Le littoral azuréen est un lieu fortement touristique depuis le XVIIIème siècle. Il fut d’abord largement fréquenté par les curistes anglais. Puis, à la fin du XIXème siècle, l’arrivée du chemin de fer favorisa le développement du tourisme. Une foule internationale envahit la « Côte d’Azur », et la France découvrit elle aussi les charmes de son Sud-Est. À partir des années 1950, le tourisme de masse entraîna la construction de nombreuses stations balnéaires dans les Alpes-Maritimes et l’artificialisation intensive du littoral azuréen. Aujourd’hui, les enjeux liés à l’attractivité touristique ont évolué et visent davantage la protection des paysages naturels, la mise en valeur du patrimoine et le développement des moyens de transport doux. Ainsi, le littoral azuréen connait une large vague de requalification en accord avec ces nouveaux principes d’urbanisation maitrisée et de développement durable. La demande d’équipements portuaires de plaisance a augmenté en parallèle de l’accroissement de la fréquentation touristique de la Côte d’Azur. Ainsi, de nombreux ports de plaisance ont été construits dans le département des Alpes-Maritimes depuis les années 1960. Ceux-ci présentent la double problématique d’être des lieux d’activité portuaire et d’espace dédié au loisir et au tourisme. La symbiose entre la ville et son port, problématique importante des aménageurs actuels, intègre alors une troisième dimension : la fonction touristique. Parmi ces nouveaux équipements portuaires, le port de plaisance Saint-Laurent profite d’une situation exceptionnelle sur le littoral de la commune de Saint-Laurent-du-Var, à mi-chemin entre Cannes et Monaco et à proximité immédiate de Nice. Il est également l’un des trois principaux pôles économiques de la commune grâce à la coexistence des activités portuaires et commerciales sur le site. Cependant, il apparait que le port est à la fois méconnu des habitants de Saint-Laurent-du-Var et déconnecté du cheminement piétonnier et cycliste du bord de mer azuréen. Malgré sa localisation avantageuse et son fort potentiel économique, l’aménagement actuel du port ne lui apporte donc pas l’attractivité suffisante pour se distinguer en tant que zone de loisir et de détente dédiée aux locaux ni en tant que lieu d’agrément touristique.
LE LITTORAL DES ALPES MARITIMES, UN SECTEUR TOURISTIQUE EN REQUALIFICATION
LES CHIFFRES CLÉS DU TOURISME AZURÉEN
Le littoral des Alpes-Maritimes s’étire sur 120 kilomètres, des côtes de l’Estérel jusqu’à Menton. Dans ce département, de nombreuses communes sont très liées au tourisme balnéaire. En effet, pourvue d’atouts remarquables, la Côte d’Azur est la 2ème destination touristique française après Paris.
Nous allons observer les chiffres clés du tourisme azuréen en 2013 et 2014 pour apprécier l’importance de ce domaine pour le département des Alpes-Maritimes. Tous les chiffres cités cidessous proviennent du site officiel du tourisme de la Côte d’Azur : Côte d’Azur touriscope. Celui-ci collabore avec l’INSEE, la CCI (chambre de commerce et d’industrie) Nice-Côte d’Azur, les syndicats professionnels et les bureaux d’études spécialisés pour garantir la source officielle et la cohérence de ses informations chiffrées.
Nombre de visiteurs selon la période de l’année
11 millions de touristes visitent la Côte d’Azur chaque année. Ils séjournent 6,2 nuits en moyenne. 200 000 visiteurs sont présents chaque jour en moyenne. Selon le jour, entre 50 000 et 650 000 touristes sont présents sur la Côte d’Azur, le plus bas niveau se situant mi-décembre et la pointe étant atteinte chaque année lors du week-end du 15 août (Figure 1). À cette population s’ajoutent les excursionnistes (visiteurs à la journée) présents au nombre de plusieurs millions chaque année. Plus d’un séjour sur deux a lieu en dehors des mois d’été. Le mois de pointe, août ne représente que 14% des séjours de l’année.
