Le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays tropicaux, a une vocation agro-sylvo-pastorale. En effet, plus de 70 % de la population vivent de l’agriculture. Elle est pratiquée aussi bien en saison chaude humide (juillet à octobre) qu’en contre saison (octobre à juin). La culture de contre saison est dominée par le maraichage où la tomate occupe une place de choix. La tomate constitue un élément important tant dans la consommation alimentaire quotidienne que dans l’économie du pays. En matière de production, elle occupe la deuxième place après l’oignon (Ould Cheikh Brahim, 2007). Le rendement moyen de la tomate tournerait au tour de 8 t / ha (Grubben & Denton, 2004). Cependant ce rendement à tendance à baisser de façon drastique à cause de plusieurs facteurs (non accès à des semences de qualité, mauvais contrôle des maladies et ravageurs, etc.). Toutefois les causes les plus importantes de cette baisse sont d’origine phytosanitaire. Parmi ces dernières, la plus redoutable pour la tomate reste la maladie de l’enroulement et du jaunissement des feuilles de tomate ou TYLC (tomato yellow leaf curl) (Thera, 2007). C’est une virose due à un geminivirus, le TYLCV (tomato yellow leaf curl virus). Le principal vecteur de cette virose est la mouche blanche appelée Bemisia tabaci Genn. Ce virus cause de graves dommages dans les principales régions productrices de légumes dans le monde, telles que le bassin méditerranéen, en Afrique tropicale, en Asie du Sud, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes (Alvarez Gil et al., 2012) . Le TYLC a été identifié au Sénégal depuis 1980 (Ba, 1990), et était localisée principalement dans les régions sud (Ziguinchor) et centre (Kaolack) à cause de la culture du coton. Depuis il s’est répandu dans tout le pays et en particulier dans les Niayes. En fonction de la précocité de l’attaque, l’incidence de cette virose peut atteindre 80-100% de pertes de production au Burkina, Sénégal et au Mali (Thera, 2007).
Afin de mieux contrôler cette maladie, différents moyens de lutte ont été proposés. Mais les méthodes de luttes chimique, biologique et les pratiques culturales contre le TYLCV ont montré certaines limites. La lutte génétique reste alors l’une des meilleures alternatives pour le contrôle du TYLCV. C’est ainsi que la société TROPICASEM a entrepris un programme de recherche visant à obtenir des variétés résistantes au TYLCV et ayant un bon potentiel de production. Ces nouvelles variétés hybrides de tomates doivent faire objet d’évaluation agronomique en station avant leur vulgarisation. Afin de compléter cette évaluation agronomique, une étude moléculaire va être conduite. Elle consistera à déterminer par PCR la présence des gènes de résistance TY-1 et TY- 4 au tomato yellow leaf curl virus et leur répartition dans les différentes variétés. Une corrélation pourrait ensuite être établie entre la présence de ces deux gènes et le niveau de résistance observé sur le terrain pour chaque variété.
LA TOMATE
Systématique, origine et répartition géographique
La tomate (Lycopersicon esculentum Mill) appartient au genre Lycopersicon de la famille des Solanacées. Ce genre comprend neuf espèces, toutes originaires de la région andine du Pérou et de l’Équateur, à l’exception de L. cheesmanii que l’on trouve dans l’archipel des Galápagos. Ces espèces se distinguent par la couleur des fruits à maturité, le nombre de feuilles entre les bouquets floraux et le mode de reproduction. D’autres critères floraux complètent la classification. La taille du fruit ne dépasse jamais 2-3 cm chez les espèces sauvages La tomate est, après la pomme de terre, le premier légume consommé dans le monde (Causse et al., 2000). Elle est adaptée à des conditions de culture très variées et destinée à la consommation en frais ou à la transformation industrielle. La tomate cultivée a été introduite en Europe au XVIe siècle, depuis le Mexique. Elle a été domestiquée à partir de la forme L. esculentum var. cerasiforme, puis a migré de son centre d’origine andine vers le nord et dans le monde entier. Les croisements entre la tomate cultivée et les formes sauvages sont plus ou moins faciles à réaliser (Causse et al., 2000).
Description botanique
La tomate (Lycopersicon esculentum Mill) est une plante herbacée rampante si elle n’est pas soutenue par un tuteur. C’est une plante vivace cultivée annuellement. Elle est classée dans le groupe des légumes fruits (Causse et al., 2000). Les jeunes plantes développent une racine principale qui, après repiquage développe des racines auxiliaires (Ould Cheikh Brahim, 2007). La tige est de couleur verte, fortement poilue et glanduleuse. Elle présente deux types de croissance :
● Une croissance déterminée : la tige forme des entre-nœuds courts et arrête son développement après la formation de quelques bouquets floraux.
