Réaménagement des accès aux plages dans un milieu naturel sensible, situé sur la presqu’île de Crozon

Le littoral peut être défini comme l’ensemble des communes maritimes où s’applique la loi « Littoral», une loi française adoptée en 1986 dont l’objectif est d’encadrer l’aménagement du littoral, de sorte à protéger les espaces remarquables et à les valoriser. Ces communes sont au nombre de 885 en métropole et 89 en outre-mer. Ainsi, avec ses 19 193 kilomètres de littoraux, la France, bien que 41ème pays du monde en terme de superficie (en comptant les territoires d’Outre-Mer), se trouve 9ème du classement mondial concernant la longueur de côtes. Elle rivalise ainsi avec des giga-pays tels que les Etats-Unis (8ème) ou la Chine (11ème). La gestion des littoraux est donc depuis longtemps un enjeu de taille pour la  France. D’après un rapport du Ministère des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer et du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable (Dominique Perben, Nelly Olin, 2006), « Le littoral, plus que tout autre espace du territoire national, est soumis à des enjeux et à des pressions contradictoires : attractivité résidentielle et urbanisation croissante d’une part, forte sensibilité environnementale et paysagère d’autre part.» L’occupation du littoral par ses différents usagers peut ainsi constituer une source de conflit et des problématiques à gérer pour les communes impliquées. Il devient alors nécessaire d’analyser la situation en prenant en compte tous les acteurs afin d’émettre des solutions appropriées. Sensible depuis toujours aux problématiques environnementales comme la préservation des espaces naturels, en particulier les territoires littoraux, je désirais trouver un sujet de projet individuel qui me corresponde. Ainsi, ayant constaté un problème d’occupation de l’environnement littoral sur une commune que j’apprécie particulièrement, j’ai décidé d’en faire mon projet et d’y réaliser une étude qui s’est révélée être très intéressante et enrichissante. En effet, sur la commune de Crozon, la forte fréquentation des plages pour diverses activités entraine des conflits d’usages entre les usagers des plages, les habitants et la commune. En effet, pour plusieurs raisons, les usagers des plages garent leur véhicule en dehors des stationnements prévus à cet effet et empiètent dans le milieu naturel sensible et protégé. Ces usagers dérangent parfois les habitants de la commune qui vivent dans les hameaux voisins des plages et subissent les nuisances dues au passage des véhicules. En me renseignant sur le sujet, je me suis aperçue que cette problématique était mentionnée dans le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) du Plan Local d’Urbanisme de la commune tel que :

« La commune de CROZON, en raison de sa vocation touristique et de son linéaire côtier très développée, est soumise de fortes pressions liées au stationnement des véhicules aux abords des sites et espaces naturels remarquables, produisant ainsi des effets dommageables sur la qualité des sites et les écosystèmes. Cette dégradation des milieux naturels résultant d’une fréquentation mal maîtrisée des sites, est ainsi constatée de manière systématique sur l’ensemble des lieux fréquentés », c’est-à-dire les différentes plages de la commune. Il s’agissait donc de trouver des solutions qui prennent en compte tous les enjeux et la dimension temporelle pour s’adapter dans le futur.

Crozon, un territoire qui plait

Une situation géographique particulière 

Crozon et la presqu’île de Crozon

Crozon est une commune de 7909 habitants, au premier janvier 2016. Celle-ci est située au centre du département du Finistère, en région Bretagne et a la particularité d’appartenir à la presqu’île de Crozon, un morceau de territoire entourée par la mer sur trois côtés :au nord par la rade de Brest, à l’ouest par la mer d’Iroise et au sud par la baie de Douarnenez. La presqu’île de Crozon rassemble 7 communes : Argol, Camaret-sur-Mer, Crozon, Landévennec, Lanvéoc, Roscanvel et Telgruc-sur-Mer, pour un total d’un peu moins de 17 000 habitants à l’année et une superficie de 194, 15 km² ; Crozon représentant la plus grande superficie de commune sur la Presqu’île avec 41,4% d’occupation. Ces communes sont rassemblées administrativement dans la communauté de communes de la presqu’île de Crozon (CCPC). Elle permet de regrouper les moyens de ces 7 communes dans le but d’offrir de meilleurs services et de mettre en œuvre des projets ambitieux qu’une commune seule ne pourrait financer.

