Réchauffement climatique

Réchauffement climatique

Réchauffement climatique

En Suisse, le changement climatique a un impact important dans les régions de montagne. Les principales conséquences en sont l’augmentation des risques naturels et les modifications des activités et itinéraires empruntés par l’homme (Ribalaygua & SAZ, 2008, pp. 3-9). Dans l’industrie du ski, les petites stations situées à basse et moyenne altitudes seront les premières victimes de ces phénomènes (Rebetez, 2011, p. 66). Or, ce tourisme a longtemps été considéré uniquement sous l’angle économique (Clarimont & Vlès, 2008). Peu de mesures concernant la problématique du changement climatique ont été prises de la part des différents acteurs touristiques (Clivaz, Gonseth & Matasci, 2015, pp. 120-121) et le touriste accepte de faire un effort uniquement si ses vacances ne sont pas affectées (Urbanc, 2011, p. 25). Cependant, on constate une augmentation de l’attention, depuis l’hiver 2006-2007, concernant l’avenir du tourisme hivernal lié au réchauffement climatique, ainsi que plus récemment sur les phénomènes naturels tels que les glissements de terrain (Hill, 2007, p. 1). De plus, lorsque la pollution devient visible, elle engendre une importante publicité négative, impossible à contrôler pour la destination touchée, relayée par les médias et décuplée par les réseaux sociaux. Les exemples affluent, de la Grande Barrière de corail (Radio Télévision Suisse [RTS], 2018b) à Bali (RTS, 2018a) en passant par le Val Verzasca et le Creux-du-Van en Suisse (Observatoire Valaisan du Tourisme, 2018). D’autre part, les stations de ski ont été épinglées par les autorités publiques pour leur gestion à court terme ne prenant pas en compte le changement climatique (CIPRA, 2018) ; et les lieux de destinations des Alpes vaudoises sont pressées par le canton d’opérer un changement de paradigme orienté vers un tourisme de 4 saisons (État de Vaud, 2013, pp. 23-25). Serait-il possible de transformer ces faiblesses en une opportunité de positionnement stratégique ? La partie suivante va développer plus en détail cette question.

Une opportunité à exploiter pour les destinations ?

À l’échelle nationale, des législations comme la LEX Weber, la LAT (Loi sur l’Aménagement du Territoire) ou encore les zones de tranquillité pour la faune ont été mises en place pour protéger l’environnement et le paysage. À une échelle plus locale, ce sont les actions d’individus et d’entreprises qui font la différence. Entre autres exemples, le premier téléski Julien Mounoud fonctionnant à l’énergie solaire a été inauguré en 2011 à Tenna, dans les Grisons (Schrahe, 2011). Plus récemment, le premier téléphérique solaire a été inauguré à Staubern (Arnaud, 2018) et la station de Laax a déclaré vouloir axer sa stratégie sur le développement durable et avoir pour ambition de sortir complètement des énergies fossiles d’ici 2023 (RTS, 2017). En Valais, Verbier a mis en place un vaste programme de réduction de la consommation énergétique de son domaine skiable (Office fédéral de l’énergie [OFEN], 2017). À l’étranger, certaines destinations font preuve de plus d’avancées dans le domaine. La station finlandaise de Pyhätunturi a été couronnée en 2017 station de l’année dans son pays, pour être la première station de ski neutre en émission de carbones des pays nordiques (Barry, 2018 ; Mountain Riders, 2018). Aux États-Unis, les destinations gérées par la société Vails Resort ont un objectif similaire pour 2030 (Kroschel, 2017). Et l’on entend beaucoup parler de Taos au Nouveau-Mexique, une station de taille modeste, pour son nouveau modèle de développement durable (Barry, 2018). Dans le Massachusetts, la station de Berkshire est même déjà autonome sur le plan énergétique depuis 2012 et produit actuellement plus d’électricité qu’elle n’en consomme annuellement (SKI Magazine Editors, 2017).

En plus de leur contribution à la lutte contre le changement climatique, toutes ces mesures d’économie d’énergie permettent de faire des économies d’argent substantielles. Par exemple, la facture d’électricité d’un domaine skiable s’élève à quelque 10% du chiffre d’affaires des remontées mécaniques (OFEN, 2017). Ces mêmes mesures ont également un impact positif sur l’image de la station. D’un point de vue marketing, le développement durable est un positionnement encore peu exploité par les destinations alpines suisses. En montagne, un lieu encore préservé où les touristes viennent principalement pour les ressources naturelles, il y a une opportunité de montrer les conséquences du changement climatique, plutôt que de chercher entre autres à repousser l’inexorable fonte des glaciers avec des bâches (Parvex, 2013). C’est ce qui a notamment été fait par l’alpiniste Dani Arnold au glacier de la Plaine Morte (Osswald, Wyss & Mülhauser, 2018). La région étudiée dans ce travail n’est pas en reste.

Le glacier de Tsanfleuron recule et on peut y souligner deux événements : La formation naturelle d’une grotte glaciaire qu’il est possible de visiter (Pidoux, 2017a) et la nouvelle de deux corps recrachés par le recul du glacier (Vaquin, 2017). Cette histoire a fait le tour du monde dans la presse, offrant une célébrité inattendue à la région. Julien Mounoud Le but n’est pas ici de blâmer de mauvais comportements ou de mettre en exergue les problèmes environnementaux de la destination, mais bien de déclencher un début de prise de conscience et de changement de comportement auprès des touristes. Le tout en présentant la destination sous une perspective positive de développement durable. D’autant plus que les nouvelles générations, telles que les Millennials, se déclarent fortement sensibles à l’environnement, notamment dans leurs investissements (Adler, 2017). Le développement de la sensibilisation environnementale dans les stations suisses semble donc possible et nous prendrons ici pour exemple une destination des Alpes vaudoises.

Les Diablerets

Du côté des Diablerets, le village promeut le tourisme durable via le label Alpine Pearls (Veillon, 2014) et est l’hôte du forum Éco Villages (2017). Par ailleurs, cette destination, située sur la commune d’Ormont-dessus, a traversé plusieurs phases difficiles ces dernières années et elle est à la recherche de renouveau. Aux Diablerets, l’avenir du tourisme hivernal face aux changements climatiques était déjà une thématique en 1998, la région étant régulièrement touchée par des catastrophes naturelles (Kunz, Stucki, & Rognon, 1998, p. 122-123). Aujourd’hui, de nombreuses initiatives fondées sur le développement durable sont déjà en action. L’office du tourisme (OT), par exemple, assure la promotion du programme Alpine Pearls, un label autrichien attribué à des villages de montagne qui se veulent « exemplaires en termes de développement durable et protection du climat » (Veillon, 2014). Comme cité plus haut, le village est également l’hôte du forum Éco Villages , qui depuis 2012 propose durant une journée des conférences de leaders dans le domaine du développement durable (Eco Villages , 2017 ; Pidoux, 2012). ).

En 2012 déjà, des acteurs de la station croient au potentiel de celle-ci pour devenir ambassadrice du développement durable et orienter son développement économique dans ce sens (Danesi, 2013). Plus récemment, des initiatives touristiques durables ont vu le jour : location de véhicules électriques durant l’été (Le Cotterg, 2016), pilotage d’engins électriques en hiver (Michaud, 2018). Semaines thématiques sur la mobilité douce, opérations de ramassage de déchets (Bleul, 2015), organisation de journées pour des enfants en situation de handicap (Béda, 2018). Et dernièrement : des travaux de renaturation de bas-marais, en collaboration avec Pro Natura (Pidoux, 2017b). À préciser : les deux derniers responsables de l’office du tourisme disposent d’une grande sensibilité et d’une expérience importante dans le domaine du développement durable (HTR, 2017).

Ces dernières années, les habitants des Diablerets se sont déchirés sur plusieurs thèmes épineux. Un des principaux enjeux est l’avenir du village et son développement touristique, avec le domaine skiable d’Isenau en ligne de mire. En effet, la concession de la télécabine reliant le village au domaine skiable est arrivée à échéance en 2017. Le problème du financement des infrastructures se pose (Wahli Di Matteo, 2017), tout comme le fait que le domaine skiable soit situé sur une zone à l’enneigement incertain (un plateau à 1’800m d’altitude, orienté au sud). Une fondation a été créée pour lever les fonds nécessaires à la construction de la nouvelle télécabine3. Et bien que la majorité de la population semble favorable au renouvellement de cette dernière, les différents projets ont échoué, principalement en raison d’oppositions et de conflits d’intérêts (Genillard, 2017a ; Municipalité d’Ormont-Dessus, 2018). S’en est suivi un débat envenimé qui s’est étalé sur la place publique (notamment Treyvaud, 2017 et Genillard, 2017d). Il est intéressant de noter que même Bertrand Piccard, leader d’opinion dans le domaine du développement durable, a critiqué les conflits d’intérêts régnant dans la destination lors de son intervention au forum Eco Villages en 2013. Il a mentionné notamment le cas d’Isenau, ainsi que le domaine hors-piste du Glacier 3000 (Pidoux , 2013).

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Table des matières

Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des abréviations
INTRODUCTION
1 Contexte
1.1 Réchauffement climatique
1.2 Une opportunité à exploiter pour les destinations ?
1.3 La destination étudiée
1.3.1 Villars – Gryon
1.3.2 Les Diablerets
1.4 L’entreprise mandataire
2 Revue de la littérature
2.1 Gestion environnementale
2.1.1 Parties prenantes et capacité de charge
2.2 Le tourisme et son impact environnemental
2.3 Communication environnementale
2.3.1 Sensibilisation environnementale
2.4 Labels : avantages et inconvénients
2.5 Gestion des destinations et environnement
2.6 Conclusion
3 Question de recherche
4 Méthodologie
4.1 Comparaison avec d’autres destinations
4.2 Entretiens semi-directifs
5 Analyse et interprétation
5.1 Comparaison avec deux autres destinations
5.1.1 Laax
5.1.2 Chamonix
5.1.3 Tableau comparatif
5.2 Entretiens
5.2.1 Thématiques environnementales abordées
5.2.2 Communication et marketing
5.2.3 Problématique économique
5.2.4 Labels
5.2.5 Note de la destination par les personnes interviewées
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Recommandations managériales
Aux acteurs de la destination de Villars – Gryon – les Diablerets
Au mandant de ce travail, Summit FOUNDATION
Conclusion
Limitations et futures recherches
RÉFÉRENCES

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