-septième position aux côtés de son ami André Saigne, peintre et bibliothécaire périgourdin. Cet engagement ne s’arrêtait pas là puisqu’il s’occupa par ailleurs de l’accueil des réfugiés républicains espagnols durant la montée du franquisme et aida à la création des auberges de jeunesse à Périgueux sous le Front Populaire. En septembre 1939, juste avant sa mutation à Bordeaux, il s’investit dans l’accueil des réfugiés alsaciens puisqu’à l’aube de la seconde Guerre mondiale, les habitants de l’Alsace, de la Moselle, de la Meuse et du sud-est ont dû évacuer leurs régions respectives considérées comme étant une «zone rouge » de la ligne Maginot.

Physiquement, René Rodes était ainsi décrit par sa fiche militaire : « 1,73m, visage ovale, yeux châtains, un large front, un nez grec rectiligne. »

Une habitante de Saint-Antoine-de-Ficalba , la belle-mère de Marceau Esquieu , qui l’avait bien connu, a dit de lui, à l’un de ses petits-fils, en 198 :

« Votre grand-père, c’était un bel homme, il était magnifique ! »

Son portrait, réalisé au milieu des années 1950 par le portraitiste bordelais Léon Devaux, permet de confirmer cette appréciation .

En ce qui concerne son caractère, René Rodes était, d’après les comptes rendus d’inspection, un homme extrêmement brillant dans son travail mais également un enseignant classique et exigeant. C’était un homme très calme : par exemple, lorsque les élèves venaient en classe avec des objets interdits, comme des petits jeux de cartes illustrées, il ne se mettait jamais en colère, mais jetait ces objets par la fenêtre. Très surpris de cette réaction, les élèves ne s’avisaient jamais de recommencer. C’était un homme au charisme imposant, doté d’une indéniable autorité naturelle qui lui avait d’ailleurs valu le surnom de « Le Monsieur ».

René Rodes était autant exigeant avec ses élèves, qu’avec ses enfants et ses petit-enfants. Compte-tenu des conditions de vie difficiles qu’il avait connues dans son enfance, il ne souhaitait alors que le meilleur pour ses descendants en leur offrant une éducation digne de ce nom, estimant qu’elle leur permettrait d’exercer des métiers confortables afin d’être à l’abri du besoin. Dans les années 1930, il se rendait à Bidarray, dans le Pays basque, avec ses deux petits-fils, Alain et Michel. Pendant les vacances scolaires, ils séjournaient une semaine entière à l’auberge Erramundegya, au cours de laquelle les enfants avaient l’obligation d’apprendre une des Fables de Jean de La Fontaine et de la lui réciter ensuite. Ce grand-père tendre et bienveillant, était par ailleurs un pédagogue très patient. D’autre part, lorsque ses petit-fils étaient à ses côtés, il veillait à ce que deux choses soit scrupuleusement respectées, à savoir ne pas gaspiller le pain et ne pas mentir ; il était intransigeant quant à ces deux règles. Il donnait à ses enfants une éducation très stricte tout en restant libéral à leur égard, en respectant leur vie privée. Lorsqu’il croisait l’un d’entre eux dans la rue en galante compagnie, René Rodes changeait de trottoir afin de ne pas le mettre dans l’embarras.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE
RENÉ RODES, UN ARTISTE CONTRARIÉ
I. UNE VOCATION PRÉCOCE
A. Le temps de l’adolescence
B. Sa formation artistique
C. Sa mobilisation et le bouleversement de ses projets artistiques
II. L’HOMME DE LETTRES
A. Enseignement à Périgueux
B. Sa mutation à Bordeaux
C. Vacances scolaires : découverte de nouveaux horizons
III. UNE CARRIÈRE DISCRÈTE
A. Le salon de la Société des Beaux-Arts de Dordogne
B. Le choix de l’Atelier bordelais
C. L’Union bayonnaise des Arts
D. Autres salons et expositions du Sud-Ouest
DEUXIÈME PARTIE
RENÉ RODES, UN ARTISTE TOURNÉ VERS L’AQUITAINE
I. UN ARTISTE COMPLET
A. Rodes dessinateur et graveur
B. Rodes peintre
C. Rodes encyclopédiste
II. INFLUENCES ET SIMILITUDES DANS L’ŒUVRE DE RODES
A. Les paysages naturels d’après Lucien de Maleville
B. Des emprunts à Georges Braque
C. Les marines et paysages urbains selon Albert Marquet
D. Quelques inspirations puisées chez les Nabis
E. Les leçons de Pierre-Albert Bégaud
III. LE STYLE RENÉ RODES
A. Première période (1929 – 1947) : une peinture spontanée
B. Deuxième période (1947 – 1963) : L’esthétique au détriment de la spontanéité
C. Thèmes et motifs récurrents dans la production de Rodes
CONCLUSION

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