Recherche de cryptosporidium sp. chez des enfants âgés de moins de six ans et chez des adultes infectés par le VIH

La cryptosporidiose est une maladie cosmopolite, due à Cryptosporidium sp., une coccidie parasite du tube digestif de l’homme. Bien que son existence soit connue depuis le début du 20ème siècle, ce n’est qu’avec l’émergence du SIDA dans les années 1980 que la communauté scientifique s’est intéressée à Cryptosporidium chez l’homme. Classiquement, cette coccidiose est bénigne chez l’homme immunocompétent, mais elle peut entrainer une diarrhée aqueuse chronique, profuse, pouvant à terme menacer le pronostic vital chez les sujets immunodéprimés notamment ceux atteints de VIH/SIDA.

Chez ces individus l’infection prend un caractère chronique avec une diarrhée pouvant durer plus de deux mois ce qui va entrainer une déshydratation sévère et une perte de poids à l’origine de l’hospitalisation des malades et parfois même de leur mort. Il en est de même pour les enfants, chez qui cette coccidiose est aggravée par la malnutrition, et est la cause d’une mortalité importante dans les pays en voie de développement. L’association de la maladie avec la malnutrition constitue un réel problème dans les pays en voie de développement. Au Gabon par exemple, 31.8% des enfants sous-alimentés sont infectés par Cryptosporidium contre seulement 16.8% des enfants correctement alimentés. Cependant le lien de cause à effet n’est pas encore clairement établi [11].

La recrudescence du nombre de sujets immunodéprimés en particulier ceux atteints de SIDA, s’est accompagnée parallèlement d’une augmentation de la prévalence d’infections opportunistes parmi lesquelles on peut citer la cryptosporidiose. C’est une maladie cosmopolite présente aussi bien dans les pays en voie de développement que dans les pays développés, dans les zones rurales mais aussi urbaines.

C’est dans ce contexte que nous avons entrepris cette étude prospective portant sur la recherche de Cryptosporidium sp. chez des enfants de 0 à 5 ans souffrant de diarrhée au niveau de l’Hôpital des enfants Albert Royer de Dakar entre juin et mi décembre 2015 mais également chez des sujets vivants avec le VIH au niveau du service des maladies infectieuses et tropicales du CHNU de Fann entre avril 2014 et novembre 2015. L’objectif de ce travail est de déterminer la prévalence et la répartition de la cryptosporidiose en fonction des paramètres épidémiologiques.

LA CRYPTOSPORIDIOSE 

Définition

La cryptosporidiose est une parasitose intestinale due à des coccidies du genre Cryptosporidium qui infestent l’homme et une grande variété de jeunes animaux. C’est un parasite opportuniste qui se développe chez l’homme immunodéprimé notamment chez les sujets infectés par le VIH/SIDA [12].

Historique

Depuis la découverte de ce protozoaire en 1907 par Ernest E. Tyzzer dans l’intestin grêle de souris (Mus musculus), de multiples espèces de Cryptosporidium ont été mises en évidence et la dénomination de ces espèces a été l’objet de nombreuses modifications. Lors des premières études, les cryptosporidies isolées dans l’estomac et l’intestin grêle de Mus musculus ont été respectivement dénommées C. muris et C. parvum. Par la suite, des cryptosporidies ont été mises en évidence chez de nombreuses espèces de Mammifères et ces observations ont conclu à une faiblespécificité d’hôte de Cryptosporidium spp. [8]. En outre, les analyses génétiques des cryptosporidies isolées dans l’estomac et dans l’intestin grêle de cesmammifères concordaient avec cette dichotomie estomac/intestin. Néanmoins, l’avènement des outils moléculaires et la publication d’études sur les modes de contamination entre hôtes ont bousculé cette classification binaire, favorisant l’hypothèse de multiples espèces de cryptosporidies ayant des modes de transmission distincts et pour certaines une spécificité d’hôte [21]. Ainsi, les cryptosporidies isolées dans l’abomasum du bétail considérées comme C. muris ont été rebaptisées C. andersoni à la faveur d’outils moléculaires [17], la différenciant définitivement de C. muris . C. parvum était considérée comme la seule espèce capable d’infecter l’intestin grêle de tous les Mammifères, y compris l’Homme, ce qui soulignait la transmission animal-homme. Or, des études ont montré l’existence d’une contamination entre humains, sans l’intermédiaire d’animaux infectés [2]. Les analyses moléculaires ont permis alors d’identifier un « génotype humain » de C. parvum , dorénavant appelé C. hominis [20] (contamination intra-spécifique), et un « génotype bovin » de C. parvum , espèce à caractère zoonotique, souvent appelé C. pestis [1]. Enfin, des cryptosporidies mises en évidence dans l’intestin grêle des chats, porcs, cochons d’Inde, bovins et identifiées par génie génétique sont dénommés suivant l’espèce de l’hôte, soit respectivement C. felis , C. suis , C. wrairi et C. bovis.