● Une croissance indéterminée : les entre-nœuds sont longs et la tige continue à se développer après la formation de bouquets floraux (Chaux et Foury, 1994).
Les feuilles sont composées et couvertes de poils. Le fruit est une baie charnue à placenta centrale. La forme et la couleur de la peau dépendent de la variété. Les recherches sur les relations phylogénétiques, utilisant aussi bien les caractéristiques morphologiques que les marqueurs moléculaires, indiquent que Lycopersicon devrait être inclus dans le genre solanum et qu’il est très proche de la pomme de terre et de ses espèces sauvages apparentées (Grubben & Denton, 2004).
Croissance et développement
Les graines sèches (à 5,5% d’humidité relative) extraites de fruits murs restent viables plusieurs années à la température ambiante (18-25 °C). Elles germent six jours après le semis à la température optimale de 20 à 25°C. Les plantules ont une mince racine pivotante et des cotylédons ovales ; les premières feuilles ont peu de folioles. Sur la tige principale se forment en général 7 à 14 feuilles avant que l’apex ne se transforme en inflorescence terminale. La croissance ultérieure est sympodiale. Chez les cultivars indéterminés, la croissance sympodiale se poursuit indéfiniment avec des inflorescences toutes les trois feuilles tandis que les fruits murissent successivement pendant une longue période. Quand la croissance est déterminée, elle s’arrête après quatre à six inflorescences, quand le bourgeon axillaire primaire de la dernière feuille avorte et que le bourgeon suivant se développe en une pousse de croissance lente avec une feuille et une inflorescence terminale. Un fort développement des bourgeons inferieurs chez ces types à croissance déterminée leur donne un port buissonnant, avec plusieurs tiges, et une période de floraison abondante et brève suivie par un stade de grossissement des fruits (Grubben & Denton, 2004) .
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. LA TOMATE
I.1.1. Systématique, origine et répartition géographique
I.1.2. Description botanique
I.1.3. Croissance et développement
I.1.4.Multiplication et plantation
I.1.5. Ecologie de la tomate
I.1.6. Production et rendement
I.1.7. Ressources génétiques de la tomate
I.1.7.1. Carte du génome de la tomate
I.1.7.2. Gènes de résistance au TYLCV
I.1.8. Marqueurs moléculaires
I.1.8.1. Marqueurs biochimiques (isozymes, protéine)
I.1.8.2. Marqueurs moléculaires d’ADN
I.1.9. Ennemis de la culture en zone tropicale
I.2. TYLCV (TOMATO YELLOW LEAF CURL VIRUS)
I.2.1. Plantes-hôtes
I.2.2. Répartition géographique
I.2.3. Biologie du vecteur et du pathogène
I.2.4. Polymorphisme du virus du TYLC
I.2.5. Détection et identification
I.2.6. Méthodes de détection
I.2.7. Moyens de déplacement et de dispersion
I.2.8. Nuisibilité
I.2.9. Lutte contre le TYLCV
I.2.9.1. Formes traditionnelles de lutte
I.2.9.2. Utilisation des espèces sauvages par la sélection
I.2.9.3 Sélection Assistée par Marqueurs (MAS)
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II.1. MATERIEL
II.1.1. Cadre physique
II.1.2. Matériel végétal
II.1.3. Matériel de laboratoire
II.2. METHODOLOGIE
II.2.1. ETUDE AGRONOMIQUE
II.2.1.1. Mise en place de la pépinière
II.2.1.2. Plantation
II.2.1.3. Suivi cultural
II.2.1.4. Paramètres étudies
II.2.2. ETUDE GENETIQUE
II.2.2.1. Observations phénotypiques
II.2.2.2. Etude moléculaire
II.2.2.2.1. Echantillonnage
II.2.2.2.2. Extraction de l’ADN
II.2.2.2.3. Electrophorèse
II.2.2.2.4. PCR (Polymerase Chain Reaction)
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. RESULTATS
III.1.1. ETUDE AGRONOMIQUES
III.1.1.1. précocité de maturité
III.1.1.2. rendement
III.1.2. ETUDE GENETIQUE
III.1.2.1. Observations phénotypiques
III.1.2.1.1. Incidence TYLC
III.1.2.1.2. Sévérité
III.1.2.2. Extraction ADN
III.1.2.3. PCR
III.2. DISCUSSION
CONCLUSION