Provenance des visiteurs et modes d’arrivée
Les étrangers représentent 48% des séjours, parmi eux, 17,4% viennent d’Italie, 16,7% de Grande-Bretagne-Irlande et 8,4% d’Allemagne. La route est le principal mode d’arrivée des touristes (Figure 2). Cependant, l’aéroport de Nice-Côte d’Azur est le 2ème aéroport de France après Paris. Les arrivées en bateau regroupent les croisiéristes et les plaisanciers. Les croisiéristes sont près de 800 000 chaque année, ils font escale dans les ports de Nice, Villefranche, Monaco, Cannes et Antibes. Les plaisanciers, eux, s’amarrent dans l’un des 35 ports de plaisance qui offrent 18 402 postes à quai au total.
Motifs des séjours et type de visiteurs
57% des touristes viennent pour les loisirs (Figure 4). En effet, les Alpes Maritimes possèdent une offre touristique riche et diversifiée avec 200 plages sous concession, 28 spas et centres de thalassothérapie, 16 casinos, 17 golfs, 5544 restaurants et de nombreux espaces protégés dont le parc national du Mercantour, le parc naturel région des Préalpes d’Azur et 15 parcs naturels départementaux. Parmi les visiteurs qui viennent pour les loisirs, 50% voyagent seuls ou en couple sans enfant. Les séniors représentent 19% des voyageurs, autant que les familles avec enfants (Figure 3).
Économie et emplois
La consommation directe liée au tourisme sur la Côte d’Azur représente 5,5 milliards d’euros et génère 10 milliards d’euros de chiffres d’affaires par an en moyenne. Cette consommation touristique correspond aux dépenses déclarées par les touristes et liées à leur séjour, hors transport d’acheminement jusqu’à la Côte d’Azur. Dans les Alpes-Maritimes, le secteur touristique représente 13,4 % du total des emplois, soit près de 75 000 emplois directement liés à l’activité touristique. La part de l’emploi saisonnier dans l’ensemble de l’emploi touristique est estimée à 17,5%. Outre dans l’hébergement et la restauration, la plupart des emplois qualifiés de « touristiques » se trouvent dans les commerces de détail non alimentaires, dans les commerces de proximités et agences bancaires, dans les parcs d’attractions ou casinos et dans les cafés-tabacs (Figure 5).
LA SITUATION DU TOURISME DE PLAISANCE SUR LA CÔTE D’AZUR
La plaisance et le yachting (bateaux de plus de 24 mètres) constituent un secteur économique majeur pour le tourisme azuréen. Seize communes littorales, incluant la Principauté de Monaco, disposent d’au moins un port de plaisance. L’offre totale compte plus de 18 000 postes, dont 779 pouvant accueillir les yachts de plus de 20 mètres .
Sur le plan de l’économie et des emplois, les exploitations portuaires des Alpes Maritimes représentent 400 emplois directs et 94 millions d’euros de chiffres d’affaires par an en moyenne. Cependant, la filière de la plaisance est bridée par la pénurie d’anneaux (emplacement pour bateau). En effet, en France, le manque de place dans les ports est évalué par la Fédération française des ports de plaisance à 54 000 anneaux, dont 33 % dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. En outre, d’après la Stratégie régionale de la Mer et du Littoral de la région Provence-Alpes Côte d’Azur « les ports de plaisance jouent un rôle majeur dans l’aménagement et l’animation du territoire et dans l’économie littorale, favorisent la vie socioculturelle locale et constituent une composante importante du patrimoine maritime ».
DES PROJETS DE REQUALIFICATION URBAINE DU LITTORAL
Dans les années d’après-guerre, les constructions ont largement bétonné le littoral du département des Alpes-Maritimes. Cette forte artificialisation du littoral ne correspond plus aux normes d’urbanisation actuelles, basées sur le respect de l’environnement et des paysages naturels. C’est pourquoi, depuis quelques années, les projets de requalification urbaine du littoral sont nombreux. L’objectif est d’améliorer l’attractivité du front de mer, souvent défiguré par l’automobile, en réalisant des aménagements exemplaires. Entre Villeneuve-Loubet et Nice, dans un rayon de 10 km autour du port de Saint-Laurent-du-Var, de nombreux exemples de projets d’aménagements spécialement destinés à revégétaliser le littoral et à améliorer le confort des piétons et des cyclistes ont vu le jour ces dernières années.
La promenade du Soleil
La commune de Cagnes-sur-Mer (frontalière de Saint-Laurent-du-Var) par exemple, a terminé en 2007 des travaux qui ont transformé son front de mer, renommé pour l’occasion « Promenade du Soleil ». Plantation de palmiers, réduction sensible du trafic automobile et aménagement d’un cheminement piétonnier et cycliste large sur plus de trois kilomètres ont transformé le front de mer de la commune en véritable site urbain de promenade.
La promenade des Flots Bleus
À proximité immédiate du port Saint-Laurent, la promenade des Flots Bleus relie le port au centre commercial Cap 3000. Cette large promenade isolée de la route et bordée de nombreux restaurants est un lieu de détente pour les habitants de Saint-Laurent-du-Var comme pour les visiteurs de passage.
Le parc naturel départemental des Rives du Var
Autre exemple, le parc naturel départemental des Rives du Var réserve aux piétons et aux cyclistes une promenade de 20 kilomètres entre l’embouchure du Var au sud et Plan-du-Var au nord. Inauguré le 13 novembre 2015, ce parc se distingue par une multiplicité des paysages rencontrés, un parcours sportif et une biodiversité exceptionnelle reconnue par son inscription au réseau Natura 2000. Le site est également une zone d’intérêt ornithologique. 150 espèces d’oiseaux y ont été répertoriées dont 36 d’intérêt communautaire. Le Var étant sur le littoral des Alpes-Maritimes le seul habitat favorable à l’accueil d’oiseaux migrateurs, son rôle de halte migratoire est préservé en accord avec la directive « oiseaux » du réseau Natura 2000.
La promenade des Anglais
En automne 2015, la mairie de Nice a candidaté pour que la promenade des Anglais figure au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour donner toutes ses chances d’aboutir à cette candidature, un projet de requalification et de réaménagement de la promenade a été lancé. L’idée majeure de ce remaniement consiste à rééquilibrer les liens entre le paysage urbain et le paysage ouvert du front de mer en réinterprétant la promenade comme un jardin d’acclimatation. Dans cette optique, un espace d’agrément végétalisé sera réalisé, les revêtements rénovés, et le matériel d’éclairage renouvelé. De nombreux palmiers, part intégrante de l’identité du littoral azuréen, vont notamment être plantés. La fin des travaux est prévue pour 2020.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : Présentation du cadre de l’étude
1 Le littoral des Alpes Maritimes, un secteur touristique en requalification
2 La ville de Saint-Laurent-du-Var
Partie 2 : Zoom sur le port Saint-Laurent
1 Présentation générale du port
2 Localisation et accessibilité
3 Un pôle économique important pour la commune
4 Une volonté d’exemplarité sur le plan environnemental
5 Un partage de l’espace déséquilibré
6 Une faible qualité urbanistique et architecturale
Partie 3 : Synthèse et enjeux
1 Synthèse du diagnostic
2 Enjeux liés au réaménagement du port
Partie 4 : Propositions d’aménagements
1 Idées directrices du projet
2 Une accessibilité repensée
3 La promenade supérieure : une perspective sur la ville et sur le port
4 La promenade inférieure : activités portuaire et commerciale
5 Mettre en avant les équipements portuaires
6 Synthèse des aménagements proposés, prévision budgétaire et phasage des travaux
Conclusion
Table des abréviations
Table des illustrations
Bibliographie
Table des matières
Annexes
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