Histoire et présentation de la ville
Ancienne commune rurale, la ville de Feyzin appartenait au département de l’Isère (38) jusqu’en 1967. Le passage d’un fleuve comme le Rhône a permis à la ville de développer des cultures céréalières et maraîchères sur les « Grandes Terres » appartenant également aux villes de Vénissieux et de Corbas. La ville s’industrialise peu à peu grâce à la présence du Rhône à ses côtés, facilitant ainsi l’implantation d’entreprises dès le XIXème siècle, mais cette industrialisation ne suffit pas à l’urbanisation de la ville. En effet Feyzin restera une commune principalement rurale jusque dans les années 1950. Ce n’est qu’en 1959 avec l’implantation d’une zone industrielle importante et le tracé de l’A7 que la ville va se développer, délaissant ainsi de multiples terres agricoles au profit de l’habitat. De nouveaux quartiers se développeront ainsi sous forme de lotissements et de logements HLM. Par ailleurs, la construction de la raffinerie dans les années 1960 restera un point culminant dans le développement de la ville, apportant ainsi des emplois et de nouveaux habitants. La ville s’est développée le long d’un axe Nord-Sud matérialisé par le Rhône, l’ancienne Nationale 7 (aujourd’hui l’A7) et la ligne de chemin de fer. Ces trois axes séparent aujourd’hui la ville en deux zones géographiquement distinctes que les habitants ont tendance à appeler : le « haut » et le « bas », la raffinerie se situant à l’Ouest de la ville, entre le Rhône et l’A7. La partie « basse » de Feyzin accueille principalement le quartier des Razes qui a longtemps constitué le cœur de la ville. Son marché important et l’ouverture de la gare ferroviaire dans la deuxième moitié du XIXème siècle ont attiré la population des communes voisines. De l’autre côté de la voie de chemin de fer – dans la partie « haute » – se trouvent tout d’abord à l’Est les « Grandes Terres », puis le quartier historique de la Bégude autour duquel se sont développés plusieurs quartiers tels que La Tour, L’Oasis et Champlantier pour faire face à l’essor démographique et urbain qu’a connu la commune dans les années 1970. Le quartier Carré Brûlé, situé dans la partie haute de la ville, rassemble aujourd’hui l’Hôtel de Ville, ses annexes et le cimetière
Nombre de décès et taux de mortalité
D’après des données recueillies sur le site de l’INSEE et à la mairie de Feyzin, il est à noter que le nombre de décès sur la commune est presque stable depuis 1999, avec en moyenne 56 décès par an. On remarque toutefois qu’en 2006, le nombre de décès est descendu à 41 pour atteindre en 2007 un nombre de 66 décès. Afin de pouvoir comparer la mortalité dans la commune à celle de la France, j’ai déterminé les taux de mortalité de Feyzin sur plusieurs années grâce aux données de l’INSEE. Le taux de mortalité correspond au rapport du nombre de décès domiciliés dans l’année sur la population totale de l’année. Il est calculé pour 1000 habitants. Il ressort de ces calculs que le taux de mortalité de la commune est toujours inférieur (et parfois deux fois moins élevé) à la moyenne nationale. En effet, depuis les années 70, le taux de mortalité de la France diminue alors qu’à l’inverse il a tendance à augmenter dans la commune de Feyzin. Les taux de mortalité des dix dernières années (excepté 2011) témoignent de l’augmentation de l’espérance de vie aussi bien chez les hommes que chez les femmes et donc du vieillissement de la population. Toutefois, il ne faut pas oublier que l’arrivée progressive des générations issues du « Baby-boom », ainsi que l’installation très récente d’une clinique sur le territoire feyzinois et la présence de plusieurs maisons de retraites sont des facteurs à prendre en compte dans l’évolution du nombre de décès dans la commune.
L’accès règlementé aux sépultures du cimetière communal
Le droit de se faire inhumer au sein d’une commune est régit par la loi suivante issue du Code Général des Collectivités Territoriales : « La sépulture dans un cimetière d’une commune est due :
1° Aux personnes décédées sur son territoire, quel que soit leur domicile;
2° Aux personnes domiciliées sur son territoire, alors même qu’elles seraient décédées dans une autre commune ;
3° Aux personnes non domiciliées dans la commune mais qui ont droit à une sépulture de famille ;
4° Aux Français établis hors de France n’ayant pas une sépulture de famille dans la commune et qui sont inscrits sur la liste électorale de celle-ci. »
De ce fait, hormis ces quatre conditions, nul ne peut se faire inhumer dans un cimetière communal qu’il aurait choisi. Cependant, la présence de concessions familiales et de caveaux aura tendance à faire augmenter le nombre d’inhumés non décédés sur la commune. Par ailleurs, l’arrivée de la nouvelle clinique des Portes du Sud sur le territoire feyzinois en 2008 aurait pu susciter une augmentation du nombre de personnes inhumées dans le cimetière communal, mais il s’est avéré que non. (En revanche le nombre de décès sur la commune a bien évidemment augmenté : 115 décès cliniques en 2009) Si le choix du lieu d’inhumation n’est pas tributaire de la personne, en revanche le choix du mode d’inhumation est un droit entièrement personnel selon la législation.
La capacité d’accueil du cimetière et comparaison avec la commune limitrophe de Corbas
Le Code Général des Collectivités Territoriales exige que : « Le terrain consacré à l’inhumation des morts est cinq fois plus étendu que l’espace nécessaire pour y déposer le nombre présumé des morts qui peuvent y être enterrés chaque année. » De ce fait, étant donné une moyenne annuelle de 15 inhumations depuis les dernières années, le terrain devrait occuper une surface pouvant recevoir 5×15 = 75 emplacements. Or en réalité, la commune possède actuellement 16 emplacements disponibles. Il est donc nécessaire de créer de nouveaux emplacements dans le cimetière pour répondre à l’article du CGCT. En comparaison, la commune de Corbas, limitrophe à Feyzin et possédant un nombre d’habitants similaire, possédait au 20 Août 2010 près de 116 emplacements disponibles soit une fois et demie le nombre légal. De plus, la commune a récemment agrandi son cimetière (une extension de type « paysager ») lui permettant ainsi d’avoir assez d’emplacements pour les vingt ans à venir. Il est donc à noter que deux communes voisines possédant le même nombre d’habitants gèrent le problème des morts différemment. D’un côté on trouve une commune qui possédait les terrains nécessaires pour agrandir le cimetière (Corbas) et de l’autre une commune dont la position géographique n’est pas très favorable pour faciliter l’extension.
L’inondation des caveaux
Le cimetière de Feyzin se trouve de manière générale en pente mais la pente dans le cimetière « nouveau » est beaucoup plus abrupte que dans le cimetière « ancien ». Cette différence de relief crée donc des problèmes dans la disposition des sépultures, et génère notamment des inconvénients pour creuser les sépultures. Certaines allées du cimetière présentent des emplacements disposés en « escalier » pour atteindre le même niveau en surface comme le montre la photo ci-dessous : d’avancer sur cette question, et de proposer les solutions les plus adaptées possibles » (éventuellement un drainage souterrain). Cependant, des travaux ont été faits au niveau des allées pour permettre aux eaux de pluie de ruisseler dans des caniveaux dans les allées centrales et de se rejoindre en contrebas dans une seule et même plaque à égout. La présence de pentes génère des problèmes dans le sous-sol du cimetière. En effet, des usagers se sont plaints que leurs caveaux aient été inondés. Pour faire face à ce problème, le Pôle Cadre de Vie-Environnement de la Mairie a proposé de « commander une étude antea (Anteagoup), afin d’avancer sur cette question, et de proposer les solutions les plus adaptées possibles » (éventuellement un drainage souterrain).
L’accès des cortèges et des services d’intervention au cimetière
Le groupe scolaire étant déjà existant lorsque le cimetière a été construit en 1867, sa présence est ressentie de deux façons différentes par les usagers du cimetière : gênant ou non gênant. La plupart d’entre eux ne le considèrent pas gênant pour le cimetière. En revanche, les autres usagers ayant répondu au questionnaire estiment que la présence du groupe scolaire à côté du cimetière peut-être à la fois gênante pour les enfants de l’école, mais aussi pour les usagers du cimetière. En effet, l’école se situant entre l’Eglise et le cimetière, les cortèges funéraires empruntent le chemin qui passe devant l’école lors des enterrements. Ceci peut donc être délicat si les enfants en bas âge se trouvent dans la cour de récréation au même moment. La Mairie a donc établi des horaires spécifiques à respecter pour le passage des cortèges, les inhumations et les exhumations. De la même manière, les services d’intervention du cimetière (pompes funèbres, marbreries, services techniques de la Mairie) doivent respecter certains horaires de travail et doivent obligatoirement demander une autorisation à la commune avant toute intervention sur une sépulture ou dans les parties communes du cimetière. Les usagers du cimetière choisissent eux mêmes leurs pompes funèbres ou marbrerie pour la création, la restauration ou l’aménagement de leurs sépultures.
La non-utilisation de la chambre funéraire
Accolée au cimetière se trouve une ancienne chambre funéraire, dont les murs servent aujourd’hui d’échanges d’informations entre la Mairie et les usagers du cimetière. En effet, un panneau d’affichage (qui devrait être changé cette année) permet à la Mairie d’afficher les informations qu’elle souhaite communiquer aux usagers, telles que le règlement du cimetière, les reprises de concessions, les travaux à effectuer, les informations ponctuelles etc.… Le plan du cimetière peut être consulté juste à côté du tableau. Le bâtiment, où reposaient autrefois les corps durant un ou plusieurs jours pour que les familles puissent être au chevet du défunt avant l’inhumation, possède une surface de 50 à 60 m² et comprenant l’eau, le chauffage et l’électricité. Or, ce bâtiment ne sert plus depuis l’arrêt de la chambre funéraire, hormis le dépôt de quelques outils permettant l’entretien du cimetière. Ce bâtiment appartenant à la commune pourrait donc faire office d’une autre utilisation bénéficiant au cimetière.
Les enjeux du cimetière en France
a) Un espace public autrefois mis à l’écart (Tricon, 1979) : La relation des vivants par rapport aux morts n’a cessé d’évoluer depuis l’Antiquité. En effet, à cette époque, le voisinage des morts était très redouté. C’est pourquoi les cimetières étaient placés en dehors des villes. Dès le Moyen-âge, la tendance s’inverse et la prise en compte du lieu qui enferme les sépultures est privilégiée par rapport aux monuments eux-mêmes. De ce fait, jusqu’au XVIIème siècle les cimetières sont placés sous l’autorité de l’Eglise et sont la plupart du temps positionnés autours des églises, voire même confondus avec elles. Tout l’espace est utilisé, des corps sont enterrés aussi bien dans l’Eglise que dans ses murs ou tout autour. C’est en 1905 que la loi de séparation entre l’Eglise et l’Etat tend à éloigner les morts des églises et à fortiori les cimetières des villes. La notion de « santé publique » prend alors toute son ampleur et un changement d’attitude face à la sacralisation de ce lieu se fait ressentir. Aujourd’hui, la plupart des cimetières se situent en hauteur dans les villes et sont à nouveau inclus dans la ville grâce à l’urbanisation et l’extension urbaine. Au fil des siècles, les mentalités ont donc bien évolué puisque le cimetière a vu sa place alterner entre l’intérieur et l’extérieur des villes, faisant de lui à la fois un lieu convoité mais aussi un obstacle pour les villes.
b) Mais un sujet qui interpelle aujourd’hui les urbanistes : Si les premiers cimetières ont fait leur apparition à la préhistoire, ils sont devenus aujourd’hui un élément indispensable des villes. En ce sens, avec l’urbanisation massive des villes, la moindre parcelle de terrain se veut exploitée. C’est pourquoi, à cause notamment de la pression foncière, certains cimetières sont déplacés à l’extérieur des villes pour récupérer l’espace qu’ils occupaient, et ainsi urbaniser un peu plus ces lieux de vie. De la même manière, on essaye de privilégier la crémation qui permet un « gain de place » (environ 5 cercueils peuvent être logés sur 10 m² contre 200 urnes), mais qui, cependant, impose une empreinte écologique importante. Ainsi, si les cimetières sont initialement des lieux de repos pour les morts, ils sont aujourd’hui assimilés à des lieux publics, occupant un espace urbain, et doivent faire face aux problèmes actuels des urbanistes, à savoir le manque de place dans les villes. On observe donc une opposition entre le cimetière et la ville puisque chacun est un obstacle pour l’autre : la ville a besoin d’espace pour s’agrandir et les cimetières aussi, d’autant que ceux-ci nécessitent de plus en plus de places pour répondre aux besoins démographiques grandissants. En outre, la ville de Feyzin doit faire face aujourd’hui à ce problème d’espace puisque le cimetière arrive bientôt à « saturation » en termes d’emplacements disponibles. Le nombre d’emplacements à prévoir pour les prochaines années est insuffisant, et une extension ou un déplacement du cimetière est donc à envisager. Mais un problème important se pose pour cette extension à cause de la position géographique du lieu (sur une colline) et du manque de place dans la ville. En effet, la densification est actuellement très importante sur le territoire feyzinois puisque l’extension urbaine a atteint les limites de la ville. La question est donc maintenant de savoir où et comment peut se faire l’extension du cimetière.
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Table des matières
Introduction
I. La ville de Feyzin (69) : présentation et diagnostic
1. Localisation géographique de la ville et historique
a) Localisation de Feyzin en France et dans l’agglomération lyonnaise
b) Histoire et présentation de la ville
2. La population feyzinoise : présentation et évolution
a) Evolution générale
b) Structure par âges
c) Nombre de décès et taux de mortalité
3. Le cimetière dans la ville
a) La situation du cimetière de Feyzin dans la commune
b) Le cimetière et la législation
4) Le fonctionnement du cimetière
a) Les éléments constitutifs du cimetière
b) La fréquentation du cimetière
II. Les objectifs et enjeux du cimetière communal de Feyzin
1. Les enjeux du cimetière en France
a) Un espace public autrefois mis à l’écart (Tricon, 1979)
b) Mais un sujet qui interpelle aujourd’hui les urbanistes
2. Objectifs du projet de réaménagement du cimetière de Feyzin
3. Les enjeux propres au cimetière de Feyzin
III. Proposition de réaménagement du cimetière communal de Feyzin
1. Comment répondre au problème du manque d’emplacements funéraires ?
a) Une demande croissante
b) La reprise de concession : une solution partielle et qui atteint déjà ses limites
2. Faut-il agrandir ou déplacer le cimetière ?
a) Les avantages et inconvénients d’une nouvelle création
b) Les avantages et inconvénients d’une extension
c) Exemple de la commune voisine de Corbas
3. Proposition de réaménagement paysager du cimetière
a) Présentation du projet
b) Répondre aux besoins de la crémation
c) Faciliter la gestion des sépultures
d) Penser écologie chez les morts
e) Les équipements annexes
Conclusion
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