Epidémiologie

Agent pathogène

Taxonomie

Actuellement la taxonomie des cryptosporidies est la suivante :
Phylum : Apicomplexa
Classe : Sporozoea
Sous-classe : Coccidia
Ordre : Eucoccidida
Sous-ordre : Eimeriina
Famille : Cryptosporididae
Genre : Cryptosporidium.

Morphologie

Au cours de leur développement, les cryptosporidies présentent différents aspects morphologiques :
– Les oocystes sont de forme sphérique à ovoïde. Leur diamètre varie entre 4 et 8 µm selon les espèces. Chaque oocyste contient quatre sporozoïtes nus sans sporocystes, et présente un corps résiduel granuleux central très réfringent. Leur paroi est composée de deux couches, interne et externe, bien distinctes. La couche externe, de densité électronique variable, est composée d’une matrice polysaccharidique. Cette matrice, où le glucose est le sucre prédominant, est immunogène et hautement résistante aux protéases. La couche interne est peu électrodense. Elle semble composée de glycoprotéines filamenteuses et pourrait contribuer à la robustesse et à l’élasticité de la paroi. À l’un de leurs pôles, une structure unique semblable à une fente s’étend sur 1/3 à ½ de leur circonférence. L’ouverture de cette suture permet la libération des sporozoïtes.
– Les sporozoites et les mérozoites sont élancés, virguliformes. Ils sont libres et mobiles avec présence d’un complexe apical. Les rhoptries, les  micronèmes, les granules denses, le noyau, les ribosomes, les microtubules ainsi que les anneaux apicaux sont visibles par microscopie électronique. Il faut toutefois noter l’absence de mitochondrie, de conoïde et de micropores. Lorsqu’ils se fixent à la cellule hôte, les microvillosités l’entourent et forment une vacuole parasitophore. Des changements au niveau de l’apex de la cellule hôte et dans le parasite mènent à la formation d’un organelle dit d’attachement ou nourricier.
– Les trophozoites possèdent un noyau unique et un organelle d’attachement/nourricier bien développé.
– Les microgamontes ressemblent aux mérontes, mais contiennent des noyaux plus petits. Des divisions nucléaires successives dans les microgamontes forment de microgamètes. Chaque microgamète se forme par une protrusion nucléaire à la surface du gamonte. Ils ont une forme en tige avec une extrémité antérieure aplatie.
– Les macrogamontes ont une forme sphérique à ovoïde. Ils présentent en position centrale un grand noyau à nucléole proéminent [8,12].

Habitat
Le parasite habite dans les intestins d’humains et d’une grande variété d’animaux, le jeune bétail en particulier.

Mode de contamination 

Cryptosporidium est transmis quand la personne ou l’animal ingère de la nourriture ou de l’eau contaminé avec ses oocystes (les particules infectieux du parasite). Le premier cas rapporté de cryptosporidiose chez l’homme était en 1976 et depuis ce temps elle est considérée comme l’une des causes les plus communes des maladies d’origine hydrique chez l’Homme. Les infections de Cryptosporidium peuvent être causées par exposition à l’eau potable ou aux eaux de baignade, comme des piscines. Les cultures légumières peuvent aussi être contaminées en appliquant directement le fumier contaminé aux champs sur lesquels les récoltes sont cultivées [26].

Réservoir de parasites
L’homme et les animaux infectés constituent des réservoirs de parasites.

Cycle biologique

Les parasites du genre Cryptosporidium sont de parasites monoxènes, c’est-àdire à un seul hôte. La forme de résistance et de dissémination est l’oocyste, excrété avec les fèces des sujets infectés. Pour que le cycle parasitaire soit initié, l’hôte doit ingérer des oocystes infectants renfermant quatre sporozoïtes. Après l’ingestion, l’oocyste éclate et libère 4 sporozoïtes infectants sous l’action de la trypsine et des sels biliaires bien que ces sels ne seraient pas indispensables. L’excystement en absence de sels biliaires permettrait d’expliquer l’infection de sites extra-intestinaux comme le tractus respiratoire. Les sporozoïtes se déplacent par glissement grâce à leur système microtubulaire pour arriver au niveau de la bordure en brosse des cellules épithéliales de l’intestin. Les sporozoïtes présentent alors leur complexe apical à la membrane entérocytaire.

Cycle asexué
Le cycle de développement comporte deux mérogonies ou schizogonies ou multiplications asexuées, suivies de la gamétogonie. Le trophozoïte donne naissance à un méronte de type I contenant huit cellules filles ou mérozoïtes de type I. Ces huit mérozoïtes de 1ere génération vont infecter les cellules voisines et auront alors deux destins possibles: soit donner naissance à de nouveaux mérontes de type I (recyclage), soit initier une mérogonie de 2ème génération ou type II (qui donnera des mérozoïtes de type II). Ces derniers, qui sont 4 par méronte II, initient la reproduction sexuée ou gamètogonie.

Cycle sexué ou gamétogonie
Les 4 mérozoites par méronte II se différencient soit en microgamonte mâle, soit en macrogamonte femelle. Les microgamontes deviennent multinucléés, chaque noyau étant ensuite incorporé dans un microgamète. Les macrogamontes demeurent uninucléés en devenant des macrogamètes. La fécondation a lieu suite à l’union des macrogamètes et des microgamètes. Celle-ci aboutit à la formation de zygotes qui deviennent des oocystes. Il existe deux types d’oocystes :
– les oocystes à paroi fine qui libèrent leurs sporozoites dans l’intestin et sont à l’origine d’une auto-infestation.
– Les oocystes à paroi épaisse qui sont émis sporulés dans la lumière intestinale, rejetés avec les fèces dans le milieu extérieur et sont directement infectants pour un autre hôte sensible.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
1. LA CRYPTOSPORIDIOSE
1.1. Définition
1.2. Historique
1.3. Epidémiologie
1.3.1. Agent pathogène
1.3.1.1. Taxonomie
1.3.1.2. Morphologie
1.3.1.3. Habitat
1.3.2. Mode de contamination
1.3.3. Réservoir de parasites
1.3.4. Cycle biologique
1.3.4.1. Cycle asexué
1.3.4.2. Cycle sexué ou gamétogonie
1.3.5. Facteurs favorisants
1.3.6. Répartition géographique
1.4. Pathogénie
1.5. Manifestations cliniques
1.5.1. Chez les enfants
1.5.2. Chez les sujets immunocompétents
1.5.3. Chez les sujets immunodéprimés
1.6. Diagnostic biologique
1.6.1. Circonstances du diagnostic biologique
1.6.2. Diagnostic parasitologique
1.6.2.1. Prélèvements
1.6.2.2. Recherche des oocystes de Cryptosporidium sp. dans les selles
1.6.3. Diagnostic immunologique
1.6.4. Diagnostic histologique
1.6.5. Diagnostic moléculaire par PCR
1.7. Traitement
1.8. Prévention
2. L’INFECTION A VIH/SIDA
2.1. Définition
2.2. L’agent pathogène
2.3. Transmission
2.4. Répartition géographique
2.5. Manifestations cliniques
2.6. Diagnostic biologique
2.7. Traitement
2.8. Prévention
2.8.1. Les changements des comportements
2.8.2. La promotion et l’encouragement à utiliser les préservatifs
2.8.3. La promotion de la sécurité transfusionnelle
2.8.4. La prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant
2.8.5. Le renforcement du dépistage et du traitement précoce des IST
2.8.6. La promotion du counselling / dépistage volontaire confidentiel et anonyme
2.8.7. La prévention par la circoncision
2.8.8. La prévention secondaire en cas d’exposition au VIH
2.8.9. Vaccin contre le VIH
DEUXIEME PARTIE
1. CADRE D’ETUDE
2. POPULATION D’ETUDE ET METHODES
2.1. Les patients
2.2. Les méthodes
2.2.1.1. Examen parasitologique des selles
2.2.2 Méthode d’analyse des résultats
3. RESULTATS
3.1. RESULTATS OBTENUS CHEZ LES ENFANTS
3.1.1. Aspect quantitatif
3.1.2. Aspect qualitatif
3.1.2.1. Prévalence globale de Cryptosporidium chez les enfants
3.1.2.2. Variation de la prévalence de Cryptosporidium chez les enfants
3.2. RESULTATS OBTENUS CHEZ LES ADULTES
3.2.1. Aspect quantitatif
3.2.2. Aspect qualitatif
3.2.2.1. Prévalence globale de Cryptosporidium chez les adultes infectés par le VIH
3.2.2.2. Variations de la prévalence de Cryptosporidium chez les adultes infectés par le VIH
4. DISCUSSION
4.1. Limites et contraintes de la méthodologie
4.2. Prévalence globale de Cryptosporidium
4.3. Variation de la prévalence de Cryptosporidium
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES

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