La presqu’île de Crozon à l’échelle de la Bretagne

La Bretagne administrative, constituée des départements Ile et Vilaine, Morbihan, Finistère et Cotes d’Armor, est la région française qui bénéficie de la plus grande longueur de côtes puisqu’elle représenterait un tiers du littoral français. L’Océan Atlantique a donc toujours été pour la région Bretagne un enjeu économique important, et cela via la pêche, la construction navale civile et militaire (Brest, Lorient) et le tourisme (surtout estival et côtier). Sur la presqu’île de Crozon, la Marine Nationale constitue aussi un employeur important en raison de la base sous marine de l’île Longue dans la rade de Brest, la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic, et à proximité, la base navale de Brest. Cependant, l’économie de la presqu’île repose surtout sur le développement du tourisme, principalement en période estivale. La commune de Crozon possède une situation favorable au niveau du département puisqu’elle est à environ 60 km via les routes départementales, de Quimper et de Brest, respectivement chef-lieu et sous-préfecture du Finistère et 3ème et 2ème villes de la région en termes de population.

Le territoire étudié

La problématique étudiée concerne la plupart des plages de la commune de Crozon. Les plages étudiées sont représentées sur la carte ci-dessous. Elles sont au nombre de sept, réparties sur le territoire communal, plages de : Trez-rouz, Kerloc’h, Kersigenou, Goulien, Losmarc’h, La Palue et l’Aber. La plage de Morgat, plage centrale de la commune de Crozon, bien que située sur la carte ci-dessous ne sera pas sujette à un diagnostic car elle ne présente aucun problème concernant le sujet traité.

Qui sont les usagers de la commune ? 

Une population plutôt âgée

Avec une population totale de 7909 habitants au premier janvier 2016, la commune de Crozon présente une croissance démographique modeste de 0,02% par an, moindre qu’à l’échelle intercommunale. Comme le montre le graphique, on observe une proportion de la classe de population de 45 ans et plus, davantage importante qu’à l’échelle nationale alors que les classes d’âges inférieures à 44 ans sont moins représentées dans la commune. Il semblerait donc que la population communale soit de type vieillissant.

Cette hypothèse est confortée par le graphique suivant qui révèle que la part de retraités ou préretraités dans la population est de 39%, importante donc, bien que les actifs ayant un emploi soient bien représentés également avec 42% de la population totale.

Ainsi, on constate que la presqu’île de Crozon, et plus particulièrement la commune de Crozon constituent des territoires attractifs pour une population de retraités ou d’actifs âgés mais moins attirants pour les jeunes actifs ou étudiants. Il est donc nécessaire de prendre en compte cette caractéristique de la population communale afin de prévoir des aménagements adaptés dans le temps.

Des paysages qui attirent

La fréquentation touristique
En raison de sa richesse environnementale, aussi bien terrestre que marine, la presqu’île de Crozon est inclue en totalité dans le Parc Naturel Régional d’Armorique et les espaces maritimes qui l’entourent sont en partie englobés dans le Parc naturel marin d’Iroise, premier parc marin de France, crée en 2007. Ce territoire est ainsi fortement apprécié pour la richesse de son paysage et une diversité de sites remarquables en sont l’image, tel que le Cap de la Chèvre, ou la Pointe de Pen-Hir.

La fréquentation touristique est la preuve de cet atout paysager de la commune. En effet, pour la période de début mai à fin septembre 2015, l’Office de Tourisme de Crozon affiche un nombre de visiteurs égal à 42 530 soit plus de 5 fois la population de la commune à l’année. La diversité de beaux paysages est un facteur qui explique aussi la popularité de la randonnée, activité phare de la commune. En effet, selon le rapport de l’Office du Tourisme de Crozon émis en octobre 2015, 60% des demandes « loisirs » concernent la randonnée. Le climat, bien que doux tout au long de l’année peut-être capricieux au niveau des précipitations et notamment l’été, ce qui peut expliquer que la baignade ne soit pas l’activité préférée des estivants de la commune.

Cependant, la commune de Crozon inclus le lieu-dit de Morgat, un ancien petit village de pêcheurs devenu une station balnéaire qui séduit beaucoup les touristes notamment par la présence d’une grande plage de sable fin, qui a été classé 14ème plus belle plage du monde par le magazine britannique The Guardian en février 2016.

Les autres usagers de la commune
Grâce à ses diverses orientations de côtes, la presqu’île offre un grand choix de spots propices à la pratique de sports de vagues tels que le surf ou de vent tel que la planche-à-voile. La presqu’île est donc bien connue des amateurs de sports nautiques qui viennent parfois de loin pour profiter de ce loisir. Ainsi, certaines plages sont fréquentées tout au long de l’année par ces usagers, un paramètre à prendre en compte dans la gestion des littoraux de la commune. Il faut aussi noter la présence d’évènements culturels ou sportifs qui ont lieu sur le territoire Crozonnais plusieurs fois dans l’année ayant pour incidence de dynamiser la commune avec des pics de fréquentation soudains.

Le Festival du Bout du Monde, un festival de musiques du monde remportant chaque année un franc succès depuis 2000 en est un bel exemple ; il accueille début aout, quelques 60 000 personnes venus profiter des nombreux concerts et activités organisés par le festival sur un site appartenant à la commune de Crozon.

Ainsi, la commune de Crozon présente de nombreux attraits pour les touristes en période estivale, mais la fréquentation peut aussi être importante voir très importante à d’autres moments de l’année en raison des conditions favorables à la pratique des sports nautiques et des évènements culturels ou sportifs organisés.

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Table des matières

Introduction
PARTIE 1 : ANALYSE DU TERRITOIRE
A- Crozon, un territoire qui plaît
I/ Une situation géographique particulière
1) Crozon et la presqu’île de Crozon
2) La presqu’île de Crozon à l’échelle de la Bretagne
3) Le territoire étudié
II/ Qui sont les usagers de la commune ?
1)Une population plutôt agée
2)Des paysages qui attirent
a- La fréquentation touristique
b- Les autres usagers des plages
B- Diagnostic : enjeux, objectifs et contraintes
I/ Enjeux sociaux
1) Des hameaux à proximité des accès aux plages
a- Des conflits d’usage
b- Le cas des pratiquants de sports nautiques
2) Enquête de terrain auprès des habitants
3) Objectif: développer un tourisme durable en impliquant les habitants
II/ Des enjeux environnementaux
1) Un territoire inclus dans de multiples programmes de préservation de l’environnement
a- Le réseau Natura 2000
b- Le parc naturel régional d’Armorique (PNRA)
c- Le Conservatoire du littoral (CDL)
d- La Loi Littoral, un élément juridique important
e- Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et la contrainte du foncier
2) Des territoires menacés par l’anthropisation
3) Objectif: Préserver les milieux naturels
III/ Enjeux de transport
1) Des aires de stationnements insufisantes
2) Peu de désserte à l’échelle intercommunale
3) Objectif: Privilégier le transport local et alternatif
PARTIE 2 : PROJET
A- Mettre en place l’éco-mobilité à l’échelle de la Presqu’île
I/ Miser sur les transports collectifs écoresponsables
1) Un réseau de navettes électriques
a- Mode de fonctionnement
b- Le type de véhicules
2) Les navettes à traction animale
3) Assurer le développement des déplacements doux
a- Proposer un nombre de pistes cyclables suffisant
b- Les vélos à assistance électrique (VAE), service publique
II/ Mettre en place une politique de sensibilisation à l’environnement
1) Restreindre l’accès de certains stationnements situés en milieu naturel sensible
2) Réaliser des actions de sensibilisation à la préservation de la nature
a- Actions d’éducations à l’environnement
b- Visites guidées
c- Implanter des panneaux d’affichage
III/ Prendre en compte la dimension sociale du projet